Texte intégral
Merci beaucoup, Monsieur le Ministre. Merci de votre présence. Quelques mots, à mon tour, si vous le permettez en français, pour ne pas écorcher la langue italienne.
Je voudrais vous donner quelques informations, en complément de ce qui vient de vous être dit sur ma visite. Je suis d'abord toujours heureuse de venir à Rome. Je remercie les autorités italiennes de leur accueil. J'ai commencé hier par un hommage à la culture, avec un dîner fort intéressant que nous avions avec notre ambassadeur, que je remercie également. Et j'ai fait tout à l'heure le pont entre la culture et la politique, en allant visiter les nouvelles salles du Capitole, qui sont splendides. Et au Capitole, naturellement, je n'ai pas manqué de visiter la salle des Horaces et des Curiaces, où a été signé le Traité de Rome, mais aussi le Traité constitutionnel.
Aujourd'hui, j'ai eu des entretiens politiques avec le ministre Fini, à l'instant, et ce matin avec le ministre La Malfa. Et vous savez certainement que j'ai rencontré ce matin le président Prodi, en sa qualité d'ancien président de la Commission européenne. Au terme d'une journée intéressante, chargée, dense, je tenais à venir ici pour marquer l'attachement qui est celui de la France à développer sa concertation avec l'Italie tant sur les sujets bilatéraux qu'européens.
Vous avez vu, lors du dernier Sommet franco-italien qui s'est tenu à Paris, que les relations entre nos deux pays étaient excellentes. Nous sommes aussi deux pays fondateurs de l'Europe, et cela nous donne des responsabilités. Nous avons, de plus, une vision très proche de ce que doit être l'Europe de demain, c'est-à-dire une Europe politique, solidaire, répondant aux préoccupations des citoyens.
Nous avons aussi, comme l'a dit M. Antonione, évoqué une très large série de questions : l'élargissement, l'avenir de l'Europe, la politique de voisinage, les Balkans, la Méditerranée, les questions d'immigration et prioritairement, ce que nous appelons l'Europe concrète. Comme le ministre vous l'a dit, il est essentiel de répondre aux préoccupations des citoyens européens de la façon la plus efficace possible. Et de montrer que sur toutes les grandes questions d'aujourd'hui et de demain, l'Europe est proche des attentes de ses citoyens et y répond efficacement.
Et, dans ce cadre, je me félicite des coopérations que nous avons déjà engagées avec l'Italie sur un certain nombre de projets très concrets : la Force de Gendarmerie européenne, qui vient d'être lancée, fin janvier, à Vincenza ; notre coopération exemplaire dans le projet Galiléo, qui est un projet d'avenir, créateur d'emplois et concret ; notre coopération aussi dans le domaine naval et, au-delà, dans tout le secteur scientifique, de la recherche et des pôles de compétitivité, que nous avons décidé de rendre aussi efficaces que possible lors du Sommet de Paris.
Je n'oublie pas notre coopération pour les Jeux Olympiques de Turin, aussi bien sur les questions de sécurité, pour lesquelles nous avons mis en place des officiers de liaison, que pour la défense de la Francophonie. Nous sommes présents, aux côtés de l'Italie, que je félicite pour l'organisation remarquable de ces Jeux, même si cela ne m'empêche pas de souhaiter bonne chance aux athlètes français.
Q - Première question, aux deux représentants : vous avez parlé de la Méditerranée, j'ai cru comprendre que dans les deux pays, l'anniversaire des 10 ans du Processus de Barcelone, vous avait laissé, disons un peu déçus, de ce qui se passait. J'aurais voulu savoir si la France et l'Italie envisageaient des initiatives concrètes avec les pays associés à ce processus pour faire avancer non seulement les questions d'immigration, mais également les questions de restructuration de ces pays, pour avoir une approche ensemble ? Et une question à Madame la Ministre, puisque vous avez rencontré l'ancien président de la Commission européenne, M. Prodi, est-ce qu'il vous a fait part des initiatives européennes qu'il envisage dans un futur proche, s'il devait occuper d'autres fonctions ?
R - Sur les questions d'immigration, de relations entre l'Europe et le Sud, nous avons des vues très proches, des intérêts communs, souvent des expériences communes. Nous avons fait partie des pays qui ont souhaité que le Processus de Barcelone garde son impulsion. Je ne partage pas complètement votre point de vue sur le résultat du Sommet de Barcelone de fin novembre, qui a été un bon résultat. Nous avons aujourd'hui une déclaration politique et un plan d'action que nous devons utiliser. Mais sans doute faut-il développer nos initiatives, nous y sommes prêts.
C'est une nécessité : je n'ai pas besoin de souligner devant vous les enjeux considérables de cette question pour l'avenir de l'Europe. Nous avons les instruments et les moyens nécessaires. Commençons par mettre en ?uvre un certain nombre d'initiatives plus précises. Nous avons parlé à Barcelone d'un projet de conférence ministérielle sur les questions d'immigration. Nous en avons reparlé tout à l'heure, d'ailleurs, parce qu'il est préférable de pouvoir réunir les pays européens, les pays d'origine des flux d'immigration et les pays de transit. Je laisserai le ministre compléter ma réponse mais je pense qu'il devrait s'exprimer dans des termes assez proches.
Je voudrais maintenant répondre à votre deuxième question. Je vous ai dit dans quel cadre j'ai rencontré ce matin M. Prodi. Pour le reste, notre conversation était une conversation privée. Et quant à son programme politique, vous le connaissez, les Italiens le connaissent. Ce n'est pas à moi de m'exprimer davantage.
Q - Est-ce que la France a l'intention de prolonger le moratoire sur la liberté d'entrée des travailleurs provenant des nouveaux Etats membres ? Et puis, une deuxième question. J'aimerais connaître l'avis politique de la ministre. La France a été le seul pays européen qui, ces jours-ci, a appuyé l'initiative russe de rencontrer les chefs de file du Hamas. Est-ce que la France souhaite une position commune sur le Hamas, étant donné que le Hamas est considéré comme un groupe terroriste ?
R - Sur votre première question, la situation, en réalité, est la suivante. Comme la très grande majorité des Etats membres de l'Union européenne à Quinze, la France avait fait usage des périodes transitoires, la première d'entre elles allant du 1er mai 2004 au 1er mai 2006. Pour le 1er mai 2006, le gouvernement français n'a pas encore pris de décision. Des réflexions sont en cours. Nous prendrons, bien sûr, en compte la situation du marché du travail en France ainsi que l'objectif général, qui est naturellement l'application du principe de liberté de circulation, qui est l'une des quatre grandes libertés prévues dans les traités. Il est trop tôt pour vous dire comment nous considérons ces deux préoccupations.
Sur votre deuxième question, il existe une position de l'Union européenne, qui est la même que celle du Quartet, où l'Union européenne est représentée. Et il y a une position française, qui ne se distingue pas de la position de l'Union européenne et de celle du Quartet. Trois conditions sont posées à la poursuite de la coopération et d'un dialogue avec ce mouvement, qui est inscrit sur la liste des organisations terroristes établie par l'Union européenne. Ces conditions sont la renonciation à la violence, la reconnaissance de l'Etat d'Israël et l'application des accords de paix. Elles ont été rappelées par l'Union européenne dans un texte écrit. Le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, les a également rappelées, encore, ce matin. Et je les ai également rappelées, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, en France. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2006