Texte intégral
Monsieur Le Préfet,
Monsieur le Président Xavier Roy,
Monsieur le directeur général Bruno Delaye,
Monsieur le Président du Bureau Export Emmanuel de Buretel
et Monsieur le Directeur Jean-François Michel,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi à mon tour de me réjouir de cette initiative qui nous rassemble aujourd'hui dans le cadre du Midem 2001. Je voudrais tout d'abord vous remercier de votre invitation et souligner l'importance que j'attache à cette manifestation. Elle est essentielle au yeux de l'ensemble des acteurs de toute la filière musicale, qui chaque année la plébiscite. Si j'en juge par l'affluence que j'ai pu constater tout au long de ma visite, cette nouvelle édition confirme sa pertinence, et je suis impressionnée, au delà du nombre des participants par la qualité du Midem 2001 tant en terme de réflexion, d'échanges, qu'en termes artistiques. Elle est essentielle aussi au cur de la politique culturelle du Gouvernement.
A propos de cette journée particulière, " France Influence ", elle est l'occasion de célébrer le succès des artistes et des productions françaises à l'étranger. J'y vois des signes tangibles de la santé et de la vitalité de notre création musicale. Le développement de la diffusion de nos artistes à l'étranger témoigne d'abord de cela. Il est le fruit d'une amélioration sensible de la qualité de nos productions, il est aussi, [vous l'avez souligné], l'expression d'une France ouverte sur le monde qui sait accueillir l'ensemble des cultures et des courants de la création comme une promesse d'avenir.
Le palmarès que vous présentez évoque une France forte de sa diversité qui, à partir du Rap, des musiques électroniques ou d'une écoute attentive aux musiques du monde, a su donner une expression singulière qui nous permet de séduire en retour des publics de plus en plus larges dans de nombreux pays.
Cela suppose toute une chaîne de talents qui travaille de façon déterminée et cohérente, mais qui s'appuie aussi sur un marché national fort. La France est le cinquième marché du monde et l'industrie du disque y est la deuxième industrie culturelle. De cela, croyez le bien, je suis à la fois consciente et satisfaite.
Les professionnels français ont, depuis longtemps déjà, fait de l'exportation une priorité. La création du Bureau Export de la Musique Française a été une initiative déterminante dont l'effet de levier est aujourd'hui patent. Elle est le fruit de la volonté conjointe de la profession, qui en prit l'initiative et des pouvoirs publics qui l'ont soutenue résolument. Avec mon Ministère, le Ministère des Affaires Etrangères s'y est engagé fortement et je dois dire que j'apprécie beaucoup la conviction d'Hubert Védrine dans cette action de soutien à la diffusion culturelle à l'étranger. Je remercie aussi le Secrétariat d'Etat au Commerce Extérieur qui est aussi avec nous dans ce projet, tout comme je tiens à souligner l'apport déterminant de l'Association Française d'Action Artistique. De façon générale, cette dynamique est liée à la loi de 1985 qui a été faite dans le souci de protéger l'ensemble des ayants droits et de permettre la mise sur pied d'initiatives communes en faveur de la création, de la diffusion et de la formation.
L'Etat a eu le souci d'impliquer l'ensemble de la filière dans la structuration du secteur et des résultats tels que ceux que nous célébrons aujourd'hui illustrent bien la justesse du choix qui a été fait.
En " mutualisant " nos efforts comme nous l'avons fait dans le cadre du Bureau export de la Musique Française ou comme nous le faisons encore plus dans le Fonds pour la Création Musicale, dont il faut là aussi saluer le travail, nous rendons plus efficace et plus lisible l'ensemble de nos actions.
Nous devons continuer en ce sens et privilégier, je crois les actions collectives d'intérêt général.
Vous avez obtenu dans le cadre de la commission sur la copie privée des avancées qui vont vous permettre à vous, professionnels de mettre en uvre des moyens nouveaux au service de la création artistique et de la diversité culturelle. Ces succès à l'exportation que nous célébrons aujourd'hui nous indiquent les pistes que nous devons emprunter ensemble pour conforter chacun des maillons de la filière.
L'économie d'une industrie est toujours fragilisée quand elle aborde de nouveaux terrains et la vôtre a toujours été aux avant postes. Vous êtes armés de vos expériences pour affronter ces défis puisque l'industrie du disque a assumé les nombreuses mutations technologiques et structurelles.
Le défi présent est celui de l'essor de la musique sur les réseaux numériques et je suis très consciente du caractère délicat de ce passage. Cette mutation est à la fois technologique, sociétale et amène à des restructurations financières spectaculaires, dont le bienfait culturel n'est pas forcément, spontanément, assuré.
L'Etat doit donc y jouer un rôle d'impulsion ou de régulation. Le gouvernement de Lionel Jospin tout entier, conscient de l'importance de l'enjeu, particulièrement dans votre secteur, y est déterminé.
C'est parce que l'égalité des chances est au cur de son projet politique, que l'égalité d'accès à la culture et le maintien de la diversité sont l'une de ses priorités.
Je sais l'attention que vous portez au thème de la diversité culturelle et je veux que vous sachiez que toute mon action se fonde sur cet objectif aujourd'hui central. Il faut que les mutations en cours ne laissent personne au bord du chemin et que l'accès à toutes ces nouvelles opportunités soit garanti pour tous. Le mouvement de concentration comporte toujours un risque potentiel pour les indépendants dont nous savons le rôle fondamental. Souvenons nous que Césaria Evora , Khaled , Laurent Garnier ou Louise Attaque ont été repérés, portés et produits par des indépendants. Ceux " ci sont aux côtés des " majors compagnies "une part indispensable de ce métier et d'une certaine façon les garants de la diversité.
Dans le même temps cette évolution, pour spectaculaire qu'elle soit, ne modifie pas l'ensemble des comportements et je suis convaincue que la distribution de disques non virtuels a encore de beaux jours devant elle. Le succès d'initiatives comme celles des boutiques d'Harmonia Mundi prouve l'attachement des amateurs de musique au disque. Cest la raison pour laquelle tout en étant tournés vers l'avenir nous nous devons de trouver ensemble des solutions pour maintenir une distribution qui permette à l'essentiel de la production d'être mis au contact du public. J'ai demandé à la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles de réunir une table ronde qui étudiera une série de mesures visant à redynamiser le secteur de la distribution.
Toujours sur le terrain de la diversité, je me félicite de la progression des ventes du répertoire local sur le territoire national. Le problème des quotas a maintes fois été évoqué et il me semble que nous avons trouvé un bon système qui nous permet de défendre efficacement la chanson française. Cela est fondamental lorsque l'on sait que pour sept français sur dix la radio reste le seul moyen d'accès à la musique. Cela confère à l'ensemble de la filière, des producteurs jusqu'au programmateur une vraie responsabilité et nous devons nous interroger sur la réduction des play list.
Il me semble très souhaitable qu'un dialogue s'instaure entre toutes les parties concernées.
Par ailleurs je suis très attentive au problème du piratage qui demeure une préoccupation lourde. C'est une réalité contre laquelle nous luttons avec les armes dont nous disposons et qui, j'espère, progresseront. Avec mes collègues des ministères de l'industrie et de la recherche nous lanceront prochainement le Réseau pour l'innovation dans l'audiovisuel et le multimédia dont l'un des thèmes sera précisément le dispositif technique de lutte contre le piratage. Il nous faut également disposer d'outils juridiques qui devront acquérir une portée de plus en plus internationale et, dans un premier temps, européenne. Nous disposerons avec la directive droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information, d'un instrument d'harmonisation européenne. Malgré ses imperfections, dont certains parmi vous m'ont encore fait part récemment, je crois qu'il s'agit d'un outil essentiel. Le gouvernement français s'attachera à son application et à une transposition dans l'ensemble de l'Union Européenne.
Sur la question des droits nous installerons prochainement le conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique et nous allons réunir également l'ensemble des parties concernées par l'adaptation de notre régime de droits dans l'environnement numérique, suite au rapport de Luc Derepas.
Tous ces chantiers sont indispensables et supposent une mobilisation importante de la profession et des pouvoirs publics.
Plus que jamais ce travail, nous ne le réussirons qu'ensemble, animés de la même volonté d'aboutir.
L'ampleur de la tâche m'amène à créer immédiatement un poste pour renforcer les capacités techniques et administratives de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et du spectacle sur le domaine de l'industrie musicale afin de disposer à terme d'un bureau de l'industrie musicale.
La deuxième industrie culturelle de France a besoin d'être traitée à la hauteur des enjeux qu'elle porte et donc d'avoir dans ce ministère un interlocuteur spécifique.
Voilà ce que je voulais vous dire à l'occasion de ce 35éme MIDEM; je tiens à saluer une fois encore les efforts entrepris par tous, à vous remercier de votre invitation, à vous souhaiter une année 2001 heureuse pour l'ensemble des artistes. des producteurs et des éditeurs français. Sans oublier que avec eux, il y a un immense public, celui des amateurs, pratiquants de toutes les musiques, notamment dans les jeunes générations, dont c'est souvent la première pratique culturelle, le premier passage à l'expression.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 2 février 2001)
Monsieur le Président Xavier Roy,
Monsieur le directeur général Bruno Delaye,
Monsieur le Président du Bureau Export Emmanuel de Buretel
et Monsieur le Directeur Jean-François Michel,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi à mon tour de me réjouir de cette initiative qui nous rassemble aujourd'hui dans le cadre du Midem 2001. Je voudrais tout d'abord vous remercier de votre invitation et souligner l'importance que j'attache à cette manifestation. Elle est essentielle au yeux de l'ensemble des acteurs de toute la filière musicale, qui chaque année la plébiscite. Si j'en juge par l'affluence que j'ai pu constater tout au long de ma visite, cette nouvelle édition confirme sa pertinence, et je suis impressionnée, au delà du nombre des participants par la qualité du Midem 2001 tant en terme de réflexion, d'échanges, qu'en termes artistiques. Elle est essentielle aussi au cur de la politique culturelle du Gouvernement.
A propos de cette journée particulière, " France Influence ", elle est l'occasion de célébrer le succès des artistes et des productions françaises à l'étranger. J'y vois des signes tangibles de la santé et de la vitalité de notre création musicale. Le développement de la diffusion de nos artistes à l'étranger témoigne d'abord de cela. Il est le fruit d'une amélioration sensible de la qualité de nos productions, il est aussi, [vous l'avez souligné], l'expression d'une France ouverte sur le monde qui sait accueillir l'ensemble des cultures et des courants de la création comme une promesse d'avenir.
Le palmarès que vous présentez évoque une France forte de sa diversité qui, à partir du Rap, des musiques électroniques ou d'une écoute attentive aux musiques du monde, a su donner une expression singulière qui nous permet de séduire en retour des publics de plus en plus larges dans de nombreux pays.
Cela suppose toute une chaîne de talents qui travaille de façon déterminée et cohérente, mais qui s'appuie aussi sur un marché national fort. La France est le cinquième marché du monde et l'industrie du disque y est la deuxième industrie culturelle. De cela, croyez le bien, je suis à la fois consciente et satisfaite.
Les professionnels français ont, depuis longtemps déjà, fait de l'exportation une priorité. La création du Bureau Export de la Musique Française a été une initiative déterminante dont l'effet de levier est aujourd'hui patent. Elle est le fruit de la volonté conjointe de la profession, qui en prit l'initiative et des pouvoirs publics qui l'ont soutenue résolument. Avec mon Ministère, le Ministère des Affaires Etrangères s'y est engagé fortement et je dois dire que j'apprécie beaucoup la conviction d'Hubert Védrine dans cette action de soutien à la diffusion culturelle à l'étranger. Je remercie aussi le Secrétariat d'Etat au Commerce Extérieur qui est aussi avec nous dans ce projet, tout comme je tiens à souligner l'apport déterminant de l'Association Française d'Action Artistique. De façon générale, cette dynamique est liée à la loi de 1985 qui a été faite dans le souci de protéger l'ensemble des ayants droits et de permettre la mise sur pied d'initiatives communes en faveur de la création, de la diffusion et de la formation.
L'Etat a eu le souci d'impliquer l'ensemble de la filière dans la structuration du secteur et des résultats tels que ceux que nous célébrons aujourd'hui illustrent bien la justesse du choix qui a été fait.
En " mutualisant " nos efforts comme nous l'avons fait dans le cadre du Bureau export de la Musique Française ou comme nous le faisons encore plus dans le Fonds pour la Création Musicale, dont il faut là aussi saluer le travail, nous rendons plus efficace et plus lisible l'ensemble de nos actions.
Nous devons continuer en ce sens et privilégier, je crois les actions collectives d'intérêt général.
Vous avez obtenu dans le cadre de la commission sur la copie privée des avancées qui vont vous permettre à vous, professionnels de mettre en uvre des moyens nouveaux au service de la création artistique et de la diversité culturelle. Ces succès à l'exportation que nous célébrons aujourd'hui nous indiquent les pistes que nous devons emprunter ensemble pour conforter chacun des maillons de la filière.
L'économie d'une industrie est toujours fragilisée quand elle aborde de nouveaux terrains et la vôtre a toujours été aux avant postes. Vous êtes armés de vos expériences pour affronter ces défis puisque l'industrie du disque a assumé les nombreuses mutations technologiques et structurelles.
Le défi présent est celui de l'essor de la musique sur les réseaux numériques et je suis très consciente du caractère délicat de ce passage. Cette mutation est à la fois technologique, sociétale et amène à des restructurations financières spectaculaires, dont le bienfait culturel n'est pas forcément, spontanément, assuré.
L'Etat doit donc y jouer un rôle d'impulsion ou de régulation. Le gouvernement de Lionel Jospin tout entier, conscient de l'importance de l'enjeu, particulièrement dans votre secteur, y est déterminé.
C'est parce que l'égalité des chances est au cur de son projet politique, que l'égalité d'accès à la culture et le maintien de la diversité sont l'une de ses priorités.
Je sais l'attention que vous portez au thème de la diversité culturelle et je veux que vous sachiez que toute mon action se fonde sur cet objectif aujourd'hui central. Il faut que les mutations en cours ne laissent personne au bord du chemin et que l'accès à toutes ces nouvelles opportunités soit garanti pour tous. Le mouvement de concentration comporte toujours un risque potentiel pour les indépendants dont nous savons le rôle fondamental. Souvenons nous que Césaria Evora , Khaled , Laurent Garnier ou Louise Attaque ont été repérés, portés et produits par des indépendants. Ceux " ci sont aux côtés des " majors compagnies "une part indispensable de ce métier et d'une certaine façon les garants de la diversité.
Dans le même temps cette évolution, pour spectaculaire qu'elle soit, ne modifie pas l'ensemble des comportements et je suis convaincue que la distribution de disques non virtuels a encore de beaux jours devant elle. Le succès d'initiatives comme celles des boutiques d'Harmonia Mundi prouve l'attachement des amateurs de musique au disque. Cest la raison pour laquelle tout en étant tournés vers l'avenir nous nous devons de trouver ensemble des solutions pour maintenir une distribution qui permette à l'essentiel de la production d'être mis au contact du public. J'ai demandé à la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles de réunir une table ronde qui étudiera une série de mesures visant à redynamiser le secteur de la distribution.
Toujours sur le terrain de la diversité, je me félicite de la progression des ventes du répertoire local sur le territoire national. Le problème des quotas a maintes fois été évoqué et il me semble que nous avons trouvé un bon système qui nous permet de défendre efficacement la chanson française. Cela est fondamental lorsque l'on sait que pour sept français sur dix la radio reste le seul moyen d'accès à la musique. Cela confère à l'ensemble de la filière, des producteurs jusqu'au programmateur une vraie responsabilité et nous devons nous interroger sur la réduction des play list.
Il me semble très souhaitable qu'un dialogue s'instaure entre toutes les parties concernées.
Par ailleurs je suis très attentive au problème du piratage qui demeure une préoccupation lourde. C'est une réalité contre laquelle nous luttons avec les armes dont nous disposons et qui, j'espère, progresseront. Avec mes collègues des ministères de l'industrie et de la recherche nous lanceront prochainement le Réseau pour l'innovation dans l'audiovisuel et le multimédia dont l'un des thèmes sera précisément le dispositif technique de lutte contre le piratage. Il nous faut également disposer d'outils juridiques qui devront acquérir une portée de plus en plus internationale et, dans un premier temps, européenne. Nous disposerons avec la directive droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information, d'un instrument d'harmonisation européenne. Malgré ses imperfections, dont certains parmi vous m'ont encore fait part récemment, je crois qu'il s'agit d'un outil essentiel. Le gouvernement français s'attachera à son application et à une transposition dans l'ensemble de l'Union Européenne.
Sur la question des droits nous installerons prochainement le conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique et nous allons réunir également l'ensemble des parties concernées par l'adaptation de notre régime de droits dans l'environnement numérique, suite au rapport de Luc Derepas.
Tous ces chantiers sont indispensables et supposent une mobilisation importante de la profession et des pouvoirs publics.
Plus que jamais ce travail, nous ne le réussirons qu'ensemble, animés de la même volonté d'aboutir.
L'ampleur de la tâche m'amène à créer immédiatement un poste pour renforcer les capacités techniques et administratives de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et du spectacle sur le domaine de l'industrie musicale afin de disposer à terme d'un bureau de l'industrie musicale.
La deuxième industrie culturelle de France a besoin d'être traitée à la hauteur des enjeux qu'elle porte et donc d'avoir dans ce ministère un interlocuteur spécifique.
Voilà ce que je voulais vous dire à l'occasion de ce 35éme MIDEM; je tiens à saluer une fois encore les efforts entrepris par tous, à vous remercier de votre invitation, à vous souhaiter une année 2001 heureuse pour l'ensemble des artistes. des producteurs et des éditeurs français. Sans oublier que avec eux, il y a un immense public, celui des amateurs, pratiquants de toutes les musiques, notamment dans les jeunes générations, dont c'est souvent la première pratique culturelle, le premier passage à l'expression.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 2 février 2001)