Texte intégral
Q- Votre organisation est l'un des principaux syndicats chez les fonctionnaires, notamment les enseignants. Vous êtes également présent dans le privé. Mais parlons d'abord des fonctionnaires. Il y a dix jours, vous avez signé un accord avec votre ministre. Aujourd'hui, vous faites grève. On a quand même un petit peu du mal à vous suivre !
R- Eh bien, je vais vous expliquer très simplement : on a signé un accord avec le ministre de la Fonction publique, C. Jacob, sur le volet statutaire et sur le volet social. Par contre, le conflit demeure sur la question des salaires. Le ministre de la Fonction publique, dans cet accord, a mis un milliard d'euros sur la table. La question statutaire, pour vos auditeurs, c'est le déroulement des carrières. Et ce déroulement des carrières va être amélioré fortement pour les petites catégories de la fonction publique, notamment les catégories C - catégories C qui, dans la fonction publique, gagnent le Smic. Et je vous signale que dans la fonction publique, notamment dans la fonction publique territoriale, hospitalière et même d'Etat, les fonctionnaires de catégorie C, donc les petits salaires, sont très nombreux. Et une organisation syndicale conséquente comme la nôtre, qui a sur la table un milliard d'euros pour le volet social et pour le volet statutaire, prend ce un milliard d'euros.
Q- Mais en signant le texte, il y a dix jours, vous saviez que le volet salarial proposé par le ministre allait s'appliquer. Est-ce du double jeu ?
R- Non, ce n'est pas du double jeu, c'est de la clarté pure et simple. On avait prévenu le ministre que sur les salaires, l'UNSA ne serait pas d'accord, serait dans la rue, manifesterait. Par contre, on a dissocié les volets statutaires et les volets sociaux. Sur le social, il y a des choses : pour les crèches, pour la prime de transport, etc. Donc on a pris. Je pense que c'est très conséquent, au contraire. Une organisation comme la nôtre signe quand elle pense que le compromis est acceptable...
Q- Et elle fait grève dix jours plus tard...
R- Et elle appelle à se mobiliser, effectivement, sur la question salariale, dix jours plus tard. Mais tout cela est très conséquent. Ce n'est pas le tout ou rien, voilà ce que je voulais dire...
Q- Avant-hier, la CGT a lancé une mobilisation sans grève. Pour vous, n'y a-t-il pas d'autres moyens que la grève ?
R- Non, pas du tout. Aujourd'hui, il y a des tas de syndicats de l'UNSA qui ne seront pas dans la grève. On laisse aux syndicats le choix de leurs moyens d'action. Aujourd'hui, c'est une journée de mobilisation, certains seront en grève, d'autres n'y seront pas. C'est aussi une façon de laisser la liberté de choix aux syndicats de base.
Q- On vous entend beaucoup sur les salaires des fonctionnaires, on vous a beaucoup moins entendu sur le contrat "première embauche"...
R- Peut-être parce que certains ont les oreilles un peu bouchées. Parce que sur le CPE, on appelle à une manifestation, une journée de mobilisation, le 7 février, avec l'ensemble des organisations syndicales et les jeunes. Sur le CPE, je crois que c'est une question très compliquée. Le Gouvernement part d'un constat juste : le chômage des jeunes de moins de vingt-six ans est très élevé. Les remèdes qu'il apporte à ce constat ne nous conviennent pas et ils peuvent être pires que le mal. Il part de l'idée que finalement, il faudrait lever toutes les garanties qui entourent le contrat de travail, pour que les entreprises embauchent. Mieux pouvoir licencier, nous dit le Gouvernement, c'est mieux embaucher. On ne rentre pas dans cette logique. C'est pour cela que l'on demande le retrait du CPE.
Q- Parlons des enseignants : les professeurs devaient faire grève, et finalement, ils préfèrent faire grève avec l'ensemble des fonctionnaires. Cette mobilisation d'aujourd'hui, pour eux, c'est un peu celle de la dernière chance, les dernières mobilisations n'ont pas tellement fonctionnées...
R- Je crois qu'il y a quand même un vrai problème dans l'éducation : il y a un problème de sécurité dans les établissements, il y a un problème de conditions de travail, il y a un problème d'effectifs. Les mesures de carte scolaire, qui sont annoncées pour la rentrée prochaine, ne sont pas de bonnes mesures. Et je crois que les enseignants sont inquiets. Ensuite, sur leur mobilisation, il faut faire attention, parce que l'on ne peut pas anticiper les mobilisations des organisations ni des enseignants sur le terrain. Il y a une vraie inquiétude. Cette inquiétude, le Gouvernement doit y répondre. Et aujourd'hui, le ministre de l'Education nationale n'y répond pas.
Q- Mais comment expliquez-vous que les dernières mobilisations n'aient pas fonctionné comme elles le faisaient autrefois ? Est-ce les effets du non-paiement des jours de grève ?
R- Non, il n'y a pas que cela. La mobilisation a besoin d'une forme d'efficacité. Il faut qu'à la suite, d'une mobilisation, il y ait des choses efficaces. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui nous a poussé à signer l'accord dans la fonction publique. Parce que l'on se dit qu'une organisation syndicale a besoin d'avoir des résultats. Et les résultats étaient là, sur le social et le statutaire. Voilà pourquoi nous avons signé. On ne peut pas uniquement enfermer le syndicalisme français dans un syndicalisme protestataire, un syndicalisme du refus. Il faut aussi engranger des choses.
Q- Justement, n'avez-vous pas l'impression que le syndicalisme français a besoin de trouver un second souffle aujourd'hui ?
R- Bien sûr, mais nous y contribuons. L'UNSA est une organisation qui veut faire bouger le syndicalisme français. Voilà pourquoi nous mettons en cause la représentativité des organisations syndicales, le mode de négociation collective qui ne nous convient pas. Nous sommes les empêcheurs de tourner en rond du syndicalisme français. Et sur ces points-là, je voudrais dire quand même que je suis très heureux que, pour la première fois, depuis cinquante ans, le Premier ministre ait ouvert le dossier de la négociation collective, le dossier de la représentativité syndicale, le dossier du financement des organisations syndicales, en demandant des rapports sur ces trois questions. Ces rapports seront rendus à la mi-mars. A la mi-mars, nous saurons enfin comment on va aborder ces questions. C'est la première fois depuis cinquante ans et ça, c'est un bon point.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2006
R- Eh bien, je vais vous expliquer très simplement : on a signé un accord avec le ministre de la Fonction publique, C. Jacob, sur le volet statutaire et sur le volet social. Par contre, le conflit demeure sur la question des salaires. Le ministre de la Fonction publique, dans cet accord, a mis un milliard d'euros sur la table. La question statutaire, pour vos auditeurs, c'est le déroulement des carrières. Et ce déroulement des carrières va être amélioré fortement pour les petites catégories de la fonction publique, notamment les catégories C - catégories C qui, dans la fonction publique, gagnent le Smic. Et je vous signale que dans la fonction publique, notamment dans la fonction publique territoriale, hospitalière et même d'Etat, les fonctionnaires de catégorie C, donc les petits salaires, sont très nombreux. Et une organisation syndicale conséquente comme la nôtre, qui a sur la table un milliard d'euros pour le volet social et pour le volet statutaire, prend ce un milliard d'euros.
Q- Mais en signant le texte, il y a dix jours, vous saviez que le volet salarial proposé par le ministre allait s'appliquer. Est-ce du double jeu ?
R- Non, ce n'est pas du double jeu, c'est de la clarté pure et simple. On avait prévenu le ministre que sur les salaires, l'UNSA ne serait pas d'accord, serait dans la rue, manifesterait. Par contre, on a dissocié les volets statutaires et les volets sociaux. Sur le social, il y a des choses : pour les crèches, pour la prime de transport, etc. Donc on a pris. Je pense que c'est très conséquent, au contraire. Une organisation comme la nôtre signe quand elle pense que le compromis est acceptable...
Q- Et elle fait grève dix jours plus tard...
R- Et elle appelle à se mobiliser, effectivement, sur la question salariale, dix jours plus tard. Mais tout cela est très conséquent. Ce n'est pas le tout ou rien, voilà ce que je voulais dire...
Q- Avant-hier, la CGT a lancé une mobilisation sans grève. Pour vous, n'y a-t-il pas d'autres moyens que la grève ?
R- Non, pas du tout. Aujourd'hui, il y a des tas de syndicats de l'UNSA qui ne seront pas dans la grève. On laisse aux syndicats le choix de leurs moyens d'action. Aujourd'hui, c'est une journée de mobilisation, certains seront en grève, d'autres n'y seront pas. C'est aussi une façon de laisser la liberté de choix aux syndicats de base.
Q- On vous entend beaucoup sur les salaires des fonctionnaires, on vous a beaucoup moins entendu sur le contrat "première embauche"...
R- Peut-être parce que certains ont les oreilles un peu bouchées. Parce que sur le CPE, on appelle à une manifestation, une journée de mobilisation, le 7 février, avec l'ensemble des organisations syndicales et les jeunes. Sur le CPE, je crois que c'est une question très compliquée. Le Gouvernement part d'un constat juste : le chômage des jeunes de moins de vingt-six ans est très élevé. Les remèdes qu'il apporte à ce constat ne nous conviennent pas et ils peuvent être pires que le mal. Il part de l'idée que finalement, il faudrait lever toutes les garanties qui entourent le contrat de travail, pour que les entreprises embauchent. Mieux pouvoir licencier, nous dit le Gouvernement, c'est mieux embaucher. On ne rentre pas dans cette logique. C'est pour cela que l'on demande le retrait du CPE.
Q- Parlons des enseignants : les professeurs devaient faire grève, et finalement, ils préfèrent faire grève avec l'ensemble des fonctionnaires. Cette mobilisation d'aujourd'hui, pour eux, c'est un peu celle de la dernière chance, les dernières mobilisations n'ont pas tellement fonctionnées...
R- Je crois qu'il y a quand même un vrai problème dans l'éducation : il y a un problème de sécurité dans les établissements, il y a un problème de conditions de travail, il y a un problème d'effectifs. Les mesures de carte scolaire, qui sont annoncées pour la rentrée prochaine, ne sont pas de bonnes mesures. Et je crois que les enseignants sont inquiets. Ensuite, sur leur mobilisation, il faut faire attention, parce que l'on ne peut pas anticiper les mobilisations des organisations ni des enseignants sur le terrain. Il y a une vraie inquiétude. Cette inquiétude, le Gouvernement doit y répondre. Et aujourd'hui, le ministre de l'Education nationale n'y répond pas.
Q- Mais comment expliquez-vous que les dernières mobilisations n'aient pas fonctionné comme elles le faisaient autrefois ? Est-ce les effets du non-paiement des jours de grève ?
R- Non, il n'y a pas que cela. La mobilisation a besoin d'une forme d'efficacité. Il faut qu'à la suite, d'une mobilisation, il y ait des choses efficaces. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui nous a poussé à signer l'accord dans la fonction publique. Parce que l'on se dit qu'une organisation syndicale a besoin d'avoir des résultats. Et les résultats étaient là, sur le social et le statutaire. Voilà pourquoi nous avons signé. On ne peut pas uniquement enfermer le syndicalisme français dans un syndicalisme protestataire, un syndicalisme du refus. Il faut aussi engranger des choses.
Q- Justement, n'avez-vous pas l'impression que le syndicalisme français a besoin de trouver un second souffle aujourd'hui ?
R- Bien sûr, mais nous y contribuons. L'UNSA est une organisation qui veut faire bouger le syndicalisme français. Voilà pourquoi nous mettons en cause la représentativité des organisations syndicales, le mode de négociation collective qui ne nous convient pas. Nous sommes les empêcheurs de tourner en rond du syndicalisme français. Et sur ces points-là, je voudrais dire quand même que je suis très heureux que, pour la première fois, depuis cinquante ans, le Premier ministre ait ouvert le dossier de la négociation collective, le dossier de la représentativité syndicale, le dossier du financement des organisations syndicales, en demandant des rapports sur ces trois questions. Ces rapports seront rendus à la mi-mars. A la mi-mars, nous saurons enfin comment on va aborder ces questions. C'est la première fois depuis cinquante ans et ça, c'est un bon point.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2006