Texte intégral
Bien public-Les dépêches : Vous avez pris la tête de la contestation contre le contrat première embauche. Quelle suite voulez-vous donner au mouvement ?
R - «Notre objectif, c'est d'obtenir le retrait du CPE et je crois que l'on peut y parvenir. Le gouvernement a joué dans la précipitation pour essayer de nous mettre devant le fait accompli. Il n'y a eu ni négociation avec les syndicats, il y a eu recours aux procédures d'urgences pour passer à l'Assemblée et recours au 49.3... Je crois que, maintenant, le défi que nous avons à relever, c'est d'être en capacité d'organiser une mobilisation suffisante pour contraindre le gouvernement à revenir en arrière».
Bien public-Les dépêches : Vous pensez que ce projet n'est pas une solution envisageable pour réduire le chômage des jeunes, qu'il n'a pas lieu d'être ?
R - «Il n'a pas lieu d'être surtout quand il est présenté au nom de l'emploi. Si l'on veut agir en faveur de l'emploi, il faut agir sur les vrais leviers, ceux qui sont déterminants pour l'emploi. Il faut parler de politique industrielle, de politique fiscale, d'investissement, de tous les éléments structurant la croissance économique... Il faut aussi parler du pouvoir d'achat. Ce que cherche à faire le gouvernement, c'est d'accréditer l'idée que c'est uniquement par la déréglementation du droit du travail que l'on va changer la courbe du chômage dans notre pays, ce qui est une démonstration fallacieuse. Ce n'est pas dans la précarité, dans la déréglementation, loin s'en faut, que l'emploi va s'en trouver amélioré. Cela fait 20 ans que l'on multiplie les formes précaires d'accès à l'emploi et l'on voit bien que cela ne change pas fondamentalement la situation. Au contraire, cela provoque plus de précarité et plus d'exclusion. Le deuxième élément, c'est que le droit de licencier sans aucun motif à présenter de la part des employeurs est en contradiction avec une norme internationale du travail qui précise que tout licenciement doit être justifié de la part de l'employeur. C'est donc un cas d'école pour l'ensemble du syndicalisme européen et mondial que de s'opposer à ce contrat qui consacrerait une espèce de droit divin pour les employeurs».
Bien public-Les dépêches : Quels seront les axes forts du congrès de la CGT qui se déroulera à Lille ?
R - «La question de notre propre développement occupera une place importante. Au-delà de l'analyse que nous pouvons faire de la gravité de la situation faite aux salariés, avec le CPE notamment, le recul sur le droit existant, l'absence de conquêtes sociales nouvelles... Tout cela pose la question des ambitions syndicales et des capacités du mouvement syndical à faire entendre le point de vue des salariés. Au-delà des analyses, une des conclusions que nous devons tirer, c'est de consacrer plus d'efforts à notre propre développement dans un pays où les salariés demeurent trop faiblement syndiqués. Si le gouvernement s'estime en capacité de passer en force des mesures aussi antisociales que celles qu'il annonce, c'est aussi parce que les salariés ne sont pas assez organisés pour y résister. Je souhaite que notre congrès consacre un moment important à la question de notre propre développement. De ce point de vue, nous avons inversé la tendance en terme de chiffres: nous atteignons 709 000 syndiqués pour 2004. C'est-à-dire un chiffre légèrement supérieur à tout ce que nous avons fait depuis une quinzaine d'années. Et pourtant, nous sommes loin du compte et nous devons atteindre un objectif : celui du million de syndiqués ».
Propos recueillis par Francis Ziegelmeyer source http://www.cgt.fr, le 2 mars 2006
R - «Notre objectif, c'est d'obtenir le retrait du CPE et je crois que l'on peut y parvenir. Le gouvernement a joué dans la précipitation pour essayer de nous mettre devant le fait accompli. Il n'y a eu ni négociation avec les syndicats, il y a eu recours aux procédures d'urgences pour passer à l'Assemblée et recours au 49.3... Je crois que, maintenant, le défi que nous avons à relever, c'est d'être en capacité d'organiser une mobilisation suffisante pour contraindre le gouvernement à revenir en arrière».
Bien public-Les dépêches : Vous pensez que ce projet n'est pas une solution envisageable pour réduire le chômage des jeunes, qu'il n'a pas lieu d'être ?
R - «Il n'a pas lieu d'être surtout quand il est présenté au nom de l'emploi. Si l'on veut agir en faveur de l'emploi, il faut agir sur les vrais leviers, ceux qui sont déterminants pour l'emploi. Il faut parler de politique industrielle, de politique fiscale, d'investissement, de tous les éléments structurant la croissance économique... Il faut aussi parler du pouvoir d'achat. Ce que cherche à faire le gouvernement, c'est d'accréditer l'idée que c'est uniquement par la déréglementation du droit du travail que l'on va changer la courbe du chômage dans notre pays, ce qui est une démonstration fallacieuse. Ce n'est pas dans la précarité, dans la déréglementation, loin s'en faut, que l'emploi va s'en trouver amélioré. Cela fait 20 ans que l'on multiplie les formes précaires d'accès à l'emploi et l'on voit bien que cela ne change pas fondamentalement la situation. Au contraire, cela provoque plus de précarité et plus d'exclusion. Le deuxième élément, c'est que le droit de licencier sans aucun motif à présenter de la part des employeurs est en contradiction avec une norme internationale du travail qui précise que tout licenciement doit être justifié de la part de l'employeur. C'est donc un cas d'école pour l'ensemble du syndicalisme européen et mondial que de s'opposer à ce contrat qui consacrerait une espèce de droit divin pour les employeurs».
Bien public-Les dépêches : Quels seront les axes forts du congrès de la CGT qui se déroulera à Lille ?
R - «La question de notre propre développement occupera une place importante. Au-delà de l'analyse que nous pouvons faire de la gravité de la situation faite aux salariés, avec le CPE notamment, le recul sur le droit existant, l'absence de conquêtes sociales nouvelles... Tout cela pose la question des ambitions syndicales et des capacités du mouvement syndical à faire entendre le point de vue des salariés. Au-delà des analyses, une des conclusions que nous devons tirer, c'est de consacrer plus d'efforts à notre propre développement dans un pays où les salariés demeurent trop faiblement syndiqués. Si le gouvernement s'estime en capacité de passer en force des mesures aussi antisociales que celles qu'il annonce, c'est aussi parce que les salariés ne sont pas assez organisés pour y résister. Je souhaite que notre congrès consacre un moment important à la question de notre propre développement. De ce point de vue, nous avons inversé la tendance en terme de chiffres: nous atteignons 709 000 syndiqués pour 2004. C'est-à-dire un chiffre légèrement supérieur à tout ce que nous avons fait depuis une quinzaine d'années. Et pourtant, nous sommes loin du compte et nous devons atteindre un objectif : celui du million de syndiqués ».
Propos recueillis par Francis Ziegelmeyer source http://www.cgt.fr, le 2 mars 2006