Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur l'avenir du secteur public de l'audiovisuel notamment la nécessité d'augmenter ses ressources et de refondre son système de production, Montreuil le 22 janvier 2001

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Depuis de nombreuses années, la CGT revendique la reconstruction d'un service public de l'audiovisuel cohérent et efficace qui lui permette d'assurer les missions qui lui sont confiées.
Les bouleversements de l'environnement économique que connaissent les secteurs de la communication et de la production audiovisuelles combinés aux mutations technologiques (notamment le passage au Numérique terrestre) place, sans conteste, le secteur public de l'audiovisuel à la croisée des chemins au moment où quelques grands groupes privés, à coup de fusions-absorptions, tentent de monopoliser à leurs fins la filière audiovisuelle.
Pour la CGT, et je tiens à le réaffirmer clairement, les enjeux sont identifiés :
Garantie de l'exception culturelle,
Respect du pluralisme,
Innovations technologiques,
Aménagement du territoire,
Capacité pour la puissance publique de revitaliser une industrie de programmes diversifiée.
Ces revendications m'apparaissent conformes à l'adoption par Parlement le 29 juin dernier, sur proposition du Gouvernement, de la nouvelle Loi sur l'audiovisuel pour le renforcement du service public.
J'observe, cependant, que la dernière période a été marquée par un déséquilibre entre chaînes publiques et chaînes privées qui s'accompagne d'une montée en puissance de quelques producteurs privés qui " s'accaparent " une très large part des fonds publics destinés à la production de France 2, France 3, la Cinquième voire Arte.
Il en découle une externalisation de la production et de la fabrication des programmes au détriment des outils de productions publiques, France 3 et la SFP, ce qui n'est pas sans conséquences sur la situation que connaît actuellement cette entreprise et son personnel.
A l'image de l'évolution de la production audiovisuelle de l'Europe du Nord, notre pays serait bien inspiré de posséder un système de production et de fabrication intégrés s'appuyant sur une télévision publique bien financée, comportant un volume substantiel de production de fictions qui conduit à de bons résultats à l'exportation.
Partant de ce constat, la CGT estime urgent que des mesures soient prises afin de procéder à un rééquilibrage de la production réalisée dans le secteur public face à la position hégémonique qui est désormais occupée par le secteur privé. Sans aucun préjugé, je pense que ces questions méritent un examen circonstancié et dénué de toute opacité.
Il est à ce titre nécessaire d'aborder la question du sous-financement de l'audiovisuel public par rapport à nos principaux partenaires européens. Cela est d'autant plus impérieux au regard de la mission qui lui a été confiée concernant le passage au Numérique hertzien qui suppose des investissements technologiques très importants.
En ce sens et parmi ces objectifs, la CGT propose l'intégration, sous des formes à définir, de l'outil de production et de fabrication de la SFP et de ses personnels au sein de France Télévision.
Je ne comprendrais pas, au moment où tout appelle à un renforcement de l'audiovisuel public, que l'on se prive de ce moyen efficace. Une telle décision constituerait un signe fort, susceptible de rassurer et de mobiliser les salariés du secteur public de la Radiotélévision, pour relever les défis de ce début de troisième millénaire.
(Source http://www.cgt.fr, le 23 février 2001).