Texte intégral
Q - Vous étiez, cette semaine, aux Etats-Unis pour vendre la France paradis des investisseurs. Un pays que Bill Gates a pourtant qualifié de "Titanic des entrepreneurs". N'est-ce pas un peu illusoire ?
R - La France bénéficie plutôt d'un excédent que d'un déficit d'image aux Etats-Unis, mais les médias projettent un discours très négatif sur notre pays. Du coup, beaucoup d'investisseurs américains portent un regard cynique et sarcastique sur la France. Ils nous jugent lents à la détente et allergiques à une mondialisation vécue comme une menace. Ce qui est rassurant, à l'inverse, c'est le message que nous renvoient les industriels qui ont investi dans l'Hexagone. Ils estiment que malgré un coût du travail élevé, beaucoup de lenteurs et de lourdeurs administratives, la qualité des salariés et de l'encadrement français est très satisfaisante.
Q - Que pensent-ils de notre fameux patriotisme économique ?
R - Notre élan protectionniste ne les choque pas. Ils ont aussi leurs mécanismes de défense dès qu'une opération touche de près ou de loin à leur sécurité intérieure ou énergétique. Mais j'ai évidemment eu droit à beaucoup de questions à propos de la fusion Alcatel-Lucent sur le ton : c'est Alcatel qui prend Lucent ; si l'inverse s'était produit, on imagine les réactions hostiles que cela aurait provoqué en France. Je leur réponds qu'il s'agit d'une opération amicale. Et puis Serge Tchuruk, le patron d'Alcatel, n'aura pas besoin d'apprendre l'anglais, lui.
Q - OPA ou pas, les grandes entreprises américaines ont-elles des projets d'implantation en France ?
R - Sur les terrains classiques de la production de biens, nous ne sommes plus compétitifs face à des pays avec une main-d'oeuvre à bas salaires. En revanche, nous avons encore une carte à jouer dans les activités de recherche et développement. Les Américains attachent beaucoup d'importance au risque politique et à la protection des activités intellectuelles. Et sur ce dernier plan, l'Inde et la Chine n'offrent pas une grande sécurité juridique et réglementaire.
Q - Qu'attendez-vous de "Cap Export Etats-Unis" lancé à l'occasion de ce séjour ?
R - En mobilisant tous nos partenaires publics et privés aux Etats-Unis, nous comptons favoriser l'entrée de plus d'un millier de PME françaises sur ce grand marché. Notre dispositif d'aide à l'exportation va être revu. Cet effort sera déployé aussi en direction de quatre autres pays cibles : le Japon, la Russie, l'Inde et la Chine.
Q - Que pensent les Américains de nos pôles de compétitivité ?
R - Cela les intéresse. Plus de 300 entreprises françaises participaient d'ailleurs cette semaine au Salon BIO Tech à Chicago. Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Ils ont un talent unique pour mettre en relation une idée, un produit et un marché. J'espère que nous saurons nous en inspirer pour dynamiser nos pôles de compétitivité
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 avril 2006
R - La France bénéficie plutôt d'un excédent que d'un déficit d'image aux Etats-Unis, mais les médias projettent un discours très négatif sur notre pays. Du coup, beaucoup d'investisseurs américains portent un regard cynique et sarcastique sur la France. Ils nous jugent lents à la détente et allergiques à une mondialisation vécue comme une menace. Ce qui est rassurant, à l'inverse, c'est le message que nous renvoient les industriels qui ont investi dans l'Hexagone. Ils estiment que malgré un coût du travail élevé, beaucoup de lenteurs et de lourdeurs administratives, la qualité des salariés et de l'encadrement français est très satisfaisante.
Q - Que pensent-ils de notre fameux patriotisme économique ?
R - Notre élan protectionniste ne les choque pas. Ils ont aussi leurs mécanismes de défense dès qu'une opération touche de près ou de loin à leur sécurité intérieure ou énergétique. Mais j'ai évidemment eu droit à beaucoup de questions à propos de la fusion Alcatel-Lucent sur le ton : c'est Alcatel qui prend Lucent ; si l'inverse s'était produit, on imagine les réactions hostiles que cela aurait provoqué en France. Je leur réponds qu'il s'agit d'une opération amicale. Et puis Serge Tchuruk, le patron d'Alcatel, n'aura pas besoin d'apprendre l'anglais, lui.
Q - OPA ou pas, les grandes entreprises américaines ont-elles des projets d'implantation en France ?
R - Sur les terrains classiques de la production de biens, nous ne sommes plus compétitifs face à des pays avec une main-d'oeuvre à bas salaires. En revanche, nous avons encore une carte à jouer dans les activités de recherche et développement. Les Américains attachent beaucoup d'importance au risque politique et à la protection des activités intellectuelles. Et sur ce dernier plan, l'Inde et la Chine n'offrent pas une grande sécurité juridique et réglementaire.
Q - Qu'attendez-vous de "Cap Export Etats-Unis" lancé à l'occasion de ce séjour ?
R - En mobilisant tous nos partenaires publics et privés aux Etats-Unis, nous comptons favoriser l'entrée de plus d'un millier de PME françaises sur ce grand marché. Notre dispositif d'aide à l'exportation va être revu. Cet effort sera déployé aussi en direction de quatre autres pays cibles : le Japon, la Russie, l'Inde et la Chine.
Q - Que pensent les Américains de nos pôles de compétitivité ?
R - Cela les intéresse. Plus de 300 entreprises françaises participaient d'ailleurs cette semaine au Salon BIO Tech à Chicago. Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre d'eux. Ils ont un talent unique pour mettre en relation une idée, un produit et un marché. J'espère que nous saurons nous en inspirer pour dynamiser nos pôles de compétitivité
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 avril 2006