Texte intégral
Q - Jusqu'à quel point le cycle de Doha est-il compromis ?
R - Je suis un peu consternée par le peu de résultats obtenus par Pascal Lamy ces quatre derniers mois depuis Hong Kong. Pascal Lamy avait dit : "il faut pousser tous les feux, les quatre moteurs de l'avion (agriculture, biens industriels, services et règles commerciales,) doivent démarrer pour qu'on puisse enfin décoller". Malheureusement, quatre mois n'ont pas suffi. Résultat, Pascal Lamy a du annoncer que les pays membres n'étaient pas prêts pour l'échéance du 30 avril et qu'il faut se donner six semaines de plus jusqu'à mi-juin.
Q - Quelles sont les chances de conclure le cycle de Doha cette année ?
R - Je suis assez inquiète pour le cycle de Doha. Le mandat qui autorise le président américain à faire ratifier en bloc un accord commercial expire début juillet 2007. Sachant que le délai de présentation de l'ensemble des accords au Sénat et à la Chambre est d'à peu près six mois, si on ne parvient pas à un accord quasi définitif sur le cycle dès juillet, je suis assez sceptique sur les perspectives de succès cette année.
Q - Comment voyez-vous l'avenir ?
R - Nous sommes devant une alternative. Soit on continue à négocier au niveau multilatéral, ce qui est la priorité pour la France, et on aboutit à un accord ambitieux, en se donnant plus de temps. La seconde hypothèse est beaucoup plus fâcheuse. C'est celle où le bilatéralisme s'impose. Dans ce cas c'est toujours le pays plus fort qui l'emporte.
Q - Quels seraient les responsables d'un éventuel échec ?
R - Depuis la dernière offre globale européenne, le 28 octobre, nous n'avons reçu aucune proposition en particulier de la part du G20 (pays émergents). Il va bien falloir qu'il formule une proposition, que ce soit à l'initiative des Brésiliens ou des Indiens ou conjointement.
Q - Les Etats-Unis ont-ils fait le maximum ?
R - Concernant les Etats-Unis, je suis un peu inquiète. Plusieurs facteurs permettent de douter de leur enthousiasme pour le multilatéralisme. Il y a eu le remplacement de Rob Portman quelques jours avant le 30 avril par Susan Schwab qui est une grande championne du bilatéralisme. Elle est moins introduite au Congrès que Robert Portman. Or vendre au Congrès un accord qui nécessite une diminution du soutien interne aux fermiers américains exige des relations étroites avec le Congrès. Si les Etats Unis souhaitent un accord ambitieux, il faudra qu'ils fassent aussi des concessions. A Hong Kong, l'Europe a montré qu'elle était prête à le faire.
Q - Faut-il se réjouir de la perspective d'un échec du cycle de Doha ?
R - Non. Collectivement, pour la bonne marche du monde, des échanges et pour le développement des pays du tiers-monde qui en ont le plus besoin, un échec serait négatif. La libéralisation et l'augmentation du commerce améliorent le niveau de vie, tirent la croissance et les avancées technologiques. Par ailleurs il y a un lien très étroit entre les perspectives de croissance dans les pays en développement et les mouvements migratoires.
Q - La France serait-elle pénalisée par un échec ?
R - Nous perdrions des opportunités d'exportations pour les produits industriels. Notre agriculture qui est la plus importante d'Europe, de l'ordre de 20 % de la production européenne, a des intérêts offensifs, en particulier dans l'agroalimentaire, grâce à l'ouverture des marchés étrangers. En revanche, certains emplois seraient menacés par une baisse des tarifs douaniers dans les secteurs sensibles. Nous sommes donc très vigilants.
Q - S'agissant de la France, faut-il anticiper une amélioration de la balance commerciale cette année ?
R - Compte tenu du volume de nos importations d'hydrocarbures, nous sommes à la merci des variations des cours. Toutefois, hors énergie, je suis relativement optimiste par rapport à l'an passé.
Q - Pour quelles raisons ?
R - Nous assistons à une réorientation graduelle de nos exportations vers cinq zones cibles à forte croissance : la Chine, la Russie, l'Inde, les Etats-Unis et le Japon sur lesquels le gouvernement a mis des moyens supplémentaires. Enfin, le retour de la croissance en Allemagne, notre premier client et notre premier fournisseur, est un élément positif. Tout comme la baisse de l'euro.
Q - Les PME exportent-elles plus ?
R - Le nombre des sociétés exportatrices augmente, ce qui est crucial pour l'emploi et la croissance. Autre bonne nouvelle, le volume des grands contrats a doublé entre 2005 et 2006, passant de 20 à 40 milliards d'euros, ce qui générera des exportations cette année.
Q - Mais les importations ne vont-elles pas progresser ?
R - Effectivement, nos importations devraient être affectées très sérieusement par l'augmentation du prix des hydrocarbures. La bonne tenue de la croissance s'accompagne d'une hausse de la consommation des biens importés.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2006
R - Je suis un peu consternée par le peu de résultats obtenus par Pascal Lamy ces quatre derniers mois depuis Hong Kong. Pascal Lamy avait dit : "il faut pousser tous les feux, les quatre moteurs de l'avion (agriculture, biens industriels, services et règles commerciales,) doivent démarrer pour qu'on puisse enfin décoller". Malheureusement, quatre mois n'ont pas suffi. Résultat, Pascal Lamy a du annoncer que les pays membres n'étaient pas prêts pour l'échéance du 30 avril et qu'il faut se donner six semaines de plus jusqu'à mi-juin.
Q - Quelles sont les chances de conclure le cycle de Doha cette année ?
R - Je suis assez inquiète pour le cycle de Doha. Le mandat qui autorise le président américain à faire ratifier en bloc un accord commercial expire début juillet 2007. Sachant que le délai de présentation de l'ensemble des accords au Sénat et à la Chambre est d'à peu près six mois, si on ne parvient pas à un accord quasi définitif sur le cycle dès juillet, je suis assez sceptique sur les perspectives de succès cette année.
Q - Comment voyez-vous l'avenir ?
R - Nous sommes devant une alternative. Soit on continue à négocier au niveau multilatéral, ce qui est la priorité pour la France, et on aboutit à un accord ambitieux, en se donnant plus de temps. La seconde hypothèse est beaucoup plus fâcheuse. C'est celle où le bilatéralisme s'impose. Dans ce cas c'est toujours le pays plus fort qui l'emporte.
Q - Quels seraient les responsables d'un éventuel échec ?
R - Depuis la dernière offre globale européenne, le 28 octobre, nous n'avons reçu aucune proposition en particulier de la part du G20 (pays émergents). Il va bien falloir qu'il formule une proposition, que ce soit à l'initiative des Brésiliens ou des Indiens ou conjointement.
Q - Les Etats-Unis ont-ils fait le maximum ?
R - Concernant les Etats-Unis, je suis un peu inquiète. Plusieurs facteurs permettent de douter de leur enthousiasme pour le multilatéralisme. Il y a eu le remplacement de Rob Portman quelques jours avant le 30 avril par Susan Schwab qui est une grande championne du bilatéralisme. Elle est moins introduite au Congrès que Robert Portman. Or vendre au Congrès un accord qui nécessite une diminution du soutien interne aux fermiers américains exige des relations étroites avec le Congrès. Si les Etats Unis souhaitent un accord ambitieux, il faudra qu'ils fassent aussi des concessions. A Hong Kong, l'Europe a montré qu'elle était prête à le faire.
Q - Faut-il se réjouir de la perspective d'un échec du cycle de Doha ?
R - Non. Collectivement, pour la bonne marche du monde, des échanges et pour le développement des pays du tiers-monde qui en ont le plus besoin, un échec serait négatif. La libéralisation et l'augmentation du commerce améliorent le niveau de vie, tirent la croissance et les avancées technologiques. Par ailleurs il y a un lien très étroit entre les perspectives de croissance dans les pays en développement et les mouvements migratoires.
Q - La France serait-elle pénalisée par un échec ?
R - Nous perdrions des opportunités d'exportations pour les produits industriels. Notre agriculture qui est la plus importante d'Europe, de l'ordre de 20 % de la production européenne, a des intérêts offensifs, en particulier dans l'agroalimentaire, grâce à l'ouverture des marchés étrangers. En revanche, certains emplois seraient menacés par une baisse des tarifs douaniers dans les secteurs sensibles. Nous sommes donc très vigilants.
Q - S'agissant de la France, faut-il anticiper une amélioration de la balance commerciale cette année ?
R - Compte tenu du volume de nos importations d'hydrocarbures, nous sommes à la merci des variations des cours. Toutefois, hors énergie, je suis relativement optimiste par rapport à l'an passé.
Q - Pour quelles raisons ?
R - Nous assistons à une réorientation graduelle de nos exportations vers cinq zones cibles à forte croissance : la Chine, la Russie, l'Inde, les Etats-Unis et le Japon sur lesquels le gouvernement a mis des moyens supplémentaires. Enfin, le retour de la croissance en Allemagne, notre premier client et notre premier fournisseur, est un élément positif. Tout comme la baisse de l'euro.
Q - Les PME exportent-elles plus ?
R - Le nombre des sociétés exportatrices augmente, ce qui est crucial pour l'emploi et la croissance. Autre bonne nouvelle, le volume des grands contrats a doublé entre 2005 et 2006, passant de 20 à 40 milliards d'euros, ce qui générera des exportations cette année.
Q - Mais les importations ne vont-elles pas progresser ?
R - Effectivement, nos importations devraient être affectées très sérieusement par l'augmentation du prix des hydrocarbures. La bonne tenue de la croissance s'accompagne d'une hausse de la consommation des biens importés.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2006