Déclaration de M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur le nouveau port du Havre, Port 2000, son importance économique, ses dessertes multi-modales, sur le développement des carburants de substitution, Le Havre le 30 mars 2006.

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Circonstance : Inauguration de Port 2000 au Havre le 30 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs les ministres,
Madame et Monsieur les commissaires européens,
Monsieur le président du Port du Havre,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Le Président de la République, m'a chargé de le représenter pour l'inauguration de Port 2000. Vous le savez, c'est un projet que le Président a soutenu depuis son origine, lorsqu'en 1995, il avait décidé de son lancement.
Permettez-moi tout d'abord, en son nom, de saluer les Havraises et les Havrais, que j'ai plaisir à retrouver. Votre ville, Monsieur le Maire, cher Antoine RUFENACHT, est impressionnante de dynamisme et de ténacité.
Et il en a fallu pour faire aboutir Port 2000. Ce chantier est exceptionnel par son ampleur : Port 2000 pourra ainsi accueillir les porte-conteneurs transocéaniques géants des plus grands armements mondiaux. Il l'est aussi par sa complexité : premier grand projet d'infrastructure soumis à un débat public préalable, il a intégré dès le départ la préservation des richesses écologiques de l'estuaire. C'est un chantier exceptionnel, enfin, par les moyens mobilisés, plus d'un milliard d'euros, par l'État, le Port autonome du Havre, les entreprises privées et les collectivités locales, et bien sûr l'Europe, et je tiens à saluer particulièrement le commissaire Barrot qui soutient avec beaucoup d'ardeur le développement des réseaux de transport européens. 3.500 à 4.000 emplois directs dans les activités portuaires et la logistique seront créés dès la première phase. Le pôle de compétitivité «Logistique Seine Normandie», basé au Havre, en sera conforté.
Ce projet, le Président de la République l'a soutenu avec constance, compte tenu de l'importance économique de Port 2000 pour la Nation et son intérêt public majeur : Le Havre est le premier port de France pour les conteneurs. Il bénéficie de la meilleure situation sur la façade Atlantique pour les lignes maritimes internationales. Désormais, Le Havre peut rivaliser avec les plus grands ports du nord de l'Europe.
Il faut maintenant aller, pour que les conditions de concurrence soient pleinement égales, vers une harmonisation européenne des réglementations portuaires.
Le soutien aux grands ports français est une priorité : ils constituent un maillon essentiel des chaînes logistiques internationales. Aujourd'hui, les deux tiers des conteneurs destinés à notre pays arrivent dans des ports étrangers. Des norias de camions acheminent ensuite les marchandises sur notre territoire. C'est absurde. Les ports français doivent jouer pleinement leur rôle de poumon de notre commerce extérieur. Je souhaite qu'à moyen terme, ils soient en mesure d'accueillir l'essentiel des marchandises maritimes en provenance ou à destination de notre économie. Ils affirmeront ainsi leur vocation de portes maritimes pour toute l'Europe.
De même que Fos 2XL, le futur grand terminal à conteneurs de Marseille, Port 2000 y contribuera, en permettant de doubler dès sa mise en service le trafic actuel de conteneurs dans le port du Havre, et de le tripler d'ici 2012.
Pour rendre plus attractifs les ports français, il faut répondre aux exigences de productivité des grands armements et ramener les coûts de passage au niveau de ceux de nos principaux concurrents européens. Je salue le travail qui a été mené par les partenaires sociaux au Havre, et qui doit être maintenant conclu dans les plus brefs délais pour être au rendez-vous du premier navire.
Il faut aussi élargir leur zone d'influence terrestre, en améliorant la coordination avec les autres modes de transport. La création au sein de mon ministère d'une direction générale de la Mer et des Transports est un élément déterminant pour favoriser cette approche intégrée et la traduire dans notre action politique. Je souhaite par ailleurs que les plans stratégiques de chaque port intègrent un volet dessertes multimodales dans lequel figureront des objectifs clairs.
En ce qui concerne le Port du Havre, la priorité est de renforcer ses dessertes ferroviaires et fluviales : nous devons faire aussi bien voire mieux que les grands ports du nord de l'Europe. A moyen terme, au moins 30 % des conteneurs devront emprunter ces modes de transport. Des sommes importantes ont été investies pour améliorer l'accès ferroviaire au port et aménager le contournement ferroviaire de l'Ile-de-France: ils devront permettre un doublement en 5 ans du fret ferroviaire au Havre. Le trafic de conteneurs par la Seine a été multiplié par plus de 3 depuis 2002. Pour l'amplifier, la desserte directe de Port 2000 par des automoteurs fluvio-côtiers va être expérimentée dès l'année prochaine, ce qui ne doit pas faire perdre de vue l'objectif de réaliser l'écluse fluviale, dont j'arrêterai le dimensionnement avant l'été. Par ailleurs, des réflexions préliminaires sur un meilleur accès des navires maritimes à l'intérieur du port, et un doublement de l'écluse François Ier doivent être menées. Le projet de canal à grand gabarit Seine-Nord est aussi une opportunité pour Le Havre, dont je vous invite à tirer pleinement parti. J'ai demandé à VNF que l'enquête publique soit lancée à l'automne prochain.
L'investissement de la nation dans les infrastructures portuaires constitue un des éléments de la nouvelle politique des transports, mise en oeuvre depuis 2002. J'ai présenté hier, en Conseil des ministres, le volet « marchandises » de cette politique. Elle s'inscrit dans le cadre de la politique de développement durable voulue par le Président de la République : le secteur des transports doit en effet mieux répondre aux enjeux écologiques et énergétiques.
Ils peuvent être locaux, comme la pollution, le bruit, la congestion et la consommation d'espace : les collectivités locales sont en première ligne pour y remédier. Mais aussi globaux, comme la lutte contre le changement climatique et la nécessité d'économiser le pétrole.
Sur ces deux points, le secteur des transports, qui dépend à 97 % du seul pétrole, est très vulnérable. La priorité de notre politique des transports doit être de garantir la mobilité en réduisant le poids du pétrole, dans le respect de l'objectif global de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.
C'est l'un des principaux défis des prochaines décennies. La France est bien placée pour être pionnière dans le domaine du transport durable. Les décisions prises depuis 2002 vont dans le bon sens. Nous allons amplifier le mouvement, en privilégiant trois axes.
D'abord, nous favorisons les modes de transport qui utilisent l'électricité, énergie produite, en France, sans émission de gaz à effet de serre. Dans notre pays, en 2005, le train, avec une croissance de 4,5 %, a plus progressé que l'avion et la voiture. C'est le résultat d'une politique : nous avons accéléré le développement du TGV, qui fête ses 25 ans, avec de nombreuses lignes nouvelles prévues ou à l'étude : en 2006, nous aurons pour la première fois 3 chantiers de lignes à grande vitesse simultanément.
L'offre Corail va également être modernisée grâce à un programme de 130 Meuros mis en oeuvre par la SNCF. La Normandie en bénéficiera pleinement. Dès la fin de cette année, une nouvelle grille horaire pourra être mise en place grâce aux investissements réalisés dans le contrat de plan : la fiabilité des horaires sera mieux assurée. A partir de l'année prochaine, de nouvelles locomotives seront mises en service sur la ligne et des interconnexions TGV vers Roissy et Strasbourg seront rendues possibles grâce à la mise en service du TGV Est.
Dans les villes, l'offre de transport collectif électrique, métros et tramways, s'est développée : après une période de repli, leur taux d'utilisation croît à nouveau depuis 2003, grâce notamment à l'instauration du service garanti et aux efforts consentis sur la sécurité.
Le deuxième axe consiste à encourager les carburants de substitution. Nous incorporons déjà dans les produits pétroliers deux fois plus de biocarburants que la moyenne européenne. Le plan biocarburants permettra d'en multiplier la production par sept d'ici 2010. Outre les carburants de synthèse et l'hydrogène, il faut aussi développer l'usage du gaz naturel, domaine où la France, avec la plus grande flotte d'autobus et véhicules urbains au gaz naturel d'Europe, est pionnière.
Enfin, là où on ne peut pas encore se passer de pétrole, il faut l'utiliser de la manière la plus efficace possible. En matière de sécurité routière, la politique déterminée que nous menons a permis de sauver de nombreuses vies, mais aussi de modérer la consommation de carburant. Plusieurs mécanismes incitent en outre les Français à choisir des automobiles plus sobres : ainsi, notre parc d'automobiles neuves émet 5 % de moins de CO2 au kilomètre que la moyenne européenne. Le développement du diesel hybride et des pneumatiques à faible résistance au roulement, deux technologies françaises, va nous permettre de faire de nouveaux progrès.
Le transport maritime est également un mode de transport peu consommateur au regard des volumes transportés. Son développement est aussi un enjeu économique et un objectif majeur de l'action du Gouvernement.
Le transport maritime doit s'opérer dans des conditions de sécurité maximales. Vous connaissez toute la détermination du Président de la République et du Gouvernement pour qu'elles soient effectives, que les navires fassent escale ou non dans nos ports. La mise en oeuvre de la loi sur le registre international français du 3 mai 2005 est désormais effective ainsi qu'en témoigne l'immatriculation il y a quelques jours du CMA-CGM Traviata, premier porte-conteneurs du troisième opérateur mondial à être immatriculé sur ce registre. Avec la taxe au tonnage, l'adoption prochaine d'un décret relatif au GIE Fiscal et la mise en oeuvre effective de l'ensemble des mesures d'attractivité fiscales et sociales qui accompagnent le registre international français, la reconquête de la compétitivité de notre pavillon est clairement engagée, de façon déterminée.
Il en est de même pour la voie d'eau, mode qui a crû de près de 40 % depuis 1997. Grâce au respect des standards internationaux de qualité et de fiabilité, il suscite un réel engouement des chargeurs. Le transport de fret ferroviaire est aujourd'hui en phase de restructuration pour mieux répondre aux attentes en matière de qualité de service et de compétitivité. C'est un mode qui a un très fort potentiel, et qui connaît une phase importante de modernisation à la suite de l'ouverture à la concurrence qui sera effective à partir du 31 mars. L'État a investi fortement pour moderniser le fret SNCF, lui permettant de réinvestir dans du matériel de traction neuf, améliorer sa gestion et sa productivité pour retrouver de nouveaux marchés. Le trafic fret SNCF devrait d'ailleurs retrouver cette année la voie de la croissance. Je l'indiquais hier aux opérateurs, cette libéralisation est une opportunité de développement pour l'ensemble du secteur, et en particulier pour la SNCF.
Dans le domaine des infrastructures, de nouveaux outils, comme l'Agence de Financement des Investissements dans les Transports ou la possibilité de mettre en oeuvre des partenariats public-privé, ont été créés pour relancer une politique ambitieuse de construction des infrastructures maritimes, ferroviaires et fluviales.
Mesdames et Messieurs,
Port 2000 marque une nouvelle ambition européenne pour le Havre. Il permettra de relocaliser en France des activités logistiques très concurrentielles. Il est exemplaire de la politique d'attractivité et de compétitivité de notre pays. Exemplaire aussi de la politique durable des transports que nous mettons en oeuvre. Respecter l'environnement, grâce à une évolution patiente et résolue de notre système de transport, nous permettra d'éviter, à l'avenir, des décisions douloureuses. C'est ainsi que nous préserverons la mobilité des personnes et des biens, qui caractérise les économies modernes et constitue une composante précieuse de notre liberté.
Je vous remercie.Source http://www.equipement.gouv.fr, le 14 avril 2006