Texte intégral
Q - Catherine Colonna, cette vingtième journée de l'Europe doit être une vraie fête, dites-vous. Justement, en France où l'idéal européen a été un peu chahuté, ou disons, remis en cause ces derniers temps, vous souhaitez que ce soit particulièrement fort ?
R - C'est d'abord le vingtième anniversaire de cette journée de l'Europe. Vingt ans, c'est un bel âge pour la fêter. En tout cas, il faudrait qu'on commence, parce que jusqu'ici, on ne l'avait pas beaucoup fait ! Ce qui se passe cette année est exceptionnel : il y a plus de 350 événements et manifestations partout en France. Pourquoi le fait-on ? Parce que ce 9 mai doit être l'occasion de fêter l'Europe, d'être fiers de ce qu'elle a fait, de vouloir se battre pour l'améliorer encore, sûrement. Soyons positifs, l'Europe dépend de nous tous collectivement, elle ne va pas tomber du ciel. A nous de la faire !
Q - Il y a donc toute une série d'initiatives très symboliques, et il y a aussi un site Internet, un kit pédagogique... C'est plus concret, ça ? Pourquoi ?
R - Il y a d'abord des fêtes, des concerts, des débats partout en France - vous avez vu à Lyon la chorale du film "Les Choristes" - dans beaucoup de grandes villes de France, mais aussi dans des petits villages. Il y a eu, dans les écoles, aujourd'hui, l'occasion de parler d'Europe avec les professeurs, dans les lycées et dans les collèges, de faire réfléchir à la construction européenne, parce que c'est à la fois un moment où il faut être fier de ce que l'Europe a fait, mais aussi un moment qui doit nous permettre de réfléchir au sens de la construction européenne.
Q - Il y a aussi un site Internet qui va perdurer au-delà de cette journée ?
R - Il y a deux nouveaux sites Internet à l'heure actuelle dont un qui est dédié à la Journée du 9 mai qui permet d'informer sur toutes les manifestations qui ont lieu sur tout le territoire français aujourd'hui mais, de fait, ce soir, il ferme. Un autre site permanent vient d'ouvrir. Et comme nous voulons prolonger cette journée exceptionnelle du 9 mai par le dialogue et le débat sur les questions européennes, ce nouveau site s'appelle touteleurope.fr. A partir d'aujourd'hui, nous lançons un grand débat avec une expression libre des internautes, sur l'Europe qu'ils souhaitent, l'Europe qu'ils veulent construire pour dans vingt ans. Il faut que chacun participe au débat, s'approprie les questions européennes, parle d'Europe. Je souhaite qu'on développe le dialogue sur l'Europe dans les milieux parlementaires et dans tout ce qui fait notre vie démocratique, mais aussi avec la société civile, avec toutes les Françaises et tous les Français.
Q - Concernant le traité constitutionnel, il est vrai que nous sommes dans cette période de réflexion et on a l'impression que le débat est un peu retombé en France ?
R - Il est important de se rendre compte que l'Europe sera ce que nous en ferons collectivement. Elle ne vient pas du ciel, comme je dis toujours, elle ne vient pas d'en haut, elle dépend de nous, qu'on en soit satisfait ou insatisfait, nous en sommes co-responsables. C'est aussi l'un des messages de cette journée que nous voulons prolonger au-delà du 9 mai.
Q - Un des symboles de cette journée, c'est le drapeau européen. Un millier de communes ont été équipées. Vous avez souhaité leur faire parvenir, c'est important à vos yeux, de voir ce drapeau européen flotter partout ?
R - C'est un symbole important. Moi, je l'ai dans mon bureau, à côté du drapeau français parce qu'il n'y a pas à choisir entre la France et l'Europe, pas plus qu'à choisir entre être tourangelle et française, et je suis fière d'être la fois française et européenne. Beaucoup de communes n'avaient pas de drapeau européen. On a offert symboliquement 1000 drapeaux à 1000 communes, souvent à des petites communes rurales.
Q - A cette occasion, on s'est rendu compte qu'au Quai d'Orsay, dont vous dépendez, le drapeau n'était hissé que le 9 mai, contrairement aux autres pays européens, vous y avez remédié ?
R - Chacun a sa tradition. Tous les pays européens ne font pas ce que vous dites. Je soutiens tout à fait l'idée qu'il y ait, sur tous les bâtiments publics français, nos deux drapeaux. Nous sommes français et nous sommes européens. Pour le moment, cela n'est pas encore la règle. J'ai mis le drapeau européen dans mon bureau, et je fais en sorte qu'il soit mieux connu en France. J'en ai donné 1000 à 1000 petites communes, je pense qu'on va progresser pas à pas, j'espère que nous y arriverons.
Q - Mais est-ce que cela va changer ?
R - Oui. Je soutiens cette idée, alors même qu'aujourd'hui les bâtiments publics, et le Quai d'Orsay parmi eux, ne sont pavoisés aux deux couleurs que de façon exceptionnelle. Je pense qu'on progressera, je le souhaite vraiment.
Q - Vous savez que cela se fait dans la plupart des pays européens, comme j'avais cru le comprendre ?
R - Cela se fait dans quelques pays européens, pas dans tous. Le premier qui l'a fait est l'Italie, ça ne pose d'ailleurs aucun problème à aucun citoyen italien. Nous allons essayer de suivre son exemple.
Q - Pour les manifestations exceptionnelles, les interventions etc, il y a toujours les deux drapeaux, et chez vous en particulier.
R - Bien sûr, et depuis plusieurs années maintenant !
Q - Merci, Catherine Colonna.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2006