Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, dans "Le Progrès" du 11 mai 2006, sur les fonds régionaux européens, le budget communautaire pour 2007-2013 et sur l'avenir de l'Europe.

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Circonstance : Déplacement à Lyon (Rhône), le 11 mai 2006

Média : La Tribune Le Progrès - Le Progrès

Texte intégral

Q - Quel est le sens de votre visite à Lyon ?
R - Je me rends régulièrement dans nos régions pour écouter les acteurs locaux et mettre en valeur l'action de l'Europe avec une approche pédagogique et concrète. En Rhône-Alpes, noeud de communications, région frontalière, l'Europe est très présente et depuis longtemps.

Q - Au grand dam des présidents de région, le gouvernement continue de maîtriser les fonds régionaux européens, est-ce un résidu du jacobinisme français ?
R - Non et d'ailleurs tous les pays européens n'ont pas régionalisé la gestion de ces fonds. En France, il s'agit de la poursuite d'un système qui fonctionne bien. L'Etat assume son rôle et il le fait en discutant avec tous les niveaux de décision. La répartition des fonds européens se fait en concertation avec les acteurs locaux.

Q - Le budget européen pour 2007-2013, avec de fortes réductions des subventions, vous satisfait-il ?
R - C'est un bon budget. L'Europe a changé depuis le budget précédent : elle est passée de 15 à 25 pays et elle a investi de nouveaux domaines. Or, elle doit maîtriser ses dépenses tout en tenant ses objectifs. En outre, les fonds structurels demeureront sur tout le territoire européen dont l'ensemble des régions françaises.

Q - La France est-elle très affaiblie au sein de l'Union ?
R - Si elle n'est pas sortie renforcée du référendum, la vraie question est celle de l'avenir de l'Europe. Le référendum a révélé une coupure entre les Français et le projet européen et des incompréhensions. Le gouvernement les a prises en compte en faisant de l'Europe des projets sa priorité. La France a pris des initiatives : par exemple, l'augmentation de 50 % du budget pour les bourses étudiantes et de celui de la recherche. L'Europe continue à avancer !

Q - Un seul signe pour montrer que l'Europe est toujours en marche ?
R - Lors de mes visites dans les régions, on parle peu des grands enjeux institutionnels comme la composition de la Commission européenne mais plutôt des projets aidés par les fonds structurels. C'est bien la preuve que l'Europe existe sur le terrain, au quotidien.

Q - Les affaires mettant en cause les plus hautes autorités de l'Etat (Clearstream, le compte de Jacques Chirac au Japon), portent-elles atteinte à la crédibilité de la France au niveau international ?
R - Concernant le président, je n'ajouterai rien au démenti très ferme de l'Elysée. Quant au reste, la justice est saisie et il faut la laisser faire sereinement son travail. Ce dossier est d'abord un sujet en France même s'il est vrai que la presse internationale en parle. On ne peut donc nier que nos partenaires observent et s'interrogent. C'est donc un appel à la responsabilité qu'il faut lancer. Laissons la justice travailler.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mai 2006