Texte intégral
J.-P. Elkabbach - Heureusement, la vie offre des jours plus agréables que d'autres. J.- L. Borloo, bonjour.
R - Bonjour.
Q - Le chômage baisse, il reprend sa baisse : moins 3 en mars. Vous avez entendu O. Samain, la France connaît une première année de baisse. Bravo. Bravo qui ? D. de Villepin ?
R - Bravo tout le Gouvernement. Il y a un chef du Gouvernement : D. de Villepin. C'est un énorme travail. Il a fallu inverser la tendance. On était dans une situation extrêmement mauvaise les trois premières années. Donc, il y a eu un travail de J.-P. Raffarin et ses équipes sur plein de secteurs. L'emploi, c'est plein de choses en même temps : c'est la relance du logement, c'est les apprentis, c'est les contrats de professionnalisation, les services à la personne, recevoir les demandeurs d'emploi tous les mois tranquillement ; c'est aussi débloquer les situations dans les petites entreprises. Donc, les mesures d'urgence du Premier ministre, le contrat nouvelle embauche...
Q - Et ça commence à tourner. Donc, bravo Borloo, bravo tous, et ça veut dire que le plan Borloo de cohésion sociale commence à porter les fruits que vous promettiez ici même. Et vous dites qu'apparemment ça va continuer puisque, pour la fin de 2006, vous imaginez un 8,9/8,8. C'est ça ?
R - Oui, c'est à peu près ça, enfin, à deux mois ou à trois mois près. On est dans une inversion de tendance. Il faut bien comprendre. D'abord, il y a près de 200.000 personnes qui ont retrouvé un emploi. Au plan moral, pour moi, à cette heure-ci, c'est 200.000 familles...
Q - Avec des effets sur beaucoup d'autres choses.
R - C'est ce que je voulais vous dire. C'est plusieurs choses. La première, c'est qu'on sorte de l'idée que les demandeurs d'emploi n'ont pas vraiment envie de faire les efforts. On l'entend tellement, une espèce de poujadisme, ce n'est pas vrai. Deuxièmement, c'est excellent pour notre économie. Troisièmement, c'est bon pour les comptes publics. Ce mois-ci, les comptes de l'Unedic, après des années et des années, sont enfin positifs. Le budget de l'Etat, l'Assurance maladie, les caisses d'allocations familiales. Avec 150.000 ou 200.000, si on passe de 200.000 à 400.000 travailleurs de plus - on est à 16 millions à cotiser aujourd'hui en France - on va remettre toute notre économie et nos comptes publics dans le bon sens. Donc, c'est une bonne chose au plan moral, au plan social, au plan humain, mais aussi au plan budgétaire et économique.
Q - Vous vous rendez compte, J.-L. Borloo ! Ce serait formidable si un jour on arrivait à faire comme les Anglais et les Danois : moins de 5 % de chômage.
R - Oui, sachant qu'eux ne comptabilisent pas ce qu'ils appellent l'"incapacity". Nous, on est dans un système très transparent, et c'est un mérite pour la France. Les Anglais, comme vous le savez, ont 7 % de personnes qu'ils n'estiment tout simplement pas aptes à l'emploi. Nous, on n'a pas cette façon de compter. Donc, l'objectif que l'on a, c'est de continuer à baisser clairement pour être mieux que la moyenne européenne.
Q - Et six mois après la fin de l'année, c'est-à-dire à la mi-2007, on sera à combien ?
R - Je n'en sais rien, je ne suis pas prévisionniste. Je ne lis pas dans la Marc de café. Je vous avais donné les tendances. Je vous avais dit en gros il y a un peu plus d'un an : 20.000 à peu de choses près...
Q - Et alors ? Comme la tendance va continuer...
R - La tendance devrait continuer, mais, vous savez, quand un homme politique dit quelque chose à un micro, ça ressemble à une promesse. Alors, je préfère constater, un an après, que c'était vraiment ce que j'avais dit, un peu pratiquement.
Q - Et après vous direz : " Je l'avais prévu. "
R - Ecoutez, " on vous l'avait dit à l'époque ".
Q - Pour F. Hollande, les créations d'emplois ne progressent pas, les départs en retraite sont plus nombreux que les arrivées sur le marché du travail. C'est une tendance démographique, il n'y a donc pas de quoi pavoiser.
R - Il va quand même falloir qu'on prenne l'habitude dans la classe politique de dire les choses en vrai. Alors, la démographie... On a 45.000 personnes de plus dans la population active. On a pris 200.000 personnes qui sont au travail en plus. On a 185.000 qui cotisent aux caisses d'assurance sociale. On a plus de 16 millions de travailleurs dans notre pays. C'est un record historique. Ce pays n'a jamais connu ça. Alors, les commentaires de monsieur Hollande, quand on sait que F. Mitterrand est arrivé avec moins d'un million de chômeurs et parti avec quasiment trois, très sincèrement, il pourrait avoir un peu plus d'humilité.
Q - C'est ce que vous dites à la fois à F. Hollande, à J. Lang et aux socialistes ?
R - Franchement, sur ce sujet - au moins, je ne leur fais pas de procès d'intentions- qu'on se réjouisse ! Ce n'est pas parfait. Il y a encore plus de deux millions de demandeurs d'emploi, mais franchement, franchement...
Q - Monsieur le ministre de la Cohésion, dans les chiffres du chômage publiés aujourd'hui, quelles sont la place et le rôle des CNE, les contrats "nouvelles embauches" qui sont réservés aux entreprises de 20 salariés ?
R - Il y en a plus de 400.000 qui ont été signés. En gros, plus d'un contrat sur dix, plus de 11 % dans les entreprises de moins de 20 personnes, sont signés sous cette forme-là. C'est-à-dire des petites entreprises, des gars qui travaillaient tout seuls, qui avaient l'angoisse de recruter si ça tournait mal...
Q - Donc, vous dites : c'est bon pour l'emploi.
R - C'est excellent pour l'emploi. Le contrat "nouvelles embauches", de ce point de vue-là, a débloqué des situations.
Q - Et vous avez envisagé de l'adapter, de l'améliorer ?
R - Non, on va faire très simplement ce qu'on a dit à l'époque d'ailleurs aux partenaires sociaux : l'évaluation pour le mois de juin. Une évaluation, aller voir réellement ce qui s'est passé dans telle boulangerie, chez tel artisan, comment ça se passe. On avait dit qu'on évaluerait, on a lancé la procédure d'évaluation, mais ce n'est que fin juin.
Q - D'accord, mais quand B. Thibault dit : " La CGT le remet en cause et va lui faire la peau ", vous dites : " Ça ne sera pas fait. "
R - Il faut juste évaluer. Je n'imagine pas qu'une organisation syndicale puisse considérer que, si l'évaluation est forte et bonne, que ça crée de l'emploi, puisse discuter de tel ou tel sujet. On est dans un grand pays, dans une démocratie, on peut se parler. Voilà.
Q - Un mot sur les apprentis. Ils sont apparemment de plus en plus nombreux.
R - C'est une très, très bonne nouvelle.
Q - Vous comptez atteindre, d'après ce que j'ai lu, 500.000 en trois ans au lieu cinq.
R - Oui, absolument.
Q - Pourquoi ces prévisions plutôt optimistes là aussi ?
R - Tout simplement parce qu'on avait lancé le plan 350.000/500.000. On est déjà à 390.000 aujourd'hui - je vais dans un centre d'apprentissage à Versailles tout à l'heure -, et que les entreprises de plus de 1.000... Vous savez, il y a un type formidable qui s'appelle H. Lachmann, le président de Schneider. Il est allé voir tous ses copains et 1.000 entreprises viennent de signer un engagement d'augmentation de 20 % de leurs apprentis. La France est face à une crise du recrutement. Le problème de notre pays, ce sont ses ressources humaines adaptées, informées, formées. On est face à une crise du recrutement. Donc, l'alternance à l'université comme dans des BTS, la formation par alternance, c'est l'avenir de notre pays. 500 formations pour être pilote de chasse ou pilote de ligne ou pour faire de l'ébénisterie ! 500 grands diplômes sont ouverts par l'alternance. On avait du retard. On le rattrape.
Q - J.-L. Borloo, la presse commente l'événement majeur qui s'est produit hier à Paris. Qu'est-ce que c'était ?
R - L'événement majeur qui s'est produit hier à Paris ?
Q - Eh bien oui : le Premier ministre et son numéro deux, ministre d'Etat, qui déjeunent ensemble à Matignon dans un très bon climat. La vérité apparaît peu à peu - on entendait tout à l'heure M. Grossiord. Ça sent plutôt le souffre, non ?
R - Très sincèrement, je n'étais pas au déjeuner. Mais enfin, que le chef du Gouvernement reçoive à déjeuner le numéro deux du gouvernement à l'hôtel Matignon paraît quand même quelque chose d'assez courant et d'assez banal.
Q - Oui, mais vous, vous avez déjeuné quand la dernière fois ?
R - J'ai petit-déjeuné avant hier et j'ai déjeuné la semaine dernière.
Q - Et est-ce vrai que, quand on y va, on n'y va jamais sans son flingue ? D'après J.-L. Debré.
R - Mais non, mais non. Ecoutez, tout ça, ça fait un petit peu d'agitation. Les choses sont relativement plus simples que ça. Le Gouvernement fonctionne.
Q - Et nous, on continue à dire la vérité.
R - Oui, on dit la vérité...
Q -Est-ce que le Gouvernement, tel qu'il est, peut rebondir ou durer encore un an, tel qu'il est ?
R - Ecoutez, il y a une majorité présidentielle. Elle est composite, elle est claire : c'est celle du discours de l'ONU, c'est celle de l'Irak, c'est celle de la loi sur la laïcité, c'est celle sur la baisse du chômage. Il y a une majorité présidentielle, il y a un Président qui a désigné un chef du Gouvernement, qui a une équipe. On continue à fonctionner. On va s'occuper de la participation dans 15 jours, de la loi immigration la semaine prochaine. On continue à bosser.
Q - Vous serez les mêmes ?
R - Mais attendez ! Dans ce pays, le jeu principal, c'est le balle-trappe : quelqu'un n'est pas encore arrivé que la seule question, c'est de savoir quand est-ce qu'il va partir.
Q - Il paraît que, vous-même, vous le dites en privé. C'est dur de le dire en public ?
R - C'est une grosse ficelle, ça. C'est une grosse ficelle que je connais bien. Non. La vérité n'est pas celle-là. Ce n'est pas celle-là.
Q - Alors, la bombe Clearstream ! Vous avez lu Le Parisien, Libé, Le Figaro : elle va exploser, disent-ils ...
R - " Disent-ils !". Qui dit quoi ?
Q - La presse.
R - Mais je n'en sais rien. Ils sont beaucoup mieux informés que moi.
Q - D'accord. Le Premier ministre est mis en cause... On se demande d'ailleurs pourquoi il y a une sorte de chasse aux sorcières à travers Villepin. Comment ça se fait ?
R - Une chasse aux sorcières ?
Q - Oui, ou si vous préférez à la sorcière.
R - Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Là, on est dans une espèce d'imbroglio, une espèce de feuilleton, mais des feuilletons, il y en a eu plein dans ce pays. Ce n'est pas le premier. Puis, tout d'un coup, les choses accouchent d'une souris ou pas, mais en général, ça accouche d'une souris.
Q - Mais c'est une souris, l'affaire Clearstream ?
R - Mais je n'en sais rien. C'est une affaire judiciaire à laquelle je n'ai pas accès le moins du monde. Et quand je vous dis que je n'y ai pas accès, je n'ai vraiment pas, accès comme 99 % des gens et probablement des journalistes.
Q - Mais l'avocat et ministre Borloo, quand il voit que le Premier ministre admet, dans Le Figaro, être à l'origine d'une enquête quand il était ministre des Affaires étrangères, qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que le Premier ministre de l'époque, J.-P. Raffarin, était au courant ?
R - Il faudrait lui demander. Moi, je n'étais pas dans le premier cercle à ce moment-là. Qu'il y ait des enquêtes, qu'il y ait des trucs qui apparaissent, des listings qui portent atteinte à l'honneur de tel ou tel et qu'on regarde à quatre fois de quoi il s'agit, ne me paraît pas être quelque chose d'exorbitant, très franchement. Pour le reste, laissons les juges faire leur boulot et puis soyons tous sereins.
Q - Et pourquoi tant d'élus et politiques de la majorité sont aujourd'hui gagnés par l'angoisse, par la colère - on entendait ici P. Lellouche et d'autres - et par le doute ? Pourquoi ? Ils lisent trop la presse.
R - Je pense que la dernière période, les trois derniers mois, pour les députés, n'a pas été une période facile. Voter un texte et puis revenir devant..., c'est quand même assez difficile. Il faut le comprendre. Vous savez, gouverner, c'est surmonter des crises les unes derrière les autres. C'est ça, gouverner.
Q - Et la prochaine, c'est quand ? Il est 8h30...
R - Mais je n'en sais rien. Est-ce que je savais, il y a un an et demi, qu'il y aurait le Chikungunya ? Non, et pourtant c'est dramatique pour La Réunion.
Q - Pourvu qu'il n'y ait pas de tsunami politique. Bonne journée, bon week-end. Merci.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 28 avril 2006
R - Bonjour.
Q - Le chômage baisse, il reprend sa baisse : moins 3 en mars. Vous avez entendu O. Samain, la France connaît une première année de baisse. Bravo. Bravo qui ? D. de Villepin ?
R - Bravo tout le Gouvernement. Il y a un chef du Gouvernement : D. de Villepin. C'est un énorme travail. Il a fallu inverser la tendance. On était dans une situation extrêmement mauvaise les trois premières années. Donc, il y a eu un travail de J.-P. Raffarin et ses équipes sur plein de secteurs. L'emploi, c'est plein de choses en même temps : c'est la relance du logement, c'est les apprentis, c'est les contrats de professionnalisation, les services à la personne, recevoir les demandeurs d'emploi tous les mois tranquillement ; c'est aussi débloquer les situations dans les petites entreprises. Donc, les mesures d'urgence du Premier ministre, le contrat nouvelle embauche...
Q - Et ça commence à tourner. Donc, bravo Borloo, bravo tous, et ça veut dire que le plan Borloo de cohésion sociale commence à porter les fruits que vous promettiez ici même. Et vous dites qu'apparemment ça va continuer puisque, pour la fin de 2006, vous imaginez un 8,9/8,8. C'est ça ?
R - Oui, c'est à peu près ça, enfin, à deux mois ou à trois mois près. On est dans une inversion de tendance. Il faut bien comprendre. D'abord, il y a près de 200.000 personnes qui ont retrouvé un emploi. Au plan moral, pour moi, à cette heure-ci, c'est 200.000 familles...
Q - Avec des effets sur beaucoup d'autres choses.
R - C'est ce que je voulais vous dire. C'est plusieurs choses. La première, c'est qu'on sorte de l'idée que les demandeurs d'emploi n'ont pas vraiment envie de faire les efforts. On l'entend tellement, une espèce de poujadisme, ce n'est pas vrai. Deuxièmement, c'est excellent pour notre économie. Troisièmement, c'est bon pour les comptes publics. Ce mois-ci, les comptes de l'Unedic, après des années et des années, sont enfin positifs. Le budget de l'Etat, l'Assurance maladie, les caisses d'allocations familiales. Avec 150.000 ou 200.000, si on passe de 200.000 à 400.000 travailleurs de plus - on est à 16 millions à cotiser aujourd'hui en France - on va remettre toute notre économie et nos comptes publics dans le bon sens. Donc, c'est une bonne chose au plan moral, au plan social, au plan humain, mais aussi au plan budgétaire et économique.
Q - Vous vous rendez compte, J.-L. Borloo ! Ce serait formidable si un jour on arrivait à faire comme les Anglais et les Danois : moins de 5 % de chômage.
R - Oui, sachant qu'eux ne comptabilisent pas ce qu'ils appellent l'"incapacity". Nous, on est dans un système très transparent, et c'est un mérite pour la France. Les Anglais, comme vous le savez, ont 7 % de personnes qu'ils n'estiment tout simplement pas aptes à l'emploi. Nous, on n'a pas cette façon de compter. Donc, l'objectif que l'on a, c'est de continuer à baisser clairement pour être mieux que la moyenne européenne.
Q - Et six mois après la fin de l'année, c'est-à-dire à la mi-2007, on sera à combien ?
R - Je n'en sais rien, je ne suis pas prévisionniste. Je ne lis pas dans la Marc de café. Je vous avais donné les tendances. Je vous avais dit en gros il y a un peu plus d'un an : 20.000 à peu de choses près...
Q - Et alors ? Comme la tendance va continuer...
R - La tendance devrait continuer, mais, vous savez, quand un homme politique dit quelque chose à un micro, ça ressemble à une promesse. Alors, je préfère constater, un an après, que c'était vraiment ce que j'avais dit, un peu pratiquement.
Q - Et après vous direz : " Je l'avais prévu. "
R - Ecoutez, " on vous l'avait dit à l'époque ".
Q - Pour F. Hollande, les créations d'emplois ne progressent pas, les départs en retraite sont plus nombreux que les arrivées sur le marché du travail. C'est une tendance démographique, il n'y a donc pas de quoi pavoiser.
R - Il va quand même falloir qu'on prenne l'habitude dans la classe politique de dire les choses en vrai. Alors, la démographie... On a 45.000 personnes de plus dans la population active. On a pris 200.000 personnes qui sont au travail en plus. On a 185.000 qui cotisent aux caisses d'assurance sociale. On a plus de 16 millions de travailleurs dans notre pays. C'est un record historique. Ce pays n'a jamais connu ça. Alors, les commentaires de monsieur Hollande, quand on sait que F. Mitterrand est arrivé avec moins d'un million de chômeurs et parti avec quasiment trois, très sincèrement, il pourrait avoir un peu plus d'humilité.
Q - C'est ce que vous dites à la fois à F. Hollande, à J. Lang et aux socialistes ?
R - Franchement, sur ce sujet - au moins, je ne leur fais pas de procès d'intentions- qu'on se réjouisse ! Ce n'est pas parfait. Il y a encore plus de deux millions de demandeurs d'emploi, mais franchement, franchement...
Q - Monsieur le ministre de la Cohésion, dans les chiffres du chômage publiés aujourd'hui, quelles sont la place et le rôle des CNE, les contrats "nouvelles embauches" qui sont réservés aux entreprises de 20 salariés ?
R - Il y en a plus de 400.000 qui ont été signés. En gros, plus d'un contrat sur dix, plus de 11 % dans les entreprises de moins de 20 personnes, sont signés sous cette forme-là. C'est-à-dire des petites entreprises, des gars qui travaillaient tout seuls, qui avaient l'angoisse de recruter si ça tournait mal...
Q - Donc, vous dites : c'est bon pour l'emploi.
R - C'est excellent pour l'emploi. Le contrat "nouvelles embauches", de ce point de vue-là, a débloqué des situations.
Q - Et vous avez envisagé de l'adapter, de l'améliorer ?
R - Non, on va faire très simplement ce qu'on a dit à l'époque d'ailleurs aux partenaires sociaux : l'évaluation pour le mois de juin. Une évaluation, aller voir réellement ce qui s'est passé dans telle boulangerie, chez tel artisan, comment ça se passe. On avait dit qu'on évaluerait, on a lancé la procédure d'évaluation, mais ce n'est que fin juin.
Q - D'accord, mais quand B. Thibault dit : " La CGT le remet en cause et va lui faire la peau ", vous dites : " Ça ne sera pas fait. "
R - Il faut juste évaluer. Je n'imagine pas qu'une organisation syndicale puisse considérer que, si l'évaluation est forte et bonne, que ça crée de l'emploi, puisse discuter de tel ou tel sujet. On est dans un grand pays, dans une démocratie, on peut se parler. Voilà.
Q - Un mot sur les apprentis. Ils sont apparemment de plus en plus nombreux.
R - C'est une très, très bonne nouvelle.
Q - Vous comptez atteindre, d'après ce que j'ai lu, 500.000 en trois ans au lieu cinq.
R - Oui, absolument.
Q - Pourquoi ces prévisions plutôt optimistes là aussi ?
R - Tout simplement parce qu'on avait lancé le plan 350.000/500.000. On est déjà à 390.000 aujourd'hui - je vais dans un centre d'apprentissage à Versailles tout à l'heure -, et que les entreprises de plus de 1.000... Vous savez, il y a un type formidable qui s'appelle H. Lachmann, le président de Schneider. Il est allé voir tous ses copains et 1.000 entreprises viennent de signer un engagement d'augmentation de 20 % de leurs apprentis. La France est face à une crise du recrutement. Le problème de notre pays, ce sont ses ressources humaines adaptées, informées, formées. On est face à une crise du recrutement. Donc, l'alternance à l'université comme dans des BTS, la formation par alternance, c'est l'avenir de notre pays. 500 formations pour être pilote de chasse ou pilote de ligne ou pour faire de l'ébénisterie ! 500 grands diplômes sont ouverts par l'alternance. On avait du retard. On le rattrape.
Q - J.-L. Borloo, la presse commente l'événement majeur qui s'est produit hier à Paris. Qu'est-ce que c'était ?
R - L'événement majeur qui s'est produit hier à Paris ?
Q - Eh bien oui : le Premier ministre et son numéro deux, ministre d'Etat, qui déjeunent ensemble à Matignon dans un très bon climat. La vérité apparaît peu à peu - on entendait tout à l'heure M. Grossiord. Ça sent plutôt le souffre, non ?
R - Très sincèrement, je n'étais pas au déjeuner. Mais enfin, que le chef du Gouvernement reçoive à déjeuner le numéro deux du gouvernement à l'hôtel Matignon paraît quand même quelque chose d'assez courant et d'assez banal.
Q - Oui, mais vous, vous avez déjeuné quand la dernière fois ?
R - J'ai petit-déjeuné avant hier et j'ai déjeuné la semaine dernière.
Q - Et est-ce vrai que, quand on y va, on n'y va jamais sans son flingue ? D'après J.-L. Debré.
R - Mais non, mais non. Ecoutez, tout ça, ça fait un petit peu d'agitation. Les choses sont relativement plus simples que ça. Le Gouvernement fonctionne.
Q - Et nous, on continue à dire la vérité.
R - Oui, on dit la vérité...
Q -Est-ce que le Gouvernement, tel qu'il est, peut rebondir ou durer encore un an, tel qu'il est ?
R - Ecoutez, il y a une majorité présidentielle. Elle est composite, elle est claire : c'est celle du discours de l'ONU, c'est celle de l'Irak, c'est celle de la loi sur la laïcité, c'est celle sur la baisse du chômage. Il y a une majorité présidentielle, il y a un Président qui a désigné un chef du Gouvernement, qui a une équipe. On continue à fonctionner. On va s'occuper de la participation dans 15 jours, de la loi immigration la semaine prochaine. On continue à bosser.
Q - Vous serez les mêmes ?
R - Mais attendez ! Dans ce pays, le jeu principal, c'est le balle-trappe : quelqu'un n'est pas encore arrivé que la seule question, c'est de savoir quand est-ce qu'il va partir.
Q - Il paraît que, vous-même, vous le dites en privé. C'est dur de le dire en public ?
R - C'est une grosse ficelle, ça. C'est une grosse ficelle que je connais bien. Non. La vérité n'est pas celle-là. Ce n'est pas celle-là.
Q - Alors, la bombe Clearstream ! Vous avez lu Le Parisien, Libé, Le Figaro : elle va exploser, disent-ils ...
R - " Disent-ils !". Qui dit quoi ?
Q - La presse.
R - Mais je n'en sais rien. Ils sont beaucoup mieux informés que moi.
Q - D'accord. Le Premier ministre est mis en cause... On se demande d'ailleurs pourquoi il y a une sorte de chasse aux sorcières à travers Villepin. Comment ça se fait ?
R - Une chasse aux sorcières ?
Q - Oui, ou si vous préférez à la sorcière.
R - Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Là, on est dans une espèce d'imbroglio, une espèce de feuilleton, mais des feuilletons, il y en a eu plein dans ce pays. Ce n'est pas le premier. Puis, tout d'un coup, les choses accouchent d'une souris ou pas, mais en général, ça accouche d'une souris.
Q - Mais c'est une souris, l'affaire Clearstream ?
R - Mais je n'en sais rien. C'est une affaire judiciaire à laquelle je n'ai pas accès le moins du monde. Et quand je vous dis que je n'y ai pas accès, je n'ai vraiment pas, accès comme 99 % des gens et probablement des journalistes.
Q - Mais l'avocat et ministre Borloo, quand il voit que le Premier ministre admet, dans Le Figaro, être à l'origine d'une enquête quand il était ministre des Affaires étrangères, qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que le Premier ministre de l'époque, J.-P. Raffarin, était au courant ?
R - Il faudrait lui demander. Moi, je n'étais pas dans le premier cercle à ce moment-là. Qu'il y ait des enquêtes, qu'il y ait des trucs qui apparaissent, des listings qui portent atteinte à l'honneur de tel ou tel et qu'on regarde à quatre fois de quoi il s'agit, ne me paraît pas être quelque chose d'exorbitant, très franchement. Pour le reste, laissons les juges faire leur boulot et puis soyons tous sereins.
Q - Et pourquoi tant d'élus et politiques de la majorité sont aujourd'hui gagnés par l'angoisse, par la colère - on entendait ici P. Lellouche et d'autres - et par le doute ? Pourquoi ? Ils lisent trop la presse.
R - Je pense que la dernière période, les trois derniers mois, pour les députés, n'a pas été une période facile. Voter un texte et puis revenir devant..., c'est quand même assez difficile. Il faut le comprendre. Vous savez, gouverner, c'est surmonter des crises les unes derrière les autres. C'est ça, gouverner.
Q - Et la prochaine, c'est quand ? Il est 8h30...
R - Mais je n'en sais rien. Est-ce que je savais, il y a un an et demi, qu'il y aurait le Chikungunya ? Non, et pourtant c'est dramatique pour La Réunion.
Q - Pourvu qu'il n'y ait pas de tsunami politique. Bonne journée, bon week-end. Merci.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 28 avril 2006