Interview de M. Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, à "l'AFP" et "France 3" le 20 mai 2006, sur les discussions avec son homologue saoudien concernant les disponibilités de réserves de pétrole.

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Média : France 3

Texte intégral

Q - Est-ce que vous avez abouti à un accord avec la partie saoudienne concernant : "comment baisser les prix" ?
R - Oh, vous savez, ce n'est pas un accord. Il convient surtout d'avoir un dialogue nourri, un dialogue basé d'abord sur l'amitié, sur la confiance mutuelle. C'est la raison pour laquelle je viens très souvent en Arabie Saoudite pour discuter avec mes homologues - ce que j'ai fait ce matin -, avec le ministre de l'Energie, et le ministre des Finances, de façon à ce que nous ayons des données qui soient beaucoup plus fiables.
L'une des principales raisons de la spéculation qui s'est emparée des cours du pétrole, c'est le fait que le différentiel entre l'offre et la demande est beaucoup trop étroit et que, dès qu'un phénomène extérieur, des risques terroristes, des risques politiques apparaissent, les prix du pétrole s'emballent.
Il convient d'avoir des données beaucoup plus fiables et de savoir exactement quelles sont les réserves - on travaille beaucoup là-dessus -, et lorsque l'on a donné ces informations au marché, on a constaté évidemment que les prix rebaissent. Nous travaillons beaucoup en ce moment sur la fiabilité des données disponibles, de façon à ce que nous puissions mieux éclairer les marchés et faire baisser cette spéculation.
Q - Alors Thierry Breton, c'est une visite un peu impromptue que vous effectuez ici à Riyad ?
R - Non ! C'est une visite qui était prévue, que j'avais promise à mon homologue, M. Al-Assaf, le ministre des Finances saoudien. Lorsque nous nous étions rencontrés au FMI, il y a un mois, je lui avais dit que je viendrai poursuivre nos discussions ici et je tiens ma promesse. Je suis là conformément à ce que j'avais promis à Washington.
(...)
Q - Quelles sont les mesures concrètes sur lesquelles vous êtes tombés d'accord ?
R - Encore une fois, nous ne sommes pas là pour négocier. Nous sommes là pour prendre des mesures ensemble afin de disposer une meilleure transparence sur les données, la disponibilité des réserves, sur la création d'un tampon plus large entre l'offre et la demande.
Aujourd'hui ce tampon est de l'ordre d'un million à un million et demi de barils par jour ; il n'est pas suffisant. Il faut donc augmenter les réserves stratégiques ; cela a été fait du côté européen et du côté américain. Il faut augmenter les capacités d'extraction et le raffinage. Les autorités saoudiennes m'ont exposé leur plan très impressionnant qui prévoit d'augmenter la production de pétrole de neuf millions à un peu plus de douze millions de barils par jour d'ici la fin de la décennie ; ce qui est une progression tout à fait considérable.
Et puis, il existe des programmes d'investissements très significatifs. Demain, par exemple, en ce qui concerne les investissements dans les raffineries - c'est aussi pour cela que je suis là aujourd'hui -, sera signé un accord avec Total. Il s'agit d'un investissement très important, ici, en Arabie saoudite, destiné à accroître la production, l'extraction et le raffinage. Vous voyez que les relations entre la France et l'Arabie saoudite avancent très vite dans ce domaine.
Q - Donc vous confirmez que le contrat entre Total et Aramco pour cinq milliards de dollars pour une raffinerie à Jubail va être signé demain ?
R - Vous verrez demain ce qui va se passer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mai 2006