Texte intégral
GILLES LECLERC
Bonsoir à tous, bonsoir Dominique de VILLEPIN ; nous sommes ici ce soir à Bordeaux, à côté de Mérignac où vous êtes allé cet après-midi, rassurer les salariés de la SOGERMA, alors que EADS s'apprêtait à fermer ce site, de 1100 salariés. Alors, est-ce que ce site va fermer, est-ce que l'Etat a les pouvoirs tout simplement de contrecarrer une décision d'une entreprise, tout simplement ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
L'Etat peut accompagner et peut aider à trouver des solutions. Qu'il y ait dans notre pays comme partout des mutations industrielles, c'est normal. Mais que d'un trait de plume on décide de supprimer 1100 emplois, cela est inacceptable. Et je suis venu pour rencontrer les salariés, pour rencontrer les représentants des syndicats, pour rencontrer aussi les élus de la région et tous ensemble, essayer de trouver une solution adaptée. J'ai un objectif : faire en sorte de préserver l'activité industrielle de EADS, ici, à Mérignac.
GILLES LECLERC
Mais quand une entreprise perd 237 millions l'année dernière, comme cette entreprise et on sait qu'il y a des pays à moindres coûts qui peuvent faire de la maintenance d'avions, est-ce que vraiment on peut lutter à l'heure de la mondialisation ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
J'ai longuement écouté les salariés, les représentants syndicaux, ils m'ont expliqué cette situation financière qui n'est pas due à ce seul site ; donc on ne peut pas tout mélanger. Il y a des réalités financières, c'est vrai ; Il y a un projet industriel, il y a différents projets possibles pour maintenir cette activité ici à Mérignac. Donc là encore, regardons l'avenir, regardons les possibilités, elles existent, et faisons en sorte de maintenir le plus grand nombre d'hommes et de femmes. J'ai été très frappé par tous ceux que j'ai rencontrés, à la fois beaucoup de dignité et en même temps un esprit constructif ; ils veulent trouver des solutions. Alors l'Etat est là...
GILLES LECLERC
On va pouvoir maintenir combien d'emplois sur place ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Ce soir, EADS avance, évolue, il parle de 300 emplois. Nous voulons aller plus loin car nous croyons aux capacités de Mérignac, ça fait plusieurs générations que les hommes et les femmes de Mérignac travaillent pour l'Industrie aéronautique. Nous croyons aussi à ce grand pôle de compétitivité qui existe ici, dans cette région bordelaise et nous croyons que ces capacités scientifiques, techniques, technologiques doivent être maintenues.
GILLES LECLERC
Est-ce que cet exemple n'illustre pas tout simplement où en est un peu l'économie française ? C'est-à-dire qu'on a du mal et qu'au fond on arrive à corriger un petit peu les choses avec des emplois aidés, des plans de cohésion sociale. C'est vrai que ça va un peu mieux sur le plan du chômage mais ça reste extrêmement fragile. On le voit bien avec ce type d'exemple.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, je ne crois pas qu'on puisse dire cela. La réalité est tout autre. Nous avons une croissance qui repart, entre 2 et 2,5% ; nous avons un pays qui est de plus en plus attractif, 40 milliards d'euros d'investissements réalisés en 2005. Nous avons une industrie compétitive, 10.000 emplois ont été créés ici en Aquitaine en 2005. 10.000 entreprises, 230.000 en France en 2005. Nous avons battu tous les records. Je ne crois pas qu'il faille être inquiet pour l'avenir. Nous avons les ressources, nous avons les capacités, nous avons 200.000 chômeurs en moins depuis quelques mois. C'est dire que nous avançons dans la bonne direction.
GILLES LECLERC
On pourrait aménager le CNE qui, semble-t-il, donne quelques petits signes de faiblesse ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Le CNE c'est 500.000...
GILLES LECLERC
.. de l'embauche, rappelons-le...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
500.000 contrats signés et un tiers de ces contrats sont des nouveaux emplois. Quand on a un contrat qui marche, quand on a un contrat qui crée des emplois et il faut le dire, des contrats qui ne coûtent rien à l'Etat et à la collectivité, on aurait bien tort de s'en priver. Alors, qu'on évalue au terme de la période qui a été indiquée, c'est-à-dire au terme de la période des deux ans, c'est normal qu'on cherche à améliorer, c'est normal. Mais c'est un contrat qui marche et c'est un contrat qui doit continuer de se développer là où il est nécessaire, c'est-à-dire dans les très petites entreprises.
GILLES LECLERC
Autre préoccupation des Français, c'est le pouvoir d'achat. Vous avez décidé par exemple, de geler les prix du gaz pendant un an. Est-ce que ce n'est pas un tout petit peu électoraliste ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Ca ne l'est pas du tout. Les Français sont préoccupés par la hausse du prix de l'énergie et ce que je veux c'est, avec le Gouvernement, fixer une règle claire. Donc nous avons gelé le prix du gaz, il y a déjà eu plusieurs hausses successives, jusqu'en juillet 2007. De la même façon pour les prix de l'électricité nous prenons un engagement : pas de hausse des prix supérieure aux autres hausses des prix courants et de la même façon..
GILLES LECLERC
Alignés sur l'inflation.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Absolument. Et pour le prix de l'essence, ce que nous voulons c'est qu'il n'y ait pas non plus d'inquiétude des Français, qu'il n'y ait pas le sentiment que l'Etat constitue une cagnotte sur leur dos. Donc, tous les bénéfices qui pourraient être faits seront reversés aux Français ou à ceux qui rencontrent le plus de difficultés...
GILLES LECLERC
Sous quelle forme ? Vous dites, reversés aux Français mais...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous avons créé, nous créons un fonds et à partir de ce fonds eh bien ils seront reversés à ceux qui ont le plus de problèmes et en particuliers les secteurs les plus en difficulté. Je parle par exemple des agriculteurs, des marins pêcheurs, des taxis, des ambulanciers, des transporteurs routiers. Donc pour tous ceux-là, eh bien nous reverserons ces sommes qui pourraient être gagnées.
GILLES LECLERC
Alors autre sujet, sujet de société ; demain il y aura une réunion d'arbitrage sur la prévention de la délinquance, un projet doit bientôt être examiné d'abord au Conseil des ministres et ensuite le Parlement. Je voudrais qu'on s'arrête un instant sur les mineurs...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Le drame de Marseille...
GILLES LECLERC
Le drame de Marseille, dans ce journal. Sur ce plan-là, est-ce qu'il faut changer ce qui existe aujourd'hui, par exemple quand un récidiviste âgée de 15-16 ans, est-ce qu'il doit être traité comme un adulte ou est-ce qu'on doit un peu le protéger avec, ce qu'on appelle l'Ordonnance de 45.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
La situation actuelle, à l'évidence, on vient de le voir dans votre journal, n'est pas satisfaisante. Nous manquons de moyens adaptés et il faut pouvoir apporter une réponse proportionnée ; proportionnée à l'âge du jeune, proportionnée aussi à l'acte qu'il a commis. Nous devons avoir une réponse rapide car si la sanction intervient plusieurs mois plus tard, cette réponse n'est pas exemplaire, elle n'instruit pas le jeune. Et nous devons avoir une réponse efficace. Ca veut dire qu'aujourd'hui, trop souvent, nous sommes confrontés à un dilemme, soit la prison - qui n'est pas toujours la bonne réponse - soit : rien. Eh bien, entre la prison et rien il faut trouver autre chose et c'est pour cela que nous allons prendre la décision de développer l'équivalent des travaux d'intérêts généraux. Par exemple, demander à un jeune après l'école, eh bien de réparer les dégâts qu'il a commis, d'effacer les graffitis qu'il a dessinés sur les murs. Il faut que nous ayons la possibilité de trouver une gradation dans les mesures qui leur seront infligées.
GILLES LECLERC
Est-ce qu'il faut avancer la majorité pénale ? Apparemment, votre ministre de l'Intérieur paraît le souhaiter.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous aurons une réunion demain, je tiens une réunion demain avec l'ensemble des ministres, avec Nicolas SARKOZY, avec...
GILLES LECLERC
Votre sentiment à vous.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Avec Pascal CLEMENT. Il faut prendre en compte le fait qu'aujourd'hui les violences sont très violentes, plus jeune. Donc nous avons la nécessité d'ouvrir les yeux sur cette réalité-là et de trouver des réponses adaptées. Nous présenterons un projet de loi d'ici quelques semaines, au Conseil des ministres.
GILLES LECLERC
On peut toucher à cette fameuse Ordonnance de 45 ou pas ? Ce n'est pas tabou, pour vous.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
L'Ordonnance de 45 elle a été touchée une soixantaine de fois ; donc nous trouvions des réponses meilleures et mieux adaptées. C'est aujourd'hui une nécessité.
GILLES LECLERC
Vous dites au fond qu'un mineur en 2006 ne ressemble en rien à un mineur de cette époque-là ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Qu'il y a aujourd'hui des risques nouveaux qui apparaissent, des violences supérieures qui apparaissent et nous ne devons pas rester inertes face à cela.
GILLES LECLERC
Alors, Dominique de VILLEPIN, on voit bien que vous voulez montrer que le Gouvernement est entièrement à sa tâche, qu'il travaille. Vous savez bien aussi qu'il y a un climat qui pèse un peu sur l'activité gouvernementale, c'est ce qu'on appelle l'affaire Clearstream. Une enquête en ce moment est en cours, les auditions se poursuivent. Comment vous vivez, au fond, un petit peu cette période ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je ne suis pas dupe, je vois bien qu'on veut m'impliquer dans une affaire politique.
GILLES LECLERC
Vous êtes un peu une victime, c'est un peu ça que vous dites ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Tout ce qui est dit est faux. J'ai agi dans le cadre de mes fonctions et je vous le dis, c'est à la fois injuste et je trouve cela indigne. Alors qu'à quelques mois d'une élection présidentielle de tels procédés apparaissent, certains disent : c'est normal. Je trouve cela inacceptable . Et je pense aux Français. Ils méritent mieux. Ils méritent un vrai débat démocratique. Et ce qui est important c'est aujourd'hui d'expliquer, de clarifier les choses. Nous mêlons des choses qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. Prenons l'exemple de l'affaire que vous indiquez. Il y a d'un côté, l'affaire des Frégates de Taiwan, qui date d'une quinzaine d'années, en 1991, sous un gouvernement qui était un gouvernement de gauche. Plusieurs centaines de millions de commissions se sont évaporés.
GILLES LECLERC
On pourrait lever le " secret défense " à propos de cette affaire-là, l'origine de cette affaire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a une procédure qui est engagée et à partir de là, la commission de levée du " secret défense " examinera les pièces. Mais que l'on cherche à faire toute la lumière, bien sûr. Il y a un deuxième dossier qui est lui aussi important, c'est celui de ces réseaux occultes, de ces réseaux opaques, de ces réseaux internationaux ce blanchiment d'argent. Là aussi qu'on cherche à faire la lumière nécessaire, c'est important. Et puis il y a des rivalités industrielles, des restructurations dans le monde de la Défense. Ces rivalités ont pu jouer un rôle. Et puis je sais, il y a des noms de personnalités, d'hommes politiques de droite ou de gauche.
GILLES LECLERC
Vous dites, rivalités industrielles, on pourrait dire rivalités politiques également ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, je ne crois pas. Je viens de vous le dire, je ne crois pas qu'il s'agisse à aucun moment, d'une affaire politique. Et je crois qu'on a voulu construire de toutes pièces, une rivalité et une affaire politique.
GILLES LECLERC
C'est qui " on " ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
" On "... je vous pose la question. Et ce que je veux savoir c'est : quelle est la vérité ? Quelle est la justice ? C'est bien cela l'enjeu. Et nous souhaitons tous, nous partageons une commune exigence de vérité et de justice. Je le redis, qu'à quelques mois des présidentielles, ce type de procédé fleurit, c'est ce que nous avons vu à chaque fois. C'est ce que nous avons vu en 1994, 1995 ; c'est ce que nous avons vu en 2001, 2002. Je ne crois pas qu'il y ait de fatalité. Nous vivons dans un Etat de droit, nous devons être exigeants et c'est bien cette exigence que je veux porter au Gouvernement.
GILLES LECLERC
Une question précise, néanmoins - ce sera la dernière sur cette affaire - selon les notes du Général RONDOT publiées hier par Le Monde, ce dernier n'aurait pas donné au juge, dit-il, le 28 mars dernier, le nom de Jean-Louis GORGERIN, pour (Je cite) entre guillemets " vous protéger ". Protéger D.deV... épée de Damoclès sur D.deV... Quand vous lisez cela, qu'est-ce que vous répondez ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il ne m'appartient pas de faire des commentaires sur des commentaires, vous le voyez bien.
GILLES LECLERC
Ca vous paraît complètement invraisemblable, bizarre ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous sommes là dans une multiplication d'écrits qui sont découpés, mis bout à bout et que l'on veut faire parler. Donc, je crois qu'il ne faut pas accorder d'importance à des constructions ; il y a la réalité des faits...
GILLES LECLERC
C'est faux quand il écrit ça...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Oui, c'est faux.
GILLES LECLERC
C'est faux !
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits.
GILLES LECLERC
Donc le Général RONDOT, si ses notes sont exactes...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits...
GILLES LECLERC
... exactes, ment.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits et il y a une instruction en cours. Il appartient bien évidemment à la justice de dire le droit, de dire la vérité dans cette affaire. Mais je ne crois pas qu'on puisse reconstruire les faits, notamment à partir de 2006, en faisant parler 2004.
GILLES LECLERC
Dominique de VILLEPIN, est-ce que vous avez encore aujourd'hui, je dirais, la même autorité qu'il y a quelques mois, au moment du vote sur la motion de censure 200 députés de votre majorité étaient absents. J'imagine que vous étiez déçu.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, parce que dans toutes les motions de censure c'est la même chose. Il n'y avait aucun risque que cette motion passe. Le débat d'ailleurs n'a pas été d'un très haut niveau, il n'a pas été un des grands moments de la démocratie française. Donc, à chaque fois, dans ces motions de censure le nombre de députés absents est important. Croyez bien que le Gouvernement est mobilisé, c'est un gouvernement d'actions et de résultats ; nous le voyons dans le domaine de l'emploi, nous le voyons dans le domaine de la relance de la croissance, nous le voyons pour accompagner ceux qui sont le plus en difficulté, les plus défavorisés dans notre société. Donc, cette mobilisation elle est quotidienne. Croyez bien, rien n'altère et n'altèrera le travail qui est le mien au service des Français.
GILLES LECLERC
On peut gouverner avec un ministre important de votre Gouvernement qui, lui, est déjà en pré-campagne présidentielle. C'est facile ? C'est facile ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais nous avons... nous avons pris un engagement vis-à-vis des Français qui est de faire en sorte que cette année 2006 soit une année utile et une année d'action. Viendra le temps de la campagne. Et notre famille politique a pris un engagement...
GILLES LECLERC
Il ne faut pas partir trop tôt....
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est qu'il ne...
GILLES LECLERC
... pour lui...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est que cette campagne ne débute qu'au début 2007 et que le choix se fasse au début 2007. Et j'attache beaucoup d'importance à ce qu'il n'y ait pas d'interférence entre l'action gouvernementale qui doit être menée jusqu'au bout. L'action du Gouvernement doit être au service des Français, jusqu'au bout. Et la campagne...
GILLES LECLERC
Pardon de vous interrompre... à vos yeux, il y a un peu interférence en ce moment ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Vous savez, il y a toujours des risques. Il faut en parler, prendre en compte ces risques et éviter les dérapages possibles. Donc nous avons souvent évoqué cette question avec Nicolas SARKOZY ; nous sommes tout à fait conscients que ce risque existe et désireux de faire en sorte que l'engagement du Gouvernement au service des Français soit un engagement total.
GILLES LECLERC
Est-ce que vous pouvez encore...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est le cap qui a été fixé par le président de la République...
GILLES LECLERC
Oui..
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Et il m'appartient de le tenir.
GILLES LECLERC
Vous parlez du cap du président de la République, j'imagine que vous avez... vous dites un petit peu que vous avez une feuille de route. En même temps vous savez que certains parlent de remaniement. Est-ce que vous serez encore Premier ministre le 14 juillet ? Est-ce que vous serez Premier ministre au mois de septembre ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Et... Non mais... être...
GILLES LECLERC
Ca dépend du président de la République mais j'imagine que vous avez des garanties, pour pouvoir gouverner.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Être Premier ministre c'est mériter la confiance des Français et la confiance, bien sûr, du président de la République, tous les jours. C'est l'esprit dans lequel je suis. Travailler pour les Français, travailler dans les domaines qui préoccupent les Français, travailler pour l'avenir. Je prends l'exemple de la Santé ; nous allons à la fin de la semaine nous préoccuper du lien entre les générations. Les personnes âgées, nous voyons tous la recrudescence de maladies comme Alzheimer et Parkinson, eh bien nous allons prendre des mesures pour relancer la recherche dans ce secteur, prendre des mesures aussi pour aider les membres des familles qui accompagnent ces personnes âgées ; développer les maisons de retraite comme véritables maisons de vie. Donc vous voyez, il y a des réponses concrètes à apporter à chaque problème. Le Gouvernement travaille, j'aimerais que souvent l'actualité, ceux qui ont vocation d'en parler, c'est-à-dire vous les médias, parliez davantage de ce qui intéresse les Français et de ce que fait le Gouvernement. C'est le souhait que je formule.
GILLES LECLERC
Dominique de VILLEPIN nous sommes à un an, quasiment, de l'élection présidentielle. Quand Jean-Claude GAUDIN dit que nous n'avons plus aujourd'hui qu'un seul candidat, c'est Nicolas SARKOZY qui incarne grosso modo les valeurs de la droite ; vous, vous pourriez confirmer ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Gilles LECLERC, je vous l'ai dit : le temps de la campagne viendra, le choix du candidat de la majorité se fera...
GILLES LECLERC
Mais aujourd'hui, c'est le meilleur ou pas, Nicolas SARKOZY ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais...
GILLES LECLERC
Pour gagner ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais la photographie d'aujourd'hui n'est pas le sujet. Le sujet c'est la dynamique de notre majorité qui s'appuiera sur le travail d'un gouvernement. Soyons réalistes et tirons les leçons de l'expérience.
GILLES LECLERC
La meilleure chance pour gagner c'est ce que vous faites.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Pour gagner et nous en avons fait les uns et les autres, le choix, pour gagner il faut un gouvernement qui travaille et qui redonne du sens à l'action politique. Donc, il faut de l'action et il faut des résultats. Le choix du candidat viendra, on parle beaucoup des divisions en ce moment de la droite, cela cache des divisions beaucoup plus importantes de la gauche. Et puis, entre temps, il faudra déterminer un projet. C'est très important un projet pour l'avenir des Français... GILLES LECLERC
Et le projet de Nicolas SARKOZY, il vous va ou pas ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je ...
GILLES LECLERC
Celui qu'il affiche aujourd'hui ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je défends avec le Gouvernement une ligne exigeante et originale en politique. Puisque nous voulons à la fois réconcilier la justice sociale et la modernisation de notre pays et ce, sur tous les sujets. C'est une exigence qui se décline sur l'emploi, qui se décline en direction des personnes les plus favorisées. C'est une exigence très forte de ce Gouvernement qui rallie des personnes des personnes très différentes ; prenez Nicolas SARKOZY, Michel ALLIOT-MARIE, Gilles de ROBIEN, Thierry BRETON, Jean-Louis BORLOO, voilà des personnalités différentes ; eh bien c'est le meilleur de chacun d'entre nous que nous voulons apporter aux Français.
GILLES LECLERC
Merci Dominique de VILLEPIN.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Merci Gilles LECLERC.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 mai 2006
Bonsoir à tous, bonsoir Dominique de VILLEPIN ; nous sommes ici ce soir à Bordeaux, à côté de Mérignac où vous êtes allé cet après-midi, rassurer les salariés de la SOGERMA, alors que EADS s'apprêtait à fermer ce site, de 1100 salariés. Alors, est-ce que ce site va fermer, est-ce que l'Etat a les pouvoirs tout simplement de contrecarrer une décision d'une entreprise, tout simplement ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
L'Etat peut accompagner et peut aider à trouver des solutions. Qu'il y ait dans notre pays comme partout des mutations industrielles, c'est normal. Mais que d'un trait de plume on décide de supprimer 1100 emplois, cela est inacceptable. Et je suis venu pour rencontrer les salariés, pour rencontrer les représentants des syndicats, pour rencontrer aussi les élus de la région et tous ensemble, essayer de trouver une solution adaptée. J'ai un objectif : faire en sorte de préserver l'activité industrielle de EADS, ici, à Mérignac.
GILLES LECLERC
Mais quand une entreprise perd 237 millions l'année dernière, comme cette entreprise et on sait qu'il y a des pays à moindres coûts qui peuvent faire de la maintenance d'avions, est-ce que vraiment on peut lutter à l'heure de la mondialisation ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
J'ai longuement écouté les salariés, les représentants syndicaux, ils m'ont expliqué cette situation financière qui n'est pas due à ce seul site ; donc on ne peut pas tout mélanger. Il y a des réalités financières, c'est vrai ; Il y a un projet industriel, il y a différents projets possibles pour maintenir cette activité ici à Mérignac. Donc là encore, regardons l'avenir, regardons les possibilités, elles existent, et faisons en sorte de maintenir le plus grand nombre d'hommes et de femmes. J'ai été très frappé par tous ceux que j'ai rencontrés, à la fois beaucoup de dignité et en même temps un esprit constructif ; ils veulent trouver des solutions. Alors l'Etat est là...
GILLES LECLERC
On va pouvoir maintenir combien d'emplois sur place ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Ce soir, EADS avance, évolue, il parle de 300 emplois. Nous voulons aller plus loin car nous croyons aux capacités de Mérignac, ça fait plusieurs générations que les hommes et les femmes de Mérignac travaillent pour l'Industrie aéronautique. Nous croyons aussi à ce grand pôle de compétitivité qui existe ici, dans cette région bordelaise et nous croyons que ces capacités scientifiques, techniques, technologiques doivent être maintenues.
GILLES LECLERC
Est-ce que cet exemple n'illustre pas tout simplement où en est un peu l'économie française ? C'est-à-dire qu'on a du mal et qu'au fond on arrive à corriger un petit peu les choses avec des emplois aidés, des plans de cohésion sociale. C'est vrai que ça va un peu mieux sur le plan du chômage mais ça reste extrêmement fragile. On le voit bien avec ce type d'exemple.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, je ne crois pas qu'on puisse dire cela. La réalité est tout autre. Nous avons une croissance qui repart, entre 2 et 2,5% ; nous avons un pays qui est de plus en plus attractif, 40 milliards d'euros d'investissements réalisés en 2005. Nous avons une industrie compétitive, 10.000 emplois ont été créés ici en Aquitaine en 2005. 10.000 entreprises, 230.000 en France en 2005. Nous avons battu tous les records. Je ne crois pas qu'il faille être inquiet pour l'avenir. Nous avons les ressources, nous avons les capacités, nous avons 200.000 chômeurs en moins depuis quelques mois. C'est dire que nous avançons dans la bonne direction.
GILLES LECLERC
On pourrait aménager le CNE qui, semble-t-il, donne quelques petits signes de faiblesse ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Le CNE c'est 500.000...
GILLES LECLERC
.. de l'embauche, rappelons-le...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
500.000 contrats signés et un tiers de ces contrats sont des nouveaux emplois. Quand on a un contrat qui marche, quand on a un contrat qui crée des emplois et il faut le dire, des contrats qui ne coûtent rien à l'Etat et à la collectivité, on aurait bien tort de s'en priver. Alors, qu'on évalue au terme de la période qui a été indiquée, c'est-à-dire au terme de la période des deux ans, c'est normal qu'on cherche à améliorer, c'est normal. Mais c'est un contrat qui marche et c'est un contrat qui doit continuer de se développer là où il est nécessaire, c'est-à-dire dans les très petites entreprises.
GILLES LECLERC
Autre préoccupation des Français, c'est le pouvoir d'achat. Vous avez décidé par exemple, de geler les prix du gaz pendant un an. Est-ce que ce n'est pas un tout petit peu électoraliste ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Ca ne l'est pas du tout. Les Français sont préoccupés par la hausse du prix de l'énergie et ce que je veux c'est, avec le Gouvernement, fixer une règle claire. Donc nous avons gelé le prix du gaz, il y a déjà eu plusieurs hausses successives, jusqu'en juillet 2007. De la même façon pour les prix de l'électricité nous prenons un engagement : pas de hausse des prix supérieure aux autres hausses des prix courants et de la même façon..
GILLES LECLERC
Alignés sur l'inflation.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Absolument. Et pour le prix de l'essence, ce que nous voulons c'est qu'il n'y ait pas non plus d'inquiétude des Français, qu'il n'y ait pas le sentiment que l'Etat constitue une cagnotte sur leur dos. Donc, tous les bénéfices qui pourraient être faits seront reversés aux Français ou à ceux qui rencontrent le plus de difficultés...
GILLES LECLERC
Sous quelle forme ? Vous dites, reversés aux Français mais...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous avons créé, nous créons un fonds et à partir de ce fonds eh bien ils seront reversés à ceux qui ont le plus de problèmes et en particuliers les secteurs les plus en difficulté. Je parle par exemple des agriculteurs, des marins pêcheurs, des taxis, des ambulanciers, des transporteurs routiers. Donc pour tous ceux-là, eh bien nous reverserons ces sommes qui pourraient être gagnées.
GILLES LECLERC
Alors autre sujet, sujet de société ; demain il y aura une réunion d'arbitrage sur la prévention de la délinquance, un projet doit bientôt être examiné d'abord au Conseil des ministres et ensuite le Parlement. Je voudrais qu'on s'arrête un instant sur les mineurs...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Le drame de Marseille...
GILLES LECLERC
Le drame de Marseille, dans ce journal. Sur ce plan-là, est-ce qu'il faut changer ce qui existe aujourd'hui, par exemple quand un récidiviste âgée de 15-16 ans, est-ce qu'il doit être traité comme un adulte ou est-ce qu'on doit un peu le protéger avec, ce qu'on appelle l'Ordonnance de 45.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
La situation actuelle, à l'évidence, on vient de le voir dans votre journal, n'est pas satisfaisante. Nous manquons de moyens adaptés et il faut pouvoir apporter une réponse proportionnée ; proportionnée à l'âge du jeune, proportionnée aussi à l'acte qu'il a commis. Nous devons avoir une réponse rapide car si la sanction intervient plusieurs mois plus tard, cette réponse n'est pas exemplaire, elle n'instruit pas le jeune. Et nous devons avoir une réponse efficace. Ca veut dire qu'aujourd'hui, trop souvent, nous sommes confrontés à un dilemme, soit la prison - qui n'est pas toujours la bonne réponse - soit : rien. Eh bien, entre la prison et rien il faut trouver autre chose et c'est pour cela que nous allons prendre la décision de développer l'équivalent des travaux d'intérêts généraux. Par exemple, demander à un jeune après l'école, eh bien de réparer les dégâts qu'il a commis, d'effacer les graffitis qu'il a dessinés sur les murs. Il faut que nous ayons la possibilité de trouver une gradation dans les mesures qui leur seront infligées.
GILLES LECLERC
Est-ce qu'il faut avancer la majorité pénale ? Apparemment, votre ministre de l'Intérieur paraît le souhaiter.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous aurons une réunion demain, je tiens une réunion demain avec l'ensemble des ministres, avec Nicolas SARKOZY, avec...
GILLES LECLERC
Votre sentiment à vous.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Avec Pascal CLEMENT. Il faut prendre en compte le fait qu'aujourd'hui les violences sont très violentes, plus jeune. Donc nous avons la nécessité d'ouvrir les yeux sur cette réalité-là et de trouver des réponses adaptées. Nous présenterons un projet de loi d'ici quelques semaines, au Conseil des ministres.
GILLES LECLERC
On peut toucher à cette fameuse Ordonnance de 45 ou pas ? Ce n'est pas tabou, pour vous.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
L'Ordonnance de 45 elle a été touchée une soixantaine de fois ; donc nous trouvions des réponses meilleures et mieux adaptées. C'est aujourd'hui une nécessité.
GILLES LECLERC
Vous dites au fond qu'un mineur en 2006 ne ressemble en rien à un mineur de cette époque-là ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Qu'il y a aujourd'hui des risques nouveaux qui apparaissent, des violences supérieures qui apparaissent et nous ne devons pas rester inertes face à cela.
GILLES LECLERC
Alors, Dominique de VILLEPIN, on voit bien que vous voulez montrer que le Gouvernement est entièrement à sa tâche, qu'il travaille. Vous savez bien aussi qu'il y a un climat qui pèse un peu sur l'activité gouvernementale, c'est ce qu'on appelle l'affaire Clearstream. Une enquête en ce moment est en cours, les auditions se poursuivent. Comment vous vivez, au fond, un petit peu cette période ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je ne suis pas dupe, je vois bien qu'on veut m'impliquer dans une affaire politique.
GILLES LECLERC
Vous êtes un peu une victime, c'est un peu ça que vous dites ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Tout ce qui est dit est faux. J'ai agi dans le cadre de mes fonctions et je vous le dis, c'est à la fois injuste et je trouve cela indigne. Alors qu'à quelques mois d'une élection présidentielle de tels procédés apparaissent, certains disent : c'est normal. Je trouve cela inacceptable . Et je pense aux Français. Ils méritent mieux. Ils méritent un vrai débat démocratique. Et ce qui est important c'est aujourd'hui d'expliquer, de clarifier les choses. Nous mêlons des choses qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. Prenons l'exemple de l'affaire que vous indiquez. Il y a d'un côté, l'affaire des Frégates de Taiwan, qui date d'une quinzaine d'années, en 1991, sous un gouvernement qui était un gouvernement de gauche. Plusieurs centaines de millions de commissions se sont évaporés.
GILLES LECLERC
On pourrait lever le " secret défense " à propos de cette affaire-là, l'origine de cette affaire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a une procédure qui est engagée et à partir de là, la commission de levée du " secret défense " examinera les pièces. Mais que l'on cherche à faire toute la lumière, bien sûr. Il y a un deuxième dossier qui est lui aussi important, c'est celui de ces réseaux occultes, de ces réseaux opaques, de ces réseaux internationaux ce blanchiment d'argent. Là aussi qu'on cherche à faire la lumière nécessaire, c'est important. Et puis il y a des rivalités industrielles, des restructurations dans le monde de la Défense. Ces rivalités ont pu jouer un rôle. Et puis je sais, il y a des noms de personnalités, d'hommes politiques de droite ou de gauche.
GILLES LECLERC
Vous dites, rivalités industrielles, on pourrait dire rivalités politiques également ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, je ne crois pas. Je viens de vous le dire, je ne crois pas qu'il s'agisse à aucun moment, d'une affaire politique. Et je crois qu'on a voulu construire de toutes pièces, une rivalité et une affaire politique.
GILLES LECLERC
C'est qui " on " ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
" On "... je vous pose la question. Et ce que je veux savoir c'est : quelle est la vérité ? Quelle est la justice ? C'est bien cela l'enjeu. Et nous souhaitons tous, nous partageons une commune exigence de vérité et de justice. Je le redis, qu'à quelques mois des présidentielles, ce type de procédé fleurit, c'est ce que nous avons vu à chaque fois. C'est ce que nous avons vu en 1994, 1995 ; c'est ce que nous avons vu en 2001, 2002. Je ne crois pas qu'il y ait de fatalité. Nous vivons dans un Etat de droit, nous devons être exigeants et c'est bien cette exigence que je veux porter au Gouvernement.
GILLES LECLERC
Une question précise, néanmoins - ce sera la dernière sur cette affaire - selon les notes du Général RONDOT publiées hier par Le Monde, ce dernier n'aurait pas donné au juge, dit-il, le 28 mars dernier, le nom de Jean-Louis GORGERIN, pour (Je cite) entre guillemets " vous protéger ". Protéger D.deV... épée de Damoclès sur D.deV... Quand vous lisez cela, qu'est-ce que vous répondez ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il ne m'appartient pas de faire des commentaires sur des commentaires, vous le voyez bien.
GILLES LECLERC
Ca vous paraît complètement invraisemblable, bizarre ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Nous sommes là dans une multiplication d'écrits qui sont découpés, mis bout à bout et que l'on veut faire parler. Donc, je crois qu'il ne faut pas accorder d'importance à des constructions ; il y a la réalité des faits...
GILLES LECLERC
C'est faux quand il écrit ça...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Oui, c'est faux.
GILLES LECLERC
C'est faux !
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits.
GILLES LECLERC
Donc le Général RONDOT, si ses notes sont exactes...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits...
GILLES LECLERC
... exactes, ment.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Il y a la réalité des faits et il y a une instruction en cours. Il appartient bien évidemment à la justice de dire le droit, de dire la vérité dans cette affaire. Mais je ne crois pas qu'on puisse reconstruire les faits, notamment à partir de 2006, en faisant parler 2004.
GILLES LECLERC
Dominique de VILLEPIN, est-ce que vous avez encore aujourd'hui, je dirais, la même autorité qu'il y a quelques mois, au moment du vote sur la motion de censure 200 députés de votre majorité étaient absents. J'imagine que vous étiez déçu.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Non, parce que dans toutes les motions de censure c'est la même chose. Il n'y avait aucun risque que cette motion passe. Le débat d'ailleurs n'a pas été d'un très haut niveau, il n'a pas été un des grands moments de la démocratie française. Donc, à chaque fois, dans ces motions de censure le nombre de députés absents est important. Croyez bien que le Gouvernement est mobilisé, c'est un gouvernement d'actions et de résultats ; nous le voyons dans le domaine de l'emploi, nous le voyons dans le domaine de la relance de la croissance, nous le voyons pour accompagner ceux qui sont le plus en difficulté, les plus défavorisés dans notre société. Donc, cette mobilisation elle est quotidienne. Croyez bien, rien n'altère et n'altèrera le travail qui est le mien au service des Français.
GILLES LECLERC
On peut gouverner avec un ministre important de votre Gouvernement qui, lui, est déjà en pré-campagne présidentielle. C'est facile ? C'est facile ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais nous avons... nous avons pris un engagement vis-à-vis des Français qui est de faire en sorte que cette année 2006 soit une année utile et une année d'action. Viendra le temps de la campagne. Et notre famille politique a pris un engagement...
GILLES LECLERC
Il ne faut pas partir trop tôt....
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est qu'il ne...
GILLES LECLERC
... pour lui...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est que cette campagne ne débute qu'au début 2007 et que le choix se fasse au début 2007. Et j'attache beaucoup d'importance à ce qu'il n'y ait pas d'interférence entre l'action gouvernementale qui doit être menée jusqu'au bout. L'action du Gouvernement doit être au service des Français, jusqu'au bout. Et la campagne...
GILLES LECLERC
Pardon de vous interrompre... à vos yeux, il y a un peu interférence en ce moment ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Vous savez, il y a toujours des risques. Il faut en parler, prendre en compte ces risques et éviter les dérapages possibles. Donc nous avons souvent évoqué cette question avec Nicolas SARKOZY ; nous sommes tout à fait conscients que ce risque existe et désireux de faire en sorte que l'engagement du Gouvernement au service des Français soit un engagement total.
GILLES LECLERC
Est-ce que vous pouvez encore...
DOMINIQUE DE VILLEPIN
C'est le cap qui a été fixé par le président de la République...
GILLES LECLERC
Oui..
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Et il m'appartient de le tenir.
GILLES LECLERC
Vous parlez du cap du président de la République, j'imagine que vous avez... vous dites un petit peu que vous avez une feuille de route. En même temps vous savez que certains parlent de remaniement. Est-ce que vous serez encore Premier ministre le 14 juillet ? Est-ce que vous serez Premier ministre au mois de septembre ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Et... Non mais... être...
GILLES LECLERC
Ca dépend du président de la République mais j'imagine que vous avez des garanties, pour pouvoir gouverner.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Être Premier ministre c'est mériter la confiance des Français et la confiance, bien sûr, du président de la République, tous les jours. C'est l'esprit dans lequel je suis. Travailler pour les Français, travailler dans les domaines qui préoccupent les Français, travailler pour l'avenir. Je prends l'exemple de la Santé ; nous allons à la fin de la semaine nous préoccuper du lien entre les générations. Les personnes âgées, nous voyons tous la recrudescence de maladies comme Alzheimer et Parkinson, eh bien nous allons prendre des mesures pour relancer la recherche dans ce secteur, prendre des mesures aussi pour aider les membres des familles qui accompagnent ces personnes âgées ; développer les maisons de retraite comme véritables maisons de vie. Donc vous voyez, il y a des réponses concrètes à apporter à chaque problème. Le Gouvernement travaille, j'aimerais que souvent l'actualité, ceux qui ont vocation d'en parler, c'est-à-dire vous les médias, parliez davantage de ce qui intéresse les Français et de ce que fait le Gouvernement. C'est le souhait que je formule.
GILLES LECLERC
Dominique de VILLEPIN nous sommes à un an, quasiment, de l'élection présidentielle. Quand Jean-Claude GAUDIN dit que nous n'avons plus aujourd'hui qu'un seul candidat, c'est Nicolas SARKOZY qui incarne grosso modo les valeurs de la droite ; vous, vous pourriez confirmer ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Gilles LECLERC, je vous l'ai dit : le temps de la campagne viendra, le choix du candidat de la majorité se fera...
GILLES LECLERC
Mais aujourd'hui, c'est le meilleur ou pas, Nicolas SARKOZY ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais...
GILLES LECLERC
Pour gagner ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Mais la photographie d'aujourd'hui n'est pas le sujet. Le sujet c'est la dynamique de notre majorité qui s'appuiera sur le travail d'un gouvernement. Soyons réalistes et tirons les leçons de l'expérience.
GILLES LECLERC
La meilleure chance pour gagner c'est ce que vous faites.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Pour gagner et nous en avons fait les uns et les autres, le choix, pour gagner il faut un gouvernement qui travaille et qui redonne du sens à l'action politique. Donc, il faut de l'action et il faut des résultats. Le choix du candidat viendra, on parle beaucoup des divisions en ce moment de la droite, cela cache des divisions beaucoup plus importantes de la gauche. Et puis, entre temps, il faudra déterminer un projet. C'est très important un projet pour l'avenir des Français... GILLES LECLERC
Et le projet de Nicolas SARKOZY, il vous va ou pas ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je ...
GILLES LECLERC
Celui qu'il affiche aujourd'hui ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Je défends avec le Gouvernement une ligne exigeante et originale en politique. Puisque nous voulons à la fois réconcilier la justice sociale et la modernisation de notre pays et ce, sur tous les sujets. C'est une exigence qui se décline sur l'emploi, qui se décline en direction des personnes les plus favorisées. C'est une exigence très forte de ce Gouvernement qui rallie des personnes des personnes très différentes ; prenez Nicolas SARKOZY, Michel ALLIOT-MARIE, Gilles de ROBIEN, Thierry BRETON, Jean-Louis BORLOO, voilà des personnalités différentes ; eh bien c'est le meilleur de chacun d'entre nous que nous voulons apporter aux Français.
GILLES LECLERC
Merci Dominique de VILLEPIN.
DOMINIQUE DE VILLEPIN
Merci Gilles LECLERC.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 mai 2006