Texte intégral
Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui à Chartres, ville de bâtisseurs, ville aussi de fidélité puisque c'est avec émotion, tout à l'heure, que je suis rentré dans la cour de la préfecture où Jean Moulin décida son premier acte de résistance face à l'occupant, pour lequel il fut, pour la première fois, torturé. C'est, vous le savez, la onzième conférence de presse mensuelle du Gouvernement. Aujourd'hui comme hier j'entends être guidé par les mêmes impératifs d'action et de résultats avec chacun des membres du Gouvernement. A quelques mois d'échéances électorales majeures, cette action et ces résultats restent plus que jamais le cap du Gouvernement, dans la ligne tracée par le Président de la République.
Aujourd'hui, je veux vous le dire avec force : nous sommes sur la bonne voie. Je ne suis pas un homme de bilan. Mais je tiens à souligner que le travail de la majorité et du Gouvernement porte ses fruits.
D'abord sur la priorité du Gouvernement, l'emploi :
J'avais donné rendez-vous aux Français et je tiens parole : 210.000 chômeurs de moins en un an, un taux de chômage qui a baissé de près d'un point pour passer à 9,3 au mois d'avril, voilà quelle est la réalité des chiffres.
La mobilisation pour obtenir ce résultat a été totale : la simplification des contrats aidés et la relance de l'apprentissage, la création du contrat "nouvelles embauches" qui a été signé par plus de 500.000 personnes, la réorganisation complète du service public de l'emploi pour parvenir à un entretien mensuel, à un dossier unique personnalisé et à un guichet unique, l'effort particulier des agents de l'ANPE en direction des jeunes, la mise en place d'un suivi plus rigoureux de la recherche d'emploi, voilà les décisions que nous avons prises en quelques mois pour créer davantage l'activité dans notre pays.
Alors est-ce que cela suffit ? Certainement pas. Nous pouvons faire toujours mieux pour accompagner les demandeurs d'emploi, toujours mieux pour faciliter l'embauche, toujours mieux pour développer l'activité dans les secteurs les plus porteurs comme, par exemple - j'ai pu le constater hier avec J.-L. Borloo - les services à la personne. Je ne connais pas de remède miracle en matière d'emploi, mais je sais que la constance des efforts paye toujours : cela a été vrai pendant 12 mois, nous allons tout faire pour que cela reste vrai pour les 12 mois à venir.
Nous avons également des résultats en matière de croissance :
Aujourd'hui, le rythme annuel de croissance dépasse les 2 %. L'effort d'investissement public massif que nous avons fait donne des résultats : 10 milliards d'euros ont été injectés dans l'économie française, grâce aux recettes de privatisation et à la maîtrise des dépenses publiques. Nous avons dégagé de l'argent utile, qui crée de l'activité, qui crée de la croissance et de l'emploi.
Mais la croissance pour la croissance, cela n'a pas beaucoup de sens. La croissance doit profiter à tous, elle doit être une croissance sociale.
* Elle doit profiter à tous les Français, bien sûr : c'est le but des décisions que nous prenons en matière d'intéressement et de participation. Dans quelques mois, avec la loi sur la participation, toute entreprise sera encouragée à distribuer gratuitement des actions à ses salariés et à augmenter de manière significative les montants de participation et d'intéressement. Chaque salarié pourra gagner plus, chaque salarié pourra toucher les dividendes de son travail.
* Nous voulons aussi une croissance qui profite à tous les territoires : la mise en place des pôles de compétitivité, la défense de sites industriels historiques comme la SOGERMA à Mérignac, la création des pôles d'excellences rurale, autant de choix qui préserveront l'équilibre entre nos régions. Car je ne veux pas d'une France où la réussite des uns se ferait au détriment des autres. Je veux une France où le rassemblement des forces et des talents renforce les capacités du pays tout entier.
* Nous voulons enfin une croissance qui s'appuie sur tous les secteurs : l'industrie, les services mais aussi l'agriculture. Nous n'avons pas à choisir entre l'industrie ou les services, entre les services ou l'agriculture. Nous sommes capables d'exceller dans tous les domaines. Cet atout français, je veux le défendre pour l'avenir, non seulement parce qu'il est utile au dynamisme de notre croissance. Mais aussi parce qu'il est un véritable trait de notre identité nationale.
Nous pouvons être confiants sur la solidité de cette croissance car nous avons fait les choix nécessaires pour préparer le futur.
* Avec l'Agence de l'innovation industrielle et l'Agence nationale de la recherche, nous avons créé les structures utiles pour orienter notre effort de recherche. Nous y avons mis des moyens financiers considérables : 6 milliards d'euros supplémentaires en trois ans.
* Nous avons également fait des choix stratégiques en matière d'énergie, qui engagent notre pays pour les prochaines décennies à venir : pour rompre avec la consommation de pétrole, renforcer notre indépendance énergétique, nous avons donné un coup d'accélérateur au développement des biocarburants et aux recherches sur la voiture propre. Nous soutenons le recours à l'énergie solaire, nous installons un réacteur nucléaire de nouvelle génération. La France a toujours été un pionnier en matière énergétique et elle le restera.
* C'est pour cela que nous avancerons dans les prochaines semaines sur le projet industriel Gaz de France-Suez. Notre objectif, c'est de renforcer les capacités de la France dans ce secteur stratégique, afin de sécuriser notre approvisionnement à un coût maîtrisé. Thierry Breton a mené une concertation approfondie avec les entreprises comme avec les organisations syndicales. Parce qu'il s'agit d'un choix qui touche au service public, je souhaite que nous organisions dans les trois prochaines semaines un débat avec le Parlement. Il nous permettra d'améliorer notre projet, de répondre aux interrogations et de préparer les discussions à venir. Je veux que chaque Français soit assuré que ce projet sert l'intérêt général de notre pays, renforce notre industrie en créant un champion européen de taille mondiale et préserve un service équitable et de qualité.
Enfin, nous obtenons des résultats sur les préoccupations les plus immédiates des Français :
Sur le logement d'abord :
* Jamais il n'y a eu autant de mise en chantier dans notre pays depuis plus de 25 ans, jamais il n'y a eu autant de logements sociaux financés. Avec l'extension du prêt à taux zéro, avec les maisons à 100.000 euros, nous voulons répondre à l'inquiétude des Français face à la crise du logement. La crise est enrayée, bientôt nous pourrons inverser la tendance.
* Ici encore, je souhaite que ce changement de donne profite à tout le monde. C'est pour cela que nous avons défendu, avec Jean-Louis Borloo, la règle des 20 % de logements sociaux dans la loi SRU. C'est pour cela aussi que je veux développer l'accession sociale à la propriété : 200.000 ménages en ont bénéficié en 2005, contre 80.000 l'année précédente. 2006 devra être une année de référence dans ce domaine, grâce à de nouvelles dispositions en matière de prêt à taux zéro en faveur des ménages les plus modestes.
Nous avons aussi défendu le pouvoir d'achat des Français :
* Depuis plusieurs mois, le travail paye, et paye mieux : grâce aux efforts de Gérard Larcher, nous sommes parvenus à un accord d'augmentation des salaires dans presque toutes les branches. Pour chaque salarié, c'est la perspective de décoller plus rapidement du SMIC. Que le SMIC soit suffisamment élevé pour valoriser le travail et permettre à chacun de vivre dans de bonnes conditions, certainement, qu'il devienne la règle pour une majorité de salariés, non. Des augmentations régulières et significatives, en fonction de l'expérience et du mérite, voilà bien ce qu'attendent les salariés. En augmentant de 50 % la prime pour l'emploi en deux ans, nous améliorons aussi le pouvoir d'achat des salariés les plus modestes.
* Mais défendre le pouvoir d'achat des Français, c'est aussi lutter contre la hausse des prix. Nous avons encadré les prix dans la grande distribution avec la réforme de la loi Galland, nous avons veillé à ce que tous les bénéfices supplémentaires que l'Etat pourrait toucher en raison de la hausse des prix de l'essence soient intégralement et directement reversés aux Français. Une aide particulière a été prévue pour la cuve de fioul, pour les ménages les plus fragiles. Pour compenser les hausses importantes de ces derniers mois, j'ai également décidé que le prix du gaz ne bougerait pas d'ici juillet 2007 et que les prix de l'électricité n'augmenteraient pas plus vite que l'inflation. C'est un effort de solidarité important, mais qui correspond à l'idée que je me fais des missions de service public.
Enfin, le Gouvernement a renforcé la protection des Français :
* Tous nos concitoyens ont droit à la sécurité, partout sur le territoire. Le respect de la règle de droit, la force de la loi, ce sont des principes intangibles de notre Etat républicain. Les remettre en cause ou refuser de se donner les moyens de les appliquer, ce serait à la fois dangereux et irresponsable.
* C'est pour cela que face à la crise des banlieues, en novembre dernier, j'ai demandé au Président de la République de décréter l'état d'urgence. Cette décision a été appliquée avec mesure et avec discernement, elle a permis le retour au calme immédiat.
* Cette crise a été, pour tout le pays, pour le France toute entière, un véritable signal d'alarme. Elle nous a conduit à adopter la loi sur l'égalité des chances, qui est une grande loi de la République. Une loi qui valorise l'initiative et l'activité dans les quartiers, une loi qui affirme l'autorité parentale, une loi qui renforce les zones d'éducation prioritaire et diversifie les parcours scolaires, une loi qui donne de vrais moyens à la Halde pour lutter contre toutes les discriminations. Aujourd'hui, les choses, nous le savons, restent fragiles, les attentes sont grandes. La loi, toute la loi, doit être mise en oeuvre sans délai. De nouveaux outils sont mis en oeuvre, les 100 millions d'euros sont en cours de versement aux associations. Je recevrai demain Jean-Louis Borloo, Catherine Vautrin et Azouz Begag, les préfets délégués pour l'égalité des chances, le directeur de la future Agence de cohésion sociale et le président de la Halde, Louis Schweitzer, pour accélérer l'application de la loi sur le terrain.
Dans une action, il y a des résultats, dont je viens de vous parler. Mais il y a aussi une expérience forcément contrastée et qui se construit jour après jour. Pour ma part, je tire trois leçons de cette première année à Matignon :
* La première leçon, c'est qu'il n'existe pas de fatalité dans l'action publique. Lorsqu'on fixe un cap, lorsqu'on se donne les moyens de l'atteindre, lorsqu'on fait les choix budgétaires nécessaires, tout, alors, devient possible. Les derniers chiffres du chômage ne font que renforcer ma conviction : non seulement la France peut changer, mais elle veut changer, les Français y sont prêts, les Français le demandent.
* Pour autant, et c'est la leçon que je tire de l'échec du contrat "première embauche", il faut savoir prendre le temps de l'explication et d'un dialogue approfondi pour faire avancer les réformes les plus difficiles. C'est vrai, je suis allé trop vite sur un sujet où les inquiétudes étaient à vif. C'est vrai, la nature de mon projet qui visait à apporter une réponse aux jeunes les moins qualifiés n'a pas été comprise. Mais je n'ai pas changé de conviction : un chômage des jeunes de 10 points plus élevé que le chômage moyen, ce n'est pas acceptable. Et nous ne reviendrons à une situation normale, dans ce domaine, qu'avec des décisions courageuses et fortes. En ouvrant le débat sur les liens entre université et emploi, j'entends reprendre les choses à la base avec les étudiants et trouver avec eux les moyens d'améliorer leur insertion dans la vie professionnelle.
* La troisième leçon, c'est que nous avons devant nous du temps utile et que nous devons l'employer à apporter des réponses aux questions des Français. Un an après le référendum européen, beaucoup a été fait. Nous avons encore un an devant nous. Il y a des sujets qui ne peuvent pas attendre, comme les violences aux personnes, la cohésion sociale ou le chantier de l'énergie. Il y a des enjeux qui doivent être préparés, je pense par exemple à l'éducation ou à la santé. Il y a enfin des efforts à poursuivre sur l'emploi, sur les exportations, sur le partage de la croissance ; il n'est pas question de faire une pause pendant un an. Le monde continue de tourner, les Français veulent que le Gouvernement gouverne, c'est ce que nous ferons.
Nous commencerons par nous battre pour continuer à faire baisser le chômage et promouvoir l'activité dans notre pays.
Dès la semaine prochaine, je participerai à la conférence nationale pour l'emploi des seniors : à la suite d'une concertation approfondie avec les partenaires sociaux, nous prendrons des mesures pour permettre à tous les salariés qui le souhaitent de prolonger leur activité.
* Depuis des années, tout a été fait pour encourager les seniors à arrêter prématurément leur activité professionnelle, au motif que cela créerait de l'emploi pour les plus jeunes. C'est l'inverse qui est vraie : l'activité crée l'activité, l'emploi crée l'emploi.
* En donnant une chance aux plus anciens de rester dans l'emploi, nous mettons à profit des compétences, des motivations, une expérience : tout le monde y gagnera. Les salariés bien sûr, mais aussi les entreprises et la croissance de notre pays. Pour que notre pays réussisse, nous avons besoin des talents de chacun.
Je veux aussi poursuivre la réflexion sur l'allègement des charges sur les heures supplémentaires, en particulier sur les bas salaires.
* L'objectif, c'est de permettre à tous ceux qui ont les revenus les plus modestes de travailler plus s'ils le souhaitent pour augmenter leur pouvoir d'achat.
* Nous verrons avec les partenaires sociaux quelles garanties doivent accompagner ce projet : des garanties sur l'emploi bien sûr, mais aussi des garanties sur le caractère volontaire du recours aux heures supplémentaires.
* Si la concertation est suffisamment avancée, nous pourrons inscrire ces propositions dans le prochain projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Je souhaite enfin mieux organiser le dialogue social dans notre pays.
* Le constat, tout le monde le fait et ce n'est pas un constat nouveau : les relations sociales restent empreintes de méfiance, elles sont encore trop conflictuelles, alors que nous aurions tout à gagner à construire des relations plus régulières, plus étroites, sur la base du contrat. C'est vrai entre les représentants des employeurs et les syndicats, c'est vrai également entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
* Nous avons à notre disposition deux rapports de grande qualité. Je recevrai cet après-midi le bureau du Conseil Economique et social pour évoquer le rapport que m'a remis Raphaël Hadas-Lebel. Par ailleurs je souhaite rencontrer les partenaires sociaux à la fin de ce mois pour discuter avec eux leurs analyses du rapport de Dominique Chertier sur la modernisation du dialogue social et pour étudier les mesures concrètes que nous pourrions prendre dans les prochains mois. Je souhaite que d'ici 2007, nous ayons à la fois pris les mesures consensuelles pour moderniser les relations sociales et éclairé les différentes voies d'??volution et de transformation de notre démocratie sociale.
Sécurité, santé et éducation, ce sont les trois domaines dans lesquels le gouvernement accentuera son effort dans les prochains mois.
La sécurité d'abord : nous avons certes un bon bilan, mais rien n'est jamais gagné dans ce domaine.
* Les violences ordinaires, les violences du quotidien, les violences banales frappent de plus en plus nos concitoyens. Nous avons franchi un premier cap en faisant baisser de manière durable la délinquance. Je veux maintenant que nous nous attaquions avec détermination au noyau dur de la violence.
* J'ai rendu les derniers arbitrages sur le projet de loi prévention de la délinquance que portera Nicolas Sarkozy avec les différents ministres concernés : ce texte permettra de mieux coordonner une action qui relève par définition de plusieurs acteurs et de traiter en amont les comportements violents.
* Je souhaite par ailleurs que nous réfléchissions rapidement à des mesures complémentaires sur le statut pénal des mineurs et le suivi des criminels sexuels. Sur ces deux questions précises, les Français attendent du gouvernement qu'il améliore encore leur protection : ils peuvent compter sur nous.
En matière de santé également, nos concitoyens veulent un système de soins moderne, accessible et de qualité.
* Notre majorité a accompli un travail considérable dans ce domaine avec le plan hôpital 2007 et avec la réforme de l'assurance maladie : aujourd'hui, les comptes de l'assurance maladie se redressent, 8 Français sur 10 ont choisi leur médecin traitant, de nombreux services hospitaliers sont rénovés. Nous poursuivons l'effort de maîtrise des comptes : parce que c'est l'avenir de la solidarité qui en dépend.
* Nous devons mieux prendre en compte le vieillissement de la population. Permettre aux personnes âgées de rester chez elles plus longtemps et dans de meilleures conditions, mieux soigner les maladies comme la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, transformer les maisons de retraites en véritables lieux de vie et de soins : ce sont les objectifs du plan solidarité grand âge que j'ai annoncé il y a quelques jours avec Philippe Bas et qui sera complété lors de la conférence de la famille le 3 juillet.
* Enfin il reste des progrès à faire pour moderniser nos hôpitaux et améliorer les conditions de travail des personnels de santé au service du patient : j'ai demandé à Xavier Bertrand de me présenter d'ici la fin de l'année un plan d'investissement et de modernisation qui prenne le relais du plan hôpital 2007. Une décision sera prise également sur l'interdiction du tabac dans les lieux publics, sur la base des conclusions de la mission parlementaire et de al très large concertation qui est actuellement menée.
J'ai participé ce matin avec François Goulard à une réunion de la commission du débat national université emploi. A cette occasion, j'ai pu remercier l'ensemble des personnels de l'Education nationale qui assurent actuellement la bonne tenue des examens.
* A Chartres comme partout en France, les étudiants, les élus, les professeurs, les présidents d'université, tout le monde participe activement aux discussions : c'est l'occasion pour chacun de s'exprimer sur un sujet majeur pour l'égalité des chances. Trop longtemps, l'université a été laissée pour compte alors qu'elle a eu à relever des défis tout à fait considérables. Trop longtemps, les pouvoirs publics se sont détournés d'une question jugée trop difficile alors qu'elle engage l'avenir de nos enfants.
* Avant l'été, nous aurons des premières propositions portant sur la professionnalisation des filières universitaires et sur l'orientation des étudiants. Je souhaite qu'elles puissent être étudiées avec les organisations étudiantes et mises en oeuvre pour la rentrée 2006. La commission rendra ses conclusions définitives à l'automne.
* Sur la vie étudiante, les décisions portant sur l'amélioration des bourses seront prises avant la fin de l'été pour entrer en application elles aussi à la rentrée 2006.
Vous le constatez, le Gouvernement est à la tâche sur tous les sujets fondamentaux pour notre pays : l'emploi, la croissance, la sécurité, la santé, l'éducation, nous ne perdrons pas un jour pour répondre aux attentes des Français.
Dans un an, je veux pouvoir présenter aux Français un modèle social rénové : nous ne sommes pas condamnés à l'uniformisation, nous ne sommes pas condamnés au repli. Nous avons en nous toutes les capacités pour réussir.
Regardez ce que nous avons réussi à obtenir en un an sur la directive services : nous avons convaincu nos partenaires européens de renoncer au principe du pays d'origine, nous avons préservé les services d'intérêt général. C'est en croyant en nous-mêmes que nous retrouverons le sens d'un destin ambitieux et collectif.
Alors oui, à quelques mois des échéances présidentielles nous le voyons tous, il y a deux exigences à concilier : le travail gouvernemental et l'indispensable débat d'idées.
Je concentrerai bien sûr toute mon énergie au travail gouvernemental.
Mais le débat d'idées est nécessaire dans une démocratie pour enrichir la future action politique de notre pays : et j'ai le regret de constater que les dernières propositions du parti socialiste apparaissent trop souvent à la fois rhétoriques, démagogiques et en tout état de cause, bien coûteuses :
* Le SMIC à 1500 euros : c'est un objectif certes attirant, mais encore faut-il être cohérent. Peut-on une nouvelle fois tromper les Français en leur promettant tout à la fois, comme le prétendent les socialistes, de parvenir en même temps à cet objectif d'un SMIG à 1500 euros tout en visant l'objectif de 5% de taux de chômage. Dans toutes les actions de la vie politique, il y a des choix et des arbitrages à faire, et il faut faire preuve de constance.
* L'extension des 35 heures : est-ce que c'est la meilleure façon de gagner dans la compétition internationale ? Est-ce que c'est le meilleur moyen d'améliorer le pouvoir d'achat des Français ? Beaucoup de nos compatriotes ont eu l'occasion de méditer sur cette question au cours des dernières années.
* La nationalisation d'EDF : est-ce que c'est vraiment en préconisant le retour en arrière, est-ce la meilleure solution pour assurer l'indépendance énergétique du pays, développer nos investissements indispensables sur le territoire, garantir aux Français une énergie au meilleur coût ? la question mérite d'être posée, là aussi, nous attendons des réponses. Un débat d'idées, ça implique des réponses de part et d'autre.
Face à cela nous avons besoin, pour être constructifs, efficaces d'une majorité unie, une majorité qui certes défend son bilan mais défend aussi son projet et ses convictions.
* La France ne sera pas la même selon qu'elle choisit une voie ou une autre, la France ne sera pas la même selon qu'elle choisit le passé, le retour en arrière, le repli sur soi ou au contraire l'avenir et l'ouverture.
* Nous avons choisi le plein emploi, la croissance sociale, nous avons choisi le désendettement pour assurer l'avenir de nos enfants. Les socialistes nous proposent aujourd'hui une nouvelle fois le partage du travail, la division du travail, en pensant qu'en le coupant en petits morceaux, il y en aura pour chacun. Et en même temps ils choisissent le retour à la dépense publique, alors même que nous prenons conscience de la charge que nous risquons de laisser à nos enfants et à nos petits-enfants si nous ne faisons rien. J'ai réuni dans ce domaine une conférence nationale des Finances publiques avec l'ensemble des partenaires, les organismes de sécurité sociale, les représentants de l'Etat et des collectivités, pour constater la situation, pour que chacun puisse ouvrir les yeux en responsabilité sur cette situation. Et je prendrai devant le Parlement dans quelques semaines un engagement national de baisse de la dépense publique. Là aussi la politique c'est pas toujours les petites phrases, c'est pas toujours les belles promesses, c'est aussi la constance, la détermination, la responsabilité, cela peut paraître, à certains égards, ingrat mais c'est l'honneur de la politique.
Alors je vois bien que dans ces dernières semaines, les jeux politiciens prennent parfois dans l'actualité une place inversement proportionnelle à l'intérêt que leur accordent les Français.
Pour ma part, je vous le dis et je vous le redis comme à chaque fois, je ne dévierai pas du cap qui a été fixé par le Président de la République : le travail quotidien au service de nos concitoyens. Le projet pour 2007 pourra d'autant mieux, c'est la conviction que je défends depuis le premier jour, se nourrir de l'action du Gouvernement et de ses résultats concrets. Comment croire à la démocratie si la politique ce n'est pas de marquer des points sur le terrain et de toucher du doigt de façon tangible les résultats. Alors, on peut toujours dire après que ce n'est pas suffisant mais encore faut-il montrer que la politique peut changer les choses. C'est le point de départ d'une démocratie, le sentiment partagé qu'un effort permet d'obtenir des résultats et que ce ne sont pas de simples paroles qui sont distribuées.
Je resterai fidèle aux principes qui ont toujours guidé le travail de mon équipe gouvernementale : le sens de l'intérêt général, l'esprit de justice, la modernisation de notre pays qui en a besoin ne l'oublions pas. Regardons autour de nous, regardons le travail fait par nos voisins, regardons le monde évoluer, la France n'est pas une île et nous ne pouvons pas choisir de nous développer tous seuls dans notre coin à notre rythme, nous avons des devoirs vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis du reste du monde.
Et puis je vais vous faire une confidence : les épreuves de ces derniers mois m'ont changé. Elles m'ont touché, évidemment, mais elles ont aussi renforcé ma détermination à servir les Français. Elles m'ont aussi convaincu que l'un des défis essentiels de notre pays aujourd'hui, c'est bien la réconciliation et le rassemblement. Il est facile d'ouvrir des querelles, il est facile d'ouvrir des polémiques, il est difficile d'avancer tous ensemble et pour cela, pour avancer tous ensemble, nous avons besoin de réconciliation et de rassemblement :
* Réconciliation, nous l'avons vécue ; des mémoires, des identités, des origines, pour que la diversité de notre pays reste encore une force et une chance.
* Réconciliation des aspirations à la réussite et en même temps à la protection, toutes les deux sont légitimes, toutes les deux sont fidèles à l'esprit français, à l'esprit de notre pays.
C'est l'avenir même de notre pays qui est en jeu. C'est l'unité des Français. Autant de raisons pour que, nous abordions, pour que notre majorité aborde rassemblée les échéances à venir.
Voilà, ce que je voulais vous dire brièvement en avant propos avant de répondre à vos questions.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 juin 2006
Aujourd'hui, je veux vous le dire avec force : nous sommes sur la bonne voie. Je ne suis pas un homme de bilan. Mais je tiens à souligner que le travail de la majorité et du Gouvernement porte ses fruits.
D'abord sur la priorité du Gouvernement, l'emploi :
J'avais donné rendez-vous aux Français et je tiens parole : 210.000 chômeurs de moins en un an, un taux de chômage qui a baissé de près d'un point pour passer à 9,3 au mois d'avril, voilà quelle est la réalité des chiffres.
La mobilisation pour obtenir ce résultat a été totale : la simplification des contrats aidés et la relance de l'apprentissage, la création du contrat "nouvelles embauches" qui a été signé par plus de 500.000 personnes, la réorganisation complète du service public de l'emploi pour parvenir à un entretien mensuel, à un dossier unique personnalisé et à un guichet unique, l'effort particulier des agents de l'ANPE en direction des jeunes, la mise en place d'un suivi plus rigoureux de la recherche d'emploi, voilà les décisions que nous avons prises en quelques mois pour créer davantage l'activité dans notre pays.
Alors est-ce que cela suffit ? Certainement pas. Nous pouvons faire toujours mieux pour accompagner les demandeurs d'emploi, toujours mieux pour faciliter l'embauche, toujours mieux pour développer l'activité dans les secteurs les plus porteurs comme, par exemple - j'ai pu le constater hier avec J.-L. Borloo - les services à la personne. Je ne connais pas de remède miracle en matière d'emploi, mais je sais que la constance des efforts paye toujours : cela a été vrai pendant 12 mois, nous allons tout faire pour que cela reste vrai pour les 12 mois à venir.
Nous avons également des résultats en matière de croissance :
Aujourd'hui, le rythme annuel de croissance dépasse les 2 %. L'effort d'investissement public massif que nous avons fait donne des résultats : 10 milliards d'euros ont été injectés dans l'économie française, grâce aux recettes de privatisation et à la maîtrise des dépenses publiques. Nous avons dégagé de l'argent utile, qui crée de l'activité, qui crée de la croissance et de l'emploi.
Mais la croissance pour la croissance, cela n'a pas beaucoup de sens. La croissance doit profiter à tous, elle doit être une croissance sociale.
* Elle doit profiter à tous les Français, bien sûr : c'est le but des décisions que nous prenons en matière d'intéressement et de participation. Dans quelques mois, avec la loi sur la participation, toute entreprise sera encouragée à distribuer gratuitement des actions à ses salariés et à augmenter de manière significative les montants de participation et d'intéressement. Chaque salarié pourra gagner plus, chaque salarié pourra toucher les dividendes de son travail.
* Nous voulons aussi une croissance qui profite à tous les territoires : la mise en place des pôles de compétitivité, la défense de sites industriels historiques comme la SOGERMA à Mérignac, la création des pôles d'excellences rurale, autant de choix qui préserveront l'équilibre entre nos régions. Car je ne veux pas d'une France où la réussite des uns se ferait au détriment des autres. Je veux une France où le rassemblement des forces et des talents renforce les capacités du pays tout entier.
* Nous voulons enfin une croissance qui s'appuie sur tous les secteurs : l'industrie, les services mais aussi l'agriculture. Nous n'avons pas à choisir entre l'industrie ou les services, entre les services ou l'agriculture. Nous sommes capables d'exceller dans tous les domaines. Cet atout français, je veux le défendre pour l'avenir, non seulement parce qu'il est utile au dynamisme de notre croissance. Mais aussi parce qu'il est un véritable trait de notre identité nationale.
Nous pouvons être confiants sur la solidité de cette croissance car nous avons fait les choix nécessaires pour préparer le futur.
* Avec l'Agence de l'innovation industrielle et l'Agence nationale de la recherche, nous avons créé les structures utiles pour orienter notre effort de recherche. Nous y avons mis des moyens financiers considérables : 6 milliards d'euros supplémentaires en trois ans.
* Nous avons également fait des choix stratégiques en matière d'énergie, qui engagent notre pays pour les prochaines décennies à venir : pour rompre avec la consommation de pétrole, renforcer notre indépendance énergétique, nous avons donné un coup d'accélérateur au développement des biocarburants et aux recherches sur la voiture propre. Nous soutenons le recours à l'énergie solaire, nous installons un réacteur nucléaire de nouvelle génération. La France a toujours été un pionnier en matière énergétique et elle le restera.
* C'est pour cela que nous avancerons dans les prochaines semaines sur le projet industriel Gaz de France-Suez. Notre objectif, c'est de renforcer les capacités de la France dans ce secteur stratégique, afin de sécuriser notre approvisionnement à un coût maîtrisé. Thierry Breton a mené une concertation approfondie avec les entreprises comme avec les organisations syndicales. Parce qu'il s'agit d'un choix qui touche au service public, je souhaite que nous organisions dans les trois prochaines semaines un débat avec le Parlement. Il nous permettra d'améliorer notre projet, de répondre aux interrogations et de préparer les discussions à venir. Je veux que chaque Français soit assuré que ce projet sert l'intérêt général de notre pays, renforce notre industrie en créant un champion européen de taille mondiale et préserve un service équitable et de qualité.
Enfin, nous obtenons des résultats sur les préoccupations les plus immédiates des Français :
Sur le logement d'abord :
* Jamais il n'y a eu autant de mise en chantier dans notre pays depuis plus de 25 ans, jamais il n'y a eu autant de logements sociaux financés. Avec l'extension du prêt à taux zéro, avec les maisons à 100.000 euros, nous voulons répondre à l'inquiétude des Français face à la crise du logement. La crise est enrayée, bientôt nous pourrons inverser la tendance.
* Ici encore, je souhaite que ce changement de donne profite à tout le monde. C'est pour cela que nous avons défendu, avec Jean-Louis Borloo, la règle des 20 % de logements sociaux dans la loi SRU. C'est pour cela aussi que je veux développer l'accession sociale à la propriété : 200.000 ménages en ont bénéficié en 2005, contre 80.000 l'année précédente. 2006 devra être une année de référence dans ce domaine, grâce à de nouvelles dispositions en matière de prêt à taux zéro en faveur des ménages les plus modestes.
Nous avons aussi défendu le pouvoir d'achat des Français :
* Depuis plusieurs mois, le travail paye, et paye mieux : grâce aux efforts de Gérard Larcher, nous sommes parvenus à un accord d'augmentation des salaires dans presque toutes les branches. Pour chaque salarié, c'est la perspective de décoller plus rapidement du SMIC. Que le SMIC soit suffisamment élevé pour valoriser le travail et permettre à chacun de vivre dans de bonnes conditions, certainement, qu'il devienne la règle pour une majorité de salariés, non. Des augmentations régulières et significatives, en fonction de l'expérience et du mérite, voilà bien ce qu'attendent les salariés. En augmentant de 50 % la prime pour l'emploi en deux ans, nous améliorons aussi le pouvoir d'achat des salariés les plus modestes.
* Mais défendre le pouvoir d'achat des Français, c'est aussi lutter contre la hausse des prix. Nous avons encadré les prix dans la grande distribution avec la réforme de la loi Galland, nous avons veillé à ce que tous les bénéfices supplémentaires que l'Etat pourrait toucher en raison de la hausse des prix de l'essence soient intégralement et directement reversés aux Français. Une aide particulière a été prévue pour la cuve de fioul, pour les ménages les plus fragiles. Pour compenser les hausses importantes de ces derniers mois, j'ai également décidé que le prix du gaz ne bougerait pas d'ici juillet 2007 et que les prix de l'électricité n'augmenteraient pas plus vite que l'inflation. C'est un effort de solidarité important, mais qui correspond à l'idée que je me fais des missions de service public.
Enfin, le Gouvernement a renforcé la protection des Français :
* Tous nos concitoyens ont droit à la sécurité, partout sur le territoire. Le respect de la règle de droit, la force de la loi, ce sont des principes intangibles de notre Etat républicain. Les remettre en cause ou refuser de se donner les moyens de les appliquer, ce serait à la fois dangereux et irresponsable.
* C'est pour cela que face à la crise des banlieues, en novembre dernier, j'ai demandé au Président de la République de décréter l'état d'urgence. Cette décision a été appliquée avec mesure et avec discernement, elle a permis le retour au calme immédiat.
* Cette crise a été, pour tout le pays, pour le France toute entière, un véritable signal d'alarme. Elle nous a conduit à adopter la loi sur l'égalité des chances, qui est une grande loi de la République. Une loi qui valorise l'initiative et l'activité dans les quartiers, une loi qui affirme l'autorité parentale, une loi qui renforce les zones d'éducation prioritaire et diversifie les parcours scolaires, une loi qui donne de vrais moyens à la Halde pour lutter contre toutes les discriminations. Aujourd'hui, les choses, nous le savons, restent fragiles, les attentes sont grandes. La loi, toute la loi, doit être mise en oeuvre sans délai. De nouveaux outils sont mis en oeuvre, les 100 millions d'euros sont en cours de versement aux associations. Je recevrai demain Jean-Louis Borloo, Catherine Vautrin et Azouz Begag, les préfets délégués pour l'égalité des chances, le directeur de la future Agence de cohésion sociale et le président de la Halde, Louis Schweitzer, pour accélérer l'application de la loi sur le terrain.
Dans une action, il y a des résultats, dont je viens de vous parler. Mais il y a aussi une expérience forcément contrastée et qui se construit jour après jour. Pour ma part, je tire trois leçons de cette première année à Matignon :
* La première leçon, c'est qu'il n'existe pas de fatalité dans l'action publique. Lorsqu'on fixe un cap, lorsqu'on se donne les moyens de l'atteindre, lorsqu'on fait les choix budgétaires nécessaires, tout, alors, devient possible. Les derniers chiffres du chômage ne font que renforcer ma conviction : non seulement la France peut changer, mais elle veut changer, les Français y sont prêts, les Français le demandent.
* Pour autant, et c'est la leçon que je tire de l'échec du contrat "première embauche", il faut savoir prendre le temps de l'explication et d'un dialogue approfondi pour faire avancer les réformes les plus difficiles. C'est vrai, je suis allé trop vite sur un sujet où les inquiétudes étaient à vif. C'est vrai, la nature de mon projet qui visait à apporter une réponse aux jeunes les moins qualifiés n'a pas été comprise. Mais je n'ai pas changé de conviction : un chômage des jeunes de 10 points plus élevé que le chômage moyen, ce n'est pas acceptable. Et nous ne reviendrons à une situation normale, dans ce domaine, qu'avec des décisions courageuses et fortes. En ouvrant le débat sur les liens entre université et emploi, j'entends reprendre les choses à la base avec les étudiants et trouver avec eux les moyens d'améliorer leur insertion dans la vie professionnelle.
* La troisième leçon, c'est que nous avons devant nous du temps utile et que nous devons l'employer à apporter des réponses aux questions des Français. Un an après le référendum européen, beaucoup a été fait. Nous avons encore un an devant nous. Il y a des sujets qui ne peuvent pas attendre, comme les violences aux personnes, la cohésion sociale ou le chantier de l'énergie. Il y a des enjeux qui doivent être préparés, je pense par exemple à l'éducation ou à la santé. Il y a enfin des efforts à poursuivre sur l'emploi, sur les exportations, sur le partage de la croissance ; il n'est pas question de faire une pause pendant un an. Le monde continue de tourner, les Français veulent que le Gouvernement gouverne, c'est ce que nous ferons.
Nous commencerons par nous battre pour continuer à faire baisser le chômage et promouvoir l'activité dans notre pays.
Dès la semaine prochaine, je participerai à la conférence nationale pour l'emploi des seniors : à la suite d'une concertation approfondie avec les partenaires sociaux, nous prendrons des mesures pour permettre à tous les salariés qui le souhaitent de prolonger leur activité.
* Depuis des années, tout a été fait pour encourager les seniors à arrêter prématurément leur activité professionnelle, au motif que cela créerait de l'emploi pour les plus jeunes. C'est l'inverse qui est vraie : l'activité crée l'activité, l'emploi crée l'emploi.
* En donnant une chance aux plus anciens de rester dans l'emploi, nous mettons à profit des compétences, des motivations, une expérience : tout le monde y gagnera. Les salariés bien sûr, mais aussi les entreprises et la croissance de notre pays. Pour que notre pays réussisse, nous avons besoin des talents de chacun.
Je veux aussi poursuivre la réflexion sur l'allègement des charges sur les heures supplémentaires, en particulier sur les bas salaires.
* L'objectif, c'est de permettre à tous ceux qui ont les revenus les plus modestes de travailler plus s'ils le souhaitent pour augmenter leur pouvoir d'achat.
* Nous verrons avec les partenaires sociaux quelles garanties doivent accompagner ce projet : des garanties sur l'emploi bien sûr, mais aussi des garanties sur le caractère volontaire du recours aux heures supplémentaires.
* Si la concertation est suffisamment avancée, nous pourrons inscrire ces propositions dans le prochain projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Je souhaite enfin mieux organiser le dialogue social dans notre pays.
* Le constat, tout le monde le fait et ce n'est pas un constat nouveau : les relations sociales restent empreintes de méfiance, elles sont encore trop conflictuelles, alors que nous aurions tout à gagner à construire des relations plus régulières, plus étroites, sur la base du contrat. C'est vrai entre les représentants des employeurs et les syndicats, c'est vrai également entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
* Nous avons à notre disposition deux rapports de grande qualité. Je recevrai cet après-midi le bureau du Conseil Economique et social pour évoquer le rapport que m'a remis Raphaël Hadas-Lebel. Par ailleurs je souhaite rencontrer les partenaires sociaux à la fin de ce mois pour discuter avec eux leurs analyses du rapport de Dominique Chertier sur la modernisation du dialogue social et pour étudier les mesures concrètes que nous pourrions prendre dans les prochains mois. Je souhaite que d'ici 2007, nous ayons à la fois pris les mesures consensuelles pour moderniser les relations sociales et éclairé les différentes voies d'??volution et de transformation de notre démocratie sociale.
Sécurité, santé et éducation, ce sont les trois domaines dans lesquels le gouvernement accentuera son effort dans les prochains mois.
La sécurité d'abord : nous avons certes un bon bilan, mais rien n'est jamais gagné dans ce domaine.
* Les violences ordinaires, les violences du quotidien, les violences banales frappent de plus en plus nos concitoyens. Nous avons franchi un premier cap en faisant baisser de manière durable la délinquance. Je veux maintenant que nous nous attaquions avec détermination au noyau dur de la violence.
* J'ai rendu les derniers arbitrages sur le projet de loi prévention de la délinquance que portera Nicolas Sarkozy avec les différents ministres concernés : ce texte permettra de mieux coordonner une action qui relève par définition de plusieurs acteurs et de traiter en amont les comportements violents.
* Je souhaite par ailleurs que nous réfléchissions rapidement à des mesures complémentaires sur le statut pénal des mineurs et le suivi des criminels sexuels. Sur ces deux questions précises, les Français attendent du gouvernement qu'il améliore encore leur protection : ils peuvent compter sur nous.
En matière de santé également, nos concitoyens veulent un système de soins moderne, accessible et de qualité.
* Notre majorité a accompli un travail considérable dans ce domaine avec le plan hôpital 2007 et avec la réforme de l'assurance maladie : aujourd'hui, les comptes de l'assurance maladie se redressent, 8 Français sur 10 ont choisi leur médecin traitant, de nombreux services hospitaliers sont rénovés. Nous poursuivons l'effort de maîtrise des comptes : parce que c'est l'avenir de la solidarité qui en dépend.
* Nous devons mieux prendre en compte le vieillissement de la population. Permettre aux personnes âgées de rester chez elles plus longtemps et dans de meilleures conditions, mieux soigner les maladies comme la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, transformer les maisons de retraites en véritables lieux de vie et de soins : ce sont les objectifs du plan solidarité grand âge que j'ai annoncé il y a quelques jours avec Philippe Bas et qui sera complété lors de la conférence de la famille le 3 juillet.
* Enfin il reste des progrès à faire pour moderniser nos hôpitaux et améliorer les conditions de travail des personnels de santé au service du patient : j'ai demandé à Xavier Bertrand de me présenter d'ici la fin de l'année un plan d'investissement et de modernisation qui prenne le relais du plan hôpital 2007. Une décision sera prise également sur l'interdiction du tabac dans les lieux publics, sur la base des conclusions de la mission parlementaire et de al très large concertation qui est actuellement menée.
J'ai participé ce matin avec François Goulard à une réunion de la commission du débat national université emploi. A cette occasion, j'ai pu remercier l'ensemble des personnels de l'Education nationale qui assurent actuellement la bonne tenue des examens.
* A Chartres comme partout en France, les étudiants, les élus, les professeurs, les présidents d'université, tout le monde participe activement aux discussions : c'est l'occasion pour chacun de s'exprimer sur un sujet majeur pour l'égalité des chances. Trop longtemps, l'université a été laissée pour compte alors qu'elle a eu à relever des défis tout à fait considérables. Trop longtemps, les pouvoirs publics se sont détournés d'une question jugée trop difficile alors qu'elle engage l'avenir de nos enfants.
* Avant l'été, nous aurons des premières propositions portant sur la professionnalisation des filières universitaires et sur l'orientation des étudiants. Je souhaite qu'elles puissent être étudiées avec les organisations étudiantes et mises en oeuvre pour la rentrée 2006. La commission rendra ses conclusions définitives à l'automne.
* Sur la vie étudiante, les décisions portant sur l'amélioration des bourses seront prises avant la fin de l'été pour entrer en application elles aussi à la rentrée 2006.
Vous le constatez, le Gouvernement est à la tâche sur tous les sujets fondamentaux pour notre pays : l'emploi, la croissance, la sécurité, la santé, l'éducation, nous ne perdrons pas un jour pour répondre aux attentes des Français.
Dans un an, je veux pouvoir présenter aux Français un modèle social rénové : nous ne sommes pas condamnés à l'uniformisation, nous ne sommes pas condamnés au repli. Nous avons en nous toutes les capacités pour réussir.
Regardez ce que nous avons réussi à obtenir en un an sur la directive services : nous avons convaincu nos partenaires européens de renoncer au principe du pays d'origine, nous avons préservé les services d'intérêt général. C'est en croyant en nous-mêmes que nous retrouverons le sens d'un destin ambitieux et collectif.
Alors oui, à quelques mois des échéances présidentielles nous le voyons tous, il y a deux exigences à concilier : le travail gouvernemental et l'indispensable débat d'idées.
Je concentrerai bien sûr toute mon énergie au travail gouvernemental.
Mais le débat d'idées est nécessaire dans une démocratie pour enrichir la future action politique de notre pays : et j'ai le regret de constater que les dernières propositions du parti socialiste apparaissent trop souvent à la fois rhétoriques, démagogiques et en tout état de cause, bien coûteuses :
* Le SMIC à 1500 euros : c'est un objectif certes attirant, mais encore faut-il être cohérent. Peut-on une nouvelle fois tromper les Français en leur promettant tout à la fois, comme le prétendent les socialistes, de parvenir en même temps à cet objectif d'un SMIG à 1500 euros tout en visant l'objectif de 5% de taux de chômage. Dans toutes les actions de la vie politique, il y a des choix et des arbitrages à faire, et il faut faire preuve de constance.
* L'extension des 35 heures : est-ce que c'est la meilleure façon de gagner dans la compétition internationale ? Est-ce que c'est le meilleur moyen d'améliorer le pouvoir d'achat des Français ? Beaucoup de nos compatriotes ont eu l'occasion de méditer sur cette question au cours des dernières années.
* La nationalisation d'EDF : est-ce que c'est vraiment en préconisant le retour en arrière, est-ce la meilleure solution pour assurer l'indépendance énergétique du pays, développer nos investissements indispensables sur le territoire, garantir aux Français une énergie au meilleur coût ? la question mérite d'être posée, là aussi, nous attendons des réponses. Un débat d'idées, ça implique des réponses de part et d'autre.
Face à cela nous avons besoin, pour être constructifs, efficaces d'une majorité unie, une majorité qui certes défend son bilan mais défend aussi son projet et ses convictions.
* La France ne sera pas la même selon qu'elle choisit une voie ou une autre, la France ne sera pas la même selon qu'elle choisit le passé, le retour en arrière, le repli sur soi ou au contraire l'avenir et l'ouverture.
* Nous avons choisi le plein emploi, la croissance sociale, nous avons choisi le désendettement pour assurer l'avenir de nos enfants. Les socialistes nous proposent aujourd'hui une nouvelle fois le partage du travail, la division du travail, en pensant qu'en le coupant en petits morceaux, il y en aura pour chacun. Et en même temps ils choisissent le retour à la dépense publique, alors même que nous prenons conscience de la charge que nous risquons de laisser à nos enfants et à nos petits-enfants si nous ne faisons rien. J'ai réuni dans ce domaine une conférence nationale des Finances publiques avec l'ensemble des partenaires, les organismes de sécurité sociale, les représentants de l'Etat et des collectivités, pour constater la situation, pour que chacun puisse ouvrir les yeux en responsabilité sur cette situation. Et je prendrai devant le Parlement dans quelques semaines un engagement national de baisse de la dépense publique. Là aussi la politique c'est pas toujours les petites phrases, c'est pas toujours les belles promesses, c'est aussi la constance, la détermination, la responsabilité, cela peut paraître, à certains égards, ingrat mais c'est l'honneur de la politique.
Alors je vois bien que dans ces dernières semaines, les jeux politiciens prennent parfois dans l'actualité une place inversement proportionnelle à l'intérêt que leur accordent les Français.
Pour ma part, je vous le dis et je vous le redis comme à chaque fois, je ne dévierai pas du cap qui a été fixé par le Président de la République : le travail quotidien au service de nos concitoyens. Le projet pour 2007 pourra d'autant mieux, c'est la conviction que je défends depuis le premier jour, se nourrir de l'action du Gouvernement et de ses résultats concrets. Comment croire à la démocratie si la politique ce n'est pas de marquer des points sur le terrain et de toucher du doigt de façon tangible les résultats. Alors, on peut toujours dire après que ce n'est pas suffisant mais encore faut-il montrer que la politique peut changer les choses. C'est le point de départ d'une démocratie, le sentiment partagé qu'un effort permet d'obtenir des résultats et que ce ne sont pas de simples paroles qui sont distribuées.
Je resterai fidèle aux principes qui ont toujours guidé le travail de mon équipe gouvernementale : le sens de l'intérêt général, l'esprit de justice, la modernisation de notre pays qui en a besoin ne l'oublions pas. Regardons autour de nous, regardons le travail fait par nos voisins, regardons le monde évoluer, la France n'est pas une île et nous ne pouvons pas choisir de nous développer tous seuls dans notre coin à notre rythme, nous avons des devoirs vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis du reste du monde.
Et puis je vais vous faire une confidence : les épreuves de ces derniers mois m'ont changé. Elles m'ont touché, évidemment, mais elles ont aussi renforcé ma détermination à servir les Français. Elles m'ont aussi convaincu que l'un des défis essentiels de notre pays aujourd'hui, c'est bien la réconciliation et le rassemblement. Il est facile d'ouvrir des querelles, il est facile d'ouvrir des polémiques, il est difficile d'avancer tous ensemble et pour cela, pour avancer tous ensemble, nous avons besoin de réconciliation et de rassemblement :
* Réconciliation, nous l'avons vécue ; des mémoires, des identités, des origines, pour que la diversité de notre pays reste encore une force et une chance.
* Réconciliation des aspirations à la réussite et en même temps à la protection, toutes les deux sont légitimes, toutes les deux sont fidèles à l'esprit français, à l'esprit de notre pays.
C'est l'avenir même de notre pays qui est en jeu. C'est l'unité des Français. Autant de raisons pour que, nous abordions, pour que notre majorité aborde rassemblée les échéances à venir.
Voilà, ce que je voulais vous dire brièvement en avant propos avant de répondre à vos questions.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 juin 2006