Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la signature de la Convention-cadre et l'appui financier accordé par le ministère des affaires étrangères à la Croix-Rouge française, Paris le 22 juin 2006.

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Circonstance : Signature de la convention-cadre pluriannuelle entre le ministère des affaires étrangères et la Croix-Rouge française à Paris le 22 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président,
Cher Ami,

C'est pour moi bien sûr un très grand plaisir de vous recevoir aujourd'hui dans cette Maison pour signer le texte d'une nouvelle convention pluriannuelle entre le ministère des Affaires étrangères et la Croix-Rouge française.
Le renforcement de la solidarité internationale n'est pas une préoccupation annexe de ce ministère, c'est exactement le contraire. Elle s'inscrit au coeur de ses missions et de ses prérogatives : dans un monde où les crises humanitaires sont de plus en plus nombreuses, ce n'est qu'ensemble, par le renforcement de la solidarité internationale et la coopération de tous les acteurs qui y contribuent que nous parviendrons à répondre aux besoins des populations les plus démunies, en particulier celles des pays du Sud.
La Convention que nous nous apprêtons à renouveler et que nous venons de signer, Cher Jean-François Mattei, est pour ce ministère tout autant une exigence éthique qu'une nécessité stratégique et politique. La Croix Rouge est présente et active sur tous les fronts de détresse, en France naturellement, mais aussi partout où les failles ouvertes par de nouveaux conflits ou une mondialisation mal maîtrisée rendent nécessaire une assistance humanitaire.
Je tiens à saluer le travail accompli sur le terrain par vos équipes de la Croix Rouge française, mais aussi celles du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui regroupe dans le monde 97 millions de volontaires, 183 sociétés nationales, leur Fédération internationale et le Comité international de la Croix-Rouge. Je recevrai d'ailleurs le 27 juin prochain à Paris le président du Comité international, M. Kellenberger. C'est avant tout grâce au dévouement et au professionnalisme de toutes ces équipes que des populations en détresse retrouvent l'espoir et surtout la volonté de bâtir un meilleur avenir.
L'attention constante portée aux victimes fait honneur à votre Mouvement, tout comme son attachement à sept grands principes qui sont aussi de nobles idéaux : Humanité, Neutralité, Indépendance, Impartialité, Volontariat, Unité, Universalité.
Ces principes, ces idéaux sont aussi ceux de la France. Nous attachons la plus grande importance au respect du droit international humanitaire en toutes circonstances et aux exigences portées par les Conventions de Genève et leurs Protocoles.
Nous pensons que, sur tous les terrains de crise, il est non seulement possible, mais encore indispensable de préserver un véritable "espace humanitaire". Henry Dunant a eu la force et le courage, dans la tourmente des guerres napoléoniennes, de fonder ce formidable Mouvement. Soyez assuré que la France, dans le processus de réforme du dispositif humanitaire international, saura veiller à sauvegarder cet "espace humanitaire" et la sécurité de tous ceux qui servent la cause humanitaire, souvent au péril de leur vie.
Les principes qui nous animent, les objectifs que nous poursuivons sont en parfaite cohérence. C'est pourquoi nous entendons collaborer toujours plus étroitement avec la Croix Rouge française dans la mise en oeuvre de ses missions. J'ai souhaité, en particulier, renouveler et renforcer l'appui de ce ministère au volet international des activités de la Croix-Rouge française, présente déjà dans 35 pays, avec 43 programmes en cours et plus de 100 volontaires en mission.

Le champ de ces activités est impressionnant :
Vous avez pris vos fonctions, Monsieur le Président, quelques jours seulement avant le terrible tsunami survenu en Asie du Sud-Est, le 26 décembre 2004. Je sais que les équipes de la Croix-Rouge française ont été parmi les premiers acteurs humanitaires sur les lieux de la catastrophe. Je veux rendre hommage, ici, à leur courage et à leur dévouement.
Ces équipes de réponse aux urgences sont présentes sur de nombreux terrains de crise dans les heures qui suivent les désastres, au moment où des vies peuvent encore être sauvées. Ce sont elles qui organisent les secours, qui assurent les soins de première urgence et le traitement de l'eau. Mais au-delà, elles agissent aussi pour inscrire leur action dans la durée, notamment en matière de santé, jusqu'aux étapes de réhabilitation et de développement. Nous partageons entièrement cette volonté de lier urgence et développement, qui a inspiré cette nouvelle Convention.
La Croix-Rouge française est aussi présente sur le terrain des crises armées, en Afrique particulièrement, où elle contribue à apporter un soutien concret aux populations civiles qui sont souvent les premières victimes, dans des conditions difficiles, dangereuses et éprouvantes.
Enfin, la Croix-Rouge française agit partout dans le monde en concertation avec nos consulats afin de venir en aide aux Français en difficulté à l'étranger. Ce dialogue constant et de qualité témoigne de la confiance qui lie ce ministère à votre institution.

Pour mener à bien toutes ces activités, il importe que la Croix-Rouge française bénéficie de moyens à la hauteur de ses missions. La Convention-cadre que nous signons aujourd'hui, Monsieur le Président, prévoit à ce titre plusieurs types de financements :

  • une subvention globale, dont le montant prévisionnel total pour la période 2006-2008 s'élève à 6 millions d'euros, soit 2 millions par an, qui seront versés en fonction des propositions qui lui seront transmises par la Croix-Rouge ;
  • une subvention annuelle spécifique pour les activités de secours en faveur des Français en difficulté à l'étranger ;
  • enfin, des subventions au cas par cas qui permettront de répondre en urgence aux éventuelles catastrophes naturelles, technologiques ou à des situations de conflits exceptionnelles.

Le suivi de cette Convention sera assuré par les services compétents, la Direction générale de la Coopération internationale et du Développement, la Direction des Français à l'étranger et la Délégation à l'Action humanitaire.
Par ailleurs, un des spécialistes des questions humanitaires de mon ministère sera prochainement détaché auprès de vous en tant que conseiller diplomatique.
Toutes ces mesures témoignent, si besoin était, de l'attention particulière que le ministère des Affaires étrangères porte à la Croix-Rouge française et de l'importance de son engagement : sachez que vous nous trouverez toujours à vos côtés, Monsieur le Président, pour aider et soutenir les populations encore trop nombreuses qui sont victimes, dans le monde, des crises humanitaires. Une des premières fois que je vous ai rencontré, alors que j'avais pris mes fonctions depuis quelques jours, vous m'aviez dit : "Il faut que le ministère des Affaires étrangères soit à la hauteur de notre projet commun." Nous avons essayé d'être au rendez-vous de vos souhaits. Je voulais simplement vous dire que cette Maison, qui rayonne dans le monde entier, rayonne pour une bonne raison. Dans le monde entier, ce pays, la France, est le pays des Droits de l'Homme. Qu'on aille partout dans le monde, que l'on soit au Conseil de sécurité des Nations unies, que l'on soit au Darfour ou que l'on soit en Russie, la France est caractérisée par les Droits de l'Homme. Et qui mieux que la Croix Rouge française symbolise ces Droits de l'Homme, à la française ?
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juin 2006