Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la protection du patrimoine naturel et le réseau des réserves naturelles nationales, Saint-Louis (Haut-Rhin) le 24 juin 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Nelly Olin - Ministre de l'écologie et du développement durable

Circonstance : Inauguration de l'extension de la réserve naturelle de la Petite Camargue alsacienne, à Saint-Louis (Haut-Rhin) le 24 juin 2006

Texte intégral

Messieurs les Présidents
Madame la Sénatrice,
Monsieur le Député,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour célébrer l'extension de la réserve naturelle nationale de la Petite Camargue alsacienne.
Cette extension, il faut le souligner, est d'une telle ampleur qu'elle équivaut véritablement à la création d'une « nouvelle » réserve. La Réserve naturelle de la Petite Camargue Alsacienne a été créée en 1982 sur 120 hectares : dans les tout prochains jours, lorsque j'aurai signé le décret qui vient tout juste d'être approuvé par le Conseil d'Etat, elle sera étendue de plus de 780 hectares, puisque la nouvelle réserve couvre une superficie de 904 hectares.
J'ai compris que ce projet d'extension a rencontré un grand succès auprès de la population et que les associations ont apporté une aide matérielle importante notamment lors du lancement de l'enquête publique.
Cela prouve combien les gestionnaires de la réserve existante ont su l'insérer dans la vie locale et faire comprendre à tous l'intérêt qu'elle représentait.
Plus largement, je me réjouis que vous ayez tous, ainsi, apporté une fois de plus la preuve que la protection des richesses de la nature ne prive pas les habitants d'un bien, mais, dans notre pays, s'inscrit dans une démarche profondément démocratique et humaniste.
Protéger la nature c'est aussi travailler à l'amélioration du cadre de vie des habitants et à l'attractivité des communes tant vis-à-vis de futurs nouveaux résidents que du point de vue du tourisme.
Cette extension permet d'englober une série de milieux primaires à forte naturalité et de tripler le nombre d'espèces animales et végétales d'intérêt européen protégées au sein de cette réserve.
C'est dire qu'elle nous fait tous accomplir un progrès considérable.
La réserve s'inscrit dans le cadre plus large des sites Natura 2000 de la bande rhénane. Nous avons ainsi un dispositif alliant approche contractuelle et protection réglementaire ; cette réserve constitue un véritable laboratoire de la biodiversité qui s'intègre dans le réseau des 7 réserves naturelles de la bande rhénane.
Cette extension illustre enfin l'ambition et l'importance des réserves naturelles dans notre politique de préservation des espèces et des espaces naturels.
Cette ambition est renforcée par la prise en compte du cadre géographique transfrontalier avec la Suisse et l'Allemagne.
Ce n'est pas une nouveauté puisque vous le faisiez déjà, mais cela constitue comme une promesse renouvelée puisque l'extension de la réserve vient ainsi renforcer la cohérence et la lisibilité de nos politiques d'environnement transnationales.
Les réserves naturelles ont 30 ans, si on prend pour référence la loi de 1976 qui en a défini le régime.
Nous avons ainsi à ce jour 157 réserves naturelles nationales, ainsi que 176 réserves naturelles régionales.
Ce réseau protège environ 240 000 hectares en France métropolitaine et 306 000 hectares Outre-mer.
Il couvre largement mais encore insuffisamment la diversité biologique du territoire national ; on y trouve 70 % des habitats naturels jugés prioritaires au niveau européen, ainsi que 82 % des espèces de mammifères menacés et 79 % des espèces d'oiseaux menacées.
La tâche n'est pas finie et le réseau mérite que nous travaillions tous à de nombreux compléments. La trentaine de projets de réserves naturelles nationales qui sont en cours d'étude en témoigne.

Les lacunes du réseau sont en partie identifiées dans le plan d'actions « Patrimoine naturel » de la stratégie nationale pour la biodiversité qui a fixé des priorités :

  • Une meilleure couverture des espèces menacées et des habitats prioritaires ;
  • Un effort croissant à consacrer à l'outre-mer ;
  • Et au milieu marin, et une prise en compte du patrimoine géologique.

Après une période de stagnation, les dossiers commencent à arriver au stade final et l'année 2006 renoue, comme nous le voyons aujourd'hui, avec la création de réserves naturelles. Au moins 4 nouvelles réserves sont attendues d'ici la fin de l'année. Les réserves naturelles ont un bel avenir.
Comme nous venons de le voir un projet de réserve naturelle est un atout pour un territoire et il est valorisant pour ceux qui le portent. Vous en êtes d'excellents témoins.
A cet égard, je ne voudrais pas conclure sans reconnaître et saluer l'engagement de la Région Alsace qui a, une fois de plus dans le champ de l'environnement, fait preuve d'initiative et de dynamisme comme le démontre la signature de la convention entre la Région Alsace et Réserves Naturelles de France.
Je me félicite également de l'excellent travail engagé dans le cadre du programme LIFE-NATURE "conservation et restauration des habitats naturels de la bande rhénane", porté par la Région et cofinancé à hauteur de 50 % de la part nationale par l'Etat.
Je ne saurais trop vous encourager à poursuivre dans le sens d'une coopération étroite et d'une stratégie convergente entre l'Etat et la Région, s'agissant de la protection de la nature.
Cette stratégie est ici renforcée par l'implication forte des départements qui y affectent avec pertinence leurs moyens dont la Taxe Départementale des Espaces Sensibles. Je tiens également à saluer l'action du Conseil Général du Haut-Rhin.
C'est un sujet aujourd'hui en pleine actualité, à l'heure où se discutent les contrats de projet Etat-Région et la programmation des fonds européens pour la période 2007-2013.
Je souhaite que ce soit l'occasion pour nous tous d'ancrer une fois encore les politiques d'environnement dans un cadre de coopération transfrontalière et vous invite tous à travailler en ce sens.
Enfin, j'ai le plaisir de vous informer que le Premier ministre a accepté, à ma demande, de dégeler 10millions d'euros du budget de mon ministère pour les verser au Ministre de l'Agriculture.
Ainsi pourra se poursuivre cette année, et avant la programmation du FEADER à partir de 2007, la signature des contrats d'agriculture durable pour les sites Natura 2000 sur lesquels les documents d'objectifs sont approuvés.
Le Préfet de région sera informé très prochainement du montant attribué à l'Alsace.
Voilà ce que je souhaitais vous dire.
Je vous remercie pour votre accueil et pour le plaisir que vous m'avez donné de partager cet instant avec vous.

Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 27 juin 2006