Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les mesures d'aide à la famille pour les personnes agées dépendantes, et le prêt à taux zéro pour les jeunes les moins favorisés, Paris le 3 juillet 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion de la Conférence de la famille, à Paris le 3 juillet 2006

Texte intégral

Je viens de présider la Conférence de la famille. C'est un moment fort de l'action publique. Depuis sa création en 1995, elle marque l'attachement de l'Etat au rôle de la famille dans la société.
Je tiens tout d'abord à saluer l'action des associations familiales, des gestionnaires des organismes familiaux et des partenaires sociaux qui font un travail remarquable au service des familles. Je veux remercier tout particulièrement François Fondart, président de l'Union nationale des associations familiales ; Nicole Prud'homme, présidente de la Caisse nationale des allocations familiales ; je salue également, Alain Cordier, président de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie ; et Raoul Briet, vice-président, de la Haute autorité de santé, qui ont conduit les travaux préparatoires à cette Conférence.
Voilà rapidement ce que je retiens de nos travaux. Nous nous sommes réunis aujourd'hui autour d'un thème essentiel pour la famille, mais aussi pour la société toute entière, le renforcement du lien entre les générations. Nous sommes en effet confrontés à une évolution majeure chaque année. Les Français gagnent un trimestre d'espérance de vie. D'ici 2050, le nombre de plus de 60 ans va doubler. Cette évolution, il faut bien sûr d'abord s'en réjouir. Cela veut dire que les Français vivent mieux et plus longtemps. Les seniors s'impliquent de plus en plus dans la société, ils font bénéficier les plus jeunes de leur savoir et de leur expérience. Le premier enjeu, c'est donc de changer notre regard sur les personnes âgées. Elles représentent une vraie chance pour notre société. Mais dans le même temps, nombre d'entre elles sont touchées par la dépendance ou par la solitude. Face à cette situation, nous devons adapter notre modèle social pour apporter des améliorations concrètes dans la vie des personnes âgées et de leur famille. Enfin, nous le savons, les générations les plus jeunes rencontrent également des difficultés particulières. Je pense à l'entrée sur le marché du travail, ou à l'accès au logement. Au coeur de toutes ces questions, il y a le même enjeu, un défit essentiel qu'il nous faut relever ensemble : le renforcement du lien entre générations. Pour cela, nous nous sommes fixés ensemble trois objectifs :
Le premier, c'est de mieux reconnaître et de soutenir davantage les personnes qui ont la charge d'un parent dépendant. Il faut aussi leur permettre de souffler et d'utiliser au mieux cette expérience pour rebondir si elles le souhaitent.
Le deuxième objectif est d'encourager les jeunes retraités à s'investir dans la vie de la cité.
Le troisième objectif, c'est de permettre aux jeunes qui arrivent dans la vie active, de prendre leur envol en leur donnant le coup de pouce qui leur manque parfois.
Sur la base, des propositions m'ont été faites et qui ont été faites au Gouvernement, nous avons pris un certain nombre de décisions.
D'abord, la création d' « un congé de soutien familial » de trois mois, renouvelable, dans la limite d'un an, qui sera effective au 1er janvier 2007. Les aidants qui exercent une activité professionnelle pourront ainsi bénéficier d'un cadre juridique protecteur pour s'occuper d'un proche dépendant, tout en ayant la garantie de retrouver leur travail. Ils pourront aussi continuer à bénéficier d'une couverture maladie et de droits à la retraite, financés par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie.
Deuxième mesure : la mise en place d'un véritable « droit au relais » pour permettre aux aidants familiaux de souffler de temps en temps, plusieurs dispositifs seront développés : 2500 places d'accueil de jour, et 1100 places d'hébergement temporaire seront créée chaque année, pendant cinq ans, dans les maisons de retraite, pour permettre aux aidants de s'absenter une journée ou quelques semaines. Nous soutiendrons également, la mise en place de formules innovantes qui permettront par exemple à une personne compétente de remplacer l'aidant au domicile de la personne âgée.
Troisième décision : permettre aux aidants familiaux de se former, et si ils le souhaitent, de se professionnaliser.
Un appel à projet national, piloté et cofinancé à hauteur de 50% par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie sera lancé pour développer la formation des aidants familiaux. Un carnet de l'aidant familial sera diffusé dès le début 2007. Il informera l'aidant sur ses droits, il fournira les coordonnées des associations, ou des institutions qui peuvent lui être utiles. Ce carnet retracera les activités de l'aidant, les formations suivies ou encore son engagement associatif. Les aidants familiaux capitalisent les expériences techniques et relationnelles importantes. Désormais, ceux qui souhaitent s'engager dans une carrière médico-sociale en tant que professionnels pourront faire reconnaître officiellement les acquis de leur expérience en tant qu'aidant familial.
Quatrième décision : la création du « mandat de protection futur ». Il permettra aux personnes qui le souhaitent d'organiser la prise en charge de leur dépendance en prévision du jour où elles ne seront plus en état de gérer seules leur vie quotidienne ou leur patrimoine.
Cinquième décision : les jeunes de 18 à 25 ans appartenant aux 25% les moins favorisés pourront demander un prêt à taux zéro garanti par l'Etat. Il y a le Fonds de cohésion sociale pour permettre les investissements ou les démarches nécessaires à leur autonomie. Le prêt sera d'un montant maximum de 5.000 euros et remboursable en 5 ans.
Enfin, à partir du 1er janvier 2007, toute personne qui part à la retraite ou qui en fait la demande, recevra de sa caisse de retraite « un passeport » pour une retraite active, qui comportera des informations générale sur le bénévolat, avec un encart local régulièrement actualisé, des conseils de prévention sanitaire, des informations sur les produits d'assurance retraite ou sur les services à la personne.
Voilà les principales mesures de cette Conférence de la famille. Et nous sommes naturellement prêts à répondre à vos questions.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 4 juillet 2006