Déclaration de M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur la campagne de prévention contre les risques d'accidents provoqués par l'utilisation du téléphone portable lors de la conduite automobile, Paris le 20 juin 2006.

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Circonstance : Lancement de la campagne "Mobile et voiture : sécurité en route" à Paris le 20 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Association Française des Opérateurs Mobiles
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir à l'hôtel de Roquelaure pour le lancement de cette campagne « mobile et voiture : sécurité en route » engagée par l'AFOM et la Sécurité Routière.
J'adresse tout particulièrement mes remerciements à Philippe Montagner, président de l'association française des opérateurs de mobiles, ainsi qu' à l'ensemble des opérateurs, des constructeurs, des entreprises et des associations, tous membres actifs de cette opération.
Le partenariat autour de cette campagne s'est considérablement renforcé en 2006 par rapport à la 1ère édition, l'année dernière, et je m'en réjouis.
Des entreprises plus nombreuses ont rejoint notre action et je suis heureux de compter parmi nos partenaires, la Prévention routière. Je salue le président Bernard Pottier et son engagement de longue date en faveur de la sensibilisation de l'opinion sur les risques du téléphone au volant.
I.Téléphoner au volant augmente le risque d'accident
Le téléphone mobile est sans doute le bien de consommation dont la diffusion massive au sein de la société a été la plus rapide. On dénombre aujourd'hui 49 millions d'utilisateurs soit plus de 8 français sur 10.
Mais si le mobile fait maintenant partie de notre vie, nous devons rester conscients que son utilisation au volant entraîne un risque accru d'accident.
Nous pressentions que téléphoner au volant est dangereux mais les travaux de l'INRETS ont permis d'améliorer considérablement notre connaissance scientifique du phénomène.
Les chercheurs ont ainsi démontré que le temps de réaction augmente en moyenne de 50 % quand le conducteur téléphone. Or les campagnes sur la vitesse et le respect des distances de sécurité que nous avons lancées cette année montrent qu'un retard de quelques dixièmes de secondes signifie quelques dizaines de mètres de plus parcourus qui sont souvent fatals.
La stratégie visuelle se trouve fortement modifiée. Les conducteurs qui téléphonent, regardent droit devant eux et négligent les rétroviseurs et la vision périphérique.
L'effet devient nettement plus important si le conducteur doit faire face à un problème, souvent dans l'urgence.

Là, les temps de réponse augmentent , tout comme les non-détections d'un obstacle éventuel dans l'environnement routier.
Une conversation avec un passager dans la voiture est beaucoup moins pénalisante. Le conducteur peut en effet différer plus facilement les réponses sans crainte qu'un silence soit mal interprété par son interlocuteur qui peut alors mesurer la complexité de la situation routière. Au téléphone, l'interlocuteur ne partage absolument pas avec le conducteur les difficultés de la route.
Au téléphone, les effets pénalisants sont considérablement amplifiés.
Si le risque existe bien pour le conducteur et ses passagers, il est aussi particulièrement élevé pour les autres et principalement pour les usagers vulnérables en ville :
les piétons, les usagers de deux roues motorisés, pour lesquels la distraction du conducteur peut avoir des conséquences dramatiques.
Ces éléments constituent notre socle scientifique de référence et justifient notre action .
II.Au delà des résultats enregistrés, nous avons encore des marges de progression importantes
En 4 ans, nous avons connu une baisse sans précédent du nombre de victimes sur nos routes puisque ce sont 8000 vies que nous avons réussi à sauver et 100 000 blessés qui ont été évités.
Face à la croissance exponentielle des ventes de téléphones portables, il n' y a pas eu de pic d'accidents lié à cette pratique.
La majeure partie des conducteurs a été capable d'autoréguler ses comportements, c'est-à-dire notamment de limiter et de différer les appels.
Pour autant, les enquêtes montrent qu'il existe un pourcentage significatif d'irréductibles : ainsi le sondage IFOP qui figure dans votre dossier révèle que 16 % des personnes interrogées avouent téléphoner en conduisant, souvent ou de temps en temps.
Ce résultat est stable par rapport à octobre 2005. Mais ce pourcentage est fortement corrélé à l'âge et à la catégorie d'agglomération.
Il atteint 24 % pour les 18-24 ans, contribuant ainsi à la sur-accidentalité de cette classe d'âge. Il atteint seulement 6 % , même si c'est encore trop, pour les 65 ans et plus.
De même, la pratique du téléphone au volant atteint 11 % dans les communes rurales mais 23 % à Paris.
Le téléphone au volant est un phénomène largement répandu mais particulièrement présent chez les jeunes adultes urbains.
Cela nous démontre que nous avons encore des marges de progression importantes et qu'un meilleur respect des règles peut nous permettre de sauver encore des vies.
our continuer à sauver des vies, respectons quelques règles simples
1)Au volant, c'est la messagerie qui répond
Telle est la première règle, à la base de cette campagne. Quand on est accompagné, on confie son téléphone au passager qui peut répondre pour nous. Quand on est seul, on ne décroche pas, on laisse agir la messagerie.
2)On consulte ses messages à l'arrêt, dans un endroit sûr
On utilise un parking, une aire de repos, une place de stationnement . On n'utilise pas le temps d'attente au feu rouge ni un arrêt en double file.
Bien sûr, on ne s'arrête jamais pour téléphoner sur la bande d'arrêt d'urgence. Si on constate un accident, on attend d'être soi-même en sécurité pour passer l'appel.
Ces consignes valent bien sûr pour l'envoi et la réception de SMS et de mels.
III.Le code de la route prévoit des sanctions
Le code de la route précise que « l'usage d'un téléphone tenu en main par le conducteur d'un véhicule en circulation est interdit ». Les sanctions, fixées par le décret du 31 mars 2003, sont :
Retrait de 2 points du permis de conduire
Amende forfaitaire de 35 euros (22 euros si elle est payée dans les trois jours). Elle peut atteindre 150 euros en cas de poursuite pénale.
Il y a eu 385 000 contraventions en 2004 et 423 000 en 2005 pour usage du téléphone portable tenu en main par le conducteur d'un véhicule en circulation, soit une augmentation de presque 10 %.
Je tiens à rappeler que l'obligation de rester maître de son véhicule s'applique en toutes circonstances, même si l'utilisation de certains équipements comme les kits mains libres est tolérée.
Le code de la route précise que tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manoeuvres qui lui incombent.
En cas d'accident, même avec un dispositif toléré par la loi, la responsabilité du conducteur qui téléphonait peut être engagée pour homicide ou blessures involontaires si l'inattention est à l'origine de la perte de maîtrise du véhicule.
En conclusion, il faut prendre acte de l'essor de la téléphonie mobile.
Le téléphone portable est aussi un outil de sécurité pour soi. Si on tombe en panne en rase campagne ou si on est victime d'un accident dans un lieu isolé, c'est grâce au mobile que l'on peut alerter les secours.
C'est aussi un outil de sécurité pour les autres qui permet de donner l'alerte si on est témoin d'un accident, mais à condition de le faire lorsqu'on est soi-même en sécurité.
Respectons quelques règles simples pour faire que le téléphone portable rime avec liberté mais aussi avec sécurité.
Je remercie une nouvelle fois tous les partenaires de l'opération qui mutualisent ainsi leurs réseaux pour amplifier l'impact de nos messages :
la sécurité routière, l'AFOM et ses adhérents, les entreprises chartées et la Prévention routière.
Source http://www.equipement.gouv.fr, le 21 juin 2006