Extraits d'un entretien de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, à France inter le 13 juillet 2006, sur la situation au Proche-Orient et sur le budget de la Défense.

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Q - Demain, le 14 juillet, avec bien sûr le grand défilé militaire sur les Champs Elysées, c'est toujours l'occasion de revenir sur les problèmes de Défense nationale. Invitée de "Question directe" Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Défense, bonjour madame.
R - Bonjour.
Q - Avant de parler des problèmes de Défense, en France, un mot des affrontements, ce matin, entre le Liban et Israël. Deux soldats israéliens enlevés hier par le Hezbollah, bombardements israéliens sur le Liban durant la nuit, notamment l'aéroport de Beyrouth qui a été touché. Bombardement du Hezbollah, sur la ville israélienne de Naharia, comment stopper cette escalade ?
R - Il est évident que nous sommes dans une situation extrêmement préoccupante, cette situation dure depuis très longtemps, c'est à la fois un foyer d'instabilité locale. Cela va beaucoup plus loin, puisque ce qui se passe au Moyen-Orient sert de prétexte aussi au terrorisme. Alors aujourd'hui, ce que nous constatons, c'est qu'en premier lieu, ce sont pratiquement toujours les civils qui sont les premières victimes. Je pense bien entendu, aux familles des soldats qui ont été enlevés, mais je pense aussi aux morts de part et d'autre. Il est évident que cette situation pour des raisons locales, comme pour des raisons mondiales ne peut pas durer. L'Europe et la France se sont beaucoup investies dans ce domaine, il est évident qu'il faut avancer, vers un dialogue reconnaissant les uns et les autres et permettant surtout aux populations civiles de vivre en paix.
Q - Est-ce que selon vous, Israël doit accepter de libérer des prisonniers en échange de la libération de ces deux soldats enlevés par le Hezbollah au Liban ?
R - Il faut que les soldats soient libérés, il faut que les violences cessent. Alors partir de là, il faut établir un dialogue avec les uns et avec les autres, la France s'y emploie. Il faut absolument sortir de cette escalade qui de nouveau, fait du Moyen-Orient, un des lieux d'explosion de notre monde.
Q - Est-ce qu'actuellement, il y a des contacts, est-ce que la France joue les intermédiaires pour tenter de calmer la situation ?
R - La France a depuis longtemps, une position d'équilibre qui lui permet de parler avec les uns et les autres. Et il est évident que dans des situations comme celle-ci, c'est un atout, c'est un atout considérable pour la paix, nous ne pouvons pas être seuls, évidemment dans ce dialogue, il faut qu'il y ait des pressions qui soient faites sur les uns et sur les autres, par tous ceux qui peuvent leur parler. Et je pense que le fait, que la France, justement, ait cette capacité de dialogue avec les uns et les autres, cela montre combien notre pays peut-être placé et est placé au sein des relations internationales et combien il peut peser.
(...)
Q - Revenons sur ce thème du budget de la Défense, ce sera sûrement un thème lors de la campagne présidentielle de 2007, est-ce que le budget de la Défense n'est pas trop important alors que nous vivons dans une Europe en paix, qui veut renforcer son union, il n'y a plus de bloc de l'Est communiste, la guerre froide c'est fini depuis très, très longtemps. Quelles sont aujourd'hui, les menaces qui justifient le budget militaire de la France qui est très élevé ?
R - Je vous le disais, nous vivons dans un monde dangereux, peut-être plus dangereux qu'au moment de la guerre froide.
Q - Quelles sont les menaces qui pèsent ?
R - Première des menaces, le terrorisme, nous l'avons vu avec Londres, Madrid, Karachi, le Maroc, le terrorisme peut frapper n'importe quel pays à n'importe quel moment. Et le maintien de situation de crise au Moyen Orient, en Asie centrale ne fait que multiplier cela. Deuxièmement, il y a encore des conflits ou des crises, y compris pratiquement à nos frontières. Je pense en particulier aux Balkans et elles alimentent des trafics de toutes sortes : des trafics d'armes, des trafics de drogue. Il y a les crises qui alimentent directement le terrorisme et je pense à l'Afghanistan. Il y a également, ces crises multiples qui sont en train de se développer en Afrique, des crises interethniques qui se généralisent au continent africain et qui peuvent avoir des conséquences qu'on ignore souvent, mais très importantes sur nous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 juillet 2006