Texte intégral
Madame la Ministre déléguée,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi, mon cher Philippe, un très grand plaisir de retrouver ici l'ensemble de ceux qui participent à ces Journées 2006 de la coopération internationale française.
Ce rendez-vous annuel est en effet l'occasion de faire le point, tous ensemble, sur les missions de chacun et chacune d'entre vous. Or, nous savons que ces échanges d'expériences font la force de notre réseau et qu'il importe que nous leur donnions toute la place qu'ils méritent.
Le dialogue est essentiel aujourd'hui, si nous voulons développer une diplomatie moderne, capable non seulement d'apaiser les tensions et réduire les conflits, mais aussi de se saisir des questions de fond de la société internationale, celles qui engagent notre avenir à long terme.
J'ai eu maintes fois l'occasion de le dire cette année : les questions de culture et d'éducation, les enjeux de santé et de lutte contre la pauvreté, les défis posés par une société de l'information mondialisée s'inscrivent au coeur de la politique étrangère de notre pays. C'est pourquoi, parallèlement à l'action que nous menons face aux crises - celles du continent africain, du Proche-orient ou de l'Iran - nous avons lancé depuis un an des initiatives importantes pour l'aide au développement et la politique culturelle et scientifique extérieure de la France.
Je veux saisir l'occasion de cette rencontre pour dresser un premier bilan de ces initiatives, mais aussi rappeler les grandes orientations qui s'imposent à notre diplomatie. Car, dans un monde qui n'attend pas, où la compétition pour l'influence est intense, nous devons continuer à préparer l'avenir et, pour cela, mobiliser toutes nos compétences, tous nos talents, toutes nos énergies.
Je connais votre motivation. Je connais aussi les qualités et les atouts qui sont les vôtres. Je vous invite donc à continuer sur cette lancée, à joindre tous vos efforts, car c'est ainsi que nous ferons de cette année qui vient une année pleinement utile au service de notre réseau, de nos ambitions de coopération et d'action culturelle, bref, au service de cette mondialisation plus humaine, défendue et portée essentiellement par notre pays.
Vous vous en souvenez certainement : ici même, l'an dernier, j'avais annoncé que 2006 ne serait pas une "année blanche" pour notre diplomatie ! Je crois pouvoir dire, aujourd'hui, que la promesse a été tenue. Car les premiers résultats sont là. Plusieurs chantiers décisifs, ouverts avec vous cette année, ont abouti. Aussi, je veux saisir l'occasion de cette rencontre pour vous remercier très sincèrement et très chaleureusement pour l'énorme travail que vous avez accompli cette année.
Je pense tout d'abord au domaine essentiel des Droits de l'Homme, où des étapes importantes ont été franchies cette année.
La France, patrie des Droits des l'Homme, ce n'est pas seulement une belle formule. C'est une composante forte de notre spécificité, un élément fondateur de notre identité et des valeurs de diversité, de modernité et de tolérance que nous voulons promouvoir. Ce doit être, par conséquent, l'un des principes qui inspirent nos actions culturelles et de coopération, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine, au Nord comme au Sud, dans les pays émergents comme dans les pays en développement.
Les Droits de l'Homme sont français, européens et universels. Je vous invite à développer le partenariat avec les Défenseurs des Droits de l'Homme localement, dans vos pays de résidence, à les rencontrer, les inviter, assister à leur procès le cas échéant, intervenir en leur faveur, et les extraire du danger si nécessaire. Membres de la société civile, médecins ayant accepté de soigner des victimes de la torture, citoyens victimes de l'arbitraire, connus ou anonymes : tous réclament notre vigilance et notre mobilisation.
La défense de la liberté d'expression fait partie intégrante de vos missions culturelles. La campagne portée par la France pour l'abolition universelle de la peine de mort, notre engagement contre la torture en toutes circonstances, la lutte contre l'intolérance et la promotion de la parité font pleinement partie de vos missions. Les enjeux sont humains, éthiques bien sûr ; mais ils relèvent aussi de notre action pour le développement et la stabilité et, dans tous les sens du terme, de l'intérêt de la France et de l'Europe.
Il est un sujet sur lequel la France s'est particulièrement engagée, au sein de l'Union européenne, avec les associations et surtout au Conseil de sécurité : c'est la réinsertion des enfants affectés par les conflits armés. Le 24 juillet prochain aura lieu à New York une réunion publique du Conseil de sécurité sur ce sujet des enfants soldats, en présence de l'UNICEF et des agences de développement. Le respect des normes internationales qui protègent les enfants contre les recrutements n'est pas secondaire ; c'est, au contraire, un véritable enjeu de sécurité et de développement. Les Droits de l'Homme, ne l'oublions jamais, sont au confluent du règlement des crises et de la lutte contre la pauvreté.
Vous m'objecterez peut-être que la protection et la promotion des Droits de l'Homme ne sont pas les sujets privilégiés par les pays partenaires, et qu'en agissant ainsi, nous risquons d'indisposer les gouvernements. Je crois nécessaire de nuancer ces arguments selon lesquels on ne parle bien de Droits de l'Homme qu'en catimini, de manière confidentielle ou discrète. De la même façon qu'il y a des clauses "Droits de l'Homme" dans les accords européens, il doit y avoir des volets "Droits de l'Homme" dans notre coopération. Car l'impunité des criminels nourrit la violence, les discriminations contre les femmes ou l'exploitation des enfants alimentent la reproduction de la pauvreté.
Je comprends bien qu'il est parfois difficile d'évoquer, avec les autorités maliennes ou nigériennes, les mutilations sexuelles féminines, ou encore les mariages forcés et précoces. Il s'agit là, pourtant, de violations des droits des petites filles, des violations insupportables, qui entraînent des coûts récurrents pour les systèmes de santé ; je pense notamment aux grossesses répétées et aux pathologies des fistules obstétricales.
Parce que la France croit à la réalisation des Objectifs du Millénaire, parce qu'elle est un partenaire de ce continent africain parmi les plus touchés par les crises, parce qu'elle est concernée par la montée des extrémismes, elle ne peut accepter le gaspillage de générations entières. Le silence ou l'inaction de la France, confortable à court terme, serait irresponsable dans un monde où les enjeux sont globaux, la communication, sans frontières, et les mouvements migratoires, massifs et inéluctables.
Rappelez-vous, il y a près de 30 ans, la France introduisait aux Nations unies une action contre la dictature argentine pour avoir fait disparaître des milliers de personnes dont certains de nos compatriotes. Le 19 juin 2006, mon collègue argentin Jorge Taiana, emprisonné pendant six ans lui-même, a présenté avec moi, à Genève, la Convention sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Cette convention a été adoptée à l'unanimité, par ovation - un fait extrêmement rare - et la France sort grandie de cet engagement.
Au-delà de ce qui a été accompli, nous devons penser à l'avenir et à de nouvelles initiatives. Au regard des enjeux, le nombre d'assistants techniques chargés des Droits de l'Homme reste particulièrement faible. C'est pourquoi j'ai décidé la mise en place par la France dans la région des Grands Lacs d'assistants chargés de seconder les commissions chargées de la réinsertion des enfants soldats.
J'ai décidé que nous réfléchissions le plus vite possible aux programmes de bourses, qui pourraient être un instrument de soutien aux Droits de l'Homme en permettant d'accueillir, en France, des étudiants, des artistes ou des intellectuels menacés dans leur pays.
Et lorsque l'on parle de cette Convention sur les personnes disparues, nous pouvons nous enorgueillir d'avoir été avec l'Argentine, et d'autres pays de l'Amérique du Sud, les défenseurs de cette Convention. Alors que l'on nous disait quel est l'avantage de cette réforme des Nations unies - examen de passage, travaux pratiques - nous avons fait cette Convention pour changer les choses. Ces personnes, dont on ne sait pas si elles sont mortes ou vivantes, qui n'ont aucun statut, c'était à nous de les défendre.
Enfin, permettez-moi d'ajouter un mot sur la situation dans les Territoires palestiniens et à la frontière israélo-libanaise. A Gaza, comme au Liban, nous sommes en présence d'un conflit larvé dont les conséquences sont de plus en plus préoccupantes sur le plan humanitaire. Le Liban est en état de guerre : 70 raids israéliens par jour, plus de 200 morts, plus de 450 blessés. Le Hezbollah, dont nous avons condamné les actions militaires, répond coup pour coup, et depuis 1973 et la guerre du Kippour, Haïfa, dans le nord d'Israël n'a jamais été autant touchée, comme Tibériade. Nous avons condamné les actes du Hezbollah. Le Hezbollah cherche à devenir un adversaire militaire crédible face à Israël. Israël répond ; Israël a droit à la sécurité. Nous avons demandé à Israël de proportionner cette réponse. Car les dégâts sur le Liban sont aujourd'hui colossaux. Les dégâts touchent tout le Liban, sans discrimination. Tous les ports de la côte libanaise sont touchés. Nous sommes allés hier, avec le Premier ministre, à la demande du président de la République, dire notre solidarité au peuple libanais, au Liban, auquel nous croyons, avec lequel nous avons des liens historiques, des liens culturels. Nous croyons à l'avenir du Liban. Nous avons évidemment appelé à un cessez-le-feu, aux conditions de mise en place d'un cessez-le-feu. Je pense que les destructions d'infrastructures, c'est-à-dire de ponts, de ports, d'aéroports, il y a quelques heures d'une usine alimentaire, les coupures de courant, tout comme les interruptions dans l'approvisionnement en eau et dans le traitement des eaux usées, sont autant d'exemples des effets du conflit en cours. Nous, la France, nous savons que dans cette région du monde, dans cet endroit du monde comme ailleurs, la force seule ne peut rien faire de positif durablement. Quelle que soit l'évolution politique, nous ne pouvons pas rester indifférents face à cette situation humanitaire dégradée. C'est pourquoi l'Union européenne a décidé de débloquer 34 millions d'euros d'aide humanitaire. De notre côté, je viens de décider de débloquer pour Gaza 2 millions d'euros : un million pour l'aide alimentaire directe et un second million pour l'aide humanitaire d'urgence. Il sera également nécessaire d'agir pour le Liban dès que nous connaîtrons plus précisément les besoins humanitaires de ce pays. Nous devons tout faire pour parvenir à une solution politique et pour venir en soutien de ces populations touchées gravement dans leur vie quotidienne.
Mesdames et Messieurs, en matière de solidarité internationale également, la France a fait mieux, beaucoup mieux, que respecter ses engagements.
Brigitte Girardin l'a rappelé tout à l'heure : notre pays tiendra parole dans sa volonté de porter son aide publique au développement à 0,5 % de sa richesse nationale en 2007. Nous irons aussi plus loin, grâce à l'initiative internationale que nous avons lancée, aux côtés du Brésil, de la Norvège et du Chili.
Cette facilité internationale d'achats de médicaments, ce petit euro que nous allons demander pour les vols nationaux ou européens, ces quatre euros que nous allons demander pour les vols internationaux, vont aller dans une caisse mondiale. Par cette facilité d'achats de médicaments, appelée UNITAID - car, évidemment, ces médicaments doivent être achetés au plus bas prix, que ce soit les produits princeps fabriqués par l'industrie pharmaceutique de médicaments, ou les médicaments génériques -, nous devons tout faire pour donner à ces pays parmi les plus pauvres ces médicaments que nous connaissons, comme par exemple les médicaments contre la tuberculose - la rifampicine, découverte en 1954. Comment peut-on accepter que les pays du Sud n'aient pas de rifampicine aujourd'hui, alors qu'il y a 22 millions de personnes qui sont touchées par la tuberculose, et 2 millions de morts par an parce qu'il n'y a pas de médicaments anti-tuberculose.
L'imagination politique au service du développement : c'est aussi, et pour la première fois dans notre pays, le lancement d'un grand partenariat public-privé que j'ai voulu, pour des actions de solidarité internationale à l'étranger. L'Alliance pour le Développement a vu le jour en mai dernier. Elle permettra au ministère des Affaires étrangères, à l'AfD, à Veolia, à Sanofi-Aventis et à l'Institut Pasteur et à d'autres, d'unir leurs efforts et d'améliorer ainsi l'accès des populations pauvres à l'eau et aux services de santé. D'autres partenaires pourront bien sûr nous rejoindre, sans compter que notre champ d'action pourra être élargi à d'autres secteurs prioritaires du Millénaire, par exemple l'éducation.
Quand je vais à Muzaffarabad, après le tremblement de terre pakistanais, et que je vois dans un quartier que s'il y a l'eau potable c'est grâce à une grande entreprise française, c'est aussi grâce à la France. C'est certes une entreprise privée française, mais c'est la France. Lorsque l'on éradique la tuberculose en Afrique du Sud, par l'intermédiaire d'un groupe français, même s'il est privé, j'estime que c'est la France. Il n'y a pas de raison que le ministère des Affaires étrangères n'ait pas des relations directes avec le secteur privé français pour servir notre pays à l'étranger. D'autres le font, pourquoi pas nous ?
Dans l'immédiat, l'Alliance pour le Développement conduira trois projets pilotes au Niger, à Madagascar, au Vietnam.
Cette initiative est importante : face à l'urgence des défis du développement, la mobilisation de tous les acteurs est nécessaire et nous devons être capables de l'organiser dans les meilleurs délais. Cessons, par conséquent, d'opposer le développement par l'aide et le développement par le marché : il va de soi que l'un et l'autre sont complémentaires et ne peuvent que se renforcer pour favoriser le décollage des économies du Sud, qui reste notre objectif premier. Ce qu'il ne faut pas évidemment, c'est se servir du secteur privé pour donner moins, nous, le service public. Ce qu'il ne faut pas pour UNITAID, c'est dire "nous allons demander de l'argent par les billets d'avions, donc nous diminuons l'aide publique au développement". Non. Tout cela est additionnel. Je me suis aperçu, au fur et à mesure que les années passent, que dans ces cas-là, lorsque la volonté existe, que la synergie existe, non seulement on additionne, mais on potentialise. Ce n'est pas uniquement additionnel, c'est synergique. Cela se potentialise, ça se multiplie, lorsque l'on est ensemble.
Mesdames, Messieurs, le bilan de notre action doit aussi être apprécié au regard des initiatives importantes que nous avons lancées, cette année, au service de la diversité culturelle.
L'un de nos grands projets, vous le savez, est en train de se réaliser. Le Sénat a autorisé, le mois dernier, la ratification de la Convention internationale sur la diversité culturelle. Nous serons donc parmi les premiers Etats à déposer les instruments de ratification, d'ici l'automne prochain, et je m'en réjouis tout particulièrement.
Cette convention représente une avancée considérable au regard des expressions culturelles et de leur diversité. C'est d'abord, pour les Etats, la garantie de promouvoir avec plus d'équité et d'efficacité leur patrimoine et leurs créations culturelles. C'est aussi - et je veux mettre l'accent sur ce point - l'assurance pour les individus de disposer d'un nouvel instrument qui protège leur liberté d'expression contre toute forme de culture officielle. C'est, enfin, l'avènement d'une nouvelle coopération internationale en faveur des pays en développement, du type de celle que nous mettons déjà en oeuvre à travers le programme Afriques en Création ou le Plan Images Afrique.
Cette convention pour laquelle la France n'a cessé de se mobiliser n'est donc pas un simple traité de plus. Plus que tout autre, elle témoigne que nous sommes en train de franchir une étape majeure dans la prise de conscience, par la société internationale, de l'existence des biens communs à l'ensemble de l'humanité. Nous pouvons être fiers de cette évolution et aussi du rôle central qu'y a joué notre pays, sous l'autorité du président de la République. J'en veux pour preuve les résultats du vote que vous connaissez, puisque toute la communauté internationale a soutenu la proposition que nous faisions - et qu'il n'y a eu que deux abstentions et deux votes contre.
Vous connaissez l'attachement du président Jacques Chirac au dialogue des cultures, de toutes les cultures. Aussi je tiens à évoquer deux grands projets qu'il a portés personnellement et qui, chacun, viennent conforter la place éminente qu'occupe déjà notre pays sur la scène internationale des arts, du savoir et de la culture.
Le premier s'est concrétisé le 20 juin dernier, avec l'ouverture du Musée du Quai Branly. Sur tous les continents, ce musée a été spontanément identifié comme un lieu d'égale dignité de toutes les cultures et civilisations : c'est là un succès considérable, non seulement pour la diversité culturelle, mais aussi pour l'image de notre pays à l'étranger.
Le second projet est bien engagé et verra le jour avant la fin de l'année. La France, qui dispose déjà avec TV5 et RFI de deux grands médias généralistes, aura bientôt une télévision internationale d'informations en continu. Cette CNN à la française proposera, 24 heures sur 24, un regard français sur l'actualité. France 24, puisque tel sera le nom de cette nouvelle chaîne, est un projet capital dans un espace d'information mondialisé : la France doit contribuer à la formation de l'opinion publique internationale et nul mieux que les médias n'est en mesure de le faire. Aussi, je vous demande, dans vos pays de résidence, de faire la promotion de "France 24" comme vous le faites déjà pour TV5 et RFI. Le voyage que le Premier ministre a fait hier à Beyrouth, est repris par tous les médias du monde. J'espère que ces images seront objectives.
Enfin, je voudrais vous dire que notre diplomatie culturelle, dotée de nouveaux instruments, ne cesse donc de se renforcer.
Il y a un an, ici même, je vous faisais part de ma volonté de créer deux nouveaux outils : une agence pour les échanges culturels internationaux et une agence nationale de la mobilité universitaire et scientifique.
Evoquée depuis de très nombreuses années, mais toujours reportée, la création d'une grande agence culturelle française, à l'instar de l'exemple britannique dont je vous avais parlé, est enfin devenue une réalité. Et ceci en un temps record, grâce à la mobilisation exceptionnelle des parties concernées. Et je voudrais les en remercier très sincèrement ici, à cette tribune.
CulturesFrance est née, et avec elle, un outil plus cohérent et plus efficace pour assurer la promotion de nos productions culturelles à l'étranger. Un outil, aussi, qui a pour vocation le développement culturel des pays du Sud, sans oublier bien sûr la diffusion des cultures étrangères en France. A mes yeux, cette agence a une chance extraordinaire : celle de pouvoir profiter de l'expérience considérable accumulée pendant des décennies par les deux associations dont elle est issue. Je veux parler naturellement de l'Association française d'Action artistique et de l'Association pour la Diffusion de la Pensée française, auxquelles je tiens à rendre ici, une nouvelle fois, un hommage sincère et appuyé, et en particulier à leurs présidents et à leurs directeurs respectifs.
Le 15 mai dernier, j'ai également lancé CampusFrance, la nouvelle agence de la mobilité universitaire et scientifique. Elles reprendra à son compte les missions exercées par Edufrance et Egide et devrait démarrer ses activités à la fin de cette année, au plus tard au début de l'an prochain. Nous y travaillons avec le ministère de l'Education et les établissements d'enseignement supérieur.
Alors là, je suis devant un problème. Certains vont essayer de jouer la montre, en se disant : "après tout, un ministre qui passe est remplacé par un autre ; peut-être que l'on peut durer et on va encore attendre un an avant de présenter le projet au Parlement". Moi je vais tout faire pour que cela passe au Parlement avant mai 2007. C'est une course classique contre la montre entre, parfois, certains qui freinent et la volonté politique. J'espère que j'y arriverais, je n'en suis pas sûr. Le projet de loi a été élaboré. Mais ce que je sais, c'est que ce mouvement est lancé : de nouveaux jalons ont été posés pour simplifier notre dispositif d'accueil des étudiants et des chercheurs étrangers et pour promouvoir aussi nos formations supérieures. Dans la mondialisation actuelle, il serait fou de penser que l'on peut faire sans les autres. Il est donc nécessaire d'organiser, d'attirer, d'être attractif, en compétition avec d'autres pays, pour faire venir des étudiants qui ont envie de travailler chez nous, pour les former, pour qu'ils reviennent chez eux, ou qu'ils restent chez nous. Notre pays s'est construit aussi à partir de cet apport unique, de cette richesse extérieure.
C'est là une avancée capitale. Dans un contexte d'intense compétitivité pour le savoir et la connaissance, nous devons rendre la France toujours plus attractive et valoriser ses atouts, qui sont nombreux. Nous avons besoin, aussi, d'un ministère toujours plus professionnel, cohérent et réactif. Le Département dispose aujourd'hui de quatre agences spécialisées : CampusFrance, l'Agence française de Développement, CulturesFrance, l'Agence pour l'Enseignement français à l'étranger. Je suis convaincu que chacune d'entre elles saura pleinement remplir sa mission et conforter la place de notre pays.
Ces grands chantiers de l'année écoulée, Mesdames, Messieurs, ont essentiellement concerné notre organisation. Mais, si nous nous sommes réorganisés, c'est avant tout pour être plus ambitieux et plus efficaces. C'est dans ce sens que j'ai souhaité lancer de nouveaux plans d'action pour favoriser la promotion de notre langue à l'étranger.
Le plan de relance du français sera doté de 50 millions d'euros sur deux ans : cinq initiatives seront mises en oeuvre, en particulier en Afrique où nous accompagnerons la relève des enseignants, mais aussi en Europe où, en complément du plan de l'Organisation internationale de la Francophonie qui bénéficie à plus de 7.000 fonctionnaires, nous proposerons à nos partenaires des formations au français pour leurs fonctionnaires, sans oublier le renforcement de l'enseignement bilingue.
J'ai également décidé, pour cette année, d'un important effort financier en direction des lycées français à l'étranger. 83 millions d'euros de ressources publiques et des partenariats innovants avec le monde économique permettront de développer notre réseau. De nouveaux établissements seront construits, d'autres seront rénovés. Ces initiatives viendront conforter nos lycées à l'étranger, vecteurs majeurs d'influence pour notre pays et véritables creusets de cette diversité culturelle que nous voulons tous, les uns et les autres, encourager. Ce plan pour les lyc??es français à l'étranger, il faut remonter à plus de vingt ans pour en avoir un aussi ambitieux.
Voilà, Mesdames, Messieurs, le bilan d'étape que je tenais à dresser devant vous.
Ce sont sur ces bases que nous devons avancer pour moderniser bien sûr toujours davantage notre réseau, mais aussi, ne vous trompez pas, pour consolider le rôle et la place de notre pays comme acteur majeur du dialogue culturel et de la solidarité internationale.
Nous devons rester vigilants et pour cela, mobiliser toutes nos compétences, tous nos talents [et toutes nos énergies]. "La vraie générosité envers l'avenir, disait Albert Camus, consiste à tout donner au présent".
Pour préparer l'avenir, il importe avant toute chose d'envisager de manière lucide les grands défis auxquels notre pays est confronté. Ce sont eux qui déterminent nos priorités, qui motivent les initiatives dont je viens de parler, qui dictent le contenu de la feuille de route que je souhaite rapidement vous adresser.
Le premier de ces défis a largement occupé le débat politique et intellectuel cette année, au Parlement comme dans les médias : il s'agit du défi numérique et de l'avenir des industries culturelles.
En marche depuis les années 80, la révolution numérique touche aujourd'hui directement le citoyen - consommateur. Le livre, la musique, les images sont en voie de numérisation massive, avec des conséquences politiques et économiques qui sont d'ailleurs, à mon avis totalement sous-estimées.
Cette révolution numérique ne va pas seulement modifier en profondeur nos modes de consommation. Elle va aussi entraîner une restructuration profonde de tous les acteurs du secteur, ainsi qu'une modification des règles du marché. Nous devons prendre toute la mesure de la convergence numérique des moyens de communication - télécoms, audiovisuel, informatique - dont nous savons qu'elle a pour conséquence de modifier, au niveau mondial, les rapports de puissance entre les opérateurs, mais aussi entre les Etats.
Nous le voyons déjà : avec la transmission numérique des données culturelles, ce sont des pans entiers du commerce de biens culturels qui sont aujourd'hui, soit menacés, soit contraints à une évolution ultra rapide. L'une des conséquences concrètes de ce changement tient à la différence croissante entre les coûts de production des films, qui demeurent très élevés, et les coûts de reproduction, qui sont en chute libre.
Je m'adresse ici en particulier aux attachés audiovisuels, qui savent mieux que personne qu'on ne peut plus organiser de projections de films dans les mêmes conditions qu'autrefois, quand tout un chacun dispose ou disposera de la possibilité de télécharger sur son téléphone portable des fictions et des documentaires. En un sens, cela rend caduque la projection de films traditionnelle, conçue comme une rencontre sociale et culturelle. Et pourtant, dans le même temps, la demande du public pour des contenus culturels nouveaux ne cesse de croître. Il importe donc en permanence de s'interroger sur le lien entre la création marchande, nécessaire, et les intérêts économiques, qui se réorganisent en fonction de la demande.
Nous représentons le service public. Nous devons aussi donner les moyens à nos partenaires de participer à cette révolution numérique. La France participe très concrètement à l'effort mondial pour réduire la fracture numérique : j'en veux pour preuve le programme d'Appui au Désenclavement numérique ADEN. Dans 13 pays d'Afrique sub-saharienne, francophones, anglophones et lusophones, les centres d'accès public à Internet ADEN - une vingtaine aujourd'hui, soixante en 2007 - sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde pour des populations défavorisées, qui peuvent ainsi communiquer, se former, voire se soigner - télémédecine - et produire des contenus qui renforcent la diversité culturelle en ligne.
Ce projet mobilise 6 millions d'euros sur la période 2003-2007. Il représente une formidable réussite de démocratisation des nouvelles technologies, grâce à l'installation des centres ADEN dans des zones du continent aujourd'hui délaissées. Je suis heureux aujourd'hui, de dire, devant vous, que la France démontre ainsi, sur le terrain, son attachement à la solidarité numérique mondiale, dans le respect des engagements que nous avons pris, à Tunis, lors du Sommet mondial sur la Société de l'Information.
L'audiovisuel, vous l'avez compris, est un secteur-clé pour notre coopération, pour la diversité culturelle, mais aussi pour notre influence. Je vous invite donc à rester pleinement mobilisés, notamment à l'heure où s'achève la négociation sur la nouvelle directive européenne TVSF et celle sur le droit d'auteur.
Le deuxième défi que je souhaite évoquer avec vous, c'est évidemment celui de la lutte contre la pauvreté et pour un développement durable, à la fois plus juste et plus équilibré.
Les problèmes d'environnement, les dynamiques migratoires, les enjeux de santé : tout cela forme un tout qu'il importe d'envisager dans son ensemble si nous voulons favoriser le développement des pays du Sud. Alors que 2006 est proclamée par les Nations unies année internationale de lutte contre la désertification, nous devons nous interroger sur la validité de nos actions : la communauté internationale se donne-t-elle vraiment les moyens de lutter contre l'érosion des bassins versants et la salinisation des sols ? Posons-nous une deuxième question : la communauté internationale met-elle tout en oeuvre pour prendre en charge la question migratoire, qui n'est pas seulement un problème français ou espagnol, mais un problème européen, pour ne pas dire mondial ? Evidemment ce qui se passe aux Canaries n'est pas un sujet espagnol ; ce qui se passe à Ceuta et Melilla, n'est pas un sujet marocain ou espagnol.
J'ai eu l'occasion, la semaine dernière, lors de la conférence de Rabat, de confronter nos analyses à celles de nos partenaires européens et des pays du Sud. Vous le savez, la France s'est engagée résolument pour que le phénomène migratoire soit appréhendé dans sa globalité. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, j'en suis convaincu, jouer collectif est le seul gage d'une véritable efficacité. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté, à Rabat, sur le thème du co-développement et opté pour la création d'un Observatoire des Migrations.
Je voudrais vous faire partager une conviction : le micro-crédit. Il y a cinq ans, 6 millions de personnes dont quatre au Bengladesh, bénéficiaient de systèmes de micro-crédit dans le monde. Aujourd'hui, cinq ans après, ce sont 110 millions de personnes. L'avenir de l'Afrique passe par le co-développement, certes, le retour de l'argent de ceux qui ont migré, mais aussi par le micro-crédit ; 98 % de gens qui ont un micro-crédit le remboursent. C'est le projet d'un village, c'est le projet d'une rue, c'est le projet d'une famille. C'est redonner sa dignité à une personne, lui redonner son utilité sociale. Et je pense que nous devons très vite changer de braquet, changer de vitesse. Car il n'y a aucune loi contre les migrations, aucune force armée qui en évitera la possibilité. Si nous ne donnons pas la dignité aux personnes, si nous ne les soignons pas, si nous ne développons pas la croissance qui est en Afrique, certes, de 5 %, mais qui ne demande qu'à augmenter.
Aujourd'hui, à l'égard du développement, notre feuille de route est claire. Nous devons avant tout travailler pour une prospérité qui soit partagée et durable. Autrement dit : travailler d'abord pour une aide renforcée au développement du continent africain, ensuite pour une croissance plus respectueuse de l'environnement, enfin pour une présence de la France dans les pays émergents plus active, plus riche en retombées économiques.
Ces objectifs sont ceux d'une France qui réussit dans une mondialisation plus juste et mieux maîtrisée. Nous devons les poursuivre dans le cadre de partenariats élargis : avec l'Union européenne, avec les institutions multilatérales, mais aussi avec les différents acteurs de la société civile de notre pays, notamment les entreprises, les ONG et les collectivités locales.
L'aide au développement de l'Afrique doit continuer de nous mobiliser. Des initiatives doivent être lancées pour soutenir le secteur privé, mais aussi pour inciter les migrants à contribuer au développement de leur pays d'origine. Je n'oublie pas nos programmes de lutte contre les maladies transmissibles et émergentes, qui seront également renforcés.
Concernant le changement climatique et la préservation de la biodiversité, nos actions de coopération bilatérale seront consolidées grâce à la reconstitution du Fonds français pour l'Environnement mondial (FFEM). J'invite aussi l'Agence française pour le Développement (AfD), qui a développé des actions spectaculaires de réduction des émissions de CO2, à maintenir des objectifs ambitieux en la matière.
Enfin, dans le cadre de notre politique de présence dans les pays émergents, nous avons décidé d'autoriser l'AfD à intervenir en Inde et au Brésil et à poursuivre ses interventions en Indonésie et au Pakistan. Ces interventions, sur crédits non concessionnels ou faiblement concessionnels, devront avoir un haut niveau de visibilité et d'influence pour notre pays.
Nous développerons aussi nos programmes de coopération universitaire et scientifique, qui ont un rôle décisif à jouer pour orienter vers la France les élites de ces nouveaux pays "prescripteurs". J'invite d'ailleurs ceux d'entre vous qui travaillent dans ces pays à contribuer à cette promotion, en faisant non seulement connaître nos pôles de compétitivité, mais aussi en favorisant les coopérations avec ces derniers.
J'accompagnais récemment le président Chirac au Brésil. J'ai vu ce qui se prépare aujourd'hui au Brésil sur les biocarburants. Il est nécessaire que notre coopération universitaire et scientifique sur les biocarburants se fasse avec les Brésiliens ; que l'Institut français du pétrole à Pau soit en contact avec ce qui se passe aujourd'hui à Brasilia ou à Rio. A nous de profiter de ces relations politiques excellentes entre nos deux pays, pour faire ce réseau universitaire et scientifique.
Le troisième défi auquel nous sommes confrontés est culturel.
Aujourd'hui, nous ne pouvons demeurer inactifs face à l'apparition d'une économie post-industrielle dans laquelle la création de valeur passe par la promotion du savoir et de la connaissance, l'économie de la connaissance.
Ceci est d'autant moins envisageable que des processus de standardisation et d'érosion de la diversité culturelle sont à l'oeuvre. Songeons, par exemple, que quatre sociétés se partagent le marché mondial de l'édition du disque ; que 90 % des langues ne sont pas représentées sur Internet ; que 88 pays, sur 185, n'ont jamais produit un seul film cinématographique ; qu'enfin neuf des dix écrivains les plus traduits dans le monde écrivent dans la même langue. Sachez que les télévisions satellites, comme je le disais l'année dernière, sont issues de satellites géostationnaires, et qu'aujourd'hui, Turner, Disney et Murdoch sont ceux qui peuvent se payer des télévisions satellitaires.
Dans le même temps, de nouvelles fractures culturelles apparaissent qui n'en sont pas moins dangereuses non seulement pour la diversité des cultures, mais aussi pour la paix et la stabilité du monde. Notre liberté d'expression et notre modernité démocratique suscitent de l'incompréhension, de la colère, voire de la haine dans un certain nombre de sociétés en transition. Le nouveau terrorisme international n'a pas manqué d'essayer d'en tirer profit, au risque de dresser les civilisations et les individus les uns contre les autres.
Dans ce contexte, il importe avant tout de rester vigilants et mobilisés : face au mauvais scénario du choc des civilisations, la culture reste le meilleur vecteur de dialogue et d'échange entre les peuples ; elle est aussi ce chemin que nous devons emprunter pour faire connaître notre culture artistique, mais aussi juridique et intellectuelle, fondée sur un certain nombre de principes et de convictions.
Je l'ai dit tout à l'heure : nous avons de nombreux instruments à notre disposition pour relever ce défi culturel. A nous à présent de les consolider pour en tirer le meilleur parti. Je pense en particulier à notre réseau d'établissements culturels à l'étranger, qui représente un formidable atout pour notre diplomatie culturelle.
Près de 13 000 manifestations culturelles ont été organisées au cours de l'année écoulée. Des millions de spectateurs ont participé aux plus grands de ces événements : je pense aux Saisons, aux Festivals et aux Printemps français en Israël, en Chine, en Corée, en Thaïlande, ou encore en Turquie.
Nous devons poursuivre sur cette lancée, notamment en continuant de moderniser notre réseau et en répondant aux critiques qui lui sont régulièrement adressées. Le redéploiement vers les zones stratégiques doit être privilégié, tout comme notre partenariat avec le dispositif des Alliances françaises doit être renforcé. Nous devons, enfin, exercer pleinement notre tutelle de l'Agence CulturesFrance. C'est à nous, et à personne d'autre, de le faire.
Dans le prolongement de la journée "portes ouvertes" aux entreprises, organisée en avril dernier au Quai d'Orsay, qui a été un succès, il importe aussi de conforter notre partenariat avec le secteur privé : les entreprises de notre pays et ce ministère ont d'évidence un intérêt mutuel à travailler ensemble, pour promouvoir la "maison France" à l'étranger.
Dans les mois qui viennent, nous devrons également donner le plus d'éclat possible aux événements organisés sur notre territoire pour célébrer les cultures étrangères. Je pense naturellement à Francofffonies, le Festival francophone en France qui se poursuit avec un succès remarquable, mais aussi aux événements coréen, thaïlandais et néerlandais, sans oublier l'Arménie qui permettra de célébrer les liens culturels et humains exceptionnels que nous entretenons avec ce pays.
Enfin, je souhaite que nous soyons plus présents dans le débat d'idées à l'étranger. Les auteurs, les chercheurs, les intellectuels français doivent mieux faire entendre et partager, sur les grandes questions de notre temps, la richesse et la diversité de leurs analyses. Dans cet objectif, le Fonds d'Alembert, qui permet de financer conférences et colloques, sera consolidé. Plus que jamais, nous devons aussi nous appuyer sur le réseau des 27 instituts français de recherche à l'étranger, où travaille une nouvelle génération de chercheurs en sciences sociales et humaines d'une remarquable qualité.
Le quatrième grand défi que nous devons relever est scientifique.
A l'heure de l'économie de la connaissance, la maîtrise des savoirs les plus avancés et la formation des hommes jouent un rôle décisif dans le dans le dynamisme et la compétitivité des économies. De nombreuses études économiques le montrent : il existe aujourd'hui une corrélation forte entre la croissance d'un pays et ses investissements en recherche et développement.
Dans ce contexte, la compétition entre les grandes nations s'est accrue pour attirer et retenir, non seulement les capitaux, mais aussi les chercheurs et les étudiants de haut niveau. L'Europe en général, notre pays en particulier, doivent y prendre toute leur part, au risque sinon de voir s'agrandir le différentiel de croissance avec les Etats-Unis. Dans le même temps, il importe de ne pas s'approprier les élites des pays en développement qui, tout autant que les autres, ont un droit légitime à participer à la société de la connaissance.
Ces conditions posées, nos priorités sont claires et doivent être bien connues : nous voulons renforcer l'attractivité de la France en attirant tout particulièrement les étudiants et les chercheurs des pays émergents et développés. Mais nous voulons aussi aider les pays en développement à améliorer leur capacité de formation et de recherche. Toute autre hypothèse qui laisserait penser que nous cherchons à organiser une fuite des talents et des cerveaux, en particulier africains, doit être tenue pour fausse et non avenue.
S'agissant du renforcement de notre attractivité, j'attends beaucoup de l'agence CampusFrance, qui offrira enfin un guichet unique aux étudiants. Je souhaite en particulier que son lancement s'accompagne d'un effort dans trois directions.
En direction des entreprises, tout d'abord. A l'image de ce que nous avons fait avec Thales, nous devons développer les programmes de bourses avec des entreprises françaises présentes à l'étranger.
En direction des collectivités locales, ensuite. Nous devons mobiliser les régions, notamment les nouveaux pôles régionaux de compétitivité, mais aussi les grandes villes de France, au service de la coopération scientifique et technologique internationale. Nous devons, en particulier, bien faire comprendre, par exemple, qu'il n'est pas normal que la région Midi Pyrénées ait des relations privilégiées avec une région du Maroc, et que Toulouse ait une relation privilégiée avec une autre région du Maroc. Il est important aussi que nous fassions cet effort ce cohérence au niveau des collectivités locales.
En direction des coopérations entre établissements, enfin. Nous devons inciter les universités et les grandes écoles françaises à se regrouper, à l'image de ce que fait Paristech, pour nouer des partenariats à l'étranger.
Mesdames et Messieurs,
Pardon d'avoir été un peu long, mais je voulais profiter de votre présence ici, Porte Maillot, pour vous dire à la fois ce que nous avions fait et ce que j'attends de vous.
Mesdames et Messieurs,
Tous ces projets, toutes ces initiatives, je vous demande à présent de les faire vivre dans vos pays de résidence.
Ce n'est pas là une petite ambition, puisque l'enjeu est de faire réussir la France et de faire vivre sa vision d'une mondialisation plus juste. C'est là un beau et grand combat que je suis fier de mener à la tête de ce ministère. Je sais aussi pouvoir compter, et je vous en remercie, sur votre engagement, votre compétence et votre imagination.
Bien sûr, ce combat exige des moyens financiers et humains qui doivent être à la hauteur de nos missions. Sachez que j'entends veiller à ce que ces moyens soient défendus, mais aussi gérés avec méthode.
Notre ministère a été le premier à signer, cette année, un contrat triennal de modernisation avec Bercy. Il s'est donc trouvé en position favorable, pour une fois, dans la négociation budgétaire, ce qui signifie qu'en 2007, pour la première fois depuis très longtemps, les deux missions dont il a la responsabilité verront leurs crédits progresser au-delà du taux de l'inflation, alors que l'hypothèse du Premier ministre était l'inflation moins 1 %.
Nous devons aussi préserver autant que possible vos enveloppes bilatérales, dont je sais qu'elles ont souffert au cours des années passées ; pour cela, il faut maintenant veiller à ce que nos contributions aux institutions multilatérales ou aux grands opérateurs n 'absorbent pas intégralement cette augmentation.
Je compte mettre en oeuvre ce même esprit de vigilance et de méthode dans la gestion des ressources humaines. La professionnalisation de l'assistance technique et du réseau doit être poursuivie. Il importe aussi que le mérite soit mieux distingué, la transparence dans les procédures de nomination renforcée. Je veux, enfin, que les agents, en poste ou à Paris, soient mieux entendus et écoutés.
Mesdames et Messieurs,
C'est donc un ministère mieux assuré de ses moyens, en position affermie au sein de l'Etat, en prise avec les grands défis de la société internationale et constamment à l'initiative que vous êtes chargés de représenter.
A un moment où trop de nos compatriotes se prennent parfois à douter, votre mission, notre mission commune, est importante et je compte sur vous et votre esprit d'initiative pour la mener efficacement au quotidien.
J'ai conscience de votre enthousiasme et de la force de mobilisation qui est la vôtre. C'est grâce à vous que la France peut promouvoir largement ses valeurs, qu'elle peut contribuer au respect des identités culturelles et de leurs différences, qu'elle peut aussi innover pour l'avenir de notre pays et celui de nos enfants. Une nouvelle fois, du fond du coeur je veux vous en remercier.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 juillet 2006
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi, mon cher Philippe, un très grand plaisir de retrouver ici l'ensemble de ceux qui participent à ces Journées 2006 de la coopération internationale française.
Ce rendez-vous annuel est en effet l'occasion de faire le point, tous ensemble, sur les missions de chacun et chacune d'entre vous. Or, nous savons que ces échanges d'expériences font la force de notre réseau et qu'il importe que nous leur donnions toute la place qu'ils méritent.
Le dialogue est essentiel aujourd'hui, si nous voulons développer une diplomatie moderne, capable non seulement d'apaiser les tensions et réduire les conflits, mais aussi de se saisir des questions de fond de la société internationale, celles qui engagent notre avenir à long terme.
J'ai eu maintes fois l'occasion de le dire cette année : les questions de culture et d'éducation, les enjeux de santé et de lutte contre la pauvreté, les défis posés par une société de l'information mondialisée s'inscrivent au coeur de la politique étrangère de notre pays. C'est pourquoi, parallèlement à l'action que nous menons face aux crises - celles du continent africain, du Proche-orient ou de l'Iran - nous avons lancé depuis un an des initiatives importantes pour l'aide au développement et la politique culturelle et scientifique extérieure de la France.
Je veux saisir l'occasion de cette rencontre pour dresser un premier bilan de ces initiatives, mais aussi rappeler les grandes orientations qui s'imposent à notre diplomatie. Car, dans un monde qui n'attend pas, où la compétition pour l'influence est intense, nous devons continuer à préparer l'avenir et, pour cela, mobiliser toutes nos compétences, tous nos talents, toutes nos énergies.
Je connais votre motivation. Je connais aussi les qualités et les atouts qui sont les vôtres. Je vous invite donc à continuer sur cette lancée, à joindre tous vos efforts, car c'est ainsi que nous ferons de cette année qui vient une année pleinement utile au service de notre réseau, de nos ambitions de coopération et d'action culturelle, bref, au service de cette mondialisation plus humaine, défendue et portée essentiellement par notre pays.
Vous vous en souvenez certainement : ici même, l'an dernier, j'avais annoncé que 2006 ne serait pas une "année blanche" pour notre diplomatie ! Je crois pouvoir dire, aujourd'hui, que la promesse a été tenue. Car les premiers résultats sont là. Plusieurs chantiers décisifs, ouverts avec vous cette année, ont abouti. Aussi, je veux saisir l'occasion de cette rencontre pour vous remercier très sincèrement et très chaleureusement pour l'énorme travail que vous avez accompli cette année.
Je pense tout d'abord au domaine essentiel des Droits de l'Homme, où des étapes importantes ont été franchies cette année.
La France, patrie des Droits des l'Homme, ce n'est pas seulement une belle formule. C'est une composante forte de notre spécificité, un élément fondateur de notre identité et des valeurs de diversité, de modernité et de tolérance que nous voulons promouvoir. Ce doit être, par conséquent, l'un des principes qui inspirent nos actions culturelles et de coopération, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine, au Nord comme au Sud, dans les pays émergents comme dans les pays en développement.
Les Droits de l'Homme sont français, européens et universels. Je vous invite à développer le partenariat avec les Défenseurs des Droits de l'Homme localement, dans vos pays de résidence, à les rencontrer, les inviter, assister à leur procès le cas échéant, intervenir en leur faveur, et les extraire du danger si nécessaire. Membres de la société civile, médecins ayant accepté de soigner des victimes de la torture, citoyens victimes de l'arbitraire, connus ou anonymes : tous réclament notre vigilance et notre mobilisation.
La défense de la liberté d'expression fait partie intégrante de vos missions culturelles. La campagne portée par la France pour l'abolition universelle de la peine de mort, notre engagement contre la torture en toutes circonstances, la lutte contre l'intolérance et la promotion de la parité font pleinement partie de vos missions. Les enjeux sont humains, éthiques bien sûr ; mais ils relèvent aussi de notre action pour le développement et la stabilité et, dans tous les sens du terme, de l'intérêt de la France et de l'Europe.
Il est un sujet sur lequel la France s'est particulièrement engagée, au sein de l'Union européenne, avec les associations et surtout au Conseil de sécurité : c'est la réinsertion des enfants affectés par les conflits armés. Le 24 juillet prochain aura lieu à New York une réunion publique du Conseil de sécurité sur ce sujet des enfants soldats, en présence de l'UNICEF et des agences de développement. Le respect des normes internationales qui protègent les enfants contre les recrutements n'est pas secondaire ; c'est, au contraire, un véritable enjeu de sécurité et de développement. Les Droits de l'Homme, ne l'oublions jamais, sont au confluent du règlement des crises et de la lutte contre la pauvreté.
Vous m'objecterez peut-être que la protection et la promotion des Droits de l'Homme ne sont pas les sujets privilégiés par les pays partenaires, et qu'en agissant ainsi, nous risquons d'indisposer les gouvernements. Je crois nécessaire de nuancer ces arguments selon lesquels on ne parle bien de Droits de l'Homme qu'en catimini, de manière confidentielle ou discrète. De la même façon qu'il y a des clauses "Droits de l'Homme" dans les accords européens, il doit y avoir des volets "Droits de l'Homme" dans notre coopération. Car l'impunité des criminels nourrit la violence, les discriminations contre les femmes ou l'exploitation des enfants alimentent la reproduction de la pauvreté.
Je comprends bien qu'il est parfois difficile d'évoquer, avec les autorités maliennes ou nigériennes, les mutilations sexuelles féminines, ou encore les mariages forcés et précoces. Il s'agit là, pourtant, de violations des droits des petites filles, des violations insupportables, qui entraînent des coûts récurrents pour les systèmes de santé ; je pense notamment aux grossesses répétées et aux pathologies des fistules obstétricales.
Parce que la France croit à la réalisation des Objectifs du Millénaire, parce qu'elle est un partenaire de ce continent africain parmi les plus touchés par les crises, parce qu'elle est concernée par la montée des extrémismes, elle ne peut accepter le gaspillage de générations entières. Le silence ou l'inaction de la France, confortable à court terme, serait irresponsable dans un monde où les enjeux sont globaux, la communication, sans frontières, et les mouvements migratoires, massifs et inéluctables.
Rappelez-vous, il y a près de 30 ans, la France introduisait aux Nations unies une action contre la dictature argentine pour avoir fait disparaître des milliers de personnes dont certains de nos compatriotes. Le 19 juin 2006, mon collègue argentin Jorge Taiana, emprisonné pendant six ans lui-même, a présenté avec moi, à Genève, la Convention sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Cette convention a été adoptée à l'unanimité, par ovation - un fait extrêmement rare - et la France sort grandie de cet engagement.
Au-delà de ce qui a été accompli, nous devons penser à l'avenir et à de nouvelles initiatives. Au regard des enjeux, le nombre d'assistants techniques chargés des Droits de l'Homme reste particulièrement faible. C'est pourquoi j'ai décidé la mise en place par la France dans la région des Grands Lacs d'assistants chargés de seconder les commissions chargées de la réinsertion des enfants soldats.
J'ai décidé que nous réfléchissions le plus vite possible aux programmes de bourses, qui pourraient être un instrument de soutien aux Droits de l'Homme en permettant d'accueillir, en France, des étudiants, des artistes ou des intellectuels menacés dans leur pays.
Et lorsque l'on parle de cette Convention sur les personnes disparues, nous pouvons nous enorgueillir d'avoir été avec l'Argentine, et d'autres pays de l'Amérique du Sud, les défenseurs de cette Convention. Alors que l'on nous disait quel est l'avantage de cette réforme des Nations unies - examen de passage, travaux pratiques - nous avons fait cette Convention pour changer les choses. Ces personnes, dont on ne sait pas si elles sont mortes ou vivantes, qui n'ont aucun statut, c'était à nous de les défendre.
Enfin, permettez-moi d'ajouter un mot sur la situation dans les Territoires palestiniens et à la frontière israélo-libanaise. A Gaza, comme au Liban, nous sommes en présence d'un conflit larvé dont les conséquences sont de plus en plus préoccupantes sur le plan humanitaire. Le Liban est en état de guerre : 70 raids israéliens par jour, plus de 200 morts, plus de 450 blessés. Le Hezbollah, dont nous avons condamné les actions militaires, répond coup pour coup, et depuis 1973 et la guerre du Kippour, Haïfa, dans le nord d'Israël n'a jamais été autant touchée, comme Tibériade. Nous avons condamné les actes du Hezbollah. Le Hezbollah cherche à devenir un adversaire militaire crédible face à Israël. Israël répond ; Israël a droit à la sécurité. Nous avons demandé à Israël de proportionner cette réponse. Car les dégâts sur le Liban sont aujourd'hui colossaux. Les dégâts touchent tout le Liban, sans discrimination. Tous les ports de la côte libanaise sont touchés. Nous sommes allés hier, avec le Premier ministre, à la demande du président de la République, dire notre solidarité au peuple libanais, au Liban, auquel nous croyons, avec lequel nous avons des liens historiques, des liens culturels. Nous croyons à l'avenir du Liban. Nous avons évidemment appelé à un cessez-le-feu, aux conditions de mise en place d'un cessez-le-feu. Je pense que les destructions d'infrastructures, c'est-à-dire de ponts, de ports, d'aéroports, il y a quelques heures d'une usine alimentaire, les coupures de courant, tout comme les interruptions dans l'approvisionnement en eau et dans le traitement des eaux usées, sont autant d'exemples des effets du conflit en cours. Nous, la France, nous savons que dans cette région du monde, dans cet endroit du monde comme ailleurs, la force seule ne peut rien faire de positif durablement. Quelle que soit l'évolution politique, nous ne pouvons pas rester indifférents face à cette situation humanitaire dégradée. C'est pourquoi l'Union européenne a décidé de débloquer 34 millions d'euros d'aide humanitaire. De notre côté, je viens de décider de débloquer pour Gaza 2 millions d'euros : un million pour l'aide alimentaire directe et un second million pour l'aide humanitaire d'urgence. Il sera également nécessaire d'agir pour le Liban dès que nous connaîtrons plus précisément les besoins humanitaires de ce pays. Nous devons tout faire pour parvenir à une solution politique et pour venir en soutien de ces populations touchées gravement dans leur vie quotidienne.
Mesdames et Messieurs, en matière de solidarité internationale également, la France a fait mieux, beaucoup mieux, que respecter ses engagements.
Brigitte Girardin l'a rappelé tout à l'heure : notre pays tiendra parole dans sa volonté de porter son aide publique au développement à 0,5 % de sa richesse nationale en 2007. Nous irons aussi plus loin, grâce à l'initiative internationale que nous avons lancée, aux côtés du Brésil, de la Norvège et du Chili.
Cette facilité internationale d'achats de médicaments, ce petit euro que nous allons demander pour les vols nationaux ou européens, ces quatre euros que nous allons demander pour les vols internationaux, vont aller dans une caisse mondiale. Par cette facilité d'achats de médicaments, appelée UNITAID - car, évidemment, ces médicaments doivent être achetés au plus bas prix, que ce soit les produits princeps fabriqués par l'industrie pharmaceutique de médicaments, ou les médicaments génériques -, nous devons tout faire pour donner à ces pays parmi les plus pauvres ces médicaments que nous connaissons, comme par exemple les médicaments contre la tuberculose - la rifampicine, découverte en 1954. Comment peut-on accepter que les pays du Sud n'aient pas de rifampicine aujourd'hui, alors qu'il y a 22 millions de personnes qui sont touchées par la tuberculose, et 2 millions de morts par an parce qu'il n'y a pas de médicaments anti-tuberculose.
L'imagination politique au service du développement : c'est aussi, et pour la première fois dans notre pays, le lancement d'un grand partenariat public-privé que j'ai voulu, pour des actions de solidarité internationale à l'étranger. L'Alliance pour le Développement a vu le jour en mai dernier. Elle permettra au ministère des Affaires étrangères, à l'AfD, à Veolia, à Sanofi-Aventis et à l'Institut Pasteur et à d'autres, d'unir leurs efforts et d'améliorer ainsi l'accès des populations pauvres à l'eau et aux services de santé. D'autres partenaires pourront bien sûr nous rejoindre, sans compter que notre champ d'action pourra être élargi à d'autres secteurs prioritaires du Millénaire, par exemple l'éducation.
Quand je vais à Muzaffarabad, après le tremblement de terre pakistanais, et que je vois dans un quartier que s'il y a l'eau potable c'est grâce à une grande entreprise française, c'est aussi grâce à la France. C'est certes une entreprise privée française, mais c'est la France. Lorsque l'on éradique la tuberculose en Afrique du Sud, par l'intermédiaire d'un groupe français, même s'il est privé, j'estime que c'est la France. Il n'y a pas de raison que le ministère des Affaires étrangères n'ait pas des relations directes avec le secteur privé français pour servir notre pays à l'étranger. D'autres le font, pourquoi pas nous ?
Dans l'immédiat, l'Alliance pour le Développement conduira trois projets pilotes au Niger, à Madagascar, au Vietnam.
Cette initiative est importante : face à l'urgence des défis du développement, la mobilisation de tous les acteurs est nécessaire et nous devons être capables de l'organiser dans les meilleurs délais. Cessons, par conséquent, d'opposer le développement par l'aide et le développement par le marché : il va de soi que l'un et l'autre sont complémentaires et ne peuvent que se renforcer pour favoriser le décollage des économies du Sud, qui reste notre objectif premier. Ce qu'il ne faut pas évidemment, c'est se servir du secteur privé pour donner moins, nous, le service public. Ce qu'il ne faut pas pour UNITAID, c'est dire "nous allons demander de l'argent par les billets d'avions, donc nous diminuons l'aide publique au développement". Non. Tout cela est additionnel. Je me suis aperçu, au fur et à mesure que les années passent, que dans ces cas-là, lorsque la volonté existe, que la synergie existe, non seulement on additionne, mais on potentialise. Ce n'est pas uniquement additionnel, c'est synergique. Cela se potentialise, ça se multiplie, lorsque l'on est ensemble.
Mesdames, Messieurs, le bilan de notre action doit aussi être apprécié au regard des initiatives importantes que nous avons lancées, cette année, au service de la diversité culturelle.
L'un de nos grands projets, vous le savez, est en train de se réaliser. Le Sénat a autorisé, le mois dernier, la ratification de la Convention internationale sur la diversité culturelle. Nous serons donc parmi les premiers Etats à déposer les instruments de ratification, d'ici l'automne prochain, et je m'en réjouis tout particulièrement.
Cette convention représente une avancée considérable au regard des expressions culturelles et de leur diversité. C'est d'abord, pour les Etats, la garantie de promouvoir avec plus d'équité et d'efficacité leur patrimoine et leurs créations culturelles. C'est aussi - et je veux mettre l'accent sur ce point - l'assurance pour les individus de disposer d'un nouvel instrument qui protège leur liberté d'expression contre toute forme de culture officielle. C'est, enfin, l'avènement d'une nouvelle coopération internationale en faveur des pays en développement, du type de celle que nous mettons déjà en oeuvre à travers le programme Afriques en Création ou le Plan Images Afrique.
Cette convention pour laquelle la France n'a cessé de se mobiliser n'est donc pas un simple traité de plus. Plus que tout autre, elle témoigne que nous sommes en train de franchir une étape majeure dans la prise de conscience, par la société internationale, de l'existence des biens communs à l'ensemble de l'humanité. Nous pouvons être fiers de cette évolution et aussi du rôle central qu'y a joué notre pays, sous l'autorité du président de la République. J'en veux pour preuve les résultats du vote que vous connaissez, puisque toute la communauté internationale a soutenu la proposition que nous faisions - et qu'il n'y a eu que deux abstentions et deux votes contre.
Vous connaissez l'attachement du président Jacques Chirac au dialogue des cultures, de toutes les cultures. Aussi je tiens à évoquer deux grands projets qu'il a portés personnellement et qui, chacun, viennent conforter la place éminente qu'occupe déjà notre pays sur la scène internationale des arts, du savoir et de la culture.
Le premier s'est concrétisé le 20 juin dernier, avec l'ouverture du Musée du Quai Branly. Sur tous les continents, ce musée a été spontanément identifié comme un lieu d'égale dignité de toutes les cultures et civilisations : c'est là un succès considérable, non seulement pour la diversité culturelle, mais aussi pour l'image de notre pays à l'étranger.
Le second projet est bien engagé et verra le jour avant la fin de l'année. La France, qui dispose déjà avec TV5 et RFI de deux grands médias généralistes, aura bientôt une télévision internationale d'informations en continu. Cette CNN à la française proposera, 24 heures sur 24, un regard français sur l'actualité. France 24, puisque tel sera le nom de cette nouvelle chaîne, est un projet capital dans un espace d'information mondialisé : la France doit contribuer à la formation de l'opinion publique internationale et nul mieux que les médias n'est en mesure de le faire. Aussi, je vous demande, dans vos pays de résidence, de faire la promotion de "France 24" comme vous le faites déjà pour TV5 et RFI. Le voyage que le Premier ministre a fait hier à Beyrouth, est repris par tous les médias du monde. J'espère que ces images seront objectives.
Enfin, je voudrais vous dire que notre diplomatie culturelle, dotée de nouveaux instruments, ne cesse donc de se renforcer.
Il y a un an, ici même, je vous faisais part de ma volonté de créer deux nouveaux outils : une agence pour les échanges culturels internationaux et une agence nationale de la mobilité universitaire et scientifique.
Evoquée depuis de très nombreuses années, mais toujours reportée, la création d'une grande agence culturelle française, à l'instar de l'exemple britannique dont je vous avais parlé, est enfin devenue une réalité. Et ceci en un temps record, grâce à la mobilisation exceptionnelle des parties concernées. Et je voudrais les en remercier très sincèrement ici, à cette tribune.
CulturesFrance est née, et avec elle, un outil plus cohérent et plus efficace pour assurer la promotion de nos productions culturelles à l'étranger. Un outil, aussi, qui a pour vocation le développement culturel des pays du Sud, sans oublier bien sûr la diffusion des cultures étrangères en France. A mes yeux, cette agence a une chance extraordinaire : celle de pouvoir profiter de l'expérience considérable accumulée pendant des décennies par les deux associations dont elle est issue. Je veux parler naturellement de l'Association française d'Action artistique et de l'Association pour la Diffusion de la Pensée française, auxquelles je tiens à rendre ici, une nouvelle fois, un hommage sincère et appuyé, et en particulier à leurs présidents et à leurs directeurs respectifs.
Le 15 mai dernier, j'ai également lancé CampusFrance, la nouvelle agence de la mobilité universitaire et scientifique. Elles reprendra à son compte les missions exercées par Edufrance et Egide et devrait démarrer ses activités à la fin de cette année, au plus tard au début de l'an prochain. Nous y travaillons avec le ministère de l'Education et les établissements d'enseignement supérieur.
Alors là, je suis devant un problème. Certains vont essayer de jouer la montre, en se disant : "après tout, un ministre qui passe est remplacé par un autre ; peut-être que l'on peut durer et on va encore attendre un an avant de présenter le projet au Parlement". Moi je vais tout faire pour que cela passe au Parlement avant mai 2007. C'est une course classique contre la montre entre, parfois, certains qui freinent et la volonté politique. J'espère que j'y arriverais, je n'en suis pas sûr. Le projet de loi a été élaboré. Mais ce que je sais, c'est que ce mouvement est lancé : de nouveaux jalons ont été posés pour simplifier notre dispositif d'accueil des étudiants et des chercheurs étrangers et pour promouvoir aussi nos formations supérieures. Dans la mondialisation actuelle, il serait fou de penser que l'on peut faire sans les autres. Il est donc nécessaire d'organiser, d'attirer, d'être attractif, en compétition avec d'autres pays, pour faire venir des étudiants qui ont envie de travailler chez nous, pour les former, pour qu'ils reviennent chez eux, ou qu'ils restent chez nous. Notre pays s'est construit aussi à partir de cet apport unique, de cette richesse extérieure.
C'est là une avancée capitale. Dans un contexte d'intense compétitivité pour le savoir et la connaissance, nous devons rendre la France toujours plus attractive et valoriser ses atouts, qui sont nombreux. Nous avons besoin, aussi, d'un ministère toujours plus professionnel, cohérent et réactif. Le Département dispose aujourd'hui de quatre agences spécialisées : CampusFrance, l'Agence française de Développement, CulturesFrance, l'Agence pour l'Enseignement français à l'étranger. Je suis convaincu que chacune d'entre elles saura pleinement remplir sa mission et conforter la place de notre pays.
Ces grands chantiers de l'année écoulée, Mesdames, Messieurs, ont essentiellement concerné notre organisation. Mais, si nous nous sommes réorganisés, c'est avant tout pour être plus ambitieux et plus efficaces. C'est dans ce sens que j'ai souhaité lancer de nouveaux plans d'action pour favoriser la promotion de notre langue à l'étranger.
Le plan de relance du français sera doté de 50 millions d'euros sur deux ans : cinq initiatives seront mises en oeuvre, en particulier en Afrique où nous accompagnerons la relève des enseignants, mais aussi en Europe où, en complément du plan de l'Organisation internationale de la Francophonie qui bénéficie à plus de 7.000 fonctionnaires, nous proposerons à nos partenaires des formations au français pour leurs fonctionnaires, sans oublier le renforcement de l'enseignement bilingue.
J'ai également décidé, pour cette année, d'un important effort financier en direction des lycées français à l'étranger. 83 millions d'euros de ressources publiques et des partenariats innovants avec le monde économique permettront de développer notre réseau. De nouveaux établissements seront construits, d'autres seront rénovés. Ces initiatives viendront conforter nos lycées à l'étranger, vecteurs majeurs d'influence pour notre pays et véritables creusets de cette diversité culturelle que nous voulons tous, les uns et les autres, encourager. Ce plan pour les lyc??es français à l'étranger, il faut remonter à plus de vingt ans pour en avoir un aussi ambitieux.
Voilà, Mesdames, Messieurs, le bilan d'étape que je tenais à dresser devant vous.
Ce sont sur ces bases que nous devons avancer pour moderniser bien sûr toujours davantage notre réseau, mais aussi, ne vous trompez pas, pour consolider le rôle et la place de notre pays comme acteur majeur du dialogue culturel et de la solidarité internationale.
Nous devons rester vigilants et pour cela, mobiliser toutes nos compétences, tous nos talents [et toutes nos énergies]. "La vraie générosité envers l'avenir, disait Albert Camus, consiste à tout donner au présent".
Pour préparer l'avenir, il importe avant toute chose d'envisager de manière lucide les grands défis auxquels notre pays est confronté. Ce sont eux qui déterminent nos priorités, qui motivent les initiatives dont je viens de parler, qui dictent le contenu de la feuille de route que je souhaite rapidement vous adresser.
Le premier de ces défis a largement occupé le débat politique et intellectuel cette année, au Parlement comme dans les médias : il s'agit du défi numérique et de l'avenir des industries culturelles.
En marche depuis les années 80, la révolution numérique touche aujourd'hui directement le citoyen - consommateur. Le livre, la musique, les images sont en voie de numérisation massive, avec des conséquences politiques et économiques qui sont d'ailleurs, à mon avis totalement sous-estimées.
Cette révolution numérique ne va pas seulement modifier en profondeur nos modes de consommation. Elle va aussi entraîner une restructuration profonde de tous les acteurs du secteur, ainsi qu'une modification des règles du marché. Nous devons prendre toute la mesure de la convergence numérique des moyens de communication - télécoms, audiovisuel, informatique - dont nous savons qu'elle a pour conséquence de modifier, au niveau mondial, les rapports de puissance entre les opérateurs, mais aussi entre les Etats.
Nous le voyons déjà : avec la transmission numérique des données culturelles, ce sont des pans entiers du commerce de biens culturels qui sont aujourd'hui, soit menacés, soit contraints à une évolution ultra rapide. L'une des conséquences concrètes de ce changement tient à la différence croissante entre les coûts de production des films, qui demeurent très élevés, et les coûts de reproduction, qui sont en chute libre.
Je m'adresse ici en particulier aux attachés audiovisuels, qui savent mieux que personne qu'on ne peut plus organiser de projections de films dans les mêmes conditions qu'autrefois, quand tout un chacun dispose ou disposera de la possibilité de télécharger sur son téléphone portable des fictions et des documentaires. En un sens, cela rend caduque la projection de films traditionnelle, conçue comme une rencontre sociale et culturelle. Et pourtant, dans le même temps, la demande du public pour des contenus culturels nouveaux ne cesse de croître. Il importe donc en permanence de s'interroger sur le lien entre la création marchande, nécessaire, et les intérêts économiques, qui se réorganisent en fonction de la demande.
Nous représentons le service public. Nous devons aussi donner les moyens à nos partenaires de participer à cette révolution numérique. La France participe très concrètement à l'effort mondial pour réduire la fracture numérique : j'en veux pour preuve le programme d'Appui au Désenclavement numérique ADEN. Dans 13 pays d'Afrique sub-saharienne, francophones, anglophones et lusophones, les centres d'accès public à Internet ADEN - une vingtaine aujourd'hui, soixante en 2007 - sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde pour des populations défavorisées, qui peuvent ainsi communiquer, se former, voire se soigner - télémédecine - et produire des contenus qui renforcent la diversité culturelle en ligne.
Ce projet mobilise 6 millions d'euros sur la période 2003-2007. Il représente une formidable réussite de démocratisation des nouvelles technologies, grâce à l'installation des centres ADEN dans des zones du continent aujourd'hui délaissées. Je suis heureux aujourd'hui, de dire, devant vous, que la France démontre ainsi, sur le terrain, son attachement à la solidarité numérique mondiale, dans le respect des engagements que nous avons pris, à Tunis, lors du Sommet mondial sur la Société de l'Information.
L'audiovisuel, vous l'avez compris, est un secteur-clé pour notre coopération, pour la diversité culturelle, mais aussi pour notre influence. Je vous invite donc à rester pleinement mobilisés, notamment à l'heure où s'achève la négociation sur la nouvelle directive européenne TVSF et celle sur le droit d'auteur.
Le deuxième défi que je souhaite évoquer avec vous, c'est évidemment celui de la lutte contre la pauvreté et pour un développement durable, à la fois plus juste et plus équilibré.
Les problèmes d'environnement, les dynamiques migratoires, les enjeux de santé : tout cela forme un tout qu'il importe d'envisager dans son ensemble si nous voulons favoriser le développement des pays du Sud. Alors que 2006 est proclamée par les Nations unies année internationale de lutte contre la désertification, nous devons nous interroger sur la validité de nos actions : la communauté internationale se donne-t-elle vraiment les moyens de lutter contre l'érosion des bassins versants et la salinisation des sols ? Posons-nous une deuxième question : la communauté internationale met-elle tout en oeuvre pour prendre en charge la question migratoire, qui n'est pas seulement un problème français ou espagnol, mais un problème européen, pour ne pas dire mondial ? Evidemment ce qui se passe aux Canaries n'est pas un sujet espagnol ; ce qui se passe à Ceuta et Melilla, n'est pas un sujet marocain ou espagnol.
J'ai eu l'occasion, la semaine dernière, lors de la conférence de Rabat, de confronter nos analyses à celles de nos partenaires européens et des pays du Sud. Vous le savez, la France s'est engagée résolument pour que le phénomène migratoire soit appréhendé dans sa globalité. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, j'en suis convaincu, jouer collectif est le seul gage d'une véritable efficacité. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté, à Rabat, sur le thème du co-développement et opté pour la création d'un Observatoire des Migrations.
Je voudrais vous faire partager une conviction : le micro-crédit. Il y a cinq ans, 6 millions de personnes dont quatre au Bengladesh, bénéficiaient de systèmes de micro-crédit dans le monde. Aujourd'hui, cinq ans après, ce sont 110 millions de personnes. L'avenir de l'Afrique passe par le co-développement, certes, le retour de l'argent de ceux qui ont migré, mais aussi par le micro-crédit ; 98 % de gens qui ont un micro-crédit le remboursent. C'est le projet d'un village, c'est le projet d'une rue, c'est le projet d'une famille. C'est redonner sa dignité à une personne, lui redonner son utilité sociale. Et je pense que nous devons très vite changer de braquet, changer de vitesse. Car il n'y a aucune loi contre les migrations, aucune force armée qui en évitera la possibilité. Si nous ne donnons pas la dignité aux personnes, si nous ne les soignons pas, si nous ne développons pas la croissance qui est en Afrique, certes, de 5 %, mais qui ne demande qu'à augmenter.
Aujourd'hui, à l'égard du développement, notre feuille de route est claire. Nous devons avant tout travailler pour une prospérité qui soit partagée et durable. Autrement dit : travailler d'abord pour une aide renforcée au développement du continent africain, ensuite pour une croissance plus respectueuse de l'environnement, enfin pour une présence de la France dans les pays émergents plus active, plus riche en retombées économiques.
Ces objectifs sont ceux d'une France qui réussit dans une mondialisation plus juste et mieux maîtrisée. Nous devons les poursuivre dans le cadre de partenariats élargis : avec l'Union européenne, avec les institutions multilatérales, mais aussi avec les différents acteurs de la société civile de notre pays, notamment les entreprises, les ONG et les collectivités locales.
L'aide au développement de l'Afrique doit continuer de nous mobiliser. Des initiatives doivent être lancées pour soutenir le secteur privé, mais aussi pour inciter les migrants à contribuer au développement de leur pays d'origine. Je n'oublie pas nos programmes de lutte contre les maladies transmissibles et émergentes, qui seront également renforcés.
Concernant le changement climatique et la préservation de la biodiversité, nos actions de coopération bilatérale seront consolidées grâce à la reconstitution du Fonds français pour l'Environnement mondial (FFEM). J'invite aussi l'Agence française pour le Développement (AfD), qui a développé des actions spectaculaires de réduction des émissions de CO2, à maintenir des objectifs ambitieux en la matière.
Enfin, dans le cadre de notre politique de présence dans les pays émergents, nous avons décidé d'autoriser l'AfD à intervenir en Inde et au Brésil et à poursuivre ses interventions en Indonésie et au Pakistan. Ces interventions, sur crédits non concessionnels ou faiblement concessionnels, devront avoir un haut niveau de visibilité et d'influence pour notre pays.
Nous développerons aussi nos programmes de coopération universitaire et scientifique, qui ont un rôle décisif à jouer pour orienter vers la France les élites de ces nouveaux pays "prescripteurs". J'invite d'ailleurs ceux d'entre vous qui travaillent dans ces pays à contribuer à cette promotion, en faisant non seulement connaître nos pôles de compétitivité, mais aussi en favorisant les coopérations avec ces derniers.
J'accompagnais récemment le président Chirac au Brésil. J'ai vu ce qui se prépare aujourd'hui au Brésil sur les biocarburants. Il est nécessaire que notre coopération universitaire et scientifique sur les biocarburants se fasse avec les Brésiliens ; que l'Institut français du pétrole à Pau soit en contact avec ce qui se passe aujourd'hui à Brasilia ou à Rio. A nous de profiter de ces relations politiques excellentes entre nos deux pays, pour faire ce réseau universitaire et scientifique.
Le troisième défi auquel nous sommes confrontés est culturel.
Aujourd'hui, nous ne pouvons demeurer inactifs face à l'apparition d'une économie post-industrielle dans laquelle la création de valeur passe par la promotion du savoir et de la connaissance, l'économie de la connaissance.
Ceci est d'autant moins envisageable que des processus de standardisation et d'érosion de la diversité culturelle sont à l'oeuvre. Songeons, par exemple, que quatre sociétés se partagent le marché mondial de l'édition du disque ; que 90 % des langues ne sont pas représentées sur Internet ; que 88 pays, sur 185, n'ont jamais produit un seul film cinématographique ; qu'enfin neuf des dix écrivains les plus traduits dans le monde écrivent dans la même langue. Sachez que les télévisions satellites, comme je le disais l'année dernière, sont issues de satellites géostationnaires, et qu'aujourd'hui, Turner, Disney et Murdoch sont ceux qui peuvent se payer des télévisions satellitaires.
Dans le même temps, de nouvelles fractures culturelles apparaissent qui n'en sont pas moins dangereuses non seulement pour la diversité des cultures, mais aussi pour la paix et la stabilité du monde. Notre liberté d'expression et notre modernité démocratique suscitent de l'incompréhension, de la colère, voire de la haine dans un certain nombre de sociétés en transition. Le nouveau terrorisme international n'a pas manqué d'essayer d'en tirer profit, au risque de dresser les civilisations et les individus les uns contre les autres.
Dans ce contexte, il importe avant tout de rester vigilants et mobilisés : face au mauvais scénario du choc des civilisations, la culture reste le meilleur vecteur de dialogue et d'échange entre les peuples ; elle est aussi ce chemin que nous devons emprunter pour faire connaître notre culture artistique, mais aussi juridique et intellectuelle, fondée sur un certain nombre de principes et de convictions.
Je l'ai dit tout à l'heure : nous avons de nombreux instruments à notre disposition pour relever ce défi culturel. A nous à présent de les consolider pour en tirer le meilleur parti. Je pense en particulier à notre réseau d'établissements culturels à l'étranger, qui représente un formidable atout pour notre diplomatie culturelle.
Près de 13 000 manifestations culturelles ont été organisées au cours de l'année écoulée. Des millions de spectateurs ont participé aux plus grands de ces événements : je pense aux Saisons, aux Festivals et aux Printemps français en Israël, en Chine, en Corée, en Thaïlande, ou encore en Turquie.
Nous devons poursuivre sur cette lancée, notamment en continuant de moderniser notre réseau et en répondant aux critiques qui lui sont régulièrement adressées. Le redéploiement vers les zones stratégiques doit être privilégié, tout comme notre partenariat avec le dispositif des Alliances françaises doit être renforcé. Nous devons, enfin, exercer pleinement notre tutelle de l'Agence CulturesFrance. C'est à nous, et à personne d'autre, de le faire.
Dans le prolongement de la journée "portes ouvertes" aux entreprises, organisée en avril dernier au Quai d'Orsay, qui a été un succès, il importe aussi de conforter notre partenariat avec le secteur privé : les entreprises de notre pays et ce ministère ont d'évidence un intérêt mutuel à travailler ensemble, pour promouvoir la "maison France" à l'étranger.
Dans les mois qui viennent, nous devrons également donner le plus d'éclat possible aux événements organisés sur notre territoire pour célébrer les cultures étrangères. Je pense naturellement à Francofffonies, le Festival francophone en France qui se poursuit avec un succès remarquable, mais aussi aux événements coréen, thaïlandais et néerlandais, sans oublier l'Arménie qui permettra de célébrer les liens culturels et humains exceptionnels que nous entretenons avec ce pays.
Enfin, je souhaite que nous soyons plus présents dans le débat d'idées à l'étranger. Les auteurs, les chercheurs, les intellectuels français doivent mieux faire entendre et partager, sur les grandes questions de notre temps, la richesse et la diversité de leurs analyses. Dans cet objectif, le Fonds d'Alembert, qui permet de financer conférences et colloques, sera consolidé. Plus que jamais, nous devons aussi nous appuyer sur le réseau des 27 instituts français de recherche à l'étranger, où travaille une nouvelle génération de chercheurs en sciences sociales et humaines d'une remarquable qualité.
Le quatrième grand défi que nous devons relever est scientifique.
A l'heure de l'économie de la connaissance, la maîtrise des savoirs les plus avancés et la formation des hommes jouent un rôle décisif dans le dans le dynamisme et la compétitivité des économies. De nombreuses études économiques le montrent : il existe aujourd'hui une corrélation forte entre la croissance d'un pays et ses investissements en recherche et développement.
Dans ce contexte, la compétition entre les grandes nations s'est accrue pour attirer et retenir, non seulement les capitaux, mais aussi les chercheurs et les étudiants de haut niveau. L'Europe en général, notre pays en particulier, doivent y prendre toute leur part, au risque sinon de voir s'agrandir le différentiel de croissance avec les Etats-Unis. Dans le même temps, il importe de ne pas s'approprier les élites des pays en développement qui, tout autant que les autres, ont un droit légitime à participer à la société de la connaissance.
Ces conditions posées, nos priorités sont claires et doivent être bien connues : nous voulons renforcer l'attractivité de la France en attirant tout particulièrement les étudiants et les chercheurs des pays émergents et développés. Mais nous voulons aussi aider les pays en développement à améliorer leur capacité de formation et de recherche. Toute autre hypothèse qui laisserait penser que nous cherchons à organiser une fuite des talents et des cerveaux, en particulier africains, doit être tenue pour fausse et non avenue.
S'agissant du renforcement de notre attractivité, j'attends beaucoup de l'agence CampusFrance, qui offrira enfin un guichet unique aux étudiants. Je souhaite en particulier que son lancement s'accompagne d'un effort dans trois directions.
En direction des entreprises, tout d'abord. A l'image de ce que nous avons fait avec Thales, nous devons développer les programmes de bourses avec des entreprises françaises présentes à l'étranger.
En direction des collectivités locales, ensuite. Nous devons mobiliser les régions, notamment les nouveaux pôles régionaux de compétitivité, mais aussi les grandes villes de France, au service de la coopération scientifique et technologique internationale. Nous devons, en particulier, bien faire comprendre, par exemple, qu'il n'est pas normal que la région Midi Pyrénées ait des relations privilégiées avec une région du Maroc, et que Toulouse ait une relation privilégiée avec une autre région du Maroc. Il est important aussi que nous fassions cet effort ce cohérence au niveau des collectivités locales.
En direction des coopérations entre établissements, enfin. Nous devons inciter les universités et les grandes écoles françaises à se regrouper, à l'image de ce que fait Paristech, pour nouer des partenariats à l'étranger.
Mesdames et Messieurs,
Pardon d'avoir été un peu long, mais je voulais profiter de votre présence ici, Porte Maillot, pour vous dire à la fois ce que nous avions fait et ce que j'attends de vous.
Mesdames et Messieurs,
Tous ces projets, toutes ces initiatives, je vous demande à présent de les faire vivre dans vos pays de résidence.
Ce n'est pas là une petite ambition, puisque l'enjeu est de faire réussir la France et de faire vivre sa vision d'une mondialisation plus juste. C'est là un beau et grand combat que je suis fier de mener à la tête de ce ministère. Je sais aussi pouvoir compter, et je vous en remercie, sur votre engagement, votre compétence et votre imagination.
Bien sûr, ce combat exige des moyens financiers et humains qui doivent être à la hauteur de nos missions. Sachez que j'entends veiller à ce que ces moyens soient défendus, mais aussi gérés avec méthode.
Notre ministère a été le premier à signer, cette année, un contrat triennal de modernisation avec Bercy. Il s'est donc trouvé en position favorable, pour une fois, dans la négociation budgétaire, ce qui signifie qu'en 2007, pour la première fois depuis très longtemps, les deux missions dont il a la responsabilité verront leurs crédits progresser au-delà du taux de l'inflation, alors que l'hypothèse du Premier ministre était l'inflation moins 1 %.
Nous devons aussi préserver autant que possible vos enveloppes bilatérales, dont je sais qu'elles ont souffert au cours des années passées ; pour cela, il faut maintenant veiller à ce que nos contributions aux institutions multilatérales ou aux grands opérateurs n 'absorbent pas intégralement cette augmentation.
Je compte mettre en oeuvre ce même esprit de vigilance et de méthode dans la gestion des ressources humaines. La professionnalisation de l'assistance technique et du réseau doit être poursuivie. Il importe aussi que le mérite soit mieux distingué, la transparence dans les procédures de nomination renforcée. Je veux, enfin, que les agents, en poste ou à Paris, soient mieux entendus et écoutés.
Mesdames et Messieurs,
C'est donc un ministère mieux assuré de ses moyens, en position affermie au sein de l'Etat, en prise avec les grands défis de la société internationale et constamment à l'initiative que vous êtes chargés de représenter.
A un moment où trop de nos compatriotes se prennent parfois à douter, votre mission, notre mission commune, est importante et je compte sur vous et votre esprit d'initiative pour la mener efficacement au quotidien.
J'ai conscience de votre enthousiasme et de la force de mobilisation qui est la vôtre. C'est grâce à vous que la France peut promouvoir largement ses valeurs, qu'elle peut contribuer au respect des identités culturelles et de leurs différences, qu'elle peut aussi innover pour l'avenir de notre pays et celui de nos enfants. Une nouvelle fois, du fond du coeur je veux vous en remercier.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 juillet 2006