Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les actions en faveur de l'égalité des chances, Garges-lès-Gonesse le 27 juillet 2006.

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Circonstance : Déplacement à Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise) le 27 juillet 2006

Texte intégral

Monsieur le Maire, cher Maurice [LEFEVRE],
Chère Nelly, Cher Azouz,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Chers amis,
Je me réjouis de me trouver aujourd'hui parmi vous, ici, à Garges, et je tiens à remercier Maurice LEFEVRE et Nelly OLIN pour leur accueil chaleureux. Avec Azouz BEGAG, nous sommes venus pour retrouver des amis : j'en vois beaucoup dans cette salle et je peux vous dire que cela fait du bien, en cette période de canicule, même si nous connaissons une petite pause, aujourd'hui, dont nous nous réjouissons. Nous sommes venus également affirmer une certaine idée de la politique, une idée que nous partageons tous ensemble, et je le sais, avec Nelly, avec Azouz, avec Maurice : c'est l'idée que la politique, aujourd'hui, ne peut pas être simplement des principes, pas simplement des idées, pas simplement des discours. La politique, c'est de l'action, de l'engagement quotidien, comme nous le voyons ici à Garges, et ce sont des résultats, des résultats au service de nos concitoyens, mais des résultats grâce à nos concitoyens et, je peux le dire, ce matin, nous avons vu des jeunes, des hommes et des femmes qui s'engagent.
C'est vrai à la Maison de l'emploi, où nous avons pu découvrir un programme de formation par le sport, qui a permis à des jeunes de trouver leur chemin, de surmonter des handicaps et des difficultés. Je reconnais Amine et beaucoup d'autres qui ont ce bonheur de se réaliser, ce bonheur de faire face à des difficultés et qui, arrivent à le faire ensemble, cette dynamique de groupe. C'est vrai à l'échelon de quelques jeunes qui participent à un programme et qui trouvent un emploi à l'Aéroport de Roissy. Eh bien, nous le voyons aussi, c'est vrai, à l'échelle d'une nation. S'entraider, se connaître, s'estimer, se faire confiance, se reconnaître, s'entourer dans la peine, être présent dans la joie, eh bien, c'est la dynamique d'une équipe, c'est la dynamique d'une famille, c'est aussi l'esprit d'une nation.
1. J'ai pu le constater : à Garges, l'égalité des chances, ce n'est pas une simple promesse, ce n'est pas une promesse vaine. C'est un combat de tous les instants, c'est un défi collectif qui vous mobilise pleinement, c'est une réalité qui progresse, chaque jour, davantage.
Je l'ai perçu, il y a de l'enthousiasme ici, il y a de l'engagement - je l'ai dit -, il y a aussi de l'imagination, qui sont à l'oeuvre dans votre commune.
La démarche originale qui est suivie pour l'insertion dans l'emploi, la volonté de susciter la motivation ou de retrouver une motivation, la volonté d'appliquer des règles simples, comme celles du sport, à l'emploi, c'est bien ce qu'ont découvert ces jeunes au cours de leurs stages au sein de la société D2M. Ils découvrent pour la première fois l'entreprise et la réalité de la vie professionnelle, et elle est mise à leur portée.
La méthode porte ses fruits. Aujourd'hui, sur les 15 jeunes qui ont participé à cette expérience, 7 ont déjà signé un CDD transformable en CDI et l'un est en instance de recrutement. Ces premiers résultats, eh bien, il faut en tirer les leçons. Ils nous montrent la voie à suivre. Il faut lancer ainsi de nouvelles initiatives.
De la même façon, j'ai eu la chance de visiter l'entreprise PIC 92 - je salue le père fondateur, sa fille - qui s'engage résolument en faveur de l'égalité des chances. Et en choisissant de recruter des collaborateurs en fonction de leur personnalité, de leur envie de réussir, en donnant leur chance à des candidats peu diplômés mais qui, entrés pour certains comme manoeuvres, deviennent infographistes, découvrent de nouvelles tâches, s'épanouissent, il y a là un vrai parcours de confiance, et je tiens à saluer l'initiative et l'esprit de Monsieur CHAMBON, le fondateur, lui-même ancien ouvrier, et qui forme ses salariés avec de véritables perspectives de carrière, en leur permettant de gravir des échelons qui conduisent à des responsabilités d'encadrement. Il le dit lui-même : on peut entrer ici comme manoeuvre et terminer comme directeur. C'est cela l'égalité des chances, c'est cela la main tendue, pour permettre à chacun de trouver sa place, offrir à chacun des perspectives.
Cette mobilisation sur le terrain, je sais combien Nelly OLIN y a contribué. il suffit de se promener avec elle à travers les rues : chacun connaît ton engagement, ma Chère Nelly, chacun connaît ton combat inlassable, aujourd'hui, en faveur de l'environnement, et en tant que chef du Gouvernement, je veux te dire, ici au milieu des tiens, merci. Merci pour tout ce que tu fais, merci pour tout ce que tu as fait, pour tous les grands enjeux que tu défends, jour après jour. Cette lourde tâche, je le sais, ne te fait pas oublier tes concitoyens, ta ville de Garges, pour laquelle tu gardes tant d'énergie et d'enthousiasme. Qu'il s'agisse du combat pour l'emploi, qu'il s'agisse du combat pour la qualité de vie, ou pour la promotion de l'égalité des chances, les Gargeoises et les Gargeois savent tout ce qu'ils te doivent.
La Maison de l'emploi que j'ai visitée tout à l'heure, c'est à ta volonté et à ton dynamisme que nous devons sa création. Aujourd'hui, avec la Communauté d'agglomération du Val de France, vous construisez un vrai projet à la mesure des besoins de Sarcelles, de Villiers-le-Bel, d'Arnouville-lès-Gonesse et de Garges.
C'est également sous ton impulsion que la ville de Garges a créé un centre de ressources pour soutenir les associations qui s'engagent dans les quartiers en difficulté.
C'est toi, enfin, qui as donné un nouvel élan à la zone franche urbaine de Garges. Grâce à ton engagement, l'objectif des 20% de recrutements locaux est aujourd'hui largement atteint. Tu as fixé la barre beaucoup plus haut et c'est un succès exemplaire.
Cet engagement, c'est aussi le vôtre à tous, élus de la Communauté d'agglomération du Val de France, présidée par Dominique STRAUSS-KAHN, citoyens et entreprises, qui vous mobilisez pour améliorer la vie quotidienne dans vos quartiers et donner à chacun la chance de réussir dans la vie.
Je pense bien sûr à l'action ambitieuse de votre maire, Maurice LEFEVRE. Cher Maurice, dans toutes les responsabilités que vous exercez, vous avez su vous imposer comme un véritable homme de terrain, répondre aux besoins de tous les jours des concitoyens, faisant preuve d'une énergie et d'une enthousiasme exceptionnels pour mettre en place le programme de réussite éducative et veiller à son bon fonctionnement. Je sais à quel point vous vous dépensez sans compter aux côtés des associations pour aider les habitants des zones sensibles à faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Et je sais combien est grande votre vigilance pour le suivi des grands chantiers de rénovation urbaine de la ville.
Ces projets, ces initiatives, conduites au plus près de nos concitoyens nous prouvent que lorsque l'on s'engage, lorsque l'on rassemble les forces et les énergies pour porter une même ambition, eh bien, on obtient des résultats. Cela montre qu'en unissant nos efforts, nous devons, nous pouvons faire de l'égalité des chances une réalité.
2. Eh bien, ce que vous avez fait, ici, à Garges, nous voulons le faire sur l'ensemble du territoire, partout dans le pays.
L'égalité des chances, c'est au coeur de notre République. C'est un élément fondamental de notre identité française : nous sommes une société qui veut avancer ensemble, dans une même direction, sans laisser personne au bord du chemin, en faisant de notre diversité, de nos différences - diversité de nos origines, de nos sensibilités, de nos confessions - une chance, une richesse, pour la collectivité. Aujourd'hui notre pays, il faut le dire, le constater, même si nous savons qu'il reste d'immenses défis, beaucoup de difficultés, beaucoup d'injustices, eh bien, notre pays marque des points : le chômage continue de baisser. Nous franchissons, mois après mois, de nouvelles étapes. Et ce mois de juin, c'est plus de 25.000 chômeurs en moins dans notre pays, 300.000 depuis la formation du Gouvernement. C'est dire que nous réussissons à avancer, et cela doit conforter notre détermination à faire plus et mieux en direction de ceux qui souffrent le plus du chômage. Je pense aux jeunes, aux jeunes qui partent avec le plus de difficultés, bien sûr, je pense aux femmes, je pense aux seniors et je veux saluer l'accord conclu avec les partenaires sociaux, étendu à l'ensemble de la population, qui permettra de mettre à disposition des seniors, un CDD senior qui rentre en application. La croissance, aussi, elle est au rendez-vous. La croissance, nous n'avons pas attendu qu'elle revienne comme par miracle, nous avons voulu la conforter au jour le jour, nous avons voulu la développer, et aujourd'hui, elle se fortifie. Mais tout ceci n'est pas suffisant. L'exigence française, c'est bien que ces résultats bénéficient à tous. C'est une chose que de voir le dynamisme, c'est une chose que de voir la confiance revenir, encore faut-il que les fruits de cette croissance, les fruits de ce dynamisme soient également répartis. Et c'est bien pour cela que nous devons être soucieux que cette croissance soit bien une croissance sociale, partagée, au bénéfice de tous. Et cela suppose que nous tenions la promesse de l'égalité des chances.
Elle est au coeur de l'action du Gouvernement. Elle suppose un meilleur soutien à ceux qui aujourd'hui rencontrent le plus de difficultés. J'étais il y a deux jours à Evreux. Là-bas, comme ici, ceux qui m'ont parlé de ces difficultés, des injustices du quotidien, ce sont souvent les jeunes. C'est à eux que nous voulons apporter des réponses, avec deux priorités : l'éducation et l'emploi, qui sont bien la clé de cette égalité des chances.
Avec Gilles de ROBIEN, nous avons mis en place un accompagnement personnalisé au collège, parce que plus on agit tôt, plus on est efficace, au collège, au lycée pour les élèves qui en ont le plus besoin.
Cela passe notamment par la mise en oeuvre de programmes de réussite éducative, dont nous doublons le nombre en 2006, pour permettre aux enfants, dès le plus jeune âge, de combler leurs lacunes et de repartir sur de bonnes bases.
Pour mieux accompagner les élèves qui rencontrent des difficultés scolaires, dès la rentrée prochaine, ce seront 1.000 enseignants expérimentés, 3.000 assistants pédagogiques en plus qui aideront les enseignants les plus jeunes et répondront concrètement aux attentes des élèves dans les collèges qui en ont le plus besoin. Il s'agit d'aider les enfants à faire leurs devoirs, leur apporter un soutien individuel, celui que leurs parents parfois ne peuvent pas leur apporter. C'est cela aussi cette solidarité de l'égalité des chances.
Apporter des réponses aux difficultés que rencontrent les jeunes, c'est bien sûr les aider davantage à accéder à l'emploi. Aujourd'hui, ils sont les plus touchés. Avec le gouvernement, nous leur avons offert une aide particulière pour rechercher un emploi. Grâce à une mobilisation sans précédent du service public de l'emploi, des Maisons de l'emploi, des Missions locales, à travers des entretiens plus réguliers, grâce au développement de l'apprentissage en entreprise à tous les niveaux de diplôme, grâce au renforcement du contrat "Jeunes en entreprise" pour ceux qui sont en zone urbaine sensible, nous voulons aider les jeunes à mettre le pied à l'étrier et leur donner toutes leurs chances de réussir dans la vie. Ici, à Garges, au premier semestre de cette année, 380 entretiens individuels ont eu lieu à la Maison de l'emploi. Ils ont permis à 72 jeunes de trouver un travail. Ce sont, là, des résultats concrets qui doivent conforter notre travail et notre détermination.
Nous voulons aussi apporter des réponses aux habitants des quartiers sensibles qui rencontrent des difficultés particulières, qu'il s'agisse de la sécurité, du cadre de vie et de l'emploi. Nous nous souvenons tous des violences qui ont frappé en novembre dernier un grand nombre de banlieues, même si je sais qu'ici, à Garges, vous avez su vous mobiliser pour apaiser les tensions et maintenir un lien social. Je veux vous dire que la mobilisation du Gouvernement est totale pour apporter les réponses nécessaires et faire en sorte que la vie des habitants de ces quartiers s'améliore. A l'issue de la crise des banlieues, nous avons pris des décisions importantes.
Je pense aux 100 millions d'euros qui ont été débloqués pour soutenir les associations, qui font un travail remarquable auprès des habitants des zones sensibles. A Garges, ces moyens supplémentaires leur ont permis de s'engager pleinement aux côtés des jeunes et des familles, d'animer la vie des quartiers.
Je pense aussi à la création de 6 postes de préfet délégué à l'Egalité des chances. Dans le Val d'Oise, je sais que Monsieur RIFFAUD est très investi dans les dossiers qui vous concernent.
Je pense enfin aux mesures en faveur de la loi pour l'égalité des chances, et notamment au développement de l'apprentissage. Dans le Val d'Oise, que ce soit avec l'apprentissage ou avec l'alternance en général, beaucoup de jeunes pourront construire un véritable parcours vers l'emploi dans une voie d'excellence.
Chers amis,
Vous le voyez, dans notre combat pour l'égalité des chances, nous commençons à marquer des points. Cela doit bien sûr nous encourager à persévérer, à intensifier, à développer encore notre action. C'est essentiel si nous voulons construire une société plus unie et p lus juste. Ici, à Garges, vous montrez un chemin, vous offrez un exemple pour l'engagement de chacun, pour celui des plus jeunes comme pour cette solidarité qui est affirmée entre les générations. Eh bien, je suis venu aujourd'hui vous dire merci et vous encourager dans la voie de la persévérance, pour marquer davantage de points encore, au service de votre collectivité, au service de notre pays.
Merci à chacune et chacun.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 juillet 2006