Texte intégral
Un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre
On ne peut qu'être indigné par les images montrant Gaza, cette étroite bande de terre où s'entassent 1 400 000 Palestiniens, bombardée par l'aviation et l'artillerie israéliennes. Des maisons en ruines, des ponts détruits, la centrale électrique démolie, des hôpitaux ou des maternités à peine éclairés grâce aux groupes électrogènes. Mais il n'y a plus d'essence et les groupes finiront par s'arrêter.
Tout cela, pourquoi ? Parce que, disent les responsables israéliens, un groupe de terroristes a enlevé un caporal de l'armée israélienne. Pour le libérer, ce groupe exige la libération des femmes et des enfants palestiniens détenus. Chantage inadmissible pour Israël. Mais, à peine une semaine auparavant, l'aviation israélienne avait bombardé une plage sans même avoir un prétexte et avait tué des civils, dont deux enfants.
Depuis une semaine, on punit tout un peuple pour libérer un seul militaire. Avec le consentement des grandes puissances. «Israël a le droit de se défendre», vient de proclamer le porte-parole de la présidence américaine. L'État d'Israël, fort de ces soutiens et de sa supériorité technique et militaire, applique la loi du plus fort.
Cela arrange les intérêts de toutes les grandes puissances que, dans ce Moyen-Orient si important sur le plan stratégique, elles n'aient pas pour alliés seulement des régimes réactionnaires arabes, comme l'Arabie saoudite ou la Jordanie, qui peuvent être renversés un jour par leur peuple.
Avec Israël pour allié, d'autant plus fidèle que dépendant des grandes puissances, toutes les contradictions politiques et sociales de cette région se focalisent sur le conflit israélo-arabe. Les dirigeants d'Israël, au lieu de chercher à s'entendre avec les peuples arabes, ont toujours choisi d'être les alliés de l'Occident contre ces peuples.
Depuis que l'organisation islamiste Hamas est arrivée à la tête du gouvernement du territoire plus au moins autonome concédé aux Palestiniens, l'État d'Israël a resserré encore l'étau autour du peuple palestinien. Le Hamas est pourtant arrivé au pouvoir par des élections. Mais ces grandes puissances qui prétendent défendre la démocratie ont décidé de soumettre au boycott et d'affamer toute la population palestinienne pour la punir d'avoir voté pour le Hamas.
Mais le pire, c'est que c'est pour la population palestinienne elle-même que l'arrivée au pouvoir du Hamas est néfaste. À l'oppression israélienne, s'ajoute encore la pression rétrograde sur la société d'une organisation réactionnaire.
Mais c'est l'aboutissement de dizaines d'années d'évolution dont la responsabilité incombe à l'État d'Israël et à ses soutiens impérialistes mais aussi à la politique nationaliste des dirigeants palestiniens.
Pendant des décennies, le peuple palestinien, avec sa combativité, son refus de l'oppression, a incarné un exemple pour les opprimés du Moyen-Orient, du Liban à l'Egypte en passant par la Jordanie. La crainte des puissances impérialistes a été qu'il entraîne les classes populaires de l'ensemble de la région contre toutes les oppressions: celle de l'État d'Israël, certes, mais aussi celles, pas plus douces, des États arabes dictatoriaux. En refusant de faire du combat du peuple palestinien le point de départ d'un combat plus vaste, les dirigeants nationalistes ont facilité le travail pour les grandes puissances et pour l'État d'Israël. En conduisant leur peuple dans une impasse, les nationalistes, même radicaux et laïcs, ont préparé le lit d'un parti religieux et réactionnaire.
C'est le peuple palestinien qui paie le prix le plus lourd, enfermé sur des territoires morcelés, entourés de barbelés et par endroits d'un mur, rongé par le chômage et la pauvreté et sous la menace d'Israël. Mais le peuple d'Israël ne vit pas non plus en paix: un peuple qui en opprime un autre n'est pas libre.
Il y a pourtant la place dans cette région pour deux peuples vivant ensemble, sur la base de l'égalité sociale et politique. Mais, dans un système dominé par l'impérialisme basé sur l'oppression et qui suscite conflits et guerres, il faudra un bouleversement social pour rendre cela possible.
source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 juillet 2006
Le sport, les affaires et la politique
Derrière le spectacle que la Coupe du monde de football a offert ces dernières semaines, il n'y avait pas que l'engouement du public pour un sport populaire dans la plupart des pays du monde, même si la plupart des commentateurs évitaient de trop s'étendre sur ces autres sujets.
Le business était aussi présent, et même les affaires au sens commercial du terme. Pour les équipementiers sportifs, tel Adidas ou Nike, les résultats sportifs comptaient bien moins que les bénéfices qu'ils pourraient retirer de cette extraordinaire campagne de promotion. Pour les chaînes de télévision qui avaient raflé le monopole de la diffusion des matchs, ce qu'elles attendaient du Mondial, c'étaient les profits qu'elles pourraient retirer des «espaces publicitaires» qui encadraient chaque mi-temps. Et c'est tout un symbole de cette emprise du fric sur le sport que l'équipe d'Italie, gagnante de cette coupe, soit au coeur d'un scandale portant sur des matchs truqués, c'est-à-dire sur des dirigeants, des joueurs, et des arbitres remplaçant la «noble incertitude du sport» par l'intervention de gros chèques.
Mais la politique, celle des classes dirigeantes, était aussi présente. Et pas seulement parce que, dans ce qui se prétend une fête mondiale, chaque rencontre est précédée des hymnes nationaux de chaque équipe.
La politique était aussi visible, quoique beaucoup plus insidieuse, dans tous les commentaires sur le fait que, grâce au «Onze de France», l'unité nationale était réalisée dans la communion avec l'équipe française, et que c'était ce qu'il y avait de meilleur pour le pays.
Parmi les gens qui, dans la discrétion des conseils d'administration des grandes sociétés industrielles ou financières, décident de suppressions d'emplois, de licenciements, voire de fermetures d'entreprises, pour augmenter encore et toujours leurs profits, il y en a peut-être qui aiment le football. Mais ils aiment encore bien plus leur porte-feuille. Alors quels intérêts des travailleurs jetés à la rue, ou maintenus dans la précarité, ou sous-payés, peuvent-ils avoir en commun avec ces grands patrons ?
Les travailleurs auraient bien tort de croire qu'ils peuvent avoir quelque chose de commun avec des hommes politiques qui laissent se dégrader les services publics, refusent les crédits nécessaires aux hôpitaux et aux écoles, ne font rien pour loger décemment les millions de personnes mal logées, parce qu'ils préfèrent que les finances de l'État soient utilisées pour faire des cadeaux aux patrons et qui, la main sur le coeur, prétendent se passionner pour le mondial par simple calcul électoral.
Les travailleurs qui arrivent à l'âge de la retraite vont toucher des pensions de plus en plus réduites, les familles populaires vont avoir de plus en plus de mal à accéder aux soins, parce que là aussi les hommes qui nous gouvernent sont prêts à rendre de plus en plus précaire le sort des plus nécessiteux, pour pouvoir offrir des diminutions de cotisations sociales au patronat.
Les classes dominantes, les politiciens à leur service, ne cessent de déclarer que la lutte des classes appartient au passé. Mais la lutte des classes, ils la mènent sans relâche contre le monde du travail, et dans le contexte de la crise, ils ont effectivement réussi à accroître leur fortune au détriment de la population laborieuse qui a vu au contraire ses ressources, ses conditions de vie et de travail, s'aggraver sans cesse.
Si le patronat et les politiciens chantent les mérites de l'union nationale, c'est pour camoufler tout cela... et pour exhorter les travailleurs à consentir à de nouveaux sacrifices, à accepter leur sort, au nom de l'intérêt national.
Alors tous ces gens-là méritent bien plus qu'un carton rouge. Ils méritent d'être sortis du terrain économique par les luttes des travailleurs, pour mettre un coup d'arrêt à leur politique de régression sociale.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 juillet 2006
On ne peut qu'être indigné par les images montrant Gaza, cette étroite bande de terre où s'entassent 1 400 000 Palestiniens, bombardée par l'aviation et l'artillerie israéliennes. Des maisons en ruines, des ponts détruits, la centrale électrique démolie, des hôpitaux ou des maternités à peine éclairés grâce aux groupes électrogènes. Mais il n'y a plus d'essence et les groupes finiront par s'arrêter.
Tout cela, pourquoi ? Parce que, disent les responsables israéliens, un groupe de terroristes a enlevé un caporal de l'armée israélienne. Pour le libérer, ce groupe exige la libération des femmes et des enfants palestiniens détenus. Chantage inadmissible pour Israël. Mais, à peine une semaine auparavant, l'aviation israélienne avait bombardé une plage sans même avoir un prétexte et avait tué des civils, dont deux enfants.
Depuis une semaine, on punit tout un peuple pour libérer un seul militaire. Avec le consentement des grandes puissances. «Israël a le droit de se défendre», vient de proclamer le porte-parole de la présidence américaine. L'État d'Israël, fort de ces soutiens et de sa supériorité technique et militaire, applique la loi du plus fort.
Cela arrange les intérêts de toutes les grandes puissances que, dans ce Moyen-Orient si important sur le plan stratégique, elles n'aient pas pour alliés seulement des régimes réactionnaires arabes, comme l'Arabie saoudite ou la Jordanie, qui peuvent être renversés un jour par leur peuple.
Avec Israël pour allié, d'autant plus fidèle que dépendant des grandes puissances, toutes les contradictions politiques et sociales de cette région se focalisent sur le conflit israélo-arabe. Les dirigeants d'Israël, au lieu de chercher à s'entendre avec les peuples arabes, ont toujours choisi d'être les alliés de l'Occident contre ces peuples.
Depuis que l'organisation islamiste Hamas est arrivée à la tête du gouvernement du territoire plus au moins autonome concédé aux Palestiniens, l'État d'Israël a resserré encore l'étau autour du peuple palestinien. Le Hamas est pourtant arrivé au pouvoir par des élections. Mais ces grandes puissances qui prétendent défendre la démocratie ont décidé de soumettre au boycott et d'affamer toute la population palestinienne pour la punir d'avoir voté pour le Hamas.
Mais le pire, c'est que c'est pour la population palestinienne elle-même que l'arrivée au pouvoir du Hamas est néfaste. À l'oppression israélienne, s'ajoute encore la pression rétrograde sur la société d'une organisation réactionnaire.
Mais c'est l'aboutissement de dizaines d'années d'évolution dont la responsabilité incombe à l'État d'Israël et à ses soutiens impérialistes mais aussi à la politique nationaliste des dirigeants palestiniens.
Pendant des décennies, le peuple palestinien, avec sa combativité, son refus de l'oppression, a incarné un exemple pour les opprimés du Moyen-Orient, du Liban à l'Egypte en passant par la Jordanie. La crainte des puissances impérialistes a été qu'il entraîne les classes populaires de l'ensemble de la région contre toutes les oppressions: celle de l'État d'Israël, certes, mais aussi celles, pas plus douces, des États arabes dictatoriaux. En refusant de faire du combat du peuple palestinien le point de départ d'un combat plus vaste, les dirigeants nationalistes ont facilité le travail pour les grandes puissances et pour l'État d'Israël. En conduisant leur peuple dans une impasse, les nationalistes, même radicaux et laïcs, ont préparé le lit d'un parti religieux et réactionnaire.
C'est le peuple palestinien qui paie le prix le plus lourd, enfermé sur des territoires morcelés, entourés de barbelés et par endroits d'un mur, rongé par le chômage et la pauvreté et sous la menace d'Israël. Mais le peuple d'Israël ne vit pas non plus en paix: un peuple qui en opprime un autre n'est pas libre.
Il y a pourtant la place dans cette région pour deux peuples vivant ensemble, sur la base de l'égalité sociale et politique. Mais, dans un système dominé par l'impérialisme basé sur l'oppression et qui suscite conflits et guerres, il faudra un bouleversement social pour rendre cela possible.
source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 juillet 2006
Le sport, les affaires et la politique
Derrière le spectacle que la Coupe du monde de football a offert ces dernières semaines, il n'y avait pas que l'engouement du public pour un sport populaire dans la plupart des pays du monde, même si la plupart des commentateurs évitaient de trop s'étendre sur ces autres sujets.
Le business était aussi présent, et même les affaires au sens commercial du terme. Pour les équipementiers sportifs, tel Adidas ou Nike, les résultats sportifs comptaient bien moins que les bénéfices qu'ils pourraient retirer de cette extraordinaire campagne de promotion. Pour les chaînes de télévision qui avaient raflé le monopole de la diffusion des matchs, ce qu'elles attendaient du Mondial, c'étaient les profits qu'elles pourraient retirer des «espaces publicitaires» qui encadraient chaque mi-temps. Et c'est tout un symbole de cette emprise du fric sur le sport que l'équipe d'Italie, gagnante de cette coupe, soit au coeur d'un scandale portant sur des matchs truqués, c'est-à-dire sur des dirigeants, des joueurs, et des arbitres remplaçant la «noble incertitude du sport» par l'intervention de gros chèques.
Mais la politique, celle des classes dirigeantes, était aussi présente. Et pas seulement parce que, dans ce qui se prétend une fête mondiale, chaque rencontre est précédée des hymnes nationaux de chaque équipe.
La politique était aussi visible, quoique beaucoup plus insidieuse, dans tous les commentaires sur le fait que, grâce au «Onze de France», l'unité nationale était réalisée dans la communion avec l'équipe française, et que c'était ce qu'il y avait de meilleur pour le pays.
Parmi les gens qui, dans la discrétion des conseils d'administration des grandes sociétés industrielles ou financières, décident de suppressions d'emplois, de licenciements, voire de fermetures d'entreprises, pour augmenter encore et toujours leurs profits, il y en a peut-être qui aiment le football. Mais ils aiment encore bien plus leur porte-feuille. Alors quels intérêts des travailleurs jetés à la rue, ou maintenus dans la précarité, ou sous-payés, peuvent-ils avoir en commun avec ces grands patrons ?
Les travailleurs auraient bien tort de croire qu'ils peuvent avoir quelque chose de commun avec des hommes politiques qui laissent se dégrader les services publics, refusent les crédits nécessaires aux hôpitaux et aux écoles, ne font rien pour loger décemment les millions de personnes mal logées, parce qu'ils préfèrent que les finances de l'État soient utilisées pour faire des cadeaux aux patrons et qui, la main sur le coeur, prétendent se passionner pour le mondial par simple calcul électoral.
Les travailleurs qui arrivent à l'âge de la retraite vont toucher des pensions de plus en plus réduites, les familles populaires vont avoir de plus en plus de mal à accéder aux soins, parce que là aussi les hommes qui nous gouvernent sont prêts à rendre de plus en plus précaire le sort des plus nécessiteux, pour pouvoir offrir des diminutions de cotisations sociales au patronat.
Les classes dominantes, les politiciens à leur service, ne cessent de déclarer que la lutte des classes appartient au passé. Mais la lutte des classes, ils la mènent sans relâche contre le monde du travail, et dans le contexte de la crise, ils ont effectivement réussi à accroître leur fortune au détriment de la population laborieuse qui a vu au contraire ses ressources, ses conditions de vie et de travail, s'aggraver sans cesse.
Si le patronat et les politiciens chantent les mérites de l'union nationale, c'est pour camoufler tout cela... et pour exhorter les travailleurs à consentir à de nouveaux sacrifices, à accepter leur sort, au nom de l'intérêt national.
Alors tous ces gens-là méritent bien plus qu'un carton rouge. Ils méritent d'être sortis du terrain économique par les luttes des travailleurs, pour mettre un coup d'arrêt à leur politique de régression sociale.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 juillet 2006