Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec Le Parisien le 1er août 2006, sur l'exigence française d'un cessez-le-feu immédiat et d'un accord politique avant tout déploiement d'une force de stabilisation internationale au Liban.

Prononcé le 1er août 2006

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage de Philippe Douste-Blazy au Liban le 31 juillet 2006

Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Quelle est la signification de votre visite au Liban ?
R - En ce jour de deuil national au Liban, je suis venu exprimer les condoléances et la solidarité de la France au peuple libanais après le raid meurtrier de Cana que nous condamnons. Je suis ici pour dire aux familles des victimes que, comme en 1996, la France est au côté du Liban dans l'immense douleur qu'elle connaît. Et que nous ferons tout pour que de tels malheurs ne se reproduisent plus. Si la France avait été écoutée à Rome, le massacre de Cana n'aurait pas eu lieu.

Q - Vous êtes donc là pour réclamer de nouveau un cessez-le-feu immédiat...
R - Oui. La priorité et l'urgence sont la cessation immédiate des hostilités, la levée du blocus et le retour des personnes déplacées dans leur village. C'est un message très clair. C'est le message de Jacques Chirac, le message de la France.

Q - Etes-vous entendu ?
R - En partie. Dimanche soir, le Conseil de sécurité a appelé à la cessation de la violence et a souligné l'urgence d'un cessez-le-feu durable. Nous aurions préféré un signe plus fort. Mais c'est un début. Nous appelons à une désescalade immédiate.

Q - Paris peut-il obtenir un accord politique ?
R - C'est la raison de ma visite ici. C'est la condition préalable à la présence d'une force internationale. Pour la première fois, le Conseil de sécurité se déclare déterminé à travailler sans plus tarder à une résolution pour régler durablement la crise. Il faut aller très vite. Notre plan est connu et circule déjà à l'ONU : arrêt immédiat des hostilités, accord politique autour de deux principes, garantie de sécurité pour Israël et extension de l'autorité du gouvernement libanais sur l'ensemble de son territoire. Il envisage, bien sûr, la perspective de créer une force de stabilisation internationale, mais uniquement avec l'accord des deux parties.

Q - N'est-ce pas un voeu pieux ?
R - Non. Il existe une opportunité. C'est d'ailleurs ce que réclame le gouvernement libanais. La solution militaire est une impasse. Il revient à chacun de faire preuve de responsabilité, de choisir la voie de la paix. C'est le message d'espoir de la France.

Q - Israël ne veut pas d'un cessez-le-feu...
R - Aujourd'hui, ils acceptent une trêve humanitaire de 48 heures des bombardements aériens. C'est un signe, je l'espère, encourageant.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2006