Point de presse de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, son article dans le quotidien brésilien "Correio Braziliense" et son discours, sur les relations franco-brésiliennes, la coopération culturelle et scientifique, les relations économiques entre les deux pays et les relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine, Brasilia le 19 avril 2000.

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Circonstance : Clôture de la 2ème commision générale franco-brésilienne à Brasilia le 19 avril 2000

Média : Correio Braziliense

Texte intégral

Point de presse de M. Charles Josselin
Je voudrais, après vous avoir remercié d'avoir répondu à notre invitation, souligner, tout d'abord, l'excellence des relations franco-brésiliennes. Au cours de ces dernières années, le dialogue politique n'a cessé de se renforcer. Nos présidents ont eu l'occasion de se visiter respectivement, la dernière occasion a été en particulier le Sommet de Rio qui a permis au président Chirac d'avoir de longs entretiens avec le président Cardoso. Pour ma part, c'est ma quatrième visite au Brésil et mon second voyage seulement à Brasilia. Le premier s'est effectué en qualité de parlementaire et je suis heureux que mes fonctions ministérielles me donnent à nouveau l'occasion de revenir à Brasilia.
Je vous le disais, le dialogue politique est très soutenu, les relations économiques aussi. Plus de six cents entreprises françaises sont présentes au Brésil et je voudrais remarquer à cet égard que la confiance dans le Brésil ne s'est pas démentie même lorsque le Brésil a eu son trou d'air.
L'année 99 aura été marquée par la poursuite des investissements français qui font de la France un investisseur important et qu'il nous est même arrivé d'arriver parfois en seconde position mais, disons, que nous pouvons revendiquer la quatrième ou la cinquième place. Il faut aussi souligner que le Brésil est de loin le premier partenaire de la France en Amérique Latine.
La relation de coopération est également importante au plan culturel et tout particulièrement en matière de recherche. Le ministre chargé de la Francophonie que je suis également, se félicite bien sûr de la vitalité de l'enseignement du français au Brésil, principalement au travers des Alliances françaises. Nous avons au cours des dernières années enregistré un flux très important d'étudiants et d'ingénieurs et nous sommes heureux de saluer la création à Montpellier d'un centre de recherche orienté vers les questions tropicales, ce qui va naturellement être l'occasion d'une coopération renforcée entre nos organismes de recherche et les chercheurs brésiliens.
Ceci est le cadre général de nos relations, j'ajoute que dans quelques mois, la présidence que le Brésil va exercer pour le Mercosul alors que la France présidera, pour la même période, l'Union européenne, doit être mise à profit pour dialoguer cette fois au nom de nos régions respectives. Nous le ferons avec l'ambition de faire vivre ce que je pourrais appeler l'esprit de Rio, je fais référence à cette première et très importante rencontre entre l'Europe et l'Amérique latine. On peut imaginer, dès à présent, des échanges sous présidence française pour l'Europe et sous présidence brésilienne pour le Mercosur, autour de l'enseignement supérieur ou des institutions. Je n'écarte pas les questions commerciales qui ont une place considérable dans ce dialogue et auxquelles, je le sais, les Brésiliens attachent une importance particulière.
Nous pouvons, si vous le voulez, aborder maintenant le temps des questions. Je suis à votre disposition.
Q - Est-ce que la France a joué un rôle dans le rapprochement entre l'Amérique latine et l'Europe ?
R - Il faut simplement se rappeler que c'est la France qui a proposé avec l'Espagne que se tienne le Sommet de Rio et permette ainsi un renforcement significatif de la coopération entre l'Europe et l'Amérique latine. Je peux donc répondre sans ambiguïté oui à votre question.
Q - Les produits agricoles brésiliens et leur entrée contrariée en Europe.
R - Cette question me permet de préciser un dossier pour lequel je crois qu'il y a encore, sinon des malentendus, du moins un manque d'information. Je sais que beaucoup continuent à considérer l'Europe comme étant un continent fermé et en particulier aux exportations latino-américaines.
Je voudrais saisir cette occasion pour vous donner quelques chiffres, pour montrer combien cette idée d'une Europe citadelle est erronée. Si je considère les exportations brésiliennes vers l'Europe, tous secteurs confondus, la part de l'Union européenne dans les exportations brésiliennes c'est trente pour cent. Par comparaison, la part de l'ALENA c'est vingt-cinq pour cent. Je précise par ailleurs que les deux-tiers des exportations brésiliennes vers l'Europe y entrent sans droit de douane et sans quota. Si je prends maintenant les exportations agricoles et agro-alimentaires, les pourcentages respectifs de l'Union européenne et de l'ALENA, en ce qui concerne leur participation dans ces exportations brésiliennes, c'est quarante-trois pour cent en 1997, c'est encore quarante-deux pour cent en 1998 alors que, et je le répète, la part de l'ALENA dans les exportations brésiliennes agricoles ou agro-alimentaires, c'était seize pour cent en 1997 et encore seize pour cent en 1998.
Je voudrais en outre vous apporter un éclairage que m'inspire ma situation d'élu français. La Politique agricole commune qui est souvent mise en accusation est considérée comme s'opposant aux ambitions légitimes de l'Amérique latine de pouvoir exporter ses productions. Il est exact que cette Politique agricole commune reposait en particulier sur un système de subventions aux exportations. Au cours de cette dernière période, des décisions ont été prises tendant à réduire très brutalement le niveau du soutien aux exportations. Nous en vivons la conséquence sur le terrain, certains secteurs agricoles sont en crise dans ma propre région car ils subissent les conséquences de cette baisse au soutien des exportations. Nous savons bien qu'il faut cependant continuer dans cette direction. C'est la volonté européenne. Il est bon que les Brésiliens sachent les efforts déjà entrepris./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2000)
Article de M. Charles Josselin dans le quotidien brésilien "Correio Braziliense"
La France et le Brésil : voisins et partenaires
La France et le Brésil partagent de très longue date une amitié profonde et, au-delà, une véritable connivence. L'ancienneté de nos liens historiques fait la richesse particulière de notre relation. Elle transparaît ça et là dans notre vie de tous les jours, qu'il s'agisse de la devise même du Brésil empruntée à Auguste Comte ou de la présence au Brésil, parfois depuis plus d'un siècle, d'entreprises françaises comme Saint-Gobain. Cela m'avait réellement frappé en juin 1999 lorsque je m'étais rendu à Rio de Janeiro, à l'occasion du premier Sommet Union européenne - Amérique latine et Caraïbes.
On oublie en effet parfois cette proximité tant elle devenue évidente à nos deux pays, voisins géographiquement. C'est en effet avec votre pays que nous partageons notre plus longue frontière terrestre (650 km) et le fleuve Oyapock, qui sépare l'Amapa brésilien de la Guyane française et autour duquel s'organise une active coopération transfrontalière (transports, santé, environnement, ...) est aussi devenu le point de contact entre le Mercosul et l'Union européenne. L'évocation du Mercosul me conduit à formuler une interrogation : comment pourrons-nous, demain, inscrire au mieux notre coopération dans son contexte régional, tout en conservant les acquis de nos réalisations bilatérales, héritées de notre longue histoire commune ?
Ancienne, profonde, la relation bilatérale entre la France et le Brésil a su évoluer au rythme rapide de la modernisation de votre pays. La remarquable capacité d'adaptation du Brésil lui a en effet permis de s'ouvrir largement au monde sans perdre son identité, et d'affirmer pleinement une vocation, celle de la première économie d'Amérique latine, tout en faisant sienne les technologies les plus récentes. De très nombreuses entreprises françaises se sont implantées au Brésil au cours de la dernière décennie. Elles sont aujourd'hui près de 600 qui constituent un véritable pont entre nos deux pays et qui contribuent elles-aussi à la modernisation et à la créativité de ce pays-continent. Il est peu de pays au monde dans lequel le premier employeur privé soit une entreprise française (Carrefour) et il est évident que de telles réussites dépassent de loin le seul cadre commercial.
La relation franco-brésilienne est bien trop dense et diversifiée pour pouvoir être décrite, même sommairement, dans le cadre de cet article. J'aimerais simplement évoquer ici quelques aspects de notre coopération et tracer quelques pistes. Nous faisons déjà beaucoup de choses ensemble : nous avons un principe, le partenariat, une méthode, le co-financement et, je crois, déjà de bons résultats.
Le Brésil est notre premier partenaire en Amérique latine. Le pilier de notre coopération, c'est la coopération scientifique et technique. Elle s'appuie d'abord sur les hommes, sur les 60 chercheurs français qui y travaillent, ce qui représente une énorme richesse, mais aussi sur la qualité des échanges qu'ils ont noué avec leurs partenaires, les centres de recherche brésiliens. Mais il est bien sûr aussi important, dans ce partenariat, que nous accueillions à notre tour des scientifiques et des ingénieurs brésiliens.
La France est ainsi le premier partenaire du Brésil, après les Etats Unis, pour la formation d'ingénieurs et d'universitaires de haut niveau. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres actions de formation (administrative, en matière de santé, d'environnement ou encore portant spécifiquement sur le Mercosul). Je me souviens ainsi en particulier d'avoir accueilli en 1998, avec le ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, la première promotion de 100 élèves ingénieurs brésiliens venus étudier dans les grandes écoles et les universités françaises. Il suffisait de rencontrer ces jeunes gens et jeunes filles enthousiastes et doués pour comprendre que ce serait un succès. Ils sont maintenant rentrés dans leur pays et 100 nouveaux jeunes ingénieurs leur ont succédé : c'est ainsi, de manière très concrète, que nous entretenons ensemble une relation exemplaire. J'ai souhaité également que nos efforts de recherche soient encore plus en phase avec l'évolution du monde et la vie des affaires, afin de créer les passerelles qui sont nécessaires entre la recherche et l'industrie.
En tant que ministre en charge de la Coopération et de la Francophonie, j'attache une grande importance au pluralisme et la diversité culturelle. C'est là un enjeu fondamental pour la France comme pour le Brésil, si nous voulons que le monde de demain devienne réellement multipolaire, plus stable et plus équilibré. Outre nos établissements scolaires à Brasilia, Sao Paulo et Rio de Janeiro, largement ouverts aux jeunes Brésiliens, et notre important réseau d'Alliances françaises, nous encourageons la présentation d'uvres françaises au Brésil et d'uvres brésiliennes en France. Elles répondent à une vraie demande du public et le 500ème anniversaire de la découverte du Brésil est l'occasion de nombreuses manifestations : pour ne parler que des projets actuels, citons la forte présence brésilienne au festival de théâtre d'Avignon 1999, ou à la Foire internationale d'Art contemporain en septembre 1999, la grande exposition sur l'art baroque brésilien présentée au Petit-Palais à Paris de novembre 1999 à février 2000, ou encore la grande manifestation " Latitudes Villette-Brésil " en mai et juin prochain (musique, danse, exposition, artisanat...).
Si nous voulons que nos richesses culturelles soient mieux connues et diffusées, il nous faut également renforcer notre présence audiovisuelle respective, sur ces écrans qui sont des fenêtres sur la vie de tous les jours. Il faut que nous proposions aux télévisions brésiliennes plus de programmes français et que nous fassions mieux connaître le cinéma de nos deux pays. Cela passe bien sûr par le soutien à des auteurs, je pense au précédent de "Central do Brasil" de Walter Salles et à son immense succès, en France et dans le monde, mais aussi à des mesures plus techniques, comme le sous-titrage en portugais des films français.
Le contexte de notre coopération est si favorable qu'il constitue pour nous plus qu'un encouragement, une véritable obligation à faire, demain, plus et mieux avec le Brésil. Tel est l'objectif que nous nous sommes fixés à l'occasion de la deuxième Commission générale franco-brésilienne, que je suis venu présider ici à Brasilia avec votre ministre des relations extérieures, M. Luiz Felipe Lampréia.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2000)
Discours de M. Charles Josselin
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Directeurs,
Chers Amis,
Au moment où s'achève cette 2ème Commission générale franco-brésilienne, qu'il me soit permis de saluer devant vous la qualité des travaux, le professionnalisme des intervenants et le climat de confiance qui s'est manifesté au sein des différents groupes de travail.
Notre Commission générale est désormais un rendez-vous régulier et fructueux, qui permet de faire le point du chemin parcouru et de tracer les contours des projets qui nourriront notre coopération dans les années qui viennent. C'est donc l'occasion de dresser un bilan et d'imprimer un nouvel élan à notre dialogue.
Je le dis d'autant plus volontiers que notre dialogue politique a atteint une densité sans précédent. Le président Cardoso et le président Chirac se sont rencontrés à quatre reprises ces dernières années : à Paris, à Brasilia, puis sur la frontière franco-brésilienne, et enfin à Rio en juin dernier. Nos ministres des Affaires étrangères se voient régulièrement à Brasilia, à Paris et à New York.
Dans ces conditions, notre concertation sur les grands dossiers multilatéraux et les crises régionales se renforce naturellement. La France et le Brésil ont siégé côte à côte au sein du Conseil de sécurité au cours des deux dernières années. Profitons-en pour maintenir un dialogue de qualité sur les crises internationales, les évolutions du monde contemporain, les liens à établir entre les grands pôles qui se dessinent, sans oublier le sujet que constitue en soi la réformes des Nations unies. Continuons à cultiver de conserve la diversité culturelle, notamment à travers la promotion de nos langues respectives dans le cadre de la francophonie et de la lusophonie.
Privilège du destin, la concomitance des présidences brésilienne du Mercosul et française de l'Union européenne va, à partir du 1er juillet prochain, donner à chacun de nos deux pays une responsabilité particulière dans l'approfondissement du partenariat entre Europe et Amérique du Sud. Nous avons tout à gagner à comparer nos processus d'intégration respectifs, à confronter nos expériences et à en tirer des conséquences dans la mise en place d'un monde multipolaire.
Dans cette perspective, je tiens à dire combien nous sommes fiers de la création récente de la chaire Mercosul à l'Institut d'Etudes politiques de Paris. C'est une création que nous vous devons, Monsieur le Ministre des Relations extérieures.
* * *
Les relations franco-brésiliennes, ce sont aussi les échanges économiques et commerciaux. Ils ont connu un vif regain au cours de la période récente. L'intérêt des entreprises françaises pour le Brésil se traduit en effet par un flux d'investissements intense, et ce dans tous les domaines : énergie, agro-alimentaire, services, et plus récemment automobile et aéronautique. Ce "retour" des entreprises françaises au Brésil n'aurait pas été possible sans la volonté des autorités brésiliennes de créer avec la communauté d'affaires les conditions d'un partenariat stable et durable.
Les turbulences économiques et monétaires qu'a récemment connues le Brésil n'ont pas entamé l'intérêt et la confiance des investisseurs français. La suite leur a donné raison puisque votre pays a, bien plus vite que ne le prévoyaient les experts, renoué avec la croissance ces derniers mois.
De ce fait, nos deux pays se trouvent dans des situations conjoncturelles comparables, puisque les tableaux de bord de l'économie française sont au vert. Nous prévoyons pour cette année une croissance de 4% et notre chômage décroît très nettement.
Le contexte est donc favorable pour que nous consolidions nos relations économiques. Il nous appartient en particulier d'encourager davantage encore la participation des PME aux échanges bilatéraux, d'intensifier nos consultations sur l'environnement juridique des privatisations, et de poursuivre l'examen comparatif des données relatives à nos échanges commerciaux.
Sur ce sujet, je note avec satisfaction que les échanges commerciaux entre la France et le Brésil n'ont que faiblement ralenti en 1999, malgré les difficultés économiques rencontrées par les économies émergentes cette année-là. Au surplus, ces échanges se diversifient, y compris pour ce qui est des exportations du Brésil vers la France, qui ont cessé de se cantonner aux produits primaires ou aux biens peu transformés.
En termes d'investissements et toujours pour l'année 99, les entreprises françaises ont montré un intérêt exceptionnel pour le développement économique brésilien. Les décisions d'investissement au Brésil ont encore été très nombreuses depuis la première réunion de la Commission générale, et ce dans des secteurs très divers. Il faut y voir la volonté de continuer à participer pleinement aux opérations de privatisations et de mise en concessions qui restent encore à réaliser. A ce titre, et pour que les entreprises françaises aient une meilleure vision de votre marché, je tiens à rappeler l'intérêt que nous portons à l'accord bilatéral de protection réciproque des investissements, que nous avons conjointement signé en 1995, et que nous avons pour notre part ratifié.
Nos deux délégations ont eu par ailleurs un échange de vues approfondi sur les prochaines échéances de l'OMC et sur l'avenir du système commercial multilatéral. Elles sont convenues de la nécessité de poursuivre les travaux en vue du lancement prochain d'un cycle global de négociations.
Il est essentiel d'améliorer le fonctionnement de l'OMC, notamment pour clarifier les modalités de participation des pays en développement aux procédures informelles de consultation.
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J'en viens à l'autre élément phare de notre partenariat, notre coopération culturelle, scientifique et technique. Tous s'accordent à la juger exemplaire. Cette coopération bénéficie d'un engagement réciproque et fait preuve d'un réel foisonnement.
En témoigne notre coopération scientifique et plus précisément les accords interuniversitaires qui, en 20 ans ont contribué à former près d'un million de chercheurs. Ces accords servent aujourd'hui de modèle pour notre coopération avec d'autres grands pays latino-américains.
Je me félicite que, dans ce domaine, la Commission ait décidé l'accroissement des opérations engagées en matière de coopération universitaire et de formation supérieure : la formation d'ingénieurs brésiliens dans les grandes écoles françaises est, à cet égard, intéressante. Par ailleurs, le succès de la présence française dans de nombreux salons de l'étudiant au Brésil est la preuve de la vitalité des échanges universitaires et du goût des jeunes Brésiliens pour les formations supérieures en France.
Je me réjouis du renforcement de la coordination de nos actions dans le domaine de la recherche, notamment par la création d'un "Comité de recherche en Amazonie" et à travers des programmes spécifiques intéressant le milieu industriel. Je suis heureux d'observer que le "programme recherche industrie" vient d'être rénové.
Les travaux de ces derniers jours auront permis d'enregistrer ces progrès. Néanmoins, il reste beaucoup à faire. Notre coopération souffre encore d'une faiblesse structurelle dans le domaine des sciences humaines et sociales. Il nous faut élargir cette coopération. Certes, nous bénéficions d'une tradition prestigieuse, qu'ont illustrée, tant au Brésil qu'en France, des chercheurs de très haut niveau. Mais il nous faut aujourd'hui combler un déficit de connaissance mutuelle. J'attends que, dès les prochains mois, nous prenions des initiatives en ce sens.
Pour aller de l'avant, notre coopération doit davantage s'insérer dans son environnement économique. Il nous faut pour cela adosser nos initiatives de recherche et d'innovation technologique au secteur privé, afin de mieux intégrer les besoins du marché dans nos objectifs et de mettre sur pied des schémas de co-investissement.
Il nous est tout autant nécessaire de partager nos expériences et de travailler ensemble, en favorisant notamment les échanges de jeunes chercheurs, sur des secteurs à haute valeur ajoutée. Comment ne pas penser, par exemple, à la recherche amazonienne et aux activités spatiales, qui sont des domaines pour lesquels notre proximité géographique et nos intérêts communs sont des atouts ?
Ces pistes ne remettent en cause, ni le socle sur lequel se sont construits nos échanges, ni l'acquis de nos relations intellectuelles et culturelles. Les secteurs où nous pouvons accroître nos opérations conjointes sont nombreux, qu'il s'agisse de la coopération cinématographique, pour laquelle nous devons explorer toutes les possibilités de co-production et de co-diffusion, ou encore de l'action artistique, où l'expertise des grands établissements culturels (Le Louvre, la Comédie française) et des festivals (Avignon, Biarritz) permet d'envisager des programmations communes.
Par ailleurs, il nous appartient de proposer de nouveaux modèles pour répondre aux défis de l'eau, de la santé, de l'éducation et, plus largement, de la gestion urbaine. Parmi ces nouveaux défis, je ne saurais passer sous silence le formidable enjeu que représente la coopération en matière de nouvelles technologies. Le projet de forum franco-brésilien des technologies de l'information et de la communication, qui doit se tenir à Sao Paulo, Rio et Brasilia avant la fin de l'année, illustre notre volonté commune de partager savoir-faire et expérience dans ce domaine stratégique.
Nous sommes confrontés à des problèmes analogues concernant la place de nos deux langues dans les échanges internationaux. La défense de la diversité culturelle appelle de notre part des propositions conjointes. J'ai rappelé tout à l'heure l'importance politique de ces sujets.
Nous avons, enfin, une responsabilité réciproque d'information et d'explication sur nos deux pays. Ils sont encore trop souvent perçus à travers un catalogue d'images traditionnelles qui, pour être parfois réelles, n'en occultent pas moins le chemin parcouru ces dernières décennies par le Brésil et par la France. Il nous faut nous connaître et nous faire connaître.
Consolider l'acquis, associer le secteur privé, conjuguer nos réflexions autour des problématiques communes, faire oeuvre de pédagogie sur les réalités respectives de nos deux pays, voilà les actes qui doivent guider des relations bilatérales animées par cette alchimie si complexe et précieuse qu'est la confiance.
C'est cette même confiance, qui, parce qu'elle se retrouve également dans notre dialogue politique et dans nos relations économiques, me rend fondamentalement optimiste quant à notre avenir commun. Il nous reste désormais, jour après jour, à poursuivre le travail engagé.
Je souhaiterais enfin adresser, si vous le permettez, Monsieur le Ministre, en mon nom personnel, mes remerciements les plus chaleureux à l'ensemble des participants de cette 2ème Commission générale franco-brésilienne.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2000)