Interview de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, à Radio classique le 30 août 2006, sur le budget de l'audiovisuel pour 2007, le budget et la rentrée de France Télévisions et la télévision de haute définition.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Radio Classique

Texte intégral


Q- G. Bonos : Deuxième partie de notre rendez-vous. Après vos réactions à l'actualité dans la première demi-heure, c'est maintenant la réponse aux questions des journalistes que je vous propose jusqu'à 9H00 et ce ne sont pas les thèmes qui manquent. Dernière info en date, la rallonge budgétaire à France Télévisions. Selon Les Echos, vous venez de confirmer tout à l'heure, il y a un quart d'heure environ, sur l'antenne de Radio Classique, en effet, France Télévisions aura 2,5% de plus. L'occasion de faire le point sur un secteur audiovisuel où se côtoient le meilleur et le pire. Ce ne pourrait être qu'un simple débat esthétique s'il n'y avait en ombre portée une campagne électorale majeure dans laquelle les médias, on le sait, vont jouer un rôle crucial. Voilà pour la communication. Côté culture, je vous propose de faire le bilan de cette saison des festivals qui s'achève, une saison qui n'a pas connu d'incidents majeurs, on pense bien sûr aux intermittents. Est-ce selon vous un mal récurrent ou l'inévitable dernier carré des plus irréductibles ? La culture c'est aussi le patrimoine, alors que les journées qu'on lui consacre auront lieu les 16 et 17 septembre prochains, là aussi l'année dernière, il y a eu une grogne. Est-ce qu'elle est encore sous-jacente ? Vous êtes intervenu, on dira presque en urgence, vous allez nous dire où on en est aujourd'hui. L'occasion, du coup, d'évoquer votre budget pour 2007 alors que se déroulent les derniers arbitrages. Et puis on va quand même parler aussi politique, monsieur Donnedieu de Vabres. Nous sommes entre deux universités, celle du PS où on s'est donné des coups de canif en attendant les coups de poignard, et celle de l'UMP où il va sans doute être question d'un certain A. Juppé et de son retour. Voilà, ne reste plus qu'à entrer dans le vif du sujet, en compagnie de P. Mabille pour La Tribune et de T. N'guyen pour Challenges. On commence par le ministre de la Communication, si vous me permettez. Alors revenons sur la rallonge budgétaire à FranceTélévisions. Au début, Bercy ne voulait pas, voulait 1,6 de moins, P. de Carolis réussit 2,5 de plus. Cela fait, si je calcule bien, 3,6 à peu près, non 3 ou 4,1... en sa faveur ?
R- Vous savez, ce qui est important c'est de donner à France Télévisions les moyens de son travail, de son rayonnement et de son action. Et donc le Premier ministre a rendu un arbitrage, donc le budget de l'Etat, ce qui est consacré à France Télévisions, augmentera de 2,5% pour France Télévisions. Je crois que c'était nécessaire et je suis heureux de cette décision prise par le Premier ministre, parce que France Télévisions est confronté évidemment à des défis considérables. Avec la mise en service de la TNT, qui a été une multiplication par 3, pour les Français, des chaînes gratuites mises à leur disposition, on est en train de couvrir progressivement l'intégralité du territoire national...
Q- G. Bonos : A terme, dans combien de temps, selon vous ?
R- D'ici la fin de 2007, on aura atteint 85% du territoire national, mais il y a un droit pour chaque Français à recevoir l'ensemble de ces chaînes de télévision nouvelles. Donc ça veut dire des programmes, ça veut dire des contenus. Moi j'essaie d'être un partenaire solide. Je suis lié à France Télévisions par un contrat, que nous sommes en train de négocier, et je fais en sorte, si vous voulez, de leur donner le maximum de chances de rayonnement possible, parce que je trouve ça juste et essentiel. Tous les lieux possibles sont mis à leur disposition, et d'ailleurs pas uniquement pour France Télévisions, pas uniquement pour l'audiovisuel public, tous les groupes privés, si vous voulez, organiser un jour une très grande émission, un très grand rassemblement au Grand Palais, au Château de Compiègne, à Fontainebleau, à Versailles, au Louvre, dans la région Centre, dans ma région, vraiment j'essaye de faire en sorte qu'on donne le maximum de moyens, donc FranceTélévisions bénéficiera de ces moyens, comme Arte, comme Radio France et comme l'INA, l'Institut national de l'audiovisuel, avec une politique de numérisation très audacieuse, là aussi avec un contrat et un site extraordinaire, ina.fr, qui fait que les Français peuvent redécouvrir et s'approprier leur histoire. Il y a un autre défi que vous n'avez pas mentionné dans mon calendrier et qui est pour moi essentiel, c'est la Chaîne d'information internationale, qui ouvrira son antenne d'ici la fin de l'année...
Q- G. Bonos : France 24.
R- Vous voyez bien, dans la violence que nous connaissons sur le plan international, à quel point il est essentiel qu'il y ait un message libre, de journalistes indépendants, portant le rayonnement de la politique française loin dans le monde. L'objectif à ce moment-là n'est pas la francophonie, ça sera en langue anglaise, en langue arabe et, bien sûr aussi en français, pour faire en sorte tout simplement qu'il y ait pluralisme.
Q- G. Bonos : Je ne pouvais pas être trop long, on me faisait des gros yeux derrière la vitre, c'est pour ça que je ne l'ai pas évoquée. Tudip N'guyen pour Challenges.
Q- T. N'guyen (Challenges) : Autre point crucial pour France Télévisions, vous venez de le mentionner, donc les négociations autour du contrat d'objectifs et de moyens, qui est donc la feuille de route qui balise un peu le terrain pour France Télévisions dans les cinq années à venir. Dans une interview parue ce matin dans Télérama, P. de Carolis se dit prêt à signer, tout de suite, ce COM. Et vous ?
R- Eh bien nous sommes en train d'y travailler. Les discussions de part et d'autres se passent dans d'excellentes conditions. Moi je souhaite effectivement qu'on puisse le signer le plus rapidement possible. C'est un engagement, c'est l'Etat, France Télévisions. Ensuite, si vous voulez, sur le contenu des programmes, sur l'information, pour que les choses soient
claires vis-à-vis de nos auditeurs, FranceTélévisions est totalement libre et indépendante. Dans une démocratie comme la France, le contrôle des contenus, il est fait par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, le ministre de la Communication il n'est pas le ministre de l'information. Je ne suis pas un censeur, je donne des moyens, je donne des impulsions, je souhaite évidemment que la place donnée à la culture soit très importante. FranceTélévisions joue un rôle majeur dans le soutien au cinéma et dans le soutien à la fiction audiovisuelle. Nous avons renforcé ces moyens par le crédit d'impôt, que j'évoquais tout à l'heure, aussi bien pour le cinéma que pour l'audiovisuel, qui a des conséquences extraordinaires. Un maître mot : Relocalisation de l'activité et des tournages en France. C'est ma manière aussi à moi, si vous voulez, de sortir par le haut de la crise de l'emploi culturel que nous avons connue, c'est de faire en sorte que les gens aient du travail, parce que s'ils ont du travail, eh bien, à ce moment là, évidemment, les choses sont plus simples.
Q- P. Mabille (La Tribune) : Une question sur la redevance, puisqu'on parle du budget de la télévision publique, et évidemment on pense tout de suite à ce qui la finance. La redevance a été réformée, adossée à la taxe d'habitation, est-ce que pour 2006, pour 2007 et pour l'avenir, il vous semble que cette réforme finalement ne met pas en danger les recettes de la redevance publique ?
R- Non, je ne pense pas que...
Q- P. Mabille : Et faut-il augmenter son montant peut-être dans le budget ?
R- A chaque jour suffit sa peine. Je ne vais pas tout annoncer aujourd'hui, mais il n'est pas question aujourd'hui pour le Gouvernement d'augmenter le montant de la redevance. La question future, c'est laquelle ? Ce n'est pas son adossement et le paiement en même temps que la taxe d'habitation. Ça c'est plutôt un progrès, ça évite une gestion administrative trop complexe et trop coûteuse. Le problème va être la dématérialisation des supports. C'est-à-dire qu'autrefois c'était simple : vous aviez un poste de télévision par foyer, le vieux poste de télévision qui était dans la salle à manger ou dans le salon et autour duquel se regroupait la famille. Aujourd'hui, la télévision, vous pouvez la recevoir par 1.000 supports. La question sera de savoir à partir de quand on paye la redevance et si quelqu'un qui dit "ah non, non, mais moi de toute façon je n'ai plus de poste de télévision, je ne reçois la télévision que sur mon terminal, sur mon ordinateur etc., ou sur mon téléphone portable"... Est-ce qu'il devra être assujetti ou pas à la redevance ? Si on disait qu'il n'est pas "assujettisable" à la redevance, alors évidemment, là votre question aurait son sens parce qu'on se retrouverait avec un problème de financement. Mais pour le moment, je crois qu'on n'en est pas à prendre de nouvelles décisions, le point d'équilibre semble atteint et moi je suis en tout cas très vigilant pour que le financement de l'offre soit au rendez-vous.
Q- T. N'guyen : Par rapport à toutes ces mutations, est-ce que vous estimez justement la télévision publique suffisamment armée au futur ?
R- Il y a une nouvelle étape qui est un projet de loi que j'ai déposé devant le Conseil des ministres à la fin du mois de juillet, qui est la télévision du futur, qui est la haute définition, c'est quelque chose de très important, et de faire en sorte, si vous voulez aussi, que la télévision soit sur les portables. Ce sont des objectifs tout à fait majeurs. Le débat aura lieu d'abord au Sénat et puis ensuite à l'Assemblée nationale. Là aussi, c'est notre volonté d'être au rendez-vous des évolutions de la technologie et de faire en sorte que ce soit un progrès. Ce n'est pas le pluralisme, ce n'est pas le nombre de chaînes qui est en lui-même un progrès, c'est le contenu, c'est-à-dire c'est le travail fait par les journalistes, par ceux qui animent et qui créent des émissions, qui lancent des idées, des projets. S'il n'y a pas de contenu attractif, une multiplication des chaînes n'a pas beaucoup de sens.
Q- T. N'guyen : Le contenu et les acteurs... Or il y a beaucoup de nouveaux entrants qui reprochent à votre projet, justement, de faire la part belle aux grands groupes privés.
R- Vous savez, il faut être juste dans la vie, c'est-à-dire que vous avez un certain nombre de groupes, publics ou privés, qui investissent de manière considérable, dans l'information, dans la présence de journalistes partout dans un certain nombre de pays, avec des rédactions nombreuses et des groupes qui ne le font pas. Vous avez des groupes qui investissent fortement dans le cinéma, qui investissent fortement dans la production audiovisuelle, et donc il est normal de tenir compte de ces investissements. Et puis deuxièmement, comme on va basculer vers le numérique, il y a un certain nombre de chaînes qui avaient des durées d'autorisation qui dépassaient l'entrée en vigueur du numérique, donc le Conseil d'Etat a dit qu'il fallait des contreparties au fait qu'on allait rétrécir leur durée d'autorisation. Bref, on essaye d'être juste, d'être équilibré et moi je souhaite vraiment que le critère de jugement, ce soit le contenu, et à bon entendeur salut. Moi je souhaite que soient mis en valeur et à l'honneur ceux qui investissent fortement et lourdement pour soutenir la musique, le cinéma, la fiction audiovisuelle, l'information, bref, la diversité des programmes.
Q- P. Mabille : Vous avez parlé de ce qui se passe dans le domaine des supports, des mutations technologiques. De la même façon, avec l'affaire des téléchargements, Internet, vous faites face à la même situation, c'est-à-dire est-ce que l'Etat, est-ce que la puissance publique peut aller aussi vite que l'évolution technologique ? Le Conseil Constitutionnel a modifié les équilibres de la loi que vous aviez fait voter. Qu'est-ce qui va se passer pour tous les jeunes internautes demain ? Est-ce qu'on ne va pas avoir une situation de nouveau de blocage ?
R- Non, je ne crois pas. Je crois qu'il fallait rappeler, à l'ère numérique, un certain nombre de principes. L'un des principes était que les auteurs, ceux qui ont conçu une oeuvre, ont le droit de pouvoir vivre de leur travail. Le deuxième principe c'est de faire en sorte, si vous voulez, qu'il y ait, grâce à Internet, la diffusion la plus large sans blocages. Et donc nous avons donné le principe de sécurité juridique aux auteurs, nous le donnons également auxi nternautes par un droit nouveau, dont on n'a pas beaucoup parlé, mais qui est absolument essentiel, qui est celui de l'inter-opérabilité, terme un peu barbare. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ça veut dire tout simplement que quand vous avez légalement les droits sur une oeuvre, vous pouvez la lire quel que soit le support. La France fait partie des pays pionniers, qui lance ce principe, qui deviendra d'ailleurs une exigence sur le plan international de tous les consommateurs, et de tous les internautes. Le point d'achoppement qui s'est produit avec le Conseil constitutionnel - au passage, merci aux parlementaires de gauche qui ont saisi le Conseil constitutionnel et dont le résultat a été, effectivement, que ce que j'avais prévu d'une graduation des peines vole un peu en éclats. Ceci étant dit, avec mon collègue le Garde des Sceaux, nous sommes en train de préparer une circulaire pour les Parquets, pour ceux qui ont la charge de la poursuite judiciaire, pour faire un tri entre l'internaute ordinaire, qui commet un acte de téléchargement illégal, et ceux qui veulent casser un système de protection du droit d'auteur. Bref, la prison pour l'internaute ordinaire ne
sera pas d'actualité.
Q- G. Bonos : Monsieur le ministre, on se retrouve dans un instant pour la suite et la fin de cette édition spéciale. A tout de suite.
[8h49 : "Grand témoin" - dernière partie]
Q- G. Bonos : Monsieur le ministre, on parlait de chiffres, alors le budget 2007 pour le ministère de la Culture ça se présente bien ?
R- Bien, j'espère. Vous savez, les derniers arbitrages sont en train d'être rendus par le Premier ministre. Moi j'essaie de faire comprendre que la culture pour la France. C'est essentiel pour son attractivité, ce n'est pas quelque chose de marginal, ce n'est pas un supplément d'âme sympathique, mais c'est un atout majeur, et donc ce sont à la clé des emplois, c'est à la clé aussi peut-être une sorte de dynamique ou de réconciliation entre nos concitoyens, quelles que soient leurs origines, la couleur de leur peau, leur situation sociale, bref, je suis un éternel mendiant et j'ai la chance, de ce point de vue là, d'avoir le soutien du Premier ministre et du président de la République, c'est très important parce que quand on parle d'avenir, il ne faut pas parler uniquement de recherche et d'éducation mais aussi de culture, et les besoins sont considérables. Dans la question du patrimoine, que vous avez évoquée tout à l'heure, pour moi ce n'est pas une nostalgie, c'est un capital d'avenir, c'est de faire en sorte qu'il s'ouvre, qu'il soit utilisé, qu'il soit restauré. Et puis plus politiquement, si on veut que nos concitoyens soient, j'allais dire bien dans leurs baskets, soient ouverts, ne considèrent pas que l'extérieur est une menace, quel que soit l'extérieur, que la mondialisation doit nous faire craindre un certain nombre de choses, il faut que nos propres racines, notre identité, soient confortées. Et par ailleurs, comme vous le savez, j'ouvre l'ensemble du patrimoine, en tout cas pour celui qui dépend de l'Etat, à toutes les activités culturelles et artistiques, notamment au cinéma. Un chiffre, là aussi, extraordinaire : plus de 100 millions de spectateurs pour le "Da Vinci Code" dans le monde ! Vous imaginez ce que ça donne en terme de réputation pour notre pays, ça donne la volonté de le découvrir. Le Premier ministre, au moment des Journées du patrimoine, annoncera un certain nombre de mesures nouvelles, je le laisse les annoncer, elles sont tout à fait essentielles pour nous.
Q- G. Bonos : Vous ne voulez pas nous en donner une ?
R- Non, pas du tout, c'est à lui de le faire. Tout simplement, si vous voulez, parce que ce sont des métiers aussi à la clé, et que ce sont des métiers magnifiques, les métiers du patrimoine, qu'il s'agisse des charpentiers, des tailleurs de pierres, des sculpteurs, ce sont des métiers magnifiques, nos concitoyens attendent une mobilisation autour du patrimoine.
Q- G. Bonos : Sur le "Da Vinci Code", monsieur le ministre, je pense qu'il y a le curé de Saint-Sulpice qui est peut-être moins enthousiaste que vous, mais on sait pourquoi. Plus sérieusement, les Journées du patrimoine, 16 et 17 septembre prochain, l'année dernière vous avez éteint un feu qui commençait à prendre de l'ampleur sur les crédits et les financements pour notamment les monuments historiques, alors on en est où aujourd'hui de ce dossier ?
R- Il y a eu des mesures nouvelles qui ont été prises dans le budget de l'année dernière, c'est vrai que ce n'est jamais suffisant. Je vais avoir l'honnêteté de donner un chiffre : l'ensemble des travaux qu'il faudrait réaliser sur l'ensemble du patrimoine public et privé, c'est à peu près 6 milliards d'euros. Par an, aujourd'hui, le budget de l'Etat c'est 330 millions d'euros. Bref, il faut pouvoir accélérer. Nous allons prendre un certain nombre d'initiatives nouvelles, elles sont absolument essentielles. Et puis, j'ai un deuxième projet, au-delà du patrimoine français, c'est de faire en sorte, si vous voulez, qu'il y ait, de ce point de vue là, un soutien européen. J'étais hier en Finlande pour rencontrer mon homologue, qui exerce en ce moment la présidence de l'Union européenne. Nous allons créer le label européen du patrimoine, ça veut dire, si vous ovulez, de faire une sorte de parcours possible entre ce qui est du domaine de l'UNESCO, du rayonnement mondial et de la fierté locale. Eh bien ces routes, ces itinéraires - et dans mon esprit il ne s'agira pas uniquement des châteaux, des cathédrales ou des bbayes, mais aussi de l'art de vivre, c'est-à-dire des cafés emblématiques, des résidences d'artistes, des cafés concerts...
Q- G. Bonos : Des restaurants...
R- Bien sûr, de cet art de vivre que nous devons protéger. Nos concitoyens, si vous voulez, sont ouverts, il faut les ouvrir à toutes les réalités mondiales, mais l'Europe doit apparaître comme un espace de protection, de mise en valeur de notre identité et d'accueil de la création.
Q- G. Bonos : Pour les restos patrimoniaux, je veux bien le guide monsieur le ministre.
R- Ça sera une sorte de "Guide du routard européen" et à l'intérieur duquel il y aura, évidemment, un certain nombre de cafés.
Q- P. Mabille : Sur la question des intermittents, on l'a dit tout à l'heure, les festivals de l'été se sont cette année bien passés. Est-ce que vous considérez qu'aujourd'hui la question des intermittents est résolue, que le financement de leur régime est assuré, et est-ce que vous considérez que les entreprises, de spectacles et de la communication, ont changé de comportement dans leur attitude à l'égard de l'utilisation de cette main d'oeuvre ?
R- Le climat global a changé, nous avons mis sur la table la question de l'emploi culturel, c'était évidemment quelque chose de très important. La signature de l'accord définitif entre les partenaires sociaux n'est pas encore intervenue et j'appelle solennellement les partenaires sociaux à prendre leurs responsabilités. Je peux d'autant plus le faire que nous avons décidé d'articuler la solidarité de l'Etat avec la solidarité interprofessionnelle. Le régime d'assurance chômage des artistes et des techniciens il est spécifique, parce que leurs conditions d'emploi et d'activité sont spécifiques. Je souhaite que, le plus rapidement possible, les partenaires sociaux signent l'accord qu'ils ont négocié. J'ai annoncé, avec mes collègues J.-L. Borloo et G. Larcher, que l'Etat compléterait le dispositif. Tout cela doit rentrer en vigueur. En attendant, il n'y a pas de vide juridique, puisque j'ai prolongé les mesures transitoires de 2005. Mais c'est vrai que je suis impatient. Si cette signature ne devait pas intervenir, alors à ce moment-là, le Gouvernement et le Parlement prendraient leurs responsabilités. Mais il y a un risque, parce que je tiens à la garantie de la solidarité interprofessionnelle, c'est l'intérêt du monde culturel de ne pas être à côté, de ne pas être à part, c'est une très grande activité économique qui doit bénéficier de la solidarité interprofessionnelle. Je souhaite que l'accord soit signé le plus rapidement possible.
Q- G. Bonos : Très vite, T. N'guyen pour Challenges.
Q- T. N'guyen : En ce qui concerne le financement du cinéma, il y a une décision très attendue cette semaine, c'est la fusion TPS/ Canal+. A votre connaissance, est-ce que Bercy va donner son feu vert ?
R- Il y a eu beaucoup de discussions entre le ministère de la Culture, le ministère de l'Economie et des Finances et les groupes concernés, parce que nous voulons que les contenus, là aussi, soient garantis. Cela veut dire que le soutien au pluralisme du cinéma soit garanti, et que ce soit véritablement une chance aussi bien pour le spectateur que pour le monde des créateurs. Bref, la décision prise par Bercy le sera au terme de négociations qui ont eu lieu, d'engagements pris par le groupe Canal+ notamment. Et dans les jours qui viennent, le ministre de l'Economie et des Finances sera amené à rendre un avis motivé sur cette question, mais il aura été précédé d'un travail de fond parce que nous tenons à ce que ce qui est l'originalité du système français soit préservé, le pluralisme...
Q- T. N'guyen : Donc avec des garde-fous.
R- Bien sûr, avec un certain nombre de garanties qui sont nécessaires.
Q- G. Bonos : P. Mabille pour La Tribune, on parle politique un peu pour terminer.
Q- P. Mabille : Oui, une petite question politique. Vous allez à l'Université d'été de l'UMP à Marseille ce week-end, vous y participez, alors ma question est simple : vous n'étiez pas connu jusqu'à présent comme un des principaux partisans les plus chaleureux de N. Sarkozy, est-ce que vous faites aujourd'hui partie des ralliés et est-ce que vous considérez qu'il est désormais le seul candidat possible, naturel de l'UMP, pour l'élection présidentielle ?
R- Je n'aime pas le terme de "rallié", j'aime celui d'équipe. Nous allons faire équipe tous ensemble pour que nous soyons une collection d'atouts. Alors je ne me situe pas au niveau des candidats à l'élection présidentielle, mais je le dis avec beaucoup de force et de calme : pour gagner l'échéance de 2007, nous aurons besoin de l'engagement du président de la République qui s'appelle J. Chirac, nous aurons besoin de la force de conviction et du rayonnement de D. de Villepin, notre Premier ministre, d'A. Juppé, de J.-P. Raffarin, et nous aurons besoin que notre candidat - celui qui se dessine aujourd'hui, N. Sarkozy - soit dans une forme olympique, avec ce défi redoutable à la fois d'être très clairement identifié et de rassembler l'arc-en-ciel de la société politique française. Et donc ça ce n'est pas simple, et c'est un défi dans lequel moi je compte apporter ma pierre. J'espère que nous allons trancher, que l'esprit de Marseille apparaîtra comme celui du rassemblement. Et deuxièmement, comme les débats de fond qui peuvent intéresser les Français - par opposition à d'autres débats qui concernent nos voisins - moi, je ne m'intéresse pas à mes voisins, je m'intéresse à notre projet.
Q- G. Bonos : Oui, mais monsieur le ministre, dans ce projet, il y a un élément nouveau qui s'appelle A. Juppé, qui va revenir maire de Bordeaux, qui a déjà annoncé qu'il serait candidat aux législatives...
R- Son retour est une chance, parce que son expérience, son talent, son autorité, sont évidemment ultra nécessaires. Nous, on ne considère pas, si vous voulez, que l'addition des énergies ce soit catastrophique. Nous ne cherchons pas à nous cloisonner, mais à trouver un modus vivendi et à créer une dynamique positive. Si on fait du surplace, et c'est vrai dans toutes activités, eh bien à ce moment-là, chacun se regarde en chien de faïence. Nous, nous ne sommes pas une équipe de chiens de faïence, nous sommes la volonté d'être une équipe dynamique, positive, forte de l'atout que constitue le bilan du Gouvernement et puis avec une nouvelle page qui s'ouvre.
G. Bonos : Merci monsieur le ministre, merci monsieur Donnedieu de
Vabres d'avoir été le premier invité - ce " Grand témoin " Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 août 2006