Déclaration de M. François Bayrou, président de l'UDF, sur la présence de Nicolas Hulot et le thème du développement durable, consommation d'énergie et changement climatique, dans le débat politique, La Grande-Motte (Hérault) le 31 août 2006.

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Circonstance : Université d'été de l'UDF à La Grande-Motte (Hérault) du 31 août au 3 septembre 2006

Texte intégral

Je suis très heureux que Nicolas Hulot ait accepté de participer à cette rencontre, en raison de ce qu'il est, de ce qu'il représente, et des idées qu'il défend.
Je suis très heureux que Nicolas Hulot soit présent en raison de ce qu'il est, avec son histoire, ses idées, son identité, que je n'ai aucune intention de récupérer d'une manière ou d'une autre. Je pense que c'est une malédiction de la société française que de ne travailler qu'avec ceux qui vous sont soumis, « encartés ». Le plus grand bien qu'on pourrait faire à la France, c'est d'apprendre qu'on peut et qu'on doit travailler avec des gens différents de vous.
Je suis très heureux que Nicolas Hulot soit présent en raison de ce qu'il représente, naturellement une personnalité familière à tous les Français, qui a choisi de défendre des thèses en s'engageant personnellement. Journaliste, auteur de documentaires dont vous savez la qualité, la popularité, un jour il s'est dit qu'il ne pouvait rester spectateur, qu'il devait devenir acteur. J'aime son engagement.
Je suis très heureux que Nicolas Hulot soit présent en raison de ce qu'il défend, de ses idées. Nous avons travaillé sur ces sujets depuis des années sans la moindre publicité. Colloques, tables rondes, réunions privées avec des chercheurs, des scientifiques, pour essayer de comprendre ce qui se passait.
J'ai été de ceux qui croyaient que ces affaires de climat, après tout, des changements climatiques, il y en avait eu beaucoup. Dans mes Pyrénées, il y a des carrières de sable, avec à chaque coup de pioche, on découvre des noix de coco fossiles vestiges d'un climat tropical.
J'ai appris que cette vision optimiste n'était pas fondée. Que la réalité scientifique, c'est que l'humanité a créé un risque pour sa survie, comme il n'y en a pas eu depuis le début des temps.
Des civilisations qui ont disparu pour des raisons écologiques, il y en a eu beaucoup en Grèce, en Amérique du Sud, mais il y avait toujours des espaces vierges sur lesquels pouvait se reconstruire l'histoire de l'humanité. Ce n'est pas le cas. Le rejet des gaz à effet de serre fait que tous les scientifiques considèrent inéluctable que, d'ici la fin du siècle, des parties entières de l'humanité soient menacées dans leur genre de vie, peut-être dans leur vie. C'est la consommation des énergies fossiles qui explique l'évolution de ces gaz à effet de serre. Ceci pose un problème politique. La conviction que j'ai voulu affirmer, en invitant Nicolas Hulot, c'est que ce problème doit être assumé par toutes les formations politiques, doit être l'engagement commun de toutes les familles politiques. Pas le monopole d'un courant contre un autre. Ce doit être notre pacte à tous de défendre un bien précieux de l'humanité.
Naturellement ce n'est pas un problème national, c'est un problème politique pour toute l'humanité. Mais la France peut être le leader pour faire de l'Europe la force politique qui s'adressera à la Chine, à l'Inde, aux Etats-Unis pour changer la réalité.
Nous sommes décidé à faire de cette question, une question clé de l'élection présidentielle.
Nicolas Hulot a exprimé un certain nombre d'idées que je trouve intéressantes, que la discussion ensemble nous a permis d'éclairer. L'idée que Nicolas Hulot voulait un Vice-Premier Ministre chargé de ces questions. Je m'apprêtais à lui dire qu'il fallait faire autrement. Parce que l'éducation, l'enseignement, ... auraient dit "nous aussi". Nicolas Hulot m'a expliqué son idée : cette fonction nouvelle n'est pas "écologique", elle est dédiée au "développement durable". Elle intègre ce que les grands hommes de l'après-guerre ont voulu faire avec le Plan. Car les gouvernants sont forcément soumis au court terme. Je trouve cette idée juste et intéressante. Elle concerne l'environnement et beaucoup d'autres questions, les retraites [par exemple]. Cette idée mérite d'être retenue et validée, je le fais aujourd'hui.
Cela me permet d'illustrer ce que je considère comme crucial, dans l'ancien régime dans lequel nous vivons, on est soumis uniquement à la logique de l'affrontement partisan, je souhaite qu'on change d'époque, je vais tout faire pour qu'on change d'époque, quand on regarde les citoyens à part entière, les idées exprimées sont souvent justes. Travailler avec des personnes d'origine et d'étiquette différentes peut être une révolution pour notre pays. Source http://www.udf.org, le 1er septembre 2006