Texte intégral
Q - Ne craignez-vous pas, par votre présence, dinstitutionnaliser la présence française à lArco ?
R - Cest un mauvais procès quon fait là à la France. Ma présence est logique par rapport à ma priorité qui est aujourdhui, par laide à lexportation, la connaissance des artistes, la mise en réseau, la mobilisation des institutions, de contribuer à faire connaître la richesse de la création française daujourdhui à létranger. Il faut inciter à voir et à acheter : les artistes ne peuvent pas vivre des seules acquisitions publiques.
Il ny a pas, pour moi, dart officiel... Je pense que ma présence publique, que je ne souhaite pas imposer et que je ne veux pas encombrante, me permet, en même temps, de voir ce qui est fait. Jaccompagne simplement, à ce moment-là sans substituer ma parole à ce qui est montré... Mais je constate que, quand je ne suis pas présente, on me reproche de ne pas être là.
Q - La subvention du commerce de lart à létranger ne vous gêne-t-elle pas ? Ny a-t-il pas mieux à faire ?
R - Les incitations financières que nous pouvons apporter restent modestes puisquelles ne bénéficient quaux galeries qui présentent au moins 50 % doeuvres dartistes français (ou vivant en France) et en réalité elles ne prennent en charge quenviron un tiers des coûts de location des stands. Au total, cest beaucoup moins quun pour cent du budget consacré aux arts plastiques. Par rapport au retour quon peut en attendre, cest un coup de pouce conséquent ; mais cela ne se substitue pas à leffort fait par chacun.
Q - Pensez-vous toujours rapprocher le ministère de la Culture et celui des Affaires étrangères pour harmoniser la politique culturelle de la France à létranger ?
R - Nous lenvisageons avec Hubert Védrine. Nos deux cabinets ont commencé à travailler. Nous avons mis en place des structures et nous avons effectué, à partir de là, un tour dhorizon sur ce qui devait être fait concernant lintervention culturelle à létranger, chacun étant conscient que nous devons mieux nous coordonner et mieux travailler ensemble. LAfaa va avoir, de ce point de vue, un rôle déterminant. Nous avons proposé quil y ait un contrat dobjectif entre nous qui permette de clarifier les interventions des uns et des autres. Je constate quen réalité, dans les accords bilatéraux, en matière déchanges dexposition, le ministère de la Culture joue déjà un rôle important. En même temps, sur le plan européen, nous sommes en train de reprendre les bilans des échanges avec chacun des pays membres. Nous sommes à la recherche dune politique culturelle européenne - pour laquelle je milite - et en même temps nous incitons les pays à évoluer de manière concomitante. Nous avons quelques sujets sensibles concernant notamment la fiscalité. Je plaide pour quil ny ait pas de distorsion sur le plan de la fiscalité de lart au plan européen, mais pour que nous profitions dans ce domaine, comme dans les autres, de cet espace pour la circulation optimale des oeuvres et une meilleure connaissance et reconnaissance des artistes. Il faut aussi parler de marché. Sur cette stratégie, nous sommes tout à fait en phase avec le ministère des Affaires étrangères. Il va y avoir prochainement une réunion à propos de lAfaa, de tout ce qui concerne les aspects liés à la politique culturelle à létranger. Ce quon peut en attendre, cest davoir des relations simplifiées.
Q - Quelles sont vos priorités en matière de politique étrangère ?
R - Ce que nous avons fait pour Arco, nous allons le faire dans dautres occasions. Nous allons réaliser des informations à destination des pays avec lesquels nous pouvons développer des échanges pour quils puissent se repérer sur la scène artistique française. Nous allons augmenter le nombre de monographies bilingues. Nous avons prévu dinstituer un fonds franco-japonais. Ce qui me frappe, cest quaujourdhui, pour exister sur le marché de lart, tout le monde dit quil faut passer par les Etats-Unis. Cest sans doute important mais pas exclusif. Il faut que nous ayons aussi nos réseaux au sein de lEurope. A Cologne, à Bâle, il y a des foires importantes. Londres est également une ville qui compte. Je souhaite que Paris retrouve une place déterminante.
Q - Jusquà présent, en Asie, Paris était perçue comme le paradis des arts. Mais aujourdhui la difficulté dobtention des visas nuit gravement à notre image...
R - Je me suis rendu compte de cela. Nous nous efforçons de régler le problème.
Q - Ny a-t-il pas une information à faire passer ? II y a là une importante contre-publicité.
R - Vous avez raison. Jai demandé quon traite la question des artistes comme on traitait celle des étudiants. Pour favoriser la venue dartistes étrangers en France.
Q - Paris a une force dattrait extraordinaire dans le monde. Ne pensez-vous pas quil convient de mieux utiliser ce potentiel ? Dans ce sens, labandon du Grand Palais (12 000 m2 de surface dexposition en plein Paris) et labsence dune biennale dart contemporain dans la capitale ne sont-ils pas des manques majeurs ?
R - Labandon du Grand Palais ! Que me dites-vous là ! Les travaux vont commencer dès le prochain semestre. Nous allons consolider le sous-sol, les murs, la toiture. Cest beaucoup ; mais cest prévu. On a une estimation qui dépasse le milliard... Ce qui manque à lheure actuelle cest un lieu pour exposer les jeunes créateurs.
Q - Et une biennale...
R - La biennale de Lyon est une belle réalisation qui doit continuer. Pour le reste, il faudra trouver un lieu supplémentaire.
Q - Linertie du gouvernement dans la réforme du marché de lart français - notamment la réforme des commissaires priseurs - ne favorise-t-elle pas exagérément les maisons de vente Christies et Sothebys à Londres et à New York ?
R - Nous avons mis au point, sous légide de la ministre de la Justice, une réforme du statut des commissaires-priseurs. Le texte est prêt, examiné avec soin, en concertation avec la profession. Il est important que cette réforme puisse être engagée rapidement, sinon je crains que la France ne soit, en effet, défavorisée par rapport aux grandes organisations de vente Sothebys et Christies. Mais lorsque ce cap sera passé, le marché de lart français sera redynamisé./.
(Source http://www.culture.gouv.fr)
R - Cest un mauvais procès quon fait là à la France. Ma présence est logique par rapport à ma priorité qui est aujourdhui, par laide à lexportation, la connaissance des artistes, la mise en réseau, la mobilisation des institutions, de contribuer à faire connaître la richesse de la création française daujourdhui à létranger. Il faut inciter à voir et à acheter : les artistes ne peuvent pas vivre des seules acquisitions publiques.
Il ny a pas, pour moi, dart officiel... Je pense que ma présence publique, que je ne souhaite pas imposer et que je ne veux pas encombrante, me permet, en même temps, de voir ce qui est fait. Jaccompagne simplement, à ce moment-là sans substituer ma parole à ce qui est montré... Mais je constate que, quand je ne suis pas présente, on me reproche de ne pas être là.
Q - La subvention du commerce de lart à létranger ne vous gêne-t-elle pas ? Ny a-t-il pas mieux à faire ?
R - Les incitations financières que nous pouvons apporter restent modestes puisquelles ne bénéficient quaux galeries qui présentent au moins 50 % doeuvres dartistes français (ou vivant en France) et en réalité elles ne prennent en charge quenviron un tiers des coûts de location des stands. Au total, cest beaucoup moins quun pour cent du budget consacré aux arts plastiques. Par rapport au retour quon peut en attendre, cest un coup de pouce conséquent ; mais cela ne se substitue pas à leffort fait par chacun.
Q - Pensez-vous toujours rapprocher le ministère de la Culture et celui des Affaires étrangères pour harmoniser la politique culturelle de la France à létranger ?
R - Nous lenvisageons avec Hubert Védrine. Nos deux cabinets ont commencé à travailler. Nous avons mis en place des structures et nous avons effectué, à partir de là, un tour dhorizon sur ce qui devait être fait concernant lintervention culturelle à létranger, chacun étant conscient que nous devons mieux nous coordonner et mieux travailler ensemble. LAfaa va avoir, de ce point de vue, un rôle déterminant. Nous avons proposé quil y ait un contrat dobjectif entre nous qui permette de clarifier les interventions des uns et des autres. Je constate quen réalité, dans les accords bilatéraux, en matière déchanges dexposition, le ministère de la Culture joue déjà un rôle important. En même temps, sur le plan européen, nous sommes en train de reprendre les bilans des échanges avec chacun des pays membres. Nous sommes à la recherche dune politique culturelle européenne - pour laquelle je milite - et en même temps nous incitons les pays à évoluer de manière concomitante. Nous avons quelques sujets sensibles concernant notamment la fiscalité. Je plaide pour quil ny ait pas de distorsion sur le plan de la fiscalité de lart au plan européen, mais pour que nous profitions dans ce domaine, comme dans les autres, de cet espace pour la circulation optimale des oeuvres et une meilleure connaissance et reconnaissance des artistes. Il faut aussi parler de marché. Sur cette stratégie, nous sommes tout à fait en phase avec le ministère des Affaires étrangères. Il va y avoir prochainement une réunion à propos de lAfaa, de tout ce qui concerne les aspects liés à la politique culturelle à létranger. Ce quon peut en attendre, cest davoir des relations simplifiées.
Q - Quelles sont vos priorités en matière de politique étrangère ?
R - Ce que nous avons fait pour Arco, nous allons le faire dans dautres occasions. Nous allons réaliser des informations à destination des pays avec lesquels nous pouvons développer des échanges pour quils puissent se repérer sur la scène artistique française. Nous allons augmenter le nombre de monographies bilingues. Nous avons prévu dinstituer un fonds franco-japonais. Ce qui me frappe, cest quaujourdhui, pour exister sur le marché de lart, tout le monde dit quil faut passer par les Etats-Unis. Cest sans doute important mais pas exclusif. Il faut que nous ayons aussi nos réseaux au sein de lEurope. A Cologne, à Bâle, il y a des foires importantes. Londres est également une ville qui compte. Je souhaite que Paris retrouve une place déterminante.
Q - Jusquà présent, en Asie, Paris était perçue comme le paradis des arts. Mais aujourdhui la difficulté dobtention des visas nuit gravement à notre image...
R - Je me suis rendu compte de cela. Nous nous efforçons de régler le problème.
Q - Ny a-t-il pas une information à faire passer ? II y a là une importante contre-publicité.
R - Vous avez raison. Jai demandé quon traite la question des artistes comme on traitait celle des étudiants. Pour favoriser la venue dartistes étrangers en France.
Q - Paris a une force dattrait extraordinaire dans le monde. Ne pensez-vous pas quil convient de mieux utiliser ce potentiel ? Dans ce sens, labandon du Grand Palais (12 000 m2 de surface dexposition en plein Paris) et labsence dune biennale dart contemporain dans la capitale ne sont-ils pas des manques majeurs ?
R - Labandon du Grand Palais ! Que me dites-vous là ! Les travaux vont commencer dès le prochain semestre. Nous allons consolider le sous-sol, les murs, la toiture. Cest beaucoup ; mais cest prévu. On a une estimation qui dépasse le milliard... Ce qui manque à lheure actuelle cest un lieu pour exposer les jeunes créateurs.
Q - Et une biennale...
R - La biennale de Lyon est une belle réalisation qui doit continuer. Pour le reste, il faudra trouver un lieu supplémentaire.
Q - Linertie du gouvernement dans la réforme du marché de lart français - notamment la réforme des commissaires priseurs - ne favorise-t-elle pas exagérément les maisons de vente Christies et Sothebys à Londres et à New York ?
R - Nous avons mis au point, sous légide de la ministre de la Justice, une réforme du statut des commissaires-priseurs. Le texte est prêt, examiné avec soin, en concertation avec la profession. Il est important que cette réforme puisse être engagée rapidement, sinon je crains que la France ne soit, en effet, défavorisée par rapport aux grandes organisations de vente Sothebys et Christies. Mais lorsque ce cap sera passé, le marché de lart français sera redynamisé./.
(Source http://www.culture.gouv.fr)