Texte intégral
Messieurs les Ministres, cher Gilles, cher Philippe
Mesdames, Messieurs
D'abord permettez-moi de vous dire tout le plaisir que j'ai eu à vous rencontrer les uns et les autres tout au long de cette journée. En cette semaine de rentrée scolaire il était important pour moi de venir voir concrètement sur le terrain comment les choses se passent pour les élèves évidemment, pour les parents, pour les enseignants.
La rentrée scolaire, c'est un moment essentiel dans la vie des familles, qui mettent beaucoup d'espoir dans l'institution scolaire. C'est aussi un moment particulier pour les enseignants, en particulier pour les jeunes enseignants. Je sais qu'ils attendaient cette semaine avec impatience mais aussi un peu d'appréhension. Je veux leur dire que nous ferons tout pour qu'ils puissent mettre leur enthousiasme et leur énergie au service de ce métier qui est pour la plupart d'entre eux une véritable vocation. Mais c'est surtout pour les élèves que cette rentrée est importante : ils ont pleinement conscience de ce qui se joue pour eux à travers leur parcours scolaire.
Depuis une semaine, chacun a pu constater que les choses avaient changé dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées. Depuis un an, Gilles de Robien travaille pour apporter des réponses aux inquiétudes et aux attentes des enseignants comme des parents. Je veux profiter de cette occasion pour saluer son travail, son sens de l'écoute, du dialogue, l'humanité avec laquelle il traite les sujets aussi délicats. Je veux saluer aussi tous les personnels de l'éducation nationale et l'ensemble de la communauté éducative qui s'est mobilisée pour que ces mesures puissent être en place dès cette rentrée.
Ce qui va changer cette année pour nos établissements scolaires, nous le voyons ici à Thionville :
La première chose qui va changer, ce sont les nouveaux instruments que nous avons mis en place pour lutter contre la violence. Je veux le dire ici avec force : la violence n'a pas sa place à l'école. Aucune forme de violence : ni la violence physique, ni les insultes, ni le racket, ni les menaces. Je veux saluer la qualité du dispositif de prévention de la violence que vous avez mis en place pour lutter contre ces incivilités qui affectent gravement le travail des élèves et des enseignants. Dès cette rentrée, nous avons voulu mettre en place une note de vie scolaire qui permettra d'évaluer le comportement des élèves. Si nous voulons que l'école prépare les jeunes à la vie en société, nous devons leur faire comprendre l'importance des valeurs de respect, de dialogue et de tolérance. Par ailleurs, le projet de loi sur la prévention de la délinquance que présentera Nicolas SARKOZY à partir de la semaine prochaine prévoit des mesures permettant de mieux protéger nos enfants.
La deuxième chose qui va changer, ce sont les nouvelles initiatives que nous avons prises pour mieux préparer les élèves à l'emploi : comme beaucoup de lycées professionnels, le lycée de La Briquerie permet chaque jour à des jeunes de trouver leur voie, de découvrir un métier, de se passionner pour de nouvelles activités. Et nous savons que les jeunes issus de l'enseignement professionnel trouvent plus facilement un emploi que les autres. Ce que je veux, c'est que l'enseignement professionnel soit enfin reconnu pour ce qu'il est : une voie d'excellence au même titre que les filières parfois présentées comme plus prestigieuses de l'enseignement général. Pour cela nous devons faire connaître vos réussites, faire évoluer les mentalités, montrer à quel point les lycées professionnels occupent une place centrale dans notre système éducatif. Pour permettre à tous les élèves de mieux connaître les différents métiers existants nous avons mis en place dès cette rentrée un module de découverte professionnelle dans les collèges et les lycées professionnels. Car nous le savons, c'est souvent une première expérience, un simple déclic qui permet de faire naître une passion, une vocation. C'est d'autant plus important dans les quartiers où le taux de chômage est particulièrement fort : comment savoir ce que l'on veut faire plus tard lorsque la plupart des adultes qui entourent les jeunes sont au chômage ?
Enfin, nous allons cette année encore améliorer l'accueil des élèves handicapés. Je veux m'arrêter un instant sur ce qui se passe depuis quelques années dans notre pays : que ce soit à l'école ou dans l'entreprise, nous avons, grâce à Philippe BAS, fait des progrès majeurs dans la place faite aux personnes handicapées et dans le soutien apporté à leurs familles. Ce qui se passe dans notre pays depuis l'adoption de la loi de 2005, c'est une véritable révolution des esprits et des regards, une révolution positive qui est à l'oeuvre ici dans cet établissement : j'ai rencontré ce matin les élèves de l'Unité pédagogique d'insertion du collège La Milliaire. J'ai pu constater le dévouement de l'équipe pédagogique qui travaille en étroite concertation avec les parents. J'ai pu voir aussi à quel point la présence des autres camarades était essentielle pour que les élèves handicapés puissent participer pleinement à la vie de l'établissement. Car notre objectif c'est bien de donner aux élèves handicapés les mêmes outils et les mêmes armes pour qu'ils puissent construire une vie plus libre et plus autonome.
L'école est aujourd'hui au coeur du débat politique. En réunissant dès le 24 août dernier l'ensemble des autorités académiques, j'ai voulu souligner combien l'éducation, la formation et l'égalité des chances sont au coeur de l'action du gouvernement. Elles le resteront tout au long des prochains mois.
C'est un enjeu essentiel. Il traduit les questions que se posent les Français aujourd'hui :
Nos compatriotes s'interrogent sur notre identité républicaine : nous avons fait de l'école le ciment de notre pacte national. Il ne saurait y avoir de République sans une école qui défend la laïcité, l'égalité et le mérite. Or chacun d'entre nous veut que ces valeurs et ces principes gardent un sens et une utilité dans les années qui viennent.
Le questionnement sur l'école rejoint également l'attachement de nos concitoyens aux services publics et au rôle de l'Etat dans une économie mondialisée : alors que la compétition internationale devient de plus en plus acharnée et qu'elle s'étend aux domaines du savoir et de l'éducation, parviendrons-nous à préserver un enseignement public de qualité ?
Enfin, les Français s'interrogent sur la capacité de notre système éducatif à poser les fondements d'une véritable société de la connaissance, dans laquelle chacun peut accéder aux outils du savoir, dans laquelle chacun peut se former tout au long de la vie pour s'adapter aux nouvelles technologies.
Nous le voyons, changer l'école, c'est changer la France. Alors je voudrais simplement revenir sur les principes qui nous ont guidé, avec Gilles DE ROBIEN, pour engager la modernisation de notre système scolaire :
Le premier principe, qui est véritablement la base de notre action, c'est l'exigence de justice sociale et d'égalité des chances.
Le rôle de l'école républicaine a toujours été de mettre tous les enfants, quelle que soit leur origine sociale, sur la même ligne de départ. C'est ce qu'elle a fait depuis les débuts de la troisième République en permettant à tous les enfants d'ouvrier ou d'agriculteur d'accéder au même savoir que les autres. Aujourd'hui la diversité française s'inscrit aussi dans la langue, dans la culture et dans la religion des élèves. Cela pose en particulier le problème de la maîtrise du français pour tous les enfants qui parlent une autre langue à la maison. Cela pose aussi le problème de l'enseignement de l'histoire et de la transmission de la mémoire française.
Pour que l'école puisse continuer à être le moteur de l'égalité des chances, elle doit mieux aider ceux qui rencontrent le plus de difficultés. C'est l'objectif des ZEP. Pendant des années, elles ont eu l'immense mérite d'empêcher les inégalités de se creuser. Cette mission constitue un objectif majeur, qui doit rester au coeur de notre action. Avec Gilles de ROBIEN nous avons voulu avancer dans deux directions :
La première, c'est de concentrer les moyens sur les établissements qui en ont le plus besoin, avec les 249 collèges « Ambition-Réussite ». Ils ont vu, dès cette rentrée, leur situation s'améliorer, grâce en particulier au renfort de 1000 enseignants expérimentés et de 3000 assistants pédagogiques.
La deuxième direction, c'est, au-delà du soutien aux territoires, d'apporter aussi un soutien aux personnes. C'est un choix fondamental, qui permet d'apporter des réponses adaptées à chaque élève, à chaque situation, à chaque difficulté. C'est ce que nous faisons à travers le tutorat, à travers les programmes personnalisés de réussite éducative, à travers les classes relais ou encore grâce aux auxiliaires de vie scolaire.
Aujourd'hui il y a aussi un débat sur la carte scolaire. C'est un débat légitime.
Quel est l'objectif de la carte scolaire ? C'est de défendre la mixité sociale. Les Français ne veulent pas d'un enseignement à deux, voire trois vitesses, dans lequel les établissements seraient en compétition et où les perdants seraient toujours les familles les plus modestes. Pour ma part, je suis profondément attaché au principe de mixité sociale. C'est un gage de cohésion de notre pays.
Alors oui, il y a des problèmes évidents : tous les parents s'inquiètent pour l'avenir de leurs enfants, et c'est bien naturel. Tous les parents veulent le meilleur pour leurs enfants. Cela conduit certaines familles à contourner la carte scolaire parce qu'elles pensent que tel ou tel établissement ne conviendra pas à leur enfant. Par ailleurs la carte scolaire entraîne aussi certaines rigidités qui interdisent aux meilleurs élèves des établissements difficiles d'étudier ailleurs que dans leur quartier.
Mais la suppression totale de la carte scolaire ne me paraît pas la bonne solution : elle conduirait inévitablement tous les parents à vouloir inscrire leurs enfants dans les mêmes établissements. Comment ferait-on alors le choix entre les enfants ? Sur la base de quels critères ? On courrait le risque de l'arbitraire.
Je préfère avancer dans deux voies pragmatiques :
Améliorer le niveau des établissements les plus en difficulté comme nous le faisons avec les collèges « ambition-réussite » ;
Assouplir les règles de la carte scolaire. Nous avons ainsi ouvert aux meilleurs élèves des collèges ambition réussite - ceux qui ont eu mention Très Bien au brevet - la possibilité de choisir leur lycée.
Vous le voyez, je suis pour une carte scolaire aménagée, respectueuse des principes qui fondent notre idéal républicain. Cet aménagement est possible. Il ne peut se faire qu'en concertation étroite avec tous les acteurs du système éducatif : les chefs d'établissement, les enseignants, mais aussi les parents et les élus locaux. Gilles de ROBIEN lancera cette concertation dans les prochaines semaines.
Le deuxième principe sur lequel je fonde mon action, c'est d'ouvrir l'excellence à tous. Les Français sont fiers de la qualité et de la réputation de notre enseignement. Ils refusent le nivellement vers le bas. Ils sont exigeants pour les études de leurs enfants, et ils ont raison.
La priorité est de nous assurer que les connaissances fondamentales ont bien été acquises par tous.
Nous avons franchi une première étape avec l'élaboration du socle commun de connaissances et de compétences : pour la première fois nous avons défini le savoir fondamental qu'un jeune doit maîtriser pour pouvoir avancer dans la société. Je souhaite que dans les années à venir, les programmes scolaires soient progressivement adaptés à ces exigences.
Nous avons également déterminé un certain nombre de rendez-vous aux moments clé de la scolarité pour évaluer l'acquisition de ces compétences. Je sais que c'est une préoccupation essentielle pour les parents : car un enfant qui ne sait pas correctement lire et écrire en sixième connaîtra de plus en plus de difficultés et de frustrations tout au long de sa scolarité. Pour détecter le plus tôt possible les difficultés, une évaluation aura lieu en début de CE1 et à l'entrée en sixième. Pour aider les élèves qui auraient des lacunes importantes, nous avons mis en place des programmes de réussite éducative personnalisés : ces programmes ont été expérimentés au cours de l'année dernière. Ils sont généralisés dès cette rentrée.
Le troisième principe qui guide notre action, c'est d'ouvrir l'école sur le monde. Les Français ne veulent pas d'une école repliée sur elle-même et qui refuse de voir les évolutions de la société. Cette ouverture, je sais que beaucoup d'enseignants la demandent, car ils voient trop souvent des élèves quitter l'école sans qualification, ou sans les outils nécessaires pour trouver leur place sur le marché de l'emploi.
Depuis vingt ans le chômage de masse a transformé notre société de fond en comble. Il est devenu la première préoccupation des Français. L'école a tout son rôle à jouer pour répondre à cette réalité qui met à mal la cohésion de notre société. Tout en affirmant la vocation de transmission du savoir qui reste fondamentale, nous devons reconnaître qu'une scolarité réussie et des diplômes de qualité sont la meilleure protection contre le chômage. Si nous voulons que notre économie se modernise, si nous voulons que nos entreprises puissent investir et innover, si nous voulons que notre pays tire profit de la mondialisation en produisant des biens à haute valeur ajoutée, nous devons être toujours plus ambitieux pour la formation de nos enfants.
Je pense à l'apprentissage des langues vivantes, qui est devenu un critère majeur pour décrocher un emploi. Hier il suffisait de maîtriser quelques notions d'anglais. Aujourd'hui ce sont deux voire trois langues vivantes qu'il faut maîtriser.
Je pense également aux nouvelles technologies que nous devons généraliser dans nos établissements.
Mais préparer les élèves à la vie professionnelle, à la vie tout court, c'est les aider à choisir la voie qui leur correspond le mieux. La liberté de choisir sa filière est un principe fondamental de notre enseignement supérieur. Nous devons le préserver. Mais cela ne doit pas nous empêcher de trouver des solutions pour que les élèves puissent faire ce choix en connaissance de cause, en fonction des débouchés, de leur talent, mais aussi de leur capacité.
C'est pourquoi avec Gilles de ROBIEN nous avons pris des mesures fortes pour permettre aux élèves de bénéficier de la meilleure information possible.
C'est pour cela aussi que nous avons ouvert la possibilité aux collégiens qui le souhaitent de faire le choix de l'apprentissage dès 14 ans.
Enfin, nous avons voulu donner plus de place aux parents, qui doivent être plus étroitement associés à la scolarité de leurs enfants. L'organisation de rencontres entre les parents et les enseignants au moins deux fois par an constitue à cet égard une avancée majeure.
Mesdames, Messieurs,
Le message que je suis venu vous apporter aujourd'hui c'est un message d'engagement et de confiance. L'Ecole de la République a toujours été au coeur des grandes évolutions de notre pays. Ces évolutions, elle a su les accompagner avec toujours le même souci de défense de nos principes républicains. Avec la démocratisation engagée au lendemain de la guerre, elle a relevé un défi d'une ampleur qu'aucune autre institution française n'a connu depuis. Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. Bien sûr, il y a des choses à améliorer.
Mais je suis convaincu qu'ensemble nous pouvons relever les défis de l'avenir. Ensemble, nous pourrons apporter des réponses adaptées aux besoins des élèves, en particulier de ceux qui rencontrent le plus de difficultés.
L'école n'a pas besoin de querelles idéologiques. Elle a besoin de pragmatisme. Elle a besoin d'humanité. Elle a besoin d'idées. Elle a besoin d'engagement. Elle a besoin du dévouement et de la conviction de tous ceux qui la font vivre au quotidien et qui méritent notre reconnaissance à tous.
Je vous remercieSource http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 septembre 2006
Mesdames, Messieurs
D'abord permettez-moi de vous dire tout le plaisir que j'ai eu à vous rencontrer les uns et les autres tout au long de cette journée. En cette semaine de rentrée scolaire il était important pour moi de venir voir concrètement sur le terrain comment les choses se passent pour les élèves évidemment, pour les parents, pour les enseignants.
La rentrée scolaire, c'est un moment essentiel dans la vie des familles, qui mettent beaucoup d'espoir dans l'institution scolaire. C'est aussi un moment particulier pour les enseignants, en particulier pour les jeunes enseignants. Je sais qu'ils attendaient cette semaine avec impatience mais aussi un peu d'appréhension. Je veux leur dire que nous ferons tout pour qu'ils puissent mettre leur enthousiasme et leur énergie au service de ce métier qui est pour la plupart d'entre eux une véritable vocation. Mais c'est surtout pour les élèves que cette rentrée est importante : ils ont pleinement conscience de ce qui se joue pour eux à travers leur parcours scolaire.
Depuis une semaine, chacun a pu constater que les choses avaient changé dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées. Depuis un an, Gilles de Robien travaille pour apporter des réponses aux inquiétudes et aux attentes des enseignants comme des parents. Je veux profiter de cette occasion pour saluer son travail, son sens de l'écoute, du dialogue, l'humanité avec laquelle il traite les sujets aussi délicats. Je veux saluer aussi tous les personnels de l'éducation nationale et l'ensemble de la communauté éducative qui s'est mobilisée pour que ces mesures puissent être en place dès cette rentrée.
Ce qui va changer cette année pour nos établissements scolaires, nous le voyons ici à Thionville :
La première chose qui va changer, ce sont les nouveaux instruments que nous avons mis en place pour lutter contre la violence. Je veux le dire ici avec force : la violence n'a pas sa place à l'école. Aucune forme de violence : ni la violence physique, ni les insultes, ni le racket, ni les menaces. Je veux saluer la qualité du dispositif de prévention de la violence que vous avez mis en place pour lutter contre ces incivilités qui affectent gravement le travail des élèves et des enseignants. Dès cette rentrée, nous avons voulu mettre en place une note de vie scolaire qui permettra d'évaluer le comportement des élèves. Si nous voulons que l'école prépare les jeunes à la vie en société, nous devons leur faire comprendre l'importance des valeurs de respect, de dialogue et de tolérance. Par ailleurs, le projet de loi sur la prévention de la délinquance que présentera Nicolas SARKOZY à partir de la semaine prochaine prévoit des mesures permettant de mieux protéger nos enfants.
La deuxième chose qui va changer, ce sont les nouvelles initiatives que nous avons prises pour mieux préparer les élèves à l'emploi : comme beaucoup de lycées professionnels, le lycée de La Briquerie permet chaque jour à des jeunes de trouver leur voie, de découvrir un métier, de se passionner pour de nouvelles activités. Et nous savons que les jeunes issus de l'enseignement professionnel trouvent plus facilement un emploi que les autres. Ce que je veux, c'est que l'enseignement professionnel soit enfin reconnu pour ce qu'il est : une voie d'excellence au même titre que les filières parfois présentées comme plus prestigieuses de l'enseignement général. Pour cela nous devons faire connaître vos réussites, faire évoluer les mentalités, montrer à quel point les lycées professionnels occupent une place centrale dans notre système éducatif. Pour permettre à tous les élèves de mieux connaître les différents métiers existants nous avons mis en place dès cette rentrée un module de découverte professionnelle dans les collèges et les lycées professionnels. Car nous le savons, c'est souvent une première expérience, un simple déclic qui permet de faire naître une passion, une vocation. C'est d'autant plus important dans les quartiers où le taux de chômage est particulièrement fort : comment savoir ce que l'on veut faire plus tard lorsque la plupart des adultes qui entourent les jeunes sont au chômage ?
Enfin, nous allons cette année encore améliorer l'accueil des élèves handicapés. Je veux m'arrêter un instant sur ce qui se passe depuis quelques années dans notre pays : que ce soit à l'école ou dans l'entreprise, nous avons, grâce à Philippe BAS, fait des progrès majeurs dans la place faite aux personnes handicapées et dans le soutien apporté à leurs familles. Ce qui se passe dans notre pays depuis l'adoption de la loi de 2005, c'est une véritable révolution des esprits et des regards, une révolution positive qui est à l'oeuvre ici dans cet établissement : j'ai rencontré ce matin les élèves de l'Unité pédagogique d'insertion du collège La Milliaire. J'ai pu constater le dévouement de l'équipe pédagogique qui travaille en étroite concertation avec les parents. J'ai pu voir aussi à quel point la présence des autres camarades était essentielle pour que les élèves handicapés puissent participer pleinement à la vie de l'établissement. Car notre objectif c'est bien de donner aux élèves handicapés les mêmes outils et les mêmes armes pour qu'ils puissent construire une vie plus libre et plus autonome.
L'école est aujourd'hui au coeur du débat politique. En réunissant dès le 24 août dernier l'ensemble des autorités académiques, j'ai voulu souligner combien l'éducation, la formation et l'égalité des chances sont au coeur de l'action du gouvernement. Elles le resteront tout au long des prochains mois.
C'est un enjeu essentiel. Il traduit les questions que se posent les Français aujourd'hui :
Nos compatriotes s'interrogent sur notre identité républicaine : nous avons fait de l'école le ciment de notre pacte national. Il ne saurait y avoir de République sans une école qui défend la laïcité, l'égalité et le mérite. Or chacun d'entre nous veut que ces valeurs et ces principes gardent un sens et une utilité dans les années qui viennent.
Le questionnement sur l'école rejoint également l'attachement de nos concitoyens aux services publics et au rôle de l'Etat dans une économie mondialisée : alors que la compétition internationale devient de plus en plus acharnée et qu'elle s'étend aux domaines du savoir et de l'éducation, parviendrons-nous à préserver un enseignement public de qualité ?
Enfin, les Français s'interrogent sur la capacité de notre système éducatif à poser les fondements d'une véritable société de la connaissance, dans laquelle chacun peut accéder aux outils du savoir, dans laquelle chacun peut se former tout au long de la vie pour s'adapter aux nouvelles technologies.
Nous le voyons, changer l'école, c'est changer la France. Alors je voudrais simplement revenir sur les principes qui nous ont guidé, avec Gilles DE ROBIEN, pour engager la modernisation de notre système scolaire :
Le premier principe, qui est véritablement la base de notre action, c'est l'exigence de justice sociale et d'égalité des chances.
Le rôle de l'école républicaine a toujours été de mettre tous les enfants, quelle que soit leur origine sociale, sur la même ligne de départ. C'est ce qu'elle a fait depuis les débuts de la troisième République en permettant à tous les enfants d'ouvrier ou d'agriculteur d'accéder au même savoir que les autres. Aujourd'hui la diversité française s'inscrit aussi dans la langue, dans la culture et dans la religion des élèves. Cela pose en particulier le problème de la maîtrise du français pour tous les enfants qui parlent une autre langue à la maison. Cela pose aussi le problème de l'enseignement de l'histoire et de la transmission de la mémoire française.
Pour que l'école puisse continuer à être le moteur de l'égalité des chances, elle doit mieux aider ceux qui rencontrent le plus de difficultés. C'est l'objectif des ZEP. Pendant des années, elles ont eu l'immense mérite d'empêcher les inégalités de se creuser. Cette mission constitue un objectif majeur, qui doit rester au coeur de notre action. Avec Gilles de ROBIEN nous avons voulu avancer dans deux directions :
La première, c'est de concentrer les moyens sur les établissements qui en ont le plus besoin, avec les 249 collèges « Ambition-Réussite ». Ils ont vu, dès cette rentrée, leur situation s'améliorer, grâce en particulier au renfort de 1000 enseignants expérimentés et de 3000 assistants pédagogiques.
La deuxième direction, c'est, au-delà du soutien aux territoires, d'apporter aussi un soutien aux personnes. C'est un choix fondamental, qui permet d'apporter des réponses adaptées à chaque élève, à chaque situation, à chaque difficulté. C'est ce que nous faisons à travers le tutorat, à travers les programmes personnalisés de réussite éducative, à travers les classes relais ou encore grâce aux auxiliaires de vie scolaire.
Aujourd'hui il y a aussi un débat sur la carte scolaire. C'est un débat légitime.
Quel est l'objectif de la carte scolaire ? C'est de défendre la mixité sociale. Les Français ne veulent pas d'un enseignement à deux, voire trois vitesses, dans lequel les établissements seraient en compétition et où les perdants seraient toujours les familles les plus modestes. Pour ma part, je suis profondément attaché au principe de mixité sociale. C'est un gage de cohésion de notre pays.
Alors oui, il y a des problèmes évidents : tous les parents s'inquiètent pour l'avenir de leurs enfants, et c'est bien naturel. Tous les parents veulent le meilleur pour leurs enfants. Cela conduit certaines familles à contourner la carte scolaire parce qu'elles pensent que tel ou tel établissement ne conviendra pas à leur enfant. Par ailleurs la carte scolaire entraîne aussi certaines rigidités qui interdisent aux meilleurs élèves des établissements difficiles d'étudier ailleurs que dans leur quartier.
Mais la suppression totale de la carte scolaire ne me paraît pas la bonne solution : elle conduirait inévitablement tous les parents à vouloir inscrire leurs enfants dans les mêmes établissements. Comment ferait-on alors le choix entre les enfants ? Sur la base de quels critères ? On courrait le risque de l'arbitraire.
Je préfère avancer dans deux voies pragmatiques :
Améliorer le niveau des établissements les plus en difficulté comme nous le faisons avec les collèges « ambition-réussite » ;
Assouplir les règles de la carte scolaire. Nous avons ainsi ouvert aux meilleurs élèves des collèges ambition réussite - ceux qui ont eu mention Très Bien au brevet - la possibilité de choisir leur lycée.
Vous le voyez, je suis pour une carte scolaire aménagée, respectueuse des principes qui fondent notre idéal républicain. Cet aménagement est possible. Il ne peut se faire qu'en concertation étroite avec tous les acteurs du système éducatif : les chefs d'établissement, les enseignants, mais aussi les parents et les élus locaux. Gilles de ROBIEN lancera cette concertation dans les prochaines semaines.
Le deuxième principe sur lequel je fonde mon action, c'est d'ouvrir l'excellence à tous. Les Français sont fiers de la qualité et de la réputation de notre enseignement. Ils refusent le nivellement vers le bas. Ils sont exigeants pour les études de leurs enfants, et ils ont raison.
La priorité est de nous assurer que les connaissances fondamentales ont bien été acquises par tous.
Nous avons franchi une première étape avec l'élaboration du socle commun de connaissances et de compétences : pour la première fois nous avons défini le savoir fondamental qu'un jeune doit maîtriser pour pouvoir avancer dans la société. Je souhaite que dans les années à venir, les programmes scolaires soient progressivement adaptés à ces exigences.
Nous avons également déterminé un certain nombre de rendez-vous aux moments clé de la scolarité pour évaluer l'acquisition de ces compétences. Je sais que c'est une préoccupation essentielle pour les parents : car un enfant qui ne sait pas correctement lire et écrire en sixième connaîtra de plus en plus de difficultés et de frustrations tout au long de sa scolarité. Pour détecter le plus tôt possible les difficultés, une évaluation aura lieu en début de CE1 et à l'entrée en sixième. Pour aider les élèves qui auraient des lacunes importantes, nous avons mis en place des programmes de réussite éducative personnalisés : ces programmes ont été expérimentés au cours de l'année dernière. Ils sont généralisés dès cette rentrée.
Le troisième principe qui guide notre action, c'est d'ouvrir l'école sur le monde. Les Français ne veulent pas d'une école repliée sur elle-même et qui refuse de voir les évolutions de la société. Cette ouverture, je sais que beaucoup d'enseignants la demandent, car ils voient trop souvent des élèves quitter l'école sans qualification, ou sans les outils nécessaires pour trouver leur place sur le marché de l'emploi.
Depuis vingt ans le chômage de masse a transformé notre société de fond en comble. Il est devenu la première préoccupation des Français. L'école a tout son rôle à jouer pour répondre à cette réalité qui met à mal la cohésion de notre société. Tout en affirmant la vocation de transmission du savoir qui reste fondamentale, nous devons reconnaître qu'une scolarité réussie et des diplômes de qualité sont la meilleure protection contre le chômage. Si nous voulons que notre économie se modernise, si nous voulons que nos entreprises puissent investir et innover, si nous voulons que notre pays tire profit de la mondialisation en produisant des biens à haute valeur ajoutée, nous devons être toujours plus ambitieux pour la formation de nos enfants.
Je pense à l'apprentissage des langues vivantes, qui est devenu un critère majeur pour décrocher un emploi. Hier il suffisait de maîtriser quelques notions d'anglais. Aujourd'hui ce sont deux voire trois langues vivantes qu'il faut maîtriser.
Je pense également aux nouvelles technologies que nous devons généraliser dans nos établissements.
Mais préparer les élèves à la vie professionnelle, à la vie tout court, c'est les aider à choisir la voie qui leur correspond le mieux. La liberté de choisir sa filière est un principe fondamental de notre enseignement supérieur. Nous devons le préserver. Mais cela ne doit pas nous empêcher de trouver des solutions pour que les élèves puissent faire ce choix en connaissance de cause, en fonction des débouchés, de leur talent, mais aussi de leur capacité.
C'est pourquoi avec Gilles de ROBIEN nous avons pris des mesures fortes pour permettre aux élèves de bénéficier de la meilleure information possible.
C'est pour cela aussi que nous avons ouvert la possibilité aux collégiens qui le souhaitent de faire le choix de l'apprentissage dès 14 ans.
Enfin, nous avons voulu donner plus de place aux parents, qui doivent être plus étroitement associés à la scolarité de leurs enfants. L'organisation de rencontres entre les parents et les enseignants au moins deux fois par an constitue à cet égard une avancée majeure.
Mesdames, Messieurs,
Le message que je suis venu vous apporter aujourd'hui c'est un message d'engagement et de confiance. L'Ecole de la République a toujours été au coeur des grandes évolutions de notre pays. Ces évolutions, elle a su les accompagner avec toujours le même souci de défense de nos principes républicains. Avec la démocratisation engagée au lendemain de la guerre, elle a relevé un défi d'une ampleur qu'aucune autre institution française n'a connu depuis. Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. Bien sûr, il y a des choses à améliorer.
Mais je suis convaincu qu'ensemble nous pouvons relever les défis de l'avenir. Ensemble, nous pourrons apporter des réponses adaptées aux besoins des élèves, en particulier de ceux qui rencontrent le plus de difficultés.
L'école n'a pas besoin de querelles idéologiques. Elle a besoin de pragmatisme. Elle a besoin d'humanité. Elle a besoin d'idées. Elle a besoin d'engagement. Elle a besoin du dévouement et de la conviction de tous ceux qui la font vivre au quotidien et qui méritent notre reconnaissance à tous.
Je vous remercieSource http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 11 septembre 2006