Texte intégral
C. Barbier - P. de Villiers bonjour.
P. de Villiers - Bonjour.
C. Barbier - Faut-il privatiser GDF pour préparer la fusion avec SUEZ ?
P. de Villiers - Je pense que s'il s'agit de constituer un grand pôle énergétique national, de dimension mondiale, eh bien au nom du patriotisme économique et [sous réserve] que deux conditions soient réunies : le respect de la souveraineté énergétique de la France, avec un droit de veto de l'État pour les grandes décisions, et la sauvegarde de l'emploi, naturellement la stabilité des prix - eh bien j'y suis favorable.
C. Barbier - Le débat parlementaire s'enlise déjà. C'est la faute au gouvernement qu'il l'a mal préparé ou c'est la faute à l'opposition qui fait de l'obstruction ?
P. de Villiers - Ecoutez, il y a une majorité de l'opposition. J'ai vu le spectacle affligeant, je ne suis pas au Parlement, je suis parlementaire européen. J'imagine la réaction des Français devant autant de désordre. On a l'impression qu'il y a à la fois la pagaille, donc un manque d'autorité, parce qu'après tout le 49.3 il doit servir à quelque chose. Si c'est bon pour la France, il faut faire admettre la décision. Et de l'autre coté, des manoeuvres de procédures d'un autre âge.
C. Barbier - Le grand marché européen de l'énergie, qui sera entièrement ouvert en juillet 2007, c'est une bonne chose notamment pour les consommateurs, la concurrence va faire baisser les prix ?
P. de Villiers - Ce qui n'est pas bon pour les consommateurs c'est qu'en réalité l'Europe, dans ce domaine comme dans tous les autres, n'a jamais cherché à protéger l'Europe en matière d'approvisionnement, de distribution, en termes d'entreprise et qu'elle a toujours agi contre les regroupements nécessaires. Là, on est devant un cas typique, C. Barbier, qui est très intéressant à observer : vous avez le patriotisme italien, ENEL, et le patriotisme français. Donc on voit bien qu'en fait l'Europe est en jeu.
C. Barbier - On devrait rassembler ENEL, Suez, GDF, tout le monde ?
P. de Villiers - Non. Moi je crois à l'encrage nécessaire des entreprises. Je ne crois pas que le CAC 40 puisse être une économie d'avenir, le capitalisme de rente qui dissocie le travail et le capital. Je pense que nous avons intérêt, nous, à préserver nos centrales nucléaires, nos filières d'approvisionnement et d'avoir donc en France des groupes ancrés avec un actionnariat populaire, avec une propriété du capital bien, comment dirais-je singulière, à la française, pour lutter sur le marché mondial, parce que là comme ailleurs, ce qu'une nation ne fait pas pour elle-même, personne ne le fera à sa place.
C. Barbier - Alors Sarko-Doc Gynéco, avait vous dit " c'est la com. et la came ", vous devriez plutôt vous réjouir de voir un rappeur radical revenir dans le droit chemin ?
P. de Villiers - Non mais je pense que là aussi c'est un autre âge, c'est-à-dire que la question qui se pose : est-ce que le Doc Gynéco va apporter sa pensée économique pour résoudre les problèmes du chômage des jeunes ?
C. Barbier - Non, mais il va essayer d'amener les jeunes à voter Sarkozy pour reprendre leur place dans la société.
P. de Villiers - Ecoutez ! C'est comme lorsque Thuram et Vieira viennent donner des leçons à la société en invitant au Stade de France les Sans-papiers de Cachan. Chacun son rôle : les chanteurs sont faits pour chanter, les enseignants pour enseigner, comme disait le Général de Gaulle.
C. Barbier - Les Sans-papiers, vous voulez les expulser tous. Vu leur nombre en France, comment faites vous ?
P. de Villiers - On est devant une question de principe. Vous savez combien il y a de Sans-papiers aujourd'hui ? Personne ne le sait vraiment. D'après le ministre de l'Intérieur, 400.000, le chiffre qu'il avait lâché avant l'été. Donc là, on vient d'en régulariser 6.000 mais les 24 000 autres, puisqu'il avait 30 000 demandes, ne seront pas régularisés. Moi je pense que la régularisation des Sans-papiers a deux inconvénients majeurs : le premier c'est le respect du droit ; on ne peut pas donner des droits à celui qui ne respecte pas le droit, parce que si on fait ça pour les Sans-papiers, pour les illégaux, alors on ne peut plus faire admettre la loi. Et deuxièmement, il y a le problème de l'appel d'air, et donc il n'y a pas d'autres solutions que, premièrement de ne pas régulariser, donc pas d'appel d'air...
C. Barbier - Et de les faire partir...
P. de Villiers - Et de les faire partir !
C. Barbier - Comment ? 400 000... C'est des centaines et des centaines d'avions...
P. de Villiers - Eh bien plutôt que de faire des parrainages républicains comme la gauche l'a proposé dans les mairies, de manière scandaleuse, avec l'écharpe tricolore.
C. Barbier - Alors que faites-vous ?
P. de Villiers - Moi je propose des charters républicains. Et vous verrez, C. Barbier, que s'il y a des charters républicains, eh bien le téléphone oral fonctionnera dans tous ces pays de la misère. Je pense qu'il y a deux solutions aujourd'hui pour résoudre ce problème : une en amont, la générosité avec une grande politique de co-développement - je sais de quoi je parle, je l'ai fait avec le Bénin dans mon propre département...
C. Barbier - Et une, en aval : la fermeté ?
P. de Villiers - Mais bien sûr, la fermeté. Quand, par exemple, N. Sarkozy propose dans Le Figaro Magazine - c'est passé inaperçu - la suppression de l'impôt sur le revenu pour les immigrés ou quand il propose ou quand il fait voter le droit de séjour perpétuel pour les étrangers sur le territoire national avec l'abolition de la double peine, on l'a vu avec l'affaire Bouchelaleg, eh bien ce sont des mauvais signaux. Quand il est pour le droit de vote des étrangers, la discrimination positive, le financement des mosquées, nous ne sommes pas d'accord.
C. Barbier - Vous prônez l'immigration zéro. Vous savez bien que d'abord pour des raisons économiques et aussi pour des raisons démographiques, on aura toujours besoin d'une immigration. Vous voulez relancer la France rurale. Est-ce que l'immigration n'est pas aussi une solution pour redynamiser les campagnes ?
P. de Villiers - Mais vous plaisantez ! Aujourd'hui, on ne fait rien pour développer une politique familiale, une politique démographique nationale. On devrait par exemple préserver les allocations familiales aux familles de nationalité française, développer le revenu parental d'éducation, faire en sorte qu'il y ait le troisième enfant qui nous manque. Et, pour le reste, moi je suis pour l'immigration zéro, et elle est possible. À la condition qu'on soit généreux en amont vers ces pays-là, pour tarir la source de la migration, et qu'on soit ferme...
C. Barbier - Et les campagnes se désertifient.
P. de Villiers - Alors être ferme, ça veut dire quoi ? C'est quelques mesures, C. Barbier : rétablissons les contrôles aux frontières, la fin du regroupement familial qui se fera dans les pays d'origine, la fin de l'A.M.E. Vous savez combien coûte l'A.M.E ? L'A.M.E coûte 3 milliards d'euros.
C. Barbier - Villepin prône l'humanité, l'étude au cas par cas ?
P. de Villiers - Mais l'humanité ne consiste pas à déporter la misère. Rien n'est pire que le déracinement. Je connais bien les pays africains et je les aime profondément. L'humanité... Et puis l'humanité, c'est aussi le jeune chômeur français qui voit son père qui est au chômage, qui ne peut pas payer son loyer. Et donc quant à Cachan, par exemple, l'humanité de Cachan à la J. Balasko et les artistes, eh bien il y a des Français, moi, qui m'ont envoyé des mails ou des Français qui sont même venus à ma permanence qui m'ont dit : "Nous, cela fait cinq ans qu'on attend un loyer (sic) et on voit les Sans-papiers, les illégaux, qui eux se voient proposer par le préfet du Val-de-Marne, un logement social ou un hôtel !. On ne dit pas le nombre des étoiles.
C. Barbier - On a bien compris.
P. de Villiers - Gratuitement, au frais du contribuable !
C. Barbier - Un mot sur votre campagne présidentielle. A l'heure où nous parlons, vous avez combien de promesses de signatures ?
P. de Villiers - Assez pour ne pas être inquiet.
C. Barbier - Pas assez pour être déjà candidat...
P. de Villiers - Et pas assez pour être au bout de la route mais le contact sur le terrain est excellent.
C. Barbier - "Villiers s'étouffe tout seul, coincé entre Sarkozy et moi", a dit Le Pen. Vous répondez quoi ?
P. de Villiers - Eh bien, moi je ne m'étouffe pas parce que je suis avec le peuple français. Je pense que je créerai la surprise. J'étais un des vainqueurs du référendum...
C. Barbier - Et vous créerez la surprise...
P. de Villiers - Je serai un des vainqueurs de la présidentielle, et je vais vous dire pourquoi. Parce que le projet présidentiel que je vais présenter dimanche, en direct d'ailleurs sur LCI à 11 heures, repose sur cinq choix qui sont majoritaires dans le peuple français, je les énumère c'est très rapide, c'est cinq phrases :
C. Barbier - Vite ! Parce qu'il reste 20 secondes.
P. de Villiers - La France rurale plutôt que les technos parisiens ; la famille plutôt que le mariage homosexuel ; la liberté de l'école plutôt que l'Education Nationale kidnappée par les syndicats ; l'abrogation des 35 heures pour augmenter le pouvoir d'achat plutôt que l'asphyxie de la France qui travaille ; l'immigration 0 plutôt que l'immigration choisie et une nouvelle Europe avec les patries plutôt qu'une nouvelle Europe avec la Turquie.
C. Barbier - Dans ce projet, dans cette campagne, il y a une place pour B. Mégret, il tend la main à Le PEN qui la récuse. Est-ce vous vous tendez la main à B. Mégret ?
P. de Villiers - Je tends la main aux Français, aux français qui souffrent et vous savez, ils sont de plus en plus nombreux. Et ils souffrent de ne pas être entendus par une classe politique, qui liquide la France, par le haut avec le mondialisme, et par le bas avec le communautarisme.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 8 septembre 2006