Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les valeurs de la IIIe République et la décentralisation culturelle, Mézin (Lot-et-Garonne) le 9 septembre 2006.

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Circonstance : Commémoration du centenaire de l'élection d'Armand Fallières à la présidence de la République, Mézin (Lot-et-Garonne) le 9 septembre 2006

Texte intégral

Monsieur le Maire, cher Jean LARAIGNOU,
Monsieur le Sénateur, cher collègue Jean FRANÇOIS-PONCET,
Monsieur le Président du Conseil général, cher Michel DIEFENBACHER,
Messieurs les Députés,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs les élus locaux,
Chers amis,
D'emblée, je voudrais vous dire le plaisir qui est le mien de me retrouver aujourd'hui à Mézin, dans ce beau département du Lot-et-Garonne, pour commémorer ensemble le centenaire de l'élection d'Armand FALLIÈRES à la Présidence de la République.
Sans attendre, Monsieur le Maire, je voudrais vous remercier pour votre chaleureux accueil et pour les sympathiques propos que vous avez tenus à mon endroit. Ils me vont droit au coeur !
J'ai aussi pu constater combien votre engagement au service de vos concitoyens et votre attachement à cette magnifique commune sont intenses et sincères.
Je voudrais également saluer très amicalement mon collègue Jean FRANÇOIS-PONCET.
C'est, en effet, pour moi l'occasion de lui témoigner mon amitié et ma reconnaissance pour son travail parlementaire exemplaire. Sa compétence reconnue par tous, son dynamisme et son sens de l'intérêt général honorent notre assemblée.
Mes chers amis, je vais vous faire une confidence. Lorsque mon ami Jean FRANÇOIS-PONCET m'a convié à cette journée commémorative, cette grande fête populaire, je n'ai pas hésité une seule seconde.
En effet, pour le Président du Sénat, assemblée parlementaire à part entière dotée d'un bonus constitutionnel de représentant des collectivités territoriales, c'est un grand honneur de célébrer l'homme qui incarne à la fois les fondements de la République et les valeurs du Lot-et-Garonne.
Mes chers amis, le programme de cette journée étant riche et dense, je vous rassure, je ne prononcerai pas de long discours.
Je me limiterai à rendre un hommage appuyé à mon illustre prédécesseur, Armand FALLIÈRES, qui accédait, il y a tout juste cent ans, aux plus hautes fonctions de l'État.
Cet « enfant du pays » a connu, en effet, une brillante carrière politique qui inspire à chacun d'entre nous respect et admiration.
Comme nous tous ici présents, le jeune avocat mézinais a développé, très tôt, un intérêt pour la chose publique. D'abord locale en tant que maire de Nérac et conseiller général, puis nationale comme député, sénateur, ministre, notamment des affaires étrangères, cher Jean FRANCOIS-PONCET et président du Sénat.
Le 18 janvier 1906, Armand FALLIÈRES accède à la magistrature suprême. Sept ans plus tard, à la passation de pouvoir, il confira non sans humour à Raymond POINCARÉ, « la place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement ».
Dénommé le « père FALLIÈRES » par bon nombre de français pour son air bon enfant, ce grand homme d'État au sens politique aigu va consacrer sa vie à défendre des valeurs fédératrices et fondatrices de notre République.
Le suffrage universel, la séparation de l'Église et de l'État, l'instruction obligatoire, laïque et gratuite, la liberté de la presse sont autant de principes fondamentaux qui portent l'empreinte d'Armand FALLIÈRES.
Vous me permettrez, à cet instant, de citer quelques mots qui illustrent sa conception de la politique : « je fais appel au concours de tous les républicains n'oubliant pas d'ailleurs que si l'on gouverne avec les hommes de son parti, c'est dans l'intérêt supérieur de la nation que l'on doit à tous, sans distinction d'origine ou de foi politique, la protection de tous les droits et la garantie de toutes les libertés ».
Voilà pourquoi son nom est indissociable de l'oeuvre de la IIIème République. Tout comme son nom est inséparable du Sud-ouest qu'il va sillonner en automobile, et du Lot-et-Garonne en particulier. En effet, ni le pouvoir, ni le temps n'ont affaibli son profond attachement à ses terres natales.
D'ailleurs, tel le général romain Cincinnatus, sa mission achevée, il rentrera au pays pour s'occuper de sa vigne. Quelle leçon d'humilité !
Alors aujourd'hui, au-delà d'un destin exceptionnel, c'est tout un département qui est à l'honneur.
Depuis le mois de janvier, l'hommage à cette figure emblématique a mobilisé, je le sais, toutes les énergies locales.
Sous la forme d'appel à projets, les collectivités territoriales, les entreprises, les institutions, les associations ont été sollicitées pour faire émerger des initiatives à la mémoire d'Armand FALLIÈRES. Des expositions, des débats, des conférences, des colloques, des pièces de théâtre ont été organisés pour honorer le parcours de cet homme modeste, sympathique et populaire.
En tant que Président du Sénat, je me félicite de toutes ces initiatives aussi originales que passionnantes.
Elles contribuent, à l'évidence, par l'investissement et l'implication de l'ensemble des Lot-et-Garonnais, à renforcer l'identité et l'image de ce département si attachant.
Plus encore, ces actions constituent un véritable « coup de projecteur » sur le rayonnement culturel du département.
Je suis, en effet, de ceux qui considèrent que la culture ne doit pas être appréhendée comme un « pré carré » appartenant à une poignée d'experts, mais partagée par tout un chacun.
Les collectivités locales ont, à ce titre, un rôle essentiel à jouer pour développer, enrichir et élargir la politique culturelle sur l'ensemble de notre territoire.
Car, j'en suis convaincu, la « décentralisation culturelle » a d'innombrables vertus dans notre pays et constitue un atout indispensable au bien-être de nos concitoyens.
Le développement de projets culturels en milieu rural est aussi, à mon sens, un moteur essentiel pour l'aménagement du territoire et pour son développement économique.
La démarche que vous avez engagée, voici presque un an, en est la preuve absolue et irréfutable.
Mesdames et Messieurs, en guise de conclusion, je veux seulement vous exprimer ma foi dans cette France innovante et créatrice que vous incarnez tous au quotidien.
Je vous remercie pour votre attention. Source http://www.senat.fr, le 12 septembre 2006