Texte intégral
Monsieur le Ministre d'Etat,
Monsieur le Ministre délégué aux Collectivités Territoriales,
Monsieur le Ministre délégué à l'Aménagement du Territoire,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers Jeunes agriculteurs,
Je dois dire que je suis particulièrement heureux de vous accueillir, Monsieur le Ministre, sur les terres de montagne de Vergezac, pour une manifestation grand public organisée par les jeunes agriculteurs sous notre signature « Terre Attitude ».
Rares ont été les occasions d'accueillir, pendant nos finales de labour, un autre Ministre que celui de l'Agriculture, pour aborder des sujets aussi importants que sont l'avenir de l'agriculture et de l'aménagement du territoire.
Et je sais que sur ces thématiques là, vous aurez une oreille particulièrement attentive.
Nous voulons que notre travail soit reconnu à sa juste valeur pour en vivre légitimement. C'est de prix décents dont nous avons besoin avant tout ! Les prix « rémunérateurs » ne doivent pas être qu'une expression facile à prononcer : il faut les pratiquer !
Nous souhaitons également que nos concitoyens et nos responsables politiques soient conscients de nos missions multiples et variées qui nous occupent au jour le jour.
Nous nourrissons les hommes au quotidien, ce qui nous confère une grande responsabilité. Et puis ne tergiversons pas avec notre indépendance alimentaire : elle est la garante de notre sécurité sanitaire, de notre traçabilité alimentaire comme de produits accessibles par tous.
Nous produisons des bio-ressources que l'on appelle communément des productions non alimentaires. La chimie verte, c'est une grande part de notre avenir pour faire face à la fin des hydrocarbures et faire cesser notre dépendance énergétique !
Nous sommes les premiers aménageurs de l'espace : la France est belle parce qu'elle est cultivée ! L'activité agricole est le pilier de nos territoires ruraux, du maintien de services au public et d'autres activités économiques. Rappelons-nous que nous vivons tous en interaction !
L'aménagement des territoires ruraux est un défi tout aussi important que la réhabilitation des
centres urbains.
Nous sommes les premiers protecteurs de l'environnement car qui mieux que nous a intérêt à prendre soin de notre outil de travail qu'est la terre ? C'est du bon sens paysan !
Enfin, nous sommes la « première industrie » de France puisque l'emploi agricole et agroalimentaire rassemble près de 12% des emplois nationaux. Cela vaut bien la peine de s'y intéresser de près dans un pays qui affiche de grandes ambitions en matière de création d'emplois !
Nous, Jeunes agriculteurs, faisons bien plus que parler de création d'activité. Nous pratiquons la création d'entreprise au quotidien!
Notre credo, c'est renouveler les générations d'agriculteurs, c'est à dire l'installation de chefs d'entreprises nombreux sur l'ensemble du territoire, exerçant une activité économique viable et vivable. C'est un vrai projet de vie !
Alors, quand l'on nous dit que l'installation en agriculture ne figure plus au nombre des priorités des contrats de projets Etat-régions, nous ne comprenons plus !
La création d'entreprises agricoles n'est-elle pas structurante pour l'aménagement de nos territoires ? D'autant que les créations d'entreprises agricoles sont pérennes dans le temps.
Nous sommes également déroutés quand nous apprenons en milieu d'année que l'ensemble des crédits promis pour suivre le parcours à l'installation seront limités.
Déficits budgétaires, baisse des crédits européens, il y a toujours une bonne raison, non vérifiable d'ailleurs, pour ne pas tenir ses engagements financiers.
Et puisque l'on parle d'Europe et de construction européenne, rappelez-vous l'histoire, Monsieur le Ministre !
Si, à l'annonce du vote sur le référendum européen, beaucoup d'entre nous avaient une bonne raison de voter non, nous, jeunes agriculteurs, avions une bonne raison de voter oui à l'Europe !
Car n'oublions pas que c'est grâce à la politique agricole que nous avons assis les fondements de notre Union européenne et qu'aujourd'hui, nous sommes le premier grand marché solvable au monde.
Il est urgent de reparler d'Europe !
Mais il faut lui redonner des outils pour qu'elle retrouve sa légitimité et sa force au niveau mondial : la notion de préférence communautaire doit retrouver tout son sens.
Nous ne pouvons pas impunément ouvrir nos frontières à l'extérieur de l'Europe et dans le même temps, ne pas être exigeants en termes de sécurité sanitaire et de traçabilité alimentaire comme de respect de l'environnement.
Nous ne pouvons pas en même temps ouvrir nos frontières et dire aux producteurs européens de limiter leurs volumes de productions.
Le risque serait de menacer des filières entières en termes d'emplois.
Nous devons être plus fermes en tant d'européen et répondre prioritairement à nos marchés. Les consommateurs européens sont exigeants et ils ont raison de l'être : mais qui mieux que nous peut répondre à leurs attentes ?
Ne nous voilons pas la face : tant que nous ne pourrons pas vivre du prix de nos produits, nous aurons besoin d'une politique agricole soutenue. La politique agricole commune, c'est porteur de sens et d'avenir. Nous ne pouvons pas faire machine arrière.
Incitons l'Europe à travailler sur un droit de la concurrence plus équitable vis-à-vis des producteurs et des consommateurs.
Donnons-nous également l'opportunité de trouver les moyens de construire une vraie politique d'harmonisation sociale, fiscale et environnementale. Les compromis a minima entre les partenaires européens, ce n'est pas l'Europe dont nous rêvons !
Nous avons un projet clair pour l'avenir, projet que nous allons défendre à l'occasion de cette année élective, pour nos représentations professionnelles. C'est la force de notre réseau Jeunes Agriculteurs-FNSEA.
Ces élections assoient notre représentativité et notre victoire est le gage d'un travail sérieux et responsable auprès de vous, l'ensemble des décideurs politiques.
Notre campagne électorale sera lancée prochainement : nous pouvons être fiers de nos réussites au cours de ces six années passées.
Nous voulons débattre avec les agriculteurs d'un vrai projet agricole qui leur parle concrètement d'avenir : les petites phrases assassines, les coups d'éclats médiatiques ou les procédures judiciaires ne sont pas notre tasse de thé car finalement elles font très peu avancer le débat d'idées, avec vous et plus particulièrement notre ministère de tutelle auquel nous sommes très attachés.
Monsieur le Ministre d'Etat, les Jeunes agriculteurs, dont le réseau couvre tout le territoire français, bourgeonnent d'idées et de projets. Comme toute jeune plantation, nous espérons que le printemps à venir soit fertile pour les idées que nous défendons.
Je vous remercie.Source http://www.cnja.com, le 11 septembre 2006