Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est un grand plaisir pour moi de vous retrouver aujourd'hui pour ouvrir le Forum annuel de l'Asprocop (Association de Professionnels de santé en coopération).
Je tiens tout d'abord à remercier très sincèrement votre association et particulièrement les organisateurs de ce Forum pour avoir maintenu ce rendez-vous annuel des professionnels de santé en coopération.
En effet, si ces journées sont d'abord un moment riche d'échanges de vos expériences et de vos attentes, elles constituent également un espace de dialogue entre vous et les principaux responsables de la définition et de la mise en oeuvre de la politique française d'aide au développement, dont le président de la République m'a confiée la coordination.
Bien au-delà du financement auquel nous sommes heureux d'avoir pu contribuer, les interventions prévues tout au long de ces 3 journées par les différents responsables de la Direction générale de la Coopération internationale et du Développement (DGCID), témoignent de l'importance que nous attachons à ces journées.
Oui, la santé est et restera bien une priorité de notre politique de coopération.
Il y va d'une fidélité à notre histoire, des relations anciennes et étroites que nous entretenons avec les pays en développement, plus particulièrement en Afrique où un grand nombre des professionnels de santé ont été formés par la France, où, par ailleurs en suivant également des modèles proposés et soutenus par notre pays, les systèmes sanitaires sont fondés sur des approches et des conceptions inspirées des nôtres.
Mais il y va également de la reconnaissance de l'importance majeure qu'a pris la santé dans les relations internationales. Au-delà même de l'aide traditionnelle au développement, comme conséquence de l'extension de l'épidémie de l'infection par le VIH et des risques qu'elle fait courir à la sécurité mondiale, mais aussi comme en témoignent les récentes alertes sanitaires du SRAS et de la grippe aviaire.
La France tient toute sa place dans la réponse à ces défis.
Tout d'abord par les moyens financiers nouveaux qu'elle affecte à la santé, qui ont permis un doublement de l'effort public français depuis 2003, passant de 180 millions d'euros par an entre 2001 et 2003 à 370 millions d'euros en 2006. Cette augmentation va se poursuivre et s'amplifier en 2007.
La nouvelle augmentation de notre contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui atteindra les 300 millions d'euros promis par le président de la République, l'entrée en vigueur de l'UNITAID grâce aux revenus de la contribution de solidarité sur les billets d'avion et de la Facilité financière internationale pour l'immunisation (IFFim), amèneront la France à consacrer plus de 700 millions d'euros par an à l'aide au développement en santé. Les moyens dégagés globalement ont donc considérablement augmenté, et pas uniquement pour la lutte contre le sida. On constate aujourd'hui une vraie prise de conscience du sous-financement global du secteur de la santé.
Au-delà de cette dimension financière, la France poursuit son effort pour créer et développer de nouveaux outils ou de nouvelles méthodes en appui des pays du Sud. Depuis la déclaration du président de la République à Abidjan en 1997, permettez-moi de vous rappeler l'action incessante de la France : FSTI hier, Fonds mondial et ESTHER il y a 4 ans, UNITAID aujourd'hui.
La communauté internationale a suivi ces initiatives, en a lancé d'autres que nous avons rejointes, telle l'Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI).
En outre, nous assistons à la crise aiguë de la disponibilité de compétences dans ce domaine pour la mise en oeuvre des projets et programmes financés par ces nouveaux outils. C'est donc une nécessité urgente de renforcer dans leur ensemble les systèmes de santé pour espérer atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Face à ces nouvelles initiatives globales et aux moyens nouveaux qu'elles attirent, la France a fait évoluer ses modalités d'intervention en privilégiant le renforcement des outils multilatéraux, par lesquels la très grande majorité de ces nouveaux moyens transitera. Je sais, et plusieurs rapports récents de personnalités respectées nous l'ont clairement rappelé, que cette évolution inquiète, en ce qu'elle pourrait apparaître comme une dilution de notre influence, une perte de notre visibilité.
Force est de constater aujourd'hui que le paysage de l'aide a évolué. Outre la forte volonté des pays bénéficiaires de mieux maîtriser cette aide en évitant des coûts de transaction disproportionnés, l'augmentation du nombre de donateurs différents impose des nouvelles approches, aussi bien en terme de planification et de compte-rendu, que de mobilisation de ressources humaines. Ces changements exigent de la transparence et des résultats, l'échelle même des moyens nécessaires rend cette évolution inéluctable.
Face à des défis globalisés, comme la maîtrise des pandémies ou les alertes sanitaires, la réponse doit être harmonisée et coordonnée, l'approche multilatérale est un des moyens d'y répondre, tout en veillant à s'appuyer sur des modes de gouvernance rénovés.
L'exemple du Fonds mondial est à cet égard emblématique, puisque sont représentés et actifs dans ses organes de direction, à la fois les contributeurs et les bénéficiaires, mais aussi des représentants des gouvernements et des sociétés civiles, y compris des personnes les plus directement affectées.
Il s'agit bien de partenariats respectueux des identités de chacun et qui reconnaissent que la place des bénéficiaires doit être centrale. C'est là une des principales leçons enseignées par 25 ans de combat contre le sida.
Mais je sais également que ceci ne suffit pas. De nombreux exemples nous le montrent aujourd'hui. Il existe des difficultés de mise en oeuvre, pour lesquelles des interventions réduites, bien ciblées et adaptées aux réalités locales restent indispensables. Dans le champ de la formation initiale et continue, universitaire ou professionnelle, dans l'appui à la définition de politique de ressources humaines, dans le renforcement des programmes de réduction de la mortalité maternelle et infantile, comme dans bien d'autres champs de la santé publique, le soutien direct de la France est demandé et attendu.
Au plan bilatéral, c'est aujourd'hui le rôle du ministère des Affaires étrangères, pour ce qui concerne la formation universitaire et la recherche, de l'Agence française de Développement, pour ce qui concerne les politiques de santé, de répondre aux demandes de ces pays, en veillant à ce que ces interventions appuient et renforcent celles financées par les initiatives globales auxquelles nous participons.
La contribution des professionnels de santé en coopération est un élément clé de ces interventions, que ce soit pour des missions d'appui de courte, moyenne ou longue durée, au titre d'action bilatérale ou sous le couvert d'organisations internationales comme l'OMS, le FNUAP, l'UNICEF ou l'ONUSIDA. A ce titre, je serai particulièrement attentive à ce que l'expertise française que vous incarnez soit mieux utilisée et valorisée, car elle représente un des signes très concrets et visibles de l'attachement de la France à ce sujet. Le maintien du nombre global d'assistants techniques sera assuré.
En juillet 2005, le Comité interministériel pour la Coopération internationale et le Développement, le CICID, a validé la stratégie de coopération en santé qui avait été préparée d'abord par les administrations, puis en concertation avec les autres acteurs. Cette stratégie reste notre feuille de route, même si elle doit être mise à jour au regard des nouveaux engagements pris et des premiers effets de la réforme de notre dispositif de coopération.
La lutte contre les maladies transmissibles, sida, tuberculose, paludisme, mais aussi l'onchocercose et autres maladies négligées, restera notre première priorité, en y incluant le soutien aux dispositifs d'alerte et de réponse aux épidémies et aux maladies émergentes qui constituent un bien public mondial comme l'a rappelé le CICID de juin 2006.
En outre, nous poursuivrons nos efforts pour que la lutte contre la mortalité maternelle et infantile reçoive un appui renforcé, tant au sein des programmes ou projets bilatéraux conduits par l'AFD, que dans les agences des Nations unies - FNUAP, OMS - et dans le partenariat GAVI.
Parmi les problématiques transversales, c'est à celle des ressources humaines en santé que je souhaite que l'on se consacre en priorité, là aussi aux deux niveaux que sont les appuis pays et le soutien à l'alliance mondiale pour les personnels de santé, à l'OMS ou auprès de la Banque mondiale.
Pour adapter notre stratégie de coopération en santé, pour la faire évoluer au mieux des intérêts des pays et des populations, nous sommes en attente des critiques, des suggestions, mais aussi des encouragements de l'ensemble des acteurs.
Ce Forum de l'Asprocop répondra, j'en suis sûre, à cette attente. Je vous souhaite de fructueux et dynamiques échanges pendant ces 3 jours et je serai très attentive aux conclusions de vos travaux.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, lez 30 août 2006