Texte intégral
Q - Tout de suite, la question que vous voulez poser aux auditeurs de RMC.
R - J'ai envie de leur demander si la formation des étudiants étrangers en France est bénéfique pour notre pays. Parce que c'est vrai qu'on voit aujourd'hui que la plupart des étudiants du monde vont aux Etats-Unis. Souvent on dit : "on va payer pour que des étudiants étrangers viennent !" Je ne dis pas ce que je pense de cette question, j'attends les résultats, je m'exprimerai après. Mais est-ce une bonne ou une mauvaise chose que les étudiants étrangers viennent s'inscrire en France ?
Q - On va parler de cela tout à l'heure, mais tout de suite, l'actualité la plus brûlante, cet embargo d'Israël sur le Liban est-il encore soutenable ?
R - Le blocus que les Israéliens imposent aujourd'hui au Liban porte à la fois sur l'aéroport de Beyrouth et sur tous les ports. Cela est terrible parce qu'il ne peut pas y avoir de reconstruction économique du Liban. Cela est impossible. Mais en même temps, il faut comprendre les Israéliens qui disent qu'un embargo est nécessaire. On ne peut pas demander aux Israéliens de lever le blocus s'ils ne sont pas sûrs que des armes ne rentrent pas dans les ports et l'aéroport. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faut très vite mettre en place une surveillance internationale, et aider les Libanais qui, en toute souveraineté, doivent garder le contrôle du port et de l'aéroport, en attendant la FINUL renforcée, pour que l'on puisse exercer véritablement un embargo sur les livraisons d'armes. Alors oui, je demande aux Israéliens ce matin, par votre intermédiaire, de lever le blocus sur l'aéroport de Beyrouth, au moins s'agissant des vols de passagers.
Q - Est-ce que la marine française pourrait surveiller les ports libanais et permettre ainsi la levée du blocus ?
R - Il peut y avoir une surveillance internationale.
Q - Kofi Annan a appelé Jacques Chirac à ce propos.
R - Je n'ai pas à révéler les appels téléphoniques du président de la République. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il est évident qu'il peut y avoir une surveillance internationale de ces entrées éventuelles, qu'elles soient maritimes ou aériennes. C'est aux Libanais, en toute souveraineté, et au gouvernement de M. Siniora de décider si en effet- et c'est notre souhait- il est bon que le gouvernement libanais puisse exercer une surveillance. Qu'ils exercent eux-mêmes une surveillance est une bonne chose, qu'on les aide à le faire en est une bonne aussi.
Q - Est-il vrai oui ou non que Kofi Annan a demandé à la France et à la marine française, notamment, de confier à la marine française, déjà présente au large du Liban, le soin précisément de surveiller la côte libanaise.
R - Ce sont des questions qui sont d'actualité aujourd'hui. Si des personnes doivent le demander, bien évidemment dans le cadre....
Q - Jacques Chirac aurait répondu oui. C'est ce que dit l'Agence France Presse ce matin.
R - La France est toujours soucieuse de trois éléments : le respect des souverainetés des peuples, le respect de l'intégrité territoriale et le respect de l'indépendance nationale. En effet, si le gouvernement libanais souhaite que nous aidions à la surveillance, nous pouvons le faire. Mais en toute souveraineté, c'est le Liban qui doit décider.
Q - Vous seriez prêts. La marine française serait prête à surveiller les côtes?
R - Bien sûr.
Q - Si l'ONU le lui demande et si le gouvernement libanais le lui demande.
R - Voilà.
Q - Est-ce que la résolution 1701 est vraiment respectée ?
R - Aujourd'hui, depuis le 14 août, en dehors de combats isolés, on peut dire que la résolution 1701 est mise en oeuvre. D'abord, parce que l'armée libanaise est en train de se déployer au sud Liban. Ensuite, parce qu'il y a un retrait israélien qui se fait de manière positive et je tiens à saluer ce qu'a fait M. Olmert maintenant après la résolution1701, puisque le retrait se fait, ce qui a un coût politique très important pour lui. Enfin, le retour des personnes déplacées se fait. Il reste le blocus dont on a parlé et l'embargo.
Q - Oui, parce que cette résolution prévoit la levée du blocus.
R - C'est ce que je vous dis. Il reste le blocus qui est totalement lié à la mise en place d'un embargo, d'où la surveillance internationale dont je viens de vous parler et que nous devons mettre en place. Et puis, reste bien sûr aussi la question de la frontière libano-syrienne.
Q - Le Hezbollah, lui, refuse de déposer les armes ?
R - Quand je vous dis que la résolution 1701 est mise en oeuvre, cela signifie que les Israéliens ne tirent plus, ne bombardent plus. Cela signifie aussi que le Hezbollah n'envoie plus de roquettes sur Haïfa et sur le Nord d'Israël. Il y a donc, de la part des deux parties, une acceptation de la résolution 1701. Je me permets de dire aussi que cette résolution du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée à l'unanimité du Conseil des ministres libanais, et au sein du Conseil des ministres libanais, il y a deux ministres proches du Hezbollah.
Q - Il y a des chars Leclerc qui sont partis pour le Liban sud. Je lisais dans le "Canard Enchaîné" que c'était bien pour la France parce qu'on allait comme ça les exposer ces chars Leclerc et les vendre au Liban à crédit. C'est vrai, cela ?
R - Je n'ai absolument aucune indication là-dessus. Mais si vous avez lu le "Canard enchaîné "...
Q - Je sais que vous n'aimez pas trop.
R - Je n'ai pas dit cela.
Q - Faut-il dialoguer avec l'Iran ?
R - Aujourd'hui, nous arrivons à une phase excessivement importante car nous avons fait, et lorsque je dis nous, je parle des Américains, les Européens, les Russes, les Chinois, nous avons fait des propositions à l'Iran sur le plan du nucléaire civil et non militaire, sur le plan politique et sur le plan économique.
La réponse est arrivée et elle est insatisfaisante. Le rapport de M. El Baradeï au Conseil de sécurité, qui nous est parvenu il y a 48 heures, nous montre que la réponse de Téhéran n'est pas satisfaisante, que Téhéran ne s'est pas conformé à ce que nous lui avons demandé au Conseil de sécurité des Nations unies dans la résolution 1696 : l'Iran continue de produire de l'uranium enrichi et ne coopère pas de manière satisfaisante avec l'Agence.
Q - Faut-il ou non des sanctions ? Si oui, lesquelles ?
R - Dans ces conditions, la pire chose qui pourrait arriver pour la communauté internationale, c'est qu'elle soit divisée. Or, aujourd'hui...
Q - Elle est divisée !
R - Elle pourrait l'être.
Q - Elle est déjà divisée.
R - Non, vous ne pouvez pas dire cela puisque, le 31 juillet, sous présidence française du Conseil de sécurité, nous avons justement voté une résolution qui renvoie aux mesures appropriées des sanctions qui pourraient être prises sous chapitre 7, article 41, mais tous ensemble, les Russes et les Chinois aussi. Maintenant, en effet, il faut réagir et oui, je vous réponds que nous devons continuer plus que jamais à maintenir un dialogue avec l'Iran. C'est la ligne que la France défend et que nos partenaires européens ont reprise. Il semble en effet que, si chacun fait preuve de sens des responsabilités, nous pouvons trouver des solutions pour sortir de l'impasse actuelle.
Q - Très franchement, des sanctions sont-elles prêtes et quelles sont-elles ? Les Américains ont donné une semaine, je vois Georges Bush qui compare l'Iran à Al Qaïda ! Vous l'avez vu aussi, il répète sa volonté d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et pour lui, l'Iran, c'est Al Qaïda.
R - Une seule question compte, c'est la suspension des activités nucléaires sensibles et à cette question, il faut trouver une solution qui combine la nécessité d'interrompre ces activités si nous voulons avoir des négociations sérieuses et le respect de la souveraineté iranienne à laquelle Téhéran est justement attachée. Je crois en effet que nous pouvons sortir de l'impasse actuelle, à nous de faire preuve d'imagination par exemple en adoptant, dans les discussions, une approche graduelle qui, sans remettre en cause nos exigences, permettra de répondre aux préoccupations iraniennes.
Q - Je suis d'accord mais, je lis que les Américains ont donné une semaine à l'Iran pour répondre, encore une semaine et ils disent : " Ensuite, nous appliquerons des sanctions ". Vous savez bien que les Russes et les Chinois ne veulent pas de sanctions et donc on ne pourra pas appliquer de sanctions.
R - Et alors, vous avez donc la réponse.
Q - On ne pourra pas appliquer de sanctions ?
R - Si ce que vous dites est vrai, c'est-à-dire que les Américains veulent des sanctions et que les Russes et les Chinois n'en veulent pas, vous comprenez bien qu'il n'y en aura pas puisqu'il faut l'unanimité du Conseil de sécurité. C'est bien pour cela, une fois de plus, que la France est importante, comme dans le conflit israélo-libanais.
On voyait bien qu'il y avait, d'un côté les puissances anglo-saxonnes et de l'autre, un monde musulman radical. Il faut sortir de là, il faut trouver un point d'équilibre, nous ne pouvons pas accepter une guerre de civilisations, on ne peut pas accepter qu'il y ait, d'une part, des musulmans, et d'autre part, l'Occident.
Q - Selon vous c'est la volonté de Georges Bush, le bien et le mal ? Les Etats-Unis nourrissent-ils le sentiment que les grands principes sont à géométrie variable ? Répondez-moi, franchement !
R - Je vous réponds que l'Irak est aujourd'hui une catastrophe, que tous les jours, il y a des centaines de morts, uniquement parce que ces personnes ont été considérées comme n'ayant pas la bonne religion ou le bon parti politique ou les bons amis.
Le mal et le bien ne sont pas décrétés par des Occidentaux dans un pays donné ou sur un continent donné, ce n'est pas possible. La France, la voix de la France, celle qu'elle porte toujours, celle que le président de la République porte aujourd'hui, depuis l'Irak, c'est justement de dire que nous devons nous respecter, nous connaître et nous regarder.
Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas condamné le Hezbollah, oui, nous l'avons condamné, oui, nous avons considéré que le Hamas était un mouvement terroriste, comme l'ont fait les autres pays européens, nous n'avons pas peur de cela. Mais attention, arrêtons car sinon, l'humiliation, la pauvreté, l'impression de dire le bien et le mal fera que les peuples vont se radicaliser et si les peuples se radicalisent, cela finira en un bloc occidental contre un bloc musulman. Et cela, la France, le président aujourd'hui, je remarque qu'elle est le seul pays à pouvoir l'éviter.
Q - Jacques Chirac va loin, il dit que les Etats-Unis veulent établir un ordre mondial qui tolère l'injustice, ça va loin là !
R - Je viens de vous le dire, il est absolument impossible de nous situer sur une base où nous verrions d'un côté le président iranien Mahmoud Ahmadinejad expliquer qu'il faut " faire une croix" sur Israël -propos choquants que nous avons condamnés et j'étais même le premier ministre des Affaires étrangères occidental à le faire - et de l'autre, un certain nombre de personnes, éventuellement aux Etats-Unis, qui expliqueraient qu'il faut " en découdre ".
Q - Des personnes dans l'entourage du président américain ?
R - C'est vous qui le dites. Et vous rendez-vous compte du danger que cela impliquerait ? Ce serait terrible !
Maintenant, il faut apporter aux Iraniens l'assurance qu'ils ont droit au nucléaire civil à des fins pacifiques. Il faut leur demander de suspendre leurs activités sensibles et alors, oui, nous pourrons négocier. Je les ai entendu dire que nous pouvions négocier ; nous aussi, nous le souhaitons, à condition que ce soit concret et confiant.
Aujourd'hui, ce qui manque dans la discussion avec les Iraniens, c'est la confiance, je le leur ai dit, "sachez raison garder", il nous faut avoir confiance en vous et pour cela, vous devez suspendre les activités nucléaires sensibles.
Q - Concernant l'immigration clandestine illégale, 2.500 sans-papiers clandestins ont débarqué ces cinq derniers jours aux Canaries, des femmes, des enfants, des hommes qui arrivent dans des embarcations d'un autre âge et qui risquent de mourir à tous moment. Des records sont battus actuellement, record du nombre d'immigrants clandestins, en Espagne ou en Italie. Que fait l'Europe ?
R - D'abord, je vais vous répondre techniquement sur ce que nous faisons concernant les visas biométriques et comment nous allons nous battre, avec M. Sarkozy et avec le Premier ministre, sur le sujet de l'immigration.
Juste un mot avant pour dire que tout cela ne servira à rien - vous pouvez vous équiper de milliers de mitraillettes, de dizaines ou de centaines de milliers de mitraillettes, concevoir toutes les lois que vous voulez - si nous continuons nous, les pays riches qui gaspillent sans arrêt et qui, en plus, se plaignent sans arrêt, à laisser les pays du Sud mourir pour ne pas dire "crever" de tuberculose alors que des antibiotiques sont disponibles depuis 1954, si nous continuons à ne rien faire contre le paludisme, le sida, si nous nous en moquons alors que des images leur parviennent montrant notre gaspillage, via CNN, TV5, TF1, France 2 ou encore BBC World ; ils voient que nous gaspillons et ils comprennent aussi que leurs enfants vont mourir, à l'âge de 10 ou 12 ans.
Quand votre enfant meurt à cet âge, de l'une ou l'autre de ces maladies que l'on peut guérir, si vous savez que l'on trouve des antibiotiques à 3000km, vous y allez même si l'embarcation est dangereuse ou même si les lois vous sont contraires.
Il y a UNITAID, c'est ce que nous faisons, par la diplomatie française et merci d'ailleurs à RMC de nous avoir aidés : c'est le système du billet d'avion dont 1 euro va à UNITAID. Il faut aider les personnes qui sont là-bas pour qu'elles puissent rester chez elles, y soient heureuses et qu'elles puissent y travailler. C'est un énorme sujet et c'est le sujet du XXIème siècle.
Maintenant, je vais répondre à votre question sur ce que l'on fait en pratique, aujourd'hui, je voulais tout de même rappeler ce qu'est UNITAID et ce qu'elle fait dans le moyen et le long termes.
Aujourd'hui, nous allons lancer une initiative sur les visas biométriques, c'est la première fois que cela se met en place, avec tous les consuls et certains préfets et avec l'accord du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur. Pourquoi ? Parce que les consulats sont les premiers à être en contact avec les personnes qui veulent venir dans le pays. Prenez l'exemple d'une fraude que je connais bien à Toulouse et que l'on connaît partout lorsque l'on est maire ou président d'agglomération. 90000 mariages sont célébrés chaque année entre Français et étrangers. La moitié l'ont été à l'étranger, souvent avec une femme à qui l'on donne quelque chose et qui ne connaît même pas la personne avec laquelle elle doit se marier, car à ce moment-là, automatiquement, le conjoint devient français.
C'est maintenant quelque chose qui ne sera plus possible. Pourquoi ? Parce que sont mis en place, dans tous les consulats et dans toutes les ambassades, des visas biométriques. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous prendrons l'emprunte digitale des index, nous apposerons des photos, nous verrons l'iris, nous pourrons reconnaître la personne. Aujourd'hui, lorsque vous rencontrez un immigré clandestin, il n'a pas de papier et il vous dit qu'il les a oubliés. Vous ne pouvez pas savoir qui il est. Alors qu'avec ce visa biométrique, lorsque l'on arrêtera quelqu'un, dorénavant, nous saurons qui il est et on pourra le renvoyer dans son pays d'origine.
Q - Mais cela concerne ceux qui vont dans les consulats ou dans les ambassades, mais, ceux dont je vous parle n'y vont pas. Ils montent dans des embarcations et...
R - Vous m'avez mal compris, ceux qui sont réguliers vont dans les consulats, les autres partent sans rien, comme ça et n'y vont pas.
Q - Et l'Europe fait quoi ? Que peut faire l'Europe ?
R - Si quelqu'un vous dit aujourd'hui : " je n'ai pas de papiers, je les ai oubliés " ; vous ne pouvez rien faire. Grâce à l'électronique, nous aurons une liste de tous les visas biométriques accordés aux ressortissants étrangers résidant en France. Si une personne ne figure pas sur cette liste, c'est qu'elle en situation illégale."
Q - J'ai vu que l'Espagne s'était fâchée. Au niveau européen, avez-vous une politique face à cette immigration clandestine ?
R - La seule solution aujourd'hui..."
Q - J'ai l'impression qu'il n'y a pas de politique européenne...
R - La politique européenne, c'est la mise en place des visas biométriques au niveau de tout l'espace Schengen, telle que je vous l'ai décrite. Cela va tout changer.
Q - Vous allez reconnaître les faux des vrais ?
R - Oui, pour la première fois. Jusqu'à maintenant, on ne pouvait pas le savoir.
J'ai également demandé la mise en place de centres d'études en France (CEF) dans toutes les ambassades afin de favoriser le dialogue avec les personnes souhaitant venir en France en leur posant des questions pertinentes. "Pourquoi voulez-vous venir ?". "Je veux étudier en France". "Etes-vous motivé ?". "Dans quelle école ou quelle université allez-vous vous inscrire ?". "Avez-vous un projet ?". S'il y a un projet et s'il est motivé, alors oui c'est évidemment une chance pour nous de l'accueillir en France. Il repartira dans son pays d'origine, une fois qu'il sera formé. En revanche, s'il s'agit d'un faux étudiant et qu'il n'est pas motivé, on s'en apercevra également.
Q - Cela, c'est de l'immigration choisie ?
R - Oui, il faut commencer à regarder qui vient chez nous.
Q - Philippe Douste-Blazy, vous ne me répondez toujours pas sur ces clandestins qui arrivent en masse. Que fait l'Europe et qu'est-ce qu'on peut faire ?
R - C'est ce que je vous dis.
Q - Rien, on ne peut rien faire.
R - La seule solution, c'est la mise en place des visas biométriques dans tous les consulats européens. Cela va tout changer en permettant, lorsque l'on arrêtera quelqu'un, de vérifier tout de suite s'il a son visa biométrique, si son empreinte correspond à celle que nous avons dans nos fichiers ou pas. Vous allez me dire que c'est terrible. Non, ce n'est pas terrible, c'est le respect de la dignité des personnes. Aujourd'hui l'immigration clandestine, c'est justement le non-respect de la dignité des personnes. Je parle à tous ceux qui disent : "c'est affreux..."
Q - 21.500 sans papiers ont foulé le sol des Canaries depuis le début de l'année. On en fait quoi, on les renvoie en Afrique ?
R - Si on continue à ne pas s'occuper de l'Afrique, ce sera 40.000, 100.000, un million.... Ce n'est pas la peine de se cacher les choses. Il faut que nous ayons une grande politique européenne pour l'Afrique : de micro crédit, d'aide aux médicaments, d'aide à la santé publique, d'aide aux universités. Cela passe également par la démocratie en Afrique.
Q - Suzanne est avec nous, bonjour Suzanne. Vous vouliez parler du Darfour, une question, allez-y. Oui, une question simple : il y a déjà 300.000 morts au Darfour. Que fait la France à ce sujet ?
R - Je suis tout à fait d'accord, je suis allé au Darfour et je vais y retourner très vite. La France, au Conseil de sécurité des Nations unies, vient il y a quelques jours de voter une résolution pour envoyer des milliers de casques bleus de l'ONU afin d'arrêter ces exactions et ce véritable génocide qui a lieu aujourd'hui. Il faut arrêter cela.
Q - Nous participerons à cette force ?
R - Nous avons des entretiens sur cette question au sein de l'ONU. A Khartoum, les responsables soudanais ne sont pas encore tout à fait d'accord. Il faut parler avec les responsables soudanais. Il s'agit de transformer les forces qui existent - qui sont africaines - en forces onusiennes et nous rencontrons des difficultés. La France joue tout son rôle pour arrêter ce génocide le plus vite possible.
Q - Intervenez-vous dans l'affaire Nathalie Gettliffe ?
R - J'ai appelé mon homologue, ministre des Affaires étrangères canadien, pour lui demander de faire en sorte que l'accouchement de Mme Gettliffe se déroule dans des conditions hospitalières qui répondent à toutes les conditions de sécurité. Bonsoir, quel temps fait il chez vous ?Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 septembre 2006
R - J'ai envie de leur demander si la formation des étudiants étrangers en France est bénéfique pour notre pays. Parce que c'est vrai qu'on voit aujourd'hui que la plupart des étudiants du monde vont aux Etats-Unis. Souvent on dit : "on va payer pour que des étudiants étrangers viennent !" Je ne dis pas ce que je pense de cette question, j'attends les résultats, je m'exprimerai après. Mais est-ce une bonne ou une mauvaise chose que les étudiants étrangers viennent s'inscrire en France ?
Q - On va parler de cela tout à l'heure, mais tout de suite, l'actualité la plus brûlante, cet embargo d'Israël sur le Liban est-il encore soutenable ?
R - Le blocus que les Israéliens imposent aujourd'hui au Liban porte à la fois sur l'aéroport de Beyrouth et sur tous les ports. Cela est terrible parce qu'il ne peut pas y avoir de reconstruction économique du Liban. Cela est impossible. Mais en même temps, il faut comprendre les Israéliens qui disent qu'un embargo est nécessaire. On ne peut pas demander aux Israéliens de lever le blocus s'ils ne sont pas sûrs que des armes ne rentrent pas dans les ports et l'aéroport. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faut très vite mettre en place une surveillance internationale, et aider les Libanais qui, en toute souveraineté, doivent garder le contrôle du port et de l'aéroport, en attendant la FINUL renforcée, pour que l'on puisse exercer véritablement un embargo sur les livraisons d'armes. Alors oui, je demande aux Israéliens ce matin, par votre intermédiaire, de lever le blocus sur l'aéroport de Beyrouth, au moins s'agissant des vols de passagers.
Q - Est-ce que la marine française pourrait surveiller les ports libanais et permettre ainsi la levée du blocus ?
R - Il peut y avoir une surveillance internationale.
Q - Kofi Annan a appelé Jacques Chirac à ce propos.
R - Je n'ai pas à révéler les appels téléphoniques du président de la République. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il est évident qu'il peut y avoir une surveillance internationale de ces entrées éventuelles, qu'elles soient maritimes ou aériennes. C'est aux Libanais, en toute souveraineté, et au gouvernement de M. Siniora de décider si en effet- et c'est notre souhait- il est bon que le gouvernement libanais puisse exercer une surveillance. Qu'ils exercent eux-mêmes une surveillance est une bonne chose, qu'on les aide à le faire en est une bonne aussi.
Q - Est-il vrai oui ou non que Kofi Annan a demandé à la France et à la marine française, notamment, de confier à la marine française, déjà présente au large du Liban, le soin précisément de surveiller la côte libanaise.
R - Ce sont des questions qui sont d'actualité aujourd'hui. Si des personnes doivent le demander, bien évidemment dans le cadre....
Q - Jacques Chirac aurait répondu oui. C'est ce que dit l'Agence France Presse ce matin.
R - La France est toujours soucieuse de trois éléments : le respect des souverainetés des peuples, le respect de l'intégrité territoriale et le respect de l'indépendance nationale. En effet, si le gouvernement libanais souhaite que nous aidions à la surveillance, nous pouvons le faire. Mais en toute souveraineté, c'est le Liban qui doit décider.
Q - Vous seriez prêts. La marine française serait prête à surveiller les côtes?
R - Bien sûr.
Q - Si l'ONU le lui demande et si le gouvernement libanais le lui demande.
R - Voilà.
Q - Est-ce que la résolution 1701 est vraiment respectée ?
R - Aujourd'hui, depuis le 14 août, en dehors de combats isolés, on peut dire que la résolution 1701 est mise en oeuvre. D'abord, parce que l'armée libanaise est en train de se déployer au sud Liban. Ensuite, parce qu'il y a un retrait israélien qui se fait de manière positive et je tiens à saluer ce qu'a fait M. Olmert maintenant après la résolution1701, puisque le retrait se fait, ce qui a un coût politique très important pour lui. Enfin, le retour des personnes déplacées se fait. Il reste le blocus dont on a parlé et l'embargo.
Q - Oui, parce que cette résolution prévoit la levée du blocus.
R - C'est ce que je vous dis. Il reste le blocus qui est totalement lié à la mise en place d'un embargo, d'où la surveillance internationale dont je viens de vous parler et que nous devons mettre en place. Et puis, reste bien sûr aussi la question de la frontière libano-syrienne.
Q - Le Hezbollah, lui, refuse de déposer les armes ?
R - Quand je vous dis que la résolution 1701 est mise en oeuvre, cela signifie que les Israéliens ne tirent plus, ne bombardent plus. Cela signifie aussi que le Hezbollah n'envoie plus de roquettes sur Haïfa et sur le Nord d'Israël. Il y a donc, de la part des deux parties, une acceptation de la résolution 1701. Je me permets de dire aussi que cette résolution du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée à l'unanimité du Conseil des ministres libanais, et au sein du Conseil des ministres libanais, il y a deux ministres proches du Hezbollah.
Q - Il y a des chars Leclerc qui sont partis pour le Liban sud. Je lisais dans le "Canard Enchaîné" que c'était bien pour la France parce qu'on allait comme ça les exposer ces chars Leclerc et les vendre au Liban à crédit. C'est vrai, cela ?
R - Je n'ai absolument aucune indication là-dessus. Mais si vous avez lu le "Canard enchaîné "...
Q - Je sais que vous n'aimez pas trop.
R - Je n'ai pas dit cela.
Q - Faut-il dialoguer avec l'Iran ?
R - Aujourd'hui, nous arrivons à une phase excessivement importante car nous avons fait, et lorsque je dis nous, je parle des Américains, les Européens, les Russes, les Chinois, nous avons fait des propositions à l'Iran sur le plan du nucléaire civil et non militaire, sur le plan politique et sur le plan économique.
La réponse est arrivée et elle est insatisfaisante. Le rapport de M. El Baradeï au Conseil de sécurité, qui nous est parvenu il y a 48 heures, nous montre que la réponse de Téhéran n'est pas satisfaisante, que Téhéran ne s'est pas conformé à ce que nous lui avons demandé au Conseil de sécurité des Nations unies dans la résolution 1696 : l'Iran continue de produire de l'uranium enrichi et ne coopère pas de manière satisfaisante avec l'Agence.
Q - Faut-il ou non des sanctions ? Si oui, lesquelles ?
R - Dans ces conditions, la pire chose qui pourrait arriver pour la communauté internationale, c'est qu'elle soit divisée. Or, aujourd'hui...
Q - Elle est divisée !
R - Elle pourrait l'être.
Q - Elle est déjà divisée.
R - Non, vous ne pouvez pas dire cela puisque, le 31 juillet, sous présidence française du Conseil de sécurité, nous avons justement voté une résolution qui renvoie aux mesures appropriées des sanctions qui pourraient être prises sous chapitre 7, article 41, mais tous ensemble, les Russes et les Chinois aussi. Maintenant, en effet, il faut réagir et oui, je vous réponds que nous devons continuer plus que jamais à maintenir un dialogue avec l'Iran. C'est la ligne que la France défend et que nos partenaires européens ont reprise. Il semble en effet que, si chacun fait preuve de sens des responsabilités, nous pouvons trouver des solutions pour sortir de l'impasse actuelle.
Q - Très franchement, des sanctions sont-elles prêtes et quelles sont-elles ? Les Américains ont donné une semaine, je vois Georges Bush qui compare l'Iran à Al Qaïda ! Vous l'avez vu aussi, il répète sa volonté d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et pour lui, l'Iran, c'est Al Qaïda.
R - Une seule question compte, c'est la suspension des activités nucléaires sensibles et à cette question, il faut trouver une solution qui combine la nécessité d'interrompre ces activités si nous voulons avoir des négociations sérieuses et le respect de la souveraineté iranienne à laquelle Téhéran est justement attachée. Je crois en effet que nous pouvons sortir de l'impasse actuelle, à nous de faire preuve d'imagination par exemple en adoptant, dans les discussions, une approche graduelle qui, sans remettre en cause nos exigences, permettra de répondre aux préoccupations iraniennes.
Q - Je suis d'accord mais, je lis que les Américains ont donné une semaine à l'Iran pour répondre, encore une semaine et ils disent : " Ensuite, nous appliquerons des sanctions ". Vous savez bien que les Russes et les Chinois ne veulent pas de sanctions et donc on ne pourra pas appliquer de sanctions.
R - Et alors, vous avez donc la réponse.
Q - On ne pourra pas appliquer de sanctions ?
R - Si ce que vous dites est vrai, c'est-à-dire que les Américains veulent des sanctions et que les Russes et les Chinois n'en veulent pas, vous comprenez bien qu'il n'y en aura pas puisqu'il faut l'unanimité du Conseil de sécurité. C'est bien pour cela, une fois de plus, que la France est importante, comme dans le conflit israélo-libanais.
On voyait bien qu'il y avait, d'un côté les puissances anglo-saxonnes et de l'autre, un monde musulman radical. Il faut sortir de là, il faut trouver un point d'équilibre, nous ne pouvons pas accepter une guerre de civilisations, on ne peut pas accepter qu'il y ait, d'une part, des musulmans, et d'autre part, l'Occident.
Q - Selon vous c'est la volonté de Georges Bush, le bien et le mal ? Les Etats-Unis nourrissent-ils le sentiment que les grands principes sont à géométrie variable ? Répondez-moi, franchement !
R - Je vous réponds que l'Irak est aujourd'hui une catastrophe, que tous les jours, il y a des centaines de morts, uniquement parce que ces personnes ont été considérées comme n'ayant pas la bonne religion ou le bon parti politique ou les bons amis.
Le mal et le bien ne sont pas décrétés par des Occidentaux dans un pays donné ou sur un continent donné, ce n'est pas possible. La France, la voix de la France, celle qu'elle porte toujours, celle que le président de la République porte aujourd'hui, depuis l'Irak, c'est justement de dire que nous devons nous respecter, nous connaître et nous regarder.
Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas condamné le Hezbollah, oui, nous l'avons condamné, oui, nous avons considéré que le Hamas était un mouvement terroriste, comme l'ont fait les autres pays européens, nous n'avons pas peur de cela. Mais attention, arrêtons car sinon, l'humiliation, la pauvreté, l'impression de dire le bien et le mal fera que les peuples vont se radicaliser et si les peuples se radicalisent, cela finira en un bloc occidental contre un bloc musulman. Et cela, la France, le président aujourd'hui, je remarque qu'elle est le seul pays à pouvoir l'éviter.
Q - Jacques Chirac va loin, il dit que les Etats-Unis veulent établir un ordre mondial qui tolère l'injustice, ça va loin là !
R - Je viens de vous le dire, il est absolument impossible de nous situer sur une base où nous verrions d'un côté le président iranien Mahmoud Ahmadinejad expliquer qu'il faut " faire une croix" sur Israël -propos choquants que nous avons condamnés et j'étais même le premier ministre des Affaires étrangères occidental à le faire - et de l'autre, un certain nombre de personnes, éventuellement aux Etats-Unis, qui expliqueraient qu'il faut " en découdre ".
Q - Des personnes dans l'entourage du président américain ?
R - C'est vous qui le dites. Et vous rendez-vous compte du danger que cela impliquerait ? Ce serait terrible !
Maintenant, il faut apporter aux Iraniens l'assurance qu'ils ont droit au nucléaire civil à des fins pacifiques. Il faut leur demander de suspendre leurs activités sensibles et alors, oui, nous pourrons négocier. Je les ai entendu dire que nous pouvions négocier ; nous aussi, nous le souhaitons, à condition que ce soit concret et confiant.
Aujourd'hui, ce qui manque dans la discussion avec les Iraniens, c'est la confiance, je le leur ai dit, "sachez raison garder", il nous faut avoir confiance en vous et pour cela, vous devez suspendre les activités nucléaires sensibles.
Q - Concernant l'immigration clandestine illégale, 2.500 sans-papiers clandestins ont débarqué ces cinq derniers jours aux Canaries, des femmes, des enfants, des hommes qui arrivent dans des embarcations d'un autre âge et qui risquent de mourir à tous moment. Des records sont battus actuellement, record du nombre d'immigrants clandestins, en Espagne ou en Italie. Que fait l'Europe ?
R - D'abord, je vais vous répondre techniquement sur ce que nous faisons concernant les visas biométriques et comment nous allons nous battre, avec M. Sarkozy et avec le Premier ministre, sur le sujet de l'immigration.
Juste un mot avant pour dire que tout cela ne servira à rien - vous pouvez vous équiper de milliers de mitraillettes, de dizaines ou de centaines de milliers de mitraillettes, concevoir toutes les lois que vous voulez - si nous continuons nous, les pays riches qui gaspillent sans arrêt et qui, en plus, se plaignent sans arrêt, à laisser les pays du Sud mourir pour ne pas dire "crever" de tuberculose alors que des antibiotiques sont disponibles depuis 1954, si nous continuons à ne rien faire contre le paludisme, le sida, si nous nous en moquons alors que des images leur parviennent montrant notre gaspillage, via CNN, TV5, TF1, France 2 ou encore BBC World ; ils voient que nous gaspillons et ils comprennent aussi que leurs enfants vont mourir, à l'âge de 10 ou 12 ans.
Quand votre enfant meurt à cet âge, de l'une ou l'autre de ces maladies que l'on peut guérir, si vous savez que l'on trouve des antibiotiques à 3000km, vous y allez même si l'embarcation est dangereuse ou même si les lois vous sont contraires.
Il y a UNITAID, c'est ce que nous faisons, par la diplomatie française et merci d'ailleurs à RMC de nous avoir aidés : c'est le système du billet d'avion dont 1 euro va à UNITAID. Il faut aider les personnes qui sont là-bas pour qu'elles puissent rester chez elles, y soient heureuses et qu'elles puissent y travailler. C'est un énorme sujet et c'est le sujet du XXIème siècle.
Maintenant, je vais répondre à votre question sur ce que l'on fait en pratique, aujourd'hui, je voulais tout de même rappeler ce qu'est UNITAID et ce qu'elle fait dans le moyen et le long termes.
Aujourd'hui, nous allons lancer une initiative sur les visas biométriques, c'est la première fois que cela se met en place, avec tous les consuls et certains préfets et avec l'accord du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur. Pourquoi ? Parce que les consulats sont les premiers à être en contact avec les personnes qui veulent venir dans le pays. Prenez l'exemple d'une fraude que je connais bien à Toulouse et que l'on connaît partout lorsque l'on est maire ou président d'agglomération. 90000 mariages sont célébrés chaque année entre Français et étrangers. La moitié l'ont été à l'étranger, souvent avec une femme à qui l'on donne quelque chose et qui ne connaît même pas la personne avec laquelle elle doit se marier, car à ce moment-là, automatiquement, le conjoint devient français.
C'est maintenant quelque chose qui ne sera plus possible. Pourquoi ? Parce que sont mis en place, dans tous les consulats et dans toutes les ambassades, des visas biométriques. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous prendrons l'emprunte digitale des index, nous apposerons des photos, nous verrons l'iris, nous pourrons reconnaître la personne. Aujourd'hui, lorsque vous rencontrez un immigré clandestin, il n'a pas de papier et il vous dit qu'il les a oubliés. Vous ne pouvez pas savoir qui il est. Alors qu'avec ce visa biométrique, lorsque l'on arrêtera quelqu'un, dorénavant, nous saurons qui il est et on pourra le renvoyer dans son pays d'origine.
Q - Mais cela concerne ceux qui vont dans les consulats ou dans les ambassades, mais, ceux dont je vous parle n'y vont pas. Ils montent dans des embarcations et...
R - Vous m'avez mal compris, ceux qui sont réguliers vont dans les consulats, les autres partent sans rien, comme ça et n'y vont pas.
Q - Et l'Europe fait quoi ? Que peut faire l'Europe ?
R - Si quelqu'un vous dit aujourd'hui : " je n'ai pas de papiers, je les ai oubliés " ; vous ne pouvez rien faire. Grâce à l'électronique, nous aurons une liste de tous les visas biométriques accordés aux ressortissants étrangers résidant en France. Si une personne ne figure pas sur cette liste, c'est qu'elle en situation illégale."
Q - J'ai vu que l'Espagne s'était fâchée. Au niveau européen, avez-vous une politique face à cette immigration clandestine ?
R - La seule solution aujourd'hui..."
Q - J'ai l'impression qu'il n'y a pas de politique européenne...
R - La politique européenne, c'est la mise en place des visas biométriques au niveau de tout l'espace Schengen, telle que je vous l'ai décrite. Cela va tout changer.
Q - Vous allez reconnaître les faux des vrais ?
R - Oui, pour la première fois. Jusqu'à maintenant, on ne pouvait pas le savoir.
J'ai également demandé la mise en place de centres d'études en France (CEF) dans toutes les ambassades afin de favoriser le dialogue avec les personnes souhaitant venir en France en leur posant des questions pertinentes. "Pourquoi voulez-vous venir ?". "Je veux étudier en France". "Etes-vous motivé ?". "Dans quelle école ou quelle université allez-vous vous inscrire ?". "Avez-vous un projet ?". S'il y a un projet et s'il est motivé, alors oui c'est évidemment une chance pour nous de l'accueillir en France. Il repartira dans son pays d'origine, une fois qu'il sera formé. En revanche, s'il s'agit d'un faux étudiant et qu'il n'est pas motivé, on s'en apercevra également.
Q - Cela, c'est de l'immigration choisie ?
R - Oui, il faut commencer à regarder qui vient chez nous.
Q - Philippe Douste-Blazy, vous ne me répondez toujours pas sur ces clandestins qui arrivent en masse. Que fait l'Europe et qu'est-ce qu'on peut faire ?
R - C'est ce que je vous dis.
Q - Rien, on ne peut rien faire.
R - La seule solution, c'est la mise en place des visas biométriques dans tous les consulats européens. Cela va tout changer en permettant, lorsque l'on arrêtera quelqu'un, de vérifier tout de suite s'il a son visa biométrique, si son empreinte correspond à celle que nous avons dans nos fichiers ou pas. Vous allez me dire que c'est terrible. Non, ce n'est pas terrible, c'est le respect de la dignité des personnes. Aujourd'hui l'immigration clandestine, c'est justement le non-respect de la dignité des personnes. Je parle à tous ceux qui disent : "c'est affreux..."
Q - 21.500 sans papiers ont foulé le sol des Canaries depuis le début de l'année. On en fait quoi, on les renvoie en Afrique ?
R - Si on continue à ne pas s'occuper de l'Afrique, ce sera 40.000, 100.000, un million.... Ce n'est pas la peine de se cacher les choses. Il faut que nous ayons une grande politique européenne pour l'Afrique : de micro crédit, d'aide aux médicaments, d'aide à la santé publique, d'aide aux universités. Cela passe également par la démocratie en Afrique.
Q - Suzanne est avec nous, bonjour Suzanne. Vous vouliez parler du Darfour, une question, allez-y. Oui, une question simple : il y a déjà 300.000 morts au Darfour. Que fait la France à ce sujet ?
R - Je suis tout à fait d'accord, je suis allé au Darfour et je vais y retourner très vite. La France, au Conseil de sécurité des Nations unies, vient il y a quelques jours de voter une résolution pour envoyer des milliers de casques bleus de l'ONU afin d'arrêter ces exactions et ce véritable génocide qui a lieu aujourd'hui. Il faut arrêter cela.
Q - Nous participerons à cette force ?
R - Nous avons des entretiens sur cette question au sein de l'ONU. A Khartoum, les responsables soudanais ne sont pas encore tout à fait d'accord. Il faut parler avec les responsables soudanais. Il s'agit de transformer les forces qui existent - qui sont africaines - en forces onusiennes et nous rencontrons des difficultés. La France joue tout son rôle pour arrêter ce génocide le plus vite possible.
Q - Intervenez-vous dans l'affaire Nathalie Gettliffe ?
R - J'ai appelé mon homologue, ministre des Affaires étrangères canadien, pour lui demander de faire en sorte que l'accouchement de Mme Gettliffe se déroule dans des conditions hospitalières qui répondent à toutes les conditions de sécurité. Bonsoir, quel temps fait il chez vous ?Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 septembre 2006