Texte intégral
Monsieur le Président-Directeur général du groupe LVMH, cher Bernard Arnault,
Monsieur le Président-Directeur général de Louis Vuitton, cher Yves Carcelle,
Monsieur le Maire, cher Bertrand Delanoë,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux d'être présent parmi vous aujourd'hui pour un événement exemplaire à bien des égards.
Par sa nature, tout d'abord, puisque la maison Louis Vuitton a choisi de marquer, avec la naissance de sa fondation, la pérennité et la profondeur de son engagement en faveur de la création.
Une fondation n'est pas un soutien ponctuel, ni un accessoire, et encore moins un simple « coup ». Comme son nom l'indique, une fondation pose les bases solides d'un engagement tourné vers l'avenir. Elle est le signe fort de la conviction profonde que l'entreprise a un rôle éminent à jouer dans la cité, et que l'univers de l'art n'est pas à part, car c'est le nôtre. Celui de l'économie, de la société, du monde où nous vivons, où nous agissons, où nous puisons nos racines, où nous formons nos projets, où nous inventons nos rêves, où nous ouvrons des voies nouvelles.
La culture est à la fois un héritage et une conquête. La création, disait Malraux, est d'abord une volonté. Au-delà de la fidélité aux valeurs, aux traditions, à la transmission, à la longue chaîne des talents qui les ont précédés, il y a chez tous les créateurs, les défricheurs, les précurseurs, cette quête, cette curiosité, ce désir, cette liberté, cette audace, qui sont aussi au coeur de notre culture, de notre identité et de notre message.
La Maison Louis Vuitton, qui fait rayonner l'élégance, le luxe et l'art de vivre à la française dans le monde entier, fait depuis longtemps la preuve de ce dialogue entre l'excellence des métiers, des savoir-faire qu'elle représente, et l'inspiration des artistes contemporains, dont Takashi Murakami, qui a revisité le mythique monogramme, nous offre un brillant exemple.
La naissance de la Fondation Louis Vuitton pour la Création ouvre aujourd'hui une nouvelle page riche de promesses dans l'histoire de ce très bel engagement. Dans la stratégie d'attractivité de notre pays, cette décision est un acte fort.
L'engagement de l'Etat, c'est d'abord d'encourager un tel projet, qui contribue à redonner à la création une place de premier plan dans notre pays et à assurer sa diffusion dans le monde. La responsabilité de l'Etat, c'est en effet, et tel est le sens de la politique culturelle du gouvernement auquel j'appartiens, de mener une politique d'ensemble d'aide au développement et à la promotion de la création, en soutenant nos artistes, nos institutions, notre marché de l'art, notre enseignement supérieur artistique, en accompagnant les créateurs, en encourageant les initiatives, et la vôtre, je l'ai dit, est exemplaire.
L'engagement de l'Etat, et je m'y emploie chaque jour, c'est d'appliquer la loi du 1er août 2003 en faveur du mécénat et des fondations. Véritable appel au partenariat et à l'addition des énergies et des compétences, et bien loin d'un prétendu désengagement de la part des pouvoirs publics, cette loi a permis un essor sans précédent du mécénat et des fondations dans notre pays. Et bien sûr, lorsqu'ils seront officiellement saisis de votre projet de fondation, les services de l'Etat l'examineront avec un intérêt très positif, tant il répond de manière éclatante à l'esprit et aux objectifs de cette loi, qui a déjà permis depuis 2003, la création de 76 fondations. Celle-ci est évidemment d'une ampleur et d'une ambition exceptionnelles.
Après la réouverture du Grand Palais, rendu à sa vocation artistique et culturelle, qui a accueilli notamment la « Force de l'Art » avec le soutien de votre groupe, après l'ouverture du Musée du Quai Branly, la réouverture du Musée de l'Orangerie et du Musée des Arts décoratifs, ce nouveau projet est vraiment exemplaire, par sa double ambition d'inscrire l'art, tous les arts, dans la Cité, en favorisant la rencontre de tous les publics, de toutes les générations, avec les regards et les oeuvres des créateurs d'hier et d'aujourd'hui.
Il précède un grand projet où la musique et l'architecture contemporaine se configureront à la Villette en partenariat fécond avec la Ville de Paris.
Le ministre de la Culture et de la Communication est aussi celui de l'architecture. Et je suis, comme vous, particulièrement impatient de découvrir le nouveau geste architectural de l'un des créateurs les plus libres et les plus inclassables de notre temps, qui permettra d'acclimater, sous les frondaisons du Bois de Boulogne, ce nouveau lieu vivant et totalement inédit, ouvert à tous, autour d'une programmation audacieuse et libre, qui exaltera l'alliance forte et féconde du patrimoine et de la création, des chefs d'oeuvre du passé et des talents d'aujourd'hui et de demain. Comme le disait Picasso, « il n'y a en art, ni passé, ni futur. L'art qui n'est pas dans le présent ne sera jamais. »
La Fondation Louis Vuitton pour la Création, en embrassant des siècles d'art et d'histoire, en prenant le pouls de notre société, dans toute la richesse de ses expressions, s'inscrit résolument dans notre présent.
Je ne doute pas que le génie de Frank Gehry, que je vous invite à retrouver demain au ministère de la Culture et de la Communication, pour lui témoigner la reconnaissance de la France pour son oeuvre immense, offrira à ce nouveau haut lieu de culture et de création, d'audace et de liberté, un écrin sublime.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 3 octobre 2006