Déclaration de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, sur les résultats du référendum sur le quinquennat, Paris le 24 septembre 2000.

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Circonstance : Référendum sur l'institution du quinquennat le 24 septembre 2000

Texte intégral

7 Français sur 10 n'ont pas voté au référendum
Un choc politique qui peut être salutaire
Hier soir à 20 heures, dès que le taux d'abstention a été connu, Robert Hue a déclaré au nom du Parti communiste français :
" Environ 70% des Françaises et des Français se sont abstenus de voter au référendum sur le quinquennat " sec " , soit 28 millions d'entre eux.
Ce résultat constitue l'événement politique majeur et, à vrai dire, le seul du scrutin d'aujourd'hui.
Le Parti communiste avait appelé à l'abstention. Au fil des jours, il a contribué à lui donner le caractère d'une forte expression politique. Il ne prétend nullement au monopole de l'engagement en faveur de cette abstention. Mais force est de constater, ce soir, qu'il est profondément en phase avec les aspirations de l'écrasante majorité des citoyennes et des citoyens de notre pays.
En revanche, il est clair que les initiateurs du quinquennat " sec " - qui recueillent sur le " oui " moins de 20% des inscrits - se sont gravement coupés des réalités de la société française et ont été sourds aux aspirations, aux attentes profondes de notre peuple.
C'est ce que viennent de leur signifier - en tenant compte des bulletins blancs et nuls - quelque 30 millions de citoyennes et de citoyens en refusant de participer à ce qu'il faut bien appeler un véritable simulacre de consultation. Contrairement à ce que certains prétendent, l'abstention ne signifie pas un refus du référendum, ni un désintérêt pour le suffrage universel. Ce que les Français souhaitent c'est qu'on les consulte sur les questions qui intéressent leur vie. Au plan politique, ils veulent une véritable modernisation, une réelle démocratisation des institutions de la République.
Et c'est aussi sur leurs préoccupations quotidiennes qu'ils entendent être consultés et donner leur avis. Elles concernent leur situation sociale ; les problèmes de l'emploi ; l'augmentation du pouvoir d'achat, des salaires, des retraites, des minima sociaux - amputés par la hausse du prix des carburants. D'une manière générale, les Françaises et les Français sont dans l'attente d'une politique beaucoup mieux ancrée à gauche s'attachant à un meilleur partage des fruits de la croissance. Sur tous ces plans, ils ont le sentiment qu'on ne les écoute pas. Ils en éprouvent un profond mécontentement qu'ils ont exprimé aujourd'hui avec une force qu'il serait très dangereux d'ignorer.
Le résultat de ce référendum est un choc politique : il peut être un choc salutaire à la condition d'en mesurer l'ampleur et les exigences qu'il porte.
C'est en tout cas ce à quoi vont s'employer les communistes. En particulier pour contribuer à ce que les Françaises et les Français trouvent les moyens d'exprimer leurs attentes de changement. Ils le feront par leur action dans la majorité plurielle, au gouvernement, et par leur présence dynamique au cur du mouvement social. "