Texte intégral
Monsieur le Président (Jean-René Buisson),
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir ouvrir aujourd'hui les Premières Assises de l'Industrie Alimentaire. Je remercie l'Association Nationale de l'Industrie Alimentaire (ANIA) et son Président, Jean-René Buisson, d'avoir organisé cet événement de toute première importance pour notre pays.
Nous avons plus que jamais besoin d'échanger et de travailler ensemble pour être capables de relever les défis qui nous attendent. Comme l'a souligné le Président de la République au Sommet de l'Elevage, nous devons créer les conditions d'une agriculture française encore plus fortement exportatrice. Or, l'industrie agroalimentaire constitue un débouché pour les deux tiers de nos productions agricoles.
C'est aussi notre premier secteur industriel en termes d'emplois. Nous devons nous mobiliser pour en assurer le plein développement. L'avenir du secteur agroalimentaire dépendra de notre capacité à relever trois grands défis :
- l'attractivité de ses métiers, au service de l'emploi (I)
- l'export sur un marché mondial toujours plus concurrentiel (II)
- l'innovation, clé de la qualité et de la compétitivité (III).
Le Partenariat national pour le développement des industries agroalimentaires (PNDIAA) a été présenté par Nicolas FORISSIER en mai 2005. L'Association Nationale des Industries Agroalimentaires (ANIA) y a largement participé, à travers le millier d'entreprises associées. Ce Plan accompagne aujourd'hui des entreprises confrontées à une évolution rapide des marchés. Placée sous mon autorité et sous celle de François LOOS, la Délégation interministérielle aux industries agroalimentaires, confiée à Nicolas FORISSIER, amplifie une dynamique de soutien, en répondant à un souhait que vous avez formulé : disposer d'un point de convergence auprès duquel puissent s'exprimer et s'unir les acteurs industriels du secteur. La Délégation, à laquelle j'apporte mon plein appui, est à votre écoute pour renforcer le dialogue entre les industries agroalimentaires et l'Etat.
I. L'industrie agroalimentaire constitue un atout fondamental pour notre pays, mesurable en terme d'emplois.
Avec 400 000 salariés et 10 000 entreprises, les Industries agroalimentaires constituent le deuxième gisement d'emplois industriels en France, après les industries mécaniques. C'est en outre le secteur qui résiste le mieux à l'érosion de l'emploi industriel et aux délocalisations.
Malheureusement les opportunités offertes par ce secteur sont insuffisamment exploitées puisque chaque année, 10 000 emplois offerts dans l'agroalimentaires ne trouvent pas preneurs. Il est donc essentiel d'accroître l'attractivité des métiers de l'agroalimentaire pour favoriser les recrutements. Le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche s'est mobilisé pour améliorer l'offre de formation, les dispositifs d'aides à l'emploi et la promotion des métiers de l'agroalimentaire. Je suis déterminé à poursuivre notre action en ce sens.
Avec Gérard LARCHER et vous-même, Président BUISSON, nous avons signé lors du dernier Salon International de l'Agriculture une convention pour l'emploi. Pour les entreprises, disposer rapidement de personnels qualifiés est un gage de compétitivité. L'embauche est favorisée par les contrats d'apprentissage, les contrats de professionnalisation et l'insertion des demandeurs d'emplois grâce aux contrats aidés.
La mobilisation se traduit également sur le terrain, notamment avec la montée en puissance des Maisons de l'Emploi.
II. Le dynamisme à l'export représente un enjeu fondamental pour notre industrie agroalimentaire.
Premier exportateur mondial de produits agroalimentaires. avec 10% du marché mondial, l'industrie agroalimentaire française affiche un excédent annuel de 8 Mds euros. Après une année 2005 en demi-teinte, le secteur a retrouvé le chemin de la croissance à l'export. Notre excédent commercial agroalimentaire est de plus de 4Mds euros pour le premier semestre, soit 7% de mieux que l'an dernier.
Premier pays agricole d'Europe, la France doit maintenir son rang à l'export agroalimentaire. Je vous ai présenté, le 30 mars dernier, le Plan sectoriel export agroalimentaire, que nous avons adopté en juin avec Christine LAGARDE. La priorité que je donne à notre présence sur les marchés internationaux se traduit, dans le budget 2007 du Ministère, par une augmentation de 21 % des crédits pour la promotion internationale des produits, à hauteur de 42 millions euros.
A maintes reprises, je me suis engagé pour défendre les intérêts de la France dans le cadre mondial et communautaire de nos activités agricole et agroalimentaire. La situation de blocage à l'OMC aujourd'hui n'est pas en soi satisfaisante, même si l'Europe et la France n'en portent pas la responsabilité. Récemment, je me suis rendu dans plusieurs grands pays importateurs, comme la Chine et le Japon, et dans plusieurs grands pays exportateurs comme l'Argentine et l'Australie, pour réaffirmer la vocation exportatrice de l'agriculture française et de son industrie agroalimentaire, et défendre notre place sur les marchés mondiaux. Je me suis engagé avec Nicolas FORISSIER pour obtenir la levée de multiples barrières sanitaires injustifiées. Cet effort commence à porter ses fruits, notamment au Moyen Orient et en Asie.
Par ailleurs, nous travaillons depuis longtemps sur la valorisation qualitative de nos produits, en France et à l'étranger. Cette valorisation de l'identité culturelle des produits intervient au bénéfice de nos territoires. Dans cette perspective, la loi d'orientation agricole du 6 janvier 2006 a clarifié et réorganisé les signes de qualité. Le 1er janvier 2007 verra la mise en place de l'Institut national de l'origine et de la qualité. Les procédures seront simplifiées, le dispositif de contrôles renforcé. Il est essentiel que les consommateurs les comprennent mieux les signes de qualité.
III. Enfin, il nous faut soutenir l'effort d'investissement et d'innovation, facteurs clés de notre compétitivité.
Les Industries agroalimentaires françaises doivent intensifier leurs efforts en matière d'innovation. J'ai mis en place une politique de soutien aux centres techniques agroalimentaires, dont les PME ont besoin. Les partenariats visant les transferts de technologie sont encouragés.
Le Plan National de Développement des Industries agroalimentaires (PNDIAA) joue un rôle important à cet effet. Je citerai pour exemple
- le financement de projets de recherche et développement dans les pôles de compétitivité agroalimentaire (20 Meuros) et le programme Alimentation de l'Agence Nationale de la Recherche (14 Meuros) ;
- l'appui à la création et la labellisation en juillet 2006 de 8 unités mixtes de technologie et de réseaux thématiques, favorisant le transfert et la diffusion de technologie dans le tissu industriel.
Avec le lancement des Pôles de compétitivité, le Gouvernement stimule la recherche-développement sur tout le territoire. Nous avons aujourd'hui 12 pôles de compétitivité qui intéressent à la fois les filières agricoles, forestière et halieutique. Il s'agit également d'asseoir la logique partenariale entre milieux académiques et industriels, avec l'appui des pouvoirs publics .
Au titre des deux premiers appels à projets intervenus en 2006, plus de 20 projets bénéficieront d'un financement pour un montant total d'environ 20Meuros. Pour mieux accompagner l'innovation, le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche a participé à l'effort commun, en y consacrant plus de 8 Meuros en 2006.
Le projet de budget 2007 se traduit entre autres par un doublement de la dotation de l'Etat à l'agence Oseo-Anvar, désormais portée à 160 Meuros. Je puis vous assurer que le Ministère de l'Agriculture maintiendra son effort financier pour à accroître à moyen et à long terme la compétitivité de la France dans le secteur agroalimentaire.
A cet égard, vous avez appelé mon attention, à l'heure où la France élaborait son Plan national d'affectation de quotas (PNAQ) de gaz à effet de serre pour la période 2008-2012, sur la situation particulière des industries agroalimentaires et leurs spécificités, qui nécessitent des aménagements du dispositif envisagé. Le secteur agroalimentaire est, plus que d'autres, exposé à une intense concurrence internationale. Il a par ailleurs accompli un certain nombre d'efforts précoces, que ce soit en termes d'économies d'énergie ou de substitution vers des combustibles moins polluants. Il doit en être tenu compte. Une politique environnementale inadaptée et pénalisante pourrait avoir des conséquences dramatiques en terme de distorsion de concurrence. Par conséquent, je me suis battu pour que les industries agroalimentaires bénéficient de quotas suffisants pour assurer leur croissance économique, et renforcer leur compétitivité. Je me réjouis de constater que le second Plan national (PNAQ 2), notifié début octobre à la Commission, a pleinement pris en compte cette exigence.
Enfin, la recherche-développement concernant l'alimentation me semble aujourd'hui plus importante que jamais. Elle figure parmi les trois axes prioritaires du contrats d'objectifs que j'ai signé récemment avec François GOULARD et l'Institut National de la Recherche Agronomique. L'ensemble des acteurs de la recherche-développement doivent travailler ensemble et développer les synergies. Dans cet esprit, le Ministère de l'agriculture et l'INRA organiseront un colloque sur la recherche-développement dans le domaine alimentaire lors du Salon International de l'Alimentation, en collaboration avec l'ANIA. Des partenariats scientifiques sur le lait, les fruits et légumes, les viandes, ont été mis en place.
Les industries agroalimentaires ont un rôle fondamental à jouer dans notre santé à tous. Le Programme national nutrition-santé (PNSS) est la démarche partenariale du Ministère de l'Agriculture et des industries agroalimentaires en ce domaine. Les travaux accomplis se concrétiseront par une charte relative à la qualité nutritionnelle de certains aliments, tel le pain, les viennoiseries et les jus de fruits. La charte sera fondée sur l'engagement volontaire des professionnels et les consommateurs seront mieux informés des bonnes pratiques alimentaires.
Conclusion
Le secteur agroalimentaire français doit faire face à une concurrence accrue et je me réjouis de constater que tous sont mobilisés pour qu'il garde son rang. Les acteurs de l'agroalimentaire français ont déjà fait la preuve de leur dynamisme, de leur pugnacité et de leur vision de l'avenir. La France porte aussi une vision qui n'est pas seulement économique. Notre modèle alimentaire fait partie de notre identité. Le dynamisme de nos exportations et la présence de nos produits agroalimentaires à l'étranger est aussi un défi culturel que saurons relever ensemble.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 16 octobre 2006