Texte intégral
Monsieur le Président (Thierry KLINGER)
Monsieur le Directeur général (Patrick LAVARDE)
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'ouvrir ce colloque organisé à l'occasion des 25 ans du CEMAGREF, institut public d'ingénierie agricole et environnementale. Monsieur le Président, j'ai apprécié votre définition des chercheurs du Cemagref comme « chercheurs de plein air », qui correspond bien à l'approche en prise avec le terrain et le réel que j'aime privilégier.
Le colloque d'aujourd'hui n'est pas à ciel ouvert, mais l'oxygène sera bien là. Le quart de siècle de recherche appliquée et finalisée que nous célébrons aujourd'hui, c'est un engagement jamais démenti pour relever de multiples enjeux économiques, technologiques et environnementaux. Reconnu pour sa capacité à traiter les questions concrètes dans les domaines de la gestion des ressources, de l'aménagement, de l'utilisation de l'eau, de l'espace et des différentes ressources de nos territoires, le Cemagref a accompagné le monde agricole et ses responsables publics dans la recherche de réponses appropriées. C'est une longue relation de confiance entre un organisme de recherche et les pouvoirs publics que nous célébrons aujourd'hui.
I. De la modernisation des campagnes aux enjeux actuels
Le Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et forêts est né de la volonté de Pierre Méhaignerie, Ministre de l'Agriculture dans le Gouvernement de Raymond Barre : le nouvel établissement public était issu de deux centres d'études du Ministère de l'Agriculture, l'un dédié à l'aménagement rural et l'autre à la mécanisation.
Le Cemagref évolue rapidement : la modernisation et l'équipement des campagnes, le développement de la production agricole et les grandes problématiques de l'aménagement cèdent progressivement la place aux défis de la qualité de l'alimentation, de la bonne gestion des ressources et de la maîtrise des pollutions. Le Cemagref s'intéresse aussi au développement de territoires ruraux touchés par le déclin démographique. Ce sont des thèmes cruciaux pour l'avenir de notre société.
II. Le Cemagref apporte l'éclairage scientifique global et intégré dont le milieu rural a besoin.
Le monde rural est au carrefour d'attentes et d'enjeux qu'il faut en permanence concilier. Sur un espace donné coexistent un milieu naturel, une organisation sociale, des hommes et des femmes aux activités diverses. Cet ensemble doit fonctionner de manière la plus efficace et harmonieuse possible, pour valoriser au mieux les atouts des territoires. C'est la mission que remplit le Cemagref.
Les espaces ruraux voient aussi se mettre en place des solidarités multiples, qui ont besoin d'être accompagnées :
- une solidarité dans l'usage de la ressource en eau, entre l'amont et l'aval d'un même bassin ;
- une solidarité entre les espaces ruraux et les espaces urbains, qui s'interpénètrent aujourd'hui de plus en plus ;
- une solidarité pour permettre l'épandage des boues par exemple, etc.
La solidarité entre les acteurs est indispensable pour gérer nos territoires de façon durable. Elle suppose de faire en permanence la synthèse entre les exigences économiques, sociologiques et environnementales, pour mettre en oeuvre un développement équilibré.
La conciliation de ces contraintes, multiples et souvent complexes, nécessite une approche scientifique qui soit à la fois globale, intégrée et applicable. C'est le rôle que remplit le Cemagref, éclairant ainsi les décisions publiques.
Au fil de ses plans stratégiques, le CEMAGREF est devenu un organisme public de recherche finalisée, clairement reconnu et intégré au sein de la communauté scientifique nationale et européenne. Ses compétences sont reconnues dans des domaines aussi variés que la ressource en eau, les systèmes écologiques ruraux et le développement de technologies pour l'agriculture et l'environnement. Il faut continuer et tous savent pouvoir compter sur votre mobilisation.
III. Le Cemagref au service d'une recherche finalisée, partenariale et d'excellence
Le Cemagref mène des recherches qui s'inscrivent généralement dans une logique partenariale, sur des enjeux identifiés ou émergents, liés notamment au développement durable. Il développe ainsi des travaux de recherche originaux, facteurs de progrès dans les connaissances, facteurs aussi d'amélioration dans la définition des normes et le renouvellement des capacités d'expertise.
Ce savoir-faire est reconnu par de nombreux acteurs publics. Le Cemagref s'affirme en particulier comme un leader européen de la recherche sur la gestion intégrée des eaux et des territoires. Dans ce cadre, il fournit un appui apprécié aux services centraux et déconcentrés des ministères, mais aussi des collectivités territoriales, des agences et des établissements publics.
Le Cemagref a aussi su innover dans la diffusion et le partage du savoir. Ses efforts sont connus là aussi : développement de liens forts avec l'enseignement supérieur, label « Carnot » reconnaissant les travaux conduits en partenariat avec les entreprises, politique volontariste d'acquisition de brevets, transferts de technologies, etc. L'établissement a constamment su donner à sa démarche scientifique une orientation concrète, orientée vers les entreprises et les utilisateurs.
A titre d'exemples, le Cemagref a développé de nouveaux outils d'aide à la décision pour rendre l'irrigation plus économe et efficiente, réduire les pollutions d'élevage, ou limiter les impacts négatifs de la chaîne du froid sur l'environnement. J'ai été également intéressé par le sort réservé à MAGALI, le robot cueilleur de pommes développé par le Cemagref : devant les réticences sociales, il n'a finalement pas été appliqué à l'agriculture, mais sa technologie a servi au tri robotisé des déchets.
Ces exemples illustrent bien le souci du Cemagref d'avoir une approche scientifique au service des professionnels et de la société. Cette démarche repose sur un dialogue constant entre les scientifiques et les utilisateurs - ingénieurs, responsables publics, chefs d'entreprises - pour élaborer dans la concertation les modalités de mise à disposition et d'usage des savoirs.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 16 octobre 2006