Texte intégral
Monsieur le Député-Maire, Cher Bernard Brochand,
Monsieur le Président, Cher Paul Zilk,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous recevoir aujourd'hui, au coeur de ce rendez-vous annuel majeur qu'est le MIPCOM. Producteurs de fiction, de documentaire et d'animation, vous êtes les acteurs du dynamisme de la production audiovisuelle française.
Cette rencontre est l'occasion de vous dire tout mon attachement à ce secteur essentiel pour la diversité culturelle, ainsi que ma volonté de le défendre et de préparer son avenir.
Je tiens à souligner les très bons résultats de vente de programmes à l'étranger que vous avez obtenus en 2005. L'étude annuelle publiée par TVFI et le CNC fait état d'une progression des ventes et préventes de plus de 10 % dans les genres fiction, documentaire et animation, avec comme premiers débouchés les Etats-Unis, juste devant l'Italie et l'Allemagne. Ce sont des performances remarquables. Je tiens à vous en féliciter.
La fiction, par les thèmes qu'elle aborde, par sa créativité, par les succès d'audience qu'elle rencontre, par la place qu'elle occupe aujourd'hui au sein des grilles de programmes, fait l'éclatante démonstration de sa vitalité. Face à la concurrence américaine et aux adaptations de formats étrangers, nous avons la chance de disposer en France de producteurs inventifs et de scénaristes remarquables, à l'imagination au moins aussi fertile que celle de leurs homologues nord-américains. Il faut donner à ces talents la possibilité et les moyens de créer des fictions innovantes et qui séduisent le public ! Je suis profondément convaincu que c'est parce que la fiction française est créative et novatrice qu'elle continuera, non seulement à être regardée, mais encore à s'exporter davantage et à être appréciée des téléspectateurs étrangers, comme elle l'est des téléspectateurs français.
Les différents festivals qui présentent le meilleur de la fiction française, qu'il s'agisse de Saint-Tropez, de Biarritz, de Reims et de Luchon, témoignent de son succès auprès des Français. Et je salue la création d'un nouveau rendez-vous, « Scénaristes en séries », dont la première édition aura lieu la semaine prochaine à Aix-les-Bains. Je souhaite longue vie à cette manifestation originale, nouveau creuset d'idées, d'échanges et de rencontres avec le grand public pour les scénaristes.
L'innovation est différente selon les diffuseurs, mais elle est un enjeu vital pour chacun d'entre eux. J'ai mis en place l'an dernier, le fonds d'aide à l'innovation, appelé de leurs voeux par les auteurs et notamment la SACD, fruit d'une vraie concertation entre le Trio et les pouvoirs publics. Ce fonds rencontre un réel succès auprès des auteurs. Près de 400 projets de fiction ont déjà été déposés et environ 42 projets ont été sélectionnés par le comité d'experts. Ce succès témoigne de l'énergie de la création française, riche des talents d'auteurs venus de tous les horizons et de toutes les générations, qui ouvrent de nouveaux espaces de liberté d'écriture. J'engage vivement les producteurs et les chaînes de télévision à s'intéresser de près aux projets soutenus par ce fonds.
Je suis très attentif à la place de la fiction française dans les grilles de programmes, tant pour les nouvelles productions, que pour les rediffusions. Des négociations sont engagées entre les partenaires sociaux sur les conditions de rediffusion des fictions en journée. C'est un chantier structurant pour la vitalité de la création et qui peut entraîner des effets induits majeurs sur nos volumes de production. Les conditions me paraissent réunies pour qu'elles puissent aboutir rapidement, dans l'intérêt de toutes les parties prenantes.
Je tiens à rappeler que l'impact du crédit d'impôt en 2005 sur les dépenses consacrées à la production de fiction en France a été très positif ! Ainsi, les dépenses à l'étranger ont globalement diminué de 39 % alors même que le volume produit a augmenté de 27 %.
La fiction française a atteint en 2005 un niveau de production sans précédent : avec 918 heures, il se rapproche enfin de celui de nos principaux partenaires européens. Je suis convaincu que nous pouvons et que nous devons aller au-delà, et dépasser les autres pays européens. Grâce à ses producteurs, aux artistes et techniciens, grâce à tous les talents et à tous les métiers qui font sa force, sa créativité, et sa diversité, la fiction française a les moyens d'atteindre cet objectif. Bien sûr, je suis conscient qu'elle dépend aussi pour cela des diffuseurs et de leurs commandes.
Le documentaire connaît lui aussi d'importantes évolutions. Sa place plus importante dans les grilles a permis le développement de nouvelles écritures. L'école du documentaire français a les ressources pour s'adapter sans pour autant se trahir, ce qui passe par des expérimentations dans l'écriture et la production, sous le regard du public.
Je crois profondément à l'avenir du documentaire. C'est un genre essentiel et nécessaire, qui peut apporter aux citoyens davantage de connaissances, davantage de réflexion, davantage d'ouverture sur le monde.
Le documentaire est un genre emblématique de la télévision publique, qui participe de manière essentielle à son identité, différente de la télévision privée.
Les programmes d'animation, quant à eux, portent à travers le monde la créativité de leurs auteurs. La production est vigoureuse, et je m'en réjouis. Elle est créatrice d'emplois en France, générant une progression de 40 % des heures travaillées et des cotisations sociales, et une progression de 60 % des heures travaillées par les intermittents du spectacle en 2005. Je tiens à saluer en particulier le succès de trois jeunes filles, les Totally spies, qui séduisent les enfants du monde entier. Ce succès est un encouragement pour les autres producteurs à exporter leurs programmes. Les soutiens publics contribuent à l'épanouissement des talents et aux performances de ce secteur.
L'action de la télévision publique est déterminante pour la créativité et l'économie dans le domaine de la fiction, de l'animation, du documentaire et du cinéma. Je suis attaché, comme l'ensemble des producteurs audiovisuels, à ce que la télévision publique soit forte et identifiée, et qu'elle propose des programmes différents de la télévision privée, en s'adressant à tous les publics. Au coeur de cette différence, France Télévisions et Arte doivent avoir des objectifs ambitieux pour la production audiovisuelle. Ces objectifs, en matière de programmes et de programmation, qui sont partagés à la fois par les dirigeants des télévisions publiques et par le gouvernement, prendront forme de manière précise dans les Contrats d'objectifs et de moyens qui sont en cours de négociation et dont je souhaite la finalisation le plus rapidement possible.
Bien que le montant de la redevance reste inchangé, je tiens à rappeler que le budget de l'audiovisuel public augmentera de manière significative l'an prochain, signe de la priorité que j'accorde aux missions du service public de l'audiovisuel. ARTE France bénéficiera d'une augmentation de 2,8 % de sa dotation publique par rapport à la LFI pour 2006. France Télévisions verra sa dotation publique progresser de 2,5 % en 2007 par rapport à la LFI 2006.
Les bouleversements de la diffusion, qu'il s'agisse de la télévision numérique terrestre, de la haute définition, de la télévision mobile personnelle, de la télévision reçue par ADSL, par téléphone mobile, sont autant de nouvelles chances à saisir par les professionnels que vous êtes.
Pour les diffuseurs, ce sont des perspectives stratégiques nouvelles, qui remettent en question les modes d'organisation et permettent de déployer des programmes autour de leurs marques sur tous les supports.
Pour vous, producteurs, c'est un nouvel horizon qui s'ouvre, avec des écritures nouvelles, des formats nouveaux, des stratégies de plus en plus pensées pour tous les supports et pour tous les pays.
Ces bouleversements stratégiques offrent de formidables opportunités. Ils nous obligent aussi à réévaluer notre mode de régulation et de soutien public.
J'ai présenté au Conseil des ministres le projet de loi qui permet d'adapter notre cadre juridique aux nouveaux modes de diffusion, afin qu'au plus tard le 30 novembre 2011, tous les Français puissent regarder gratuitement au moins dix-huit chaînes de télévision. Je vais présenter ce texte demain aux Sénateurs membres de la Commission des affaires culturelles. Je vous annonce que le Sénat l'examinera en séance publique à la fin du mois de novembre prochain.
Deux principes fondent le projet de loi. Premièrement, le basculement inéluctable de l'analogique vers le numérique ne peut avoir lieu que si, pour chacun des Français, les conditions pour qu'il reçoive la télévision numérique sont réunies, tant en termes de couverture du territoire que d'équipement. Deuxièmement, le passage au numérique sous toutes ses formes, c'est-à-dire aussi bien la télévision numérique, en haute définition, mobile personnelle qu'internet, doit contribuer au développement de la création audiovisuelle et cinématographique française. Le projet de loi prévoit donc une majoration de la taxe affectée au compte de soutien à l'industrie des programmes (COSIP), qui est acquittée par les chaînes de télévision et assise sur leurs recettes publicitaires. La majoration de cette taxe permettra de soutenir le dynamisme de notre production audiovisuelle sur ces nouveaux supports, d'autant que l'allègement des coûts de diffusion permis par le numérique dégagera en outre des moyens supplémentaires en faveur des programmes et de la création.
Le passage à la haute définition constitue une véritable révolution tant pour ceux qui produisent les programmes que pour les téléspectateurs. J'en ai fait l'expérience hier en regardant comment était tournée en haute définition la course cycliste Paris-Tours, ce qui constituait la répétition générale de ce que France Télévisions fera pour le Tour de France. Nous sommes loin du temps où Marshall Mac Luhan considérait que le téléspectateur devait reconstituer l'image de télévision à partir de points minuscules, comparant les contours de l'image à ceux des caricatures qui ne prennent corps que dans l'imagination du spectateur, ce qui exigeait de lui un immense effort personnel de participation.
Lorsque les trois grandes chaînes privées, en 2012, auront basculé complètement, avec les contraintes que cela suppose, de la diffusion analogique à la diffusion numérique, elles pourront alors faire la demande d'une autre chaîne au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). Il s'agit là de la contrepartie à l'extinction anticipée de leurs autorisations analogiques, contrepartie exigée par le Conseil d'Etat. Je crois au succès des dix-huit chaînes déjà existantes sur la télévision numérique terrestre, qui ont toutes leur place et vocation à la garder, et dans le même temps je suis attaché à défendre la diversité culturelle et les intérêts du public et des créateurs audiovisuels. Car la naissance de ces canaux supplémentaires bénéficiera aux téléspectateurs, comme à la création audiovisuelle et cinématographique française, et donc à la diversité culturelle.
Un autre volet important de cette adaptation est celui du soutien. Il nous faut aussi réfléchir, tous ensemble, à l'accompagnement le plus efficace, dans ce nouvel environnement au périmètre élargi, pour la création française, son financement et sa diffusion. Il est essentiel de pérenniser dans ce nouvel univers numérique le modèle qui a fait ses preuves avec le cinéma et la télévision hertzienne. Il est également essentiel que le soutien contribue activement à accompagner des productions en haute définition et celles destinées à la télévision mobile. De la même manière, les programmes conçus pour internet ou le téléphone mobile, outils de communication dont les jeunes générations sont particulièrement friandes, ce qui ne peut nous laisser insensibles, ont également vocation à bénéficier de ce modèle vertueux.
La loi sur le droit d'auteur votée cette année ouvre la voie au développement des offres légales d'oeuvres audiovisuelles. Les services de Vidéo à la demande (VOD) ouvrent de nouveaux modes de diffusion plus larges et plus internationaux, à toute la filière de l'image. Ils constituent une nouvelle source de revenus pour les d'accès à internet, et doivent permettre de dynamiser l'industrie audiovisuelle. Dans ce cadre, il est urgent, d'une part, de disposer d'un large éventail de programmes attrayants, et d'autre part, de faciliter l'émergence de nouveaux modèles économiques, hétérogènes et viables, pour la VOD. Pour que ce marché se développe rapidement, les accords commerciaux entre les fournisseurs de services et les fournisseurs de contenus doivent se fonder sur le principe d'une mise à disposition équitable et économiquement viable des oeuvres. Il est essentiel de parvenir à des accords équilibrés entre les partenaires impliqués, producteurs, distributeurs, diffuseurs, et téléspectateurs. J'encourage chaque groupe de télévision à parvenir le plus rapidement possible à des accords. Arte et France Télévisions doivent jouer un rôle moteur dans ce domaine et le développement de leurs offres de vidéo à la demande sera un élément important, inscrit dans leurs Contrats d'objectifs et de moyens.
Préparer le passage à l'ère numérique est un nouveau défi pour la création française, que vous relèverez, j'en suis convaincu, avec succès.
Je vous souhaite un excellent MIPCOM 2006.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 octobre 2006
Monsieur le Président, Cher Paul Zilk,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous recevoir aujourd'hui, au coeur de ce rendez-vous annuel majeur qu'est le MIPCOM. Producteurs de fiction, de documentaire et d'animation, vous êtes les acteurs du dynamisme de la production audiovisuelle française.
Cette rencontre est l'occasion de vous dire tout mon attachement à ce secteur essentiel pour la diversité culturelle, ainsi que ma volonté de le défendre et de préparer son avenir.
Je tiens à souligner les très bons résultats de vente de programmes à l'étranger que vous avez obtenus en 2005. L'étude annuelle publiée par TVFI et le CNC fait état d'une progression des ventes et préventes de plus de 10 % dans les genres fiction, documentaire et animation, avec comme premiers débouchés les Etats-Unis, juste devant l'Italie et l'Allemagne. Ce sont des performances remarquables. Je tiens à vous en féliciter.
La fiction, par les thèmes qu'elle aborde, par sa créativité, par les succès d'audience qu'elle rencontre, par la place qu'elle occupe aujourd'hui au sein des grilles de programmes, fait l'éclatante démonstration de sa vitalité. Face à la concurrence américaine et aux adaptations de formats étrangers, nous avons la chance de disposer en France de producteurs inventifs et de scénaristes remarquables, à l'imagination au moins aussi fertile que celle de leurs homologues nord-américains. Il faut donner à ces talents la possibilité et les moyens de créer des fictions innovantes et qui séduisent le public ! Je suis profondément convaincu que c'est parce que la fiction française est créative et novatrice qu'elle continuera, non seulement à être regardée, mais encore à s'exporter davantage et à être appréciée des téléspectateurs étrangers, comme elle l'est des téléspectateurs français.
Les différents festivals qui présentent le meilleur de la fiction française, qu'il s'agisse de Saint-Tropez, de Biarritz, de Reims et de Luchon, témoignent de son succès auprès des Français. Et je salue la création d'un nouveau rendez-vous, « Scénaristes en séries », dont la première édition aura lieu la semaine prochaine à Aix-les-Bains. Je souhaite longue vie à cette manifestation originale, nouveau creuset d'idées, d'échanges et de rencontres avec le grand public pour les scénaristes.
L'innovation est différente selon les diffuseurs, mais elle est un enjeu vital pour chacun d'entre eux. J'ai mis en place l'an dernier, le fonds d'aide à l'innovation, appelé de leurs voeux par les auteurs et notamment la SACD, fruit d'une vraie concertation entre le Trio et les pouvoirs publics. Ce fonds rencontre un réel succès auprès des auteurs. Près de 400 projets de fiction ont déjà été déposés et environ 42 projets ont été sélectionnés par le comité d'experts. Ce succès témoigne de l'énergie de la création française, riche des talents d'auteurs venus de tous les horizons et de toutes les générations, qui ouvrent de nouveaux espaces de liberté d'écriture. J'engage vivement les producteurs et les chaînes de télévision à s'intéresser de près aux projets soutenus par ce fonds.
Je suis très attentif à la place de la fiction française dans les grilles de programmes, tant pour les nouvelles productions, que pour les rediffusions. Des négociations sont engagées entre les partenaires sociaux sur les conditions de rediffusion des fictions en journée. C'est un chantier structurant pour la vitalité de la création et qui peut entraîner des effets induits majeurs sur nos volumes de production. Les conditions me paraissent réunies pour qu'elles puissent aboutir rapidement, dans l'intérêt de toutes les parties prenantes.
Je tiens à rappeler que l'impact du crédit d'impôt en 2005 sur les dépenses consacrées à la production de fiction en France a été très positif ! Ainsi, les dépenses à l'étranger ont globalement diminué de 39 % alors même que le volume produit a augmenté de 27 %.
La fiction française a atteint en 2005 un niveau de production sans précédent : avec 918 heures, il se rapproche enfin de celui de nos principaux partenaires européens. Je suis convaincu que nous pouvons et que nous devons aller au-delà, et dépasser les autres pays européens. Grâce à ses producteurs, aux artistes et techniciens, grâce à tous les talents et à tous les métiers qui font sa force, sa créativité, et sa diversité, la fiction française a les moyens d'atteindre cet objectif. Bien sûr, je suis conscient qu'elle dépend aussi pour cela des diffuseurs et de leurs commandes.
Le documentaire connaît lui aussi d'importantes évolutions. Sa place plus importante dans les grilles a permis le développement de nouvelles écritures. L'école du documentaire français a les ressources pour s'adapter sans pour autant se trahir, ce qui passe par des expérimentations dans l'écriture et la production, sous le regard du public.
Je crois profondément à l'avenir du documentaire. C'est un genre essentiel et nécessaire, qui peut apporter aux citoyens davantage de connaissances, davantage de réflexion, davantage d'ouverture sur le monde.
Le documentaire est un genre emblématique de la télévision publique, qui participe de manière essentielle à son identité, différente de la télévision privée.
Les programmes d'animation, quant à eux, portent à travers le monde la créativité de leurs auteurs. La production est vigoureuse, et je m'en réjouis. Elle est créatrice d'emplois en France, générant une progression de 40 % des heures travaillées et des cotisations sociales, et une progression de 60 % des heures travaillées par les intermittents du spectacle en 2005. Je tiens à saluer en particulier le succès de trois jeunes filles, les Totally spies, qui séduisent les enfants du monde entier. Ce succès est un encouragement pour les autres producteurs à exporter leurs programmes. Les soutiens publics contribuent à l'épanouissement des talents et aux performances de ce secteur.
L'action de la télévision publique est déterminante pour la créativité et l'économie dans le domaine de la fiction, de l'animation, du documentaire et du cinéma. Je suis attaché, comme l'ensemble des producteurs audiovisuels, à ce que la télévision publique soit forte et identifiée, et qu'elle propose des programmes différents de la télévision privée, en s'adressant à tous les publics. Au coeur de cette différence, France Télévisions et Arte doivent avoir des objectifs ambitieux pour la production audiovisuelle. Ces objectifs, en matière de programmes et de programmation, qui sont partagés à la fois par les dirigeants des télévisions publiques et par le gouvernement, prendront forme de manière précise dans les Contrats d'objectifs et de moyens qui sont en cours de négociation et dont je souhaite la finalisation le plus rapidement possible.
Bien que le montant de la redevance reste inchangé, je tiens à rappeler que le budget de l'audiovisuel public augmentera de manière significative l'an prochain, signe de la priorité que j'accorde aux missions du service public de l'audiovisuel. ARTE France bénéficiera d'une augmentation de 2,8 % de sa dotation publique par rapport à la LFI pour 2006. France Télévisions verra sa dotation publique progresser de 2,5 % en 2007 par rapport à la LFI 2006.
Les bouleversements de la diffusion, qu'il s'agisse de la télévision numérique terrestre, de la haute définition, de la télévision mobile personnelle, de la télévision reçue par ADSL, par téléphone mobile, sont autant de nouvelles chances à saisir par les professionnels que vous êtes.
Pour les diffuseurs, ce sont des perspectives stratégiques nouvelles, qui remettent en question les modes d'organisation et permettent de déployer des programmes autour de leurs marques sur tous les supports.
Pour vous, producteurs, c'est un nouvel horizon qui s'ouvre, avec des écritures nouvelles, des formats nouveaux, des stratégies de plus en plus pensées pour tous les supports et pour tous les pays.
Ces bouleversements stratégiques offrent de formidables opportunités. Ils nous obligent aussi à réévaluer notre mode de régulation et de soutien public.
J'ai présenté au Conseil des ministres le projet de loi qui permet d'adapter notre cadre juridique aux nouveaux modes de diffusion, afin qu'au plus tard le 30 novembre 2011, tous les Français puissent regarder gratuitement au moins dix-huit chaînes de télévision. Je vais présenter ce texte demain aux Sénateurs membres de la Commission des affaires culturelles. Je vous annonce que le Sénat l'examinera en séance publique à la fin du mois de novembre prochain.
Deux principes fondent le projet de loi. Premièrement, le basculement inéluctable de l'analogique vers le numérique ne peut avoir lieu que si, pour chacun des Français, les conditions pour qu'il reçoive la télévision numérique sont réunies, tant en termes de couverture du territoire que d'équipement. Deuxièmement, le passage au numérique sous toutes ses formes, c'est-à-dire aussi bien la télévision numérique, en haute définition, mobile personnelle qu'internet, doit contribuer au développement de la création audiovisuelle et cinématographique française. Le projet de loi prévoit donc une majoration de la taxe affectée au compte de soutien à l'industrie des programmes (COSIP), qui est acquittée par les chaînes de télévision et assise sur leurs recettes publicitaires. La majoration de cette taxe permettra de soutenir le dynamisme de notre production audiovisuelle sur ces nouveaux supports, d'autant que l'allègement des coûts de diffusion permis par le numérique dégagera en outre des moyens supplémentaires en faveur des programmes et de la création.
Le passage à la haute définition constitue une véritable révolution tant pour ceux qui produisent les programmes que pour les téléspectateurs. J'en ai fait l'expérience hier en regardant comment était tournée en haute définition la course cycliste Paris-Tours, ce qui constituait la répétition générale de ce que France Télévisions fera pour le Tour de France. Nous sommes loin du temps où Marshall Mac Luhan considérait que le téléspectateur devait reconstituer l'image de télévision à partir de points minuscules, comparant les contours de l'image à ceux des caricatures qui ne prennent corps que dans l'imagination du spectateur, ce qui exigeait de lui un immense effort personnel de participation.
Lorsque les trois grandes chaînes privées, en 2012, auront basculé complètement, avec les contraintes que cela suppose, de la diffusion analogique à la diffusion numérique, elles pourront alors faire la demande d'une autre chaîne au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). Il s'agit là de la contrepartie à l'extinction anticipée de leurs autorisations analogiques, contrepartie exigée par le Conseil d'Etat. Je crois au succès des dix-huit chaînes déjà existantes sur la télévision numérique terrestre, qui ont toutes leur place et vocation à la garder, et dans le même temps je suis attaché à défendre la diversité culturelle et les intérêts du public et des créateurs audiovisuels. Car la naissance de ces canaux supplémentaires bénéficiera aux téléspectateurs, comme à la création audiovisuelle et cinématographique française, et donc à la diversité culturelle.
Un autre volet important de cette adaptation est celui du soutien. Il nous faut aussi réfléchir, tous ensemble, à l'accompagnement le plus efficace, dans ce nouvel environnement au périmètre élargi, pour la création française, son financement et sa diffusion. Il est essentiel de pérenniser dans ce nouvel univers numérique le modèle qui a fait ses preuves avec le cinéma et la télévision hertzienne. Il est également essentiel que le soutien contribue activement à accompagner des productions en haute définition et celles destinées à la télévision mobile. De la même manière, les programmes conçus pour internet ou le téléphone mobile, outils de communication dont les jeunes générations sont particulièrement friandes, ce qui ne peut nous laisser insensibles, ont également vocation à bénéficier de ce modèle vertueux.
La loi sur le droit d'auteur votée cette année ouvre la voie au développement des offres légales d'oeuvres audiovisuelles. Les services de Vidéo à la demande (VOD) ouvrent de nouveaux modes de diffusion plus larges et plus internationaux, à toute la filière de l'image. Ils constituent une nouvelle source de revenus pour les d'accès à internet, et doivent permettre de dynamiser l'industrie audiovisuelle. Dans ce cadre, il est urgent, d'une part, de disposer d'un large éventail de programmes attrayants, et d'autre part, de faciliter l'émergence de nouveaux modèles économiques, hétérogènes et viables, pour la VOD. Pour que ce marché se développe rapidement, les accords commerciaux entre les fournisseurs de services et les fournisseurs de contenus doivent se fonder sur le principe d'une mise à disposition équitable et économiquement viable des oeuvres. Il est essentiel de parvenir à des accords équilibrés entre les partenaires impliqués, producteurs, distributeurs, diffuseurs, et téléspectateurs. J'encourage chaque groupe de télévision à parvenir le plus rapidement possible à des accords. Arte et France Télévisions doivent jouer un rôle moteur dans ce domaine et le développement de leurs offres de vidéo à la demande sera un élément important, inscrit dans leurs Contrats d'objectifs et de moyens.
Préparer le passage à l'ère numérique est un nouveau défi pour la création française, que vous relèverez, j'en suis convaincu, avec succès.
Je vous souhaite un excellent MIPCOM 2006.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 11 octobre 2006