Déclaration de Mme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur les propositions du PCF pour une politique altenative et pour construire à gauche une majorité antilibérale, à Paris le 22 octobre 2006.

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Circonstance : Discours de clôture de la Conférence nationale du PCF tenue à Paris les 21 et 22 octobre 2006

Texte intégral

Chers amis, chers camarades,
Je crois que les résultats que l'on vient d'entendre témoignent de militantes et militants communistes enracinés dans les souffrances sociales et démocratiques et porteurs des exigences de notre peuple, de militantes et militants qui mesurent bien l'enjeu unique, inédit des échéances de 2007 pour l'avenir de notre pays : installation dans un bipartisme et sa suite d'alternances sans espoir de recompositions politiques. Ou bien l'ouverture d'une alternative populaire aux politiques libérales.
Ce doit être notre objectif : construire à gauche une majorité populaire et politique sur un projet apte à changer la vie. Cette ambition je la résume dans toutes mes rencontres par des mots simples : battre la droite et réussir à gauche.
Cette ambition, elle est partagée bien au-delà de nos rangs. Parmi ceux et celles qui souffrent, qui agissent, qui luttent dans les entreprises et les quartiers, parmi les bénévoles du monde associatif, les militants syndicalistes, parmi tous les hommes et les femmes réunis dans les collectifs unitaires, qui veulent tout simplement prendre en main la politique pour en faire une affaire populaire et citoyenne, partagent cette envie que cela bouge à gauche pour faire droit aux aspirations populaires.
Énoncer une telle ambition peut apparaître politiquement incorrect par rapport au scénario politique que d'autres veulent écrire pour notre peuple. Dans leur film, nous sommes déjà à quarante-huit heures du second tour de l'élection présidentielle, les candidats officiels sont désignés, le débat est cadré, l'élection déjà bouclée.
Et bien non. Nos concitoyennes et concitoyens n'ont pas tranché. Et ceux et celles qui aujourd'hui résistent, celles et ceux qui construisent et travaillent au rassemblement antilibéral ne sont pas voués à jouer les figurants dans ces élections présidentielle et législatives.
Le film qu'on nous promet souvent au 20 H est un mauvais film : un pays englué dans un bipartisme surfant sur ce qu'ils appellent « la démocratie d'opinion ». Exit le courage en politique, exit la confrontation d'idées. On fait semblant d'écouter, on flatte le peuple. Mais au final, c'est bien la politique des puissants qu'on impose.
Regardez ce qui s'est passé sur la carte scolaire. Un candidat a dit : il faut l'assouplir. Un autre a dit il faut la supprimer, le ministre aux ordres a convoqué les partenaires sociaux pour en discuter. C'est cela la démocratie d'opinion.
Et il y a une autre démocratie. C'est celle de l'école pour la réussite de chaque enfant, quelque soit le lieu où il habite, quelque soit son établissement scolaire. C'est celle d'une politique qui change la vie dans les quartiers populaires. C'est cela le vrai débat à gauche.
Alors à ce nouveau qualificatif que l'on appose à la démocratie, substituons la démocratie tout court. L'irruption populaire en politique qui bouscule et change le scénario. Une mobilisation massive de tous les hommes et les femmes qui ont décidé de dire non et qui s'engagent pour construire un monde meilleur.
Une mobilisation qui pose des questions simples : allons-nous ou pas maintenir dans ce pays un combat pour l'émancipation humaine ? Allons-nous ou pas avancer vers de nouveaux progrès sociaux et démocratiques ? Allons-nous ou pas répondre aux exigences féministes et écologistes ? Allons-nous ou pas agir pour une société qui ne laisse pas la liberté, l'égalité, la fraternité sur les seuls frontons des mairies ? Allons-nous ou pas agir pour une autre Europe et fonder le co-développement ? Allons-nous, ou pas, faire de cette planète un village où chacun se respecte ?
Ces interrogations sont certes à mille lieux du feuilleton quotidien de la présidentielle. Mais nous tous et toutes ici qui militons dans les quartiers et les entreprises, nous savons combien ces questions sont dans les têtes.
Et bien à ces questions je réponds oui. Oui le chemin reste ouvert à un véritable changement. Oui il est légitime de résister et d'espérer construire une autre vie et un autre monde.
Oui je suis convaincue que ces choix sont d'actualité.
C'est là le sens de notre combat à tous et à toutes pour un rassemblement du monde du travail et de la création sur un projet audacieux, novateur, apte à renverser les puissances de l'argent. C'est le sens de notre combat aux côtés de toutes celles et tous ceux qui ne veulent plus subir mais agir, construire, décider.
Ce combat pour faire reculer les idées de renoncement et de moindre mal, il demande de sortir nos concitoyens du piège des solutions répressives et des discours de division.
Ce combat nous le menons dans l'urgence. Une véritable course de vitesse est lancée : les tenants de l'ordre établi veulent imposer le renoncement, à nous de lever l'espoir d'un vrai changement.
Vous venez, par votre vote de me proposer comme candidate du rassemblement antilibéral. Les communistes auront à se prononcer, nombreux je l'espère sur cette orientation. Puis les hommes et les femmes des collectifs unitaires feront de même.
Je veux dès maintenant avec tous ceux et celles avec qui nous travaillons, donner à voir qu'existe dans ce pays une force, une volonté de rompre avec les politiques libérales menées depuis des décennies, une volonté de bâtir par de grandes réformes de nouveaux rapports sociaux, une nouvelle conception du travail et de la citoyenneté, une nouvelle pratique du pouvoir. Le changement tout simplement.
Est-il possible de rassembler majoritairement sur cet objectif ? On peut en douter, penser que nous nous plaçons trop à contre-courant d'une opinion publique gagnée au moindre mal. Il faudrait alors en rabattre et se placer dans le courant dominant à gauche, ou alors s'engager dans une longue traversée du désert.
Pour ma part, je suis convaincue que tout compromis avec les logiques libérales est source de régressions et qu'un rassemblement majoritaire durable ne peut se construire que sur un haut niveau de réformes.
Bien sûr la droite et le grand patronat sont comptables de la dégradation sociale et démocratique de notre pays.
Mais la gauche au pouvoir porte aussi une responsabilité. Celle de ne pas avoir su ou pas voulu prendre les mesures qu'imposait, pourtant, le déferlement du capitalisme mondialisé.
L'expérience est là. Faute de remettre en cause les choix libéraux de l'Union européenne, faute d'une véritable redistribution de l'argent, faute d'ambition pour les services publics, faute d'avancées démocratiques majeures, la gauche au pouvoir a déçu. Et même après cet échec, j'entends encore aujourd'hui, même après 1983, même après Vilvoorde, Michelin et le sommet de Barcelone, qu'il n'est pas possible de s'émanciper de certaines contraintes, qu'il faut faire avec, rechercher le moindre mal et donc assumer le social libéralisme.
Et bien moi la contrainte que j'aimerais voir la gauche, toute la gauche, intégrer, c'est celle qu'il n'est plus possible de laisser vivre notre peuple comme il vit aujourd'hui !
Oui, chers camarades, seule une véritable politique de transformation sociale peut engendrer du neuf.
Cette conviction n'est pas dogmatique.
Cette conviction, je la nourris de nos expériences passées. Je la nourris des besoins, des colères, des luttes et des aspirations, tantôt tues ou réprimées, tantôt affirmées de toutes ces femmes et ces hommes qui sont aujourd'hui dominés et exploités. Je la nourris, aussi, des enseignements que le Parti communiste a su tirer de notre échec de 2002.
Dans une période difficile, chacune et chacun s'en souvient, pour les communistes, dans une période où tant de commentateurs annonçaient la mort du Parti, les hommes et les femmes qui le composent ont réouvert le champ des possibles. Nous avons affirmé la modernité de la visée communiste en montrant que notre société recélait tous les éléments nécessaires pour satisfaire les besoins humains.
Cette visée, nous avons fait le choix de la faire vivre dans les quartiers et les entreprises. Nous avons cherché à être face à la droite et face à une extrême droite tapie, menaçante, utiles à notre peuple. Nous avons cherché à rassembler.
Nous avons été au coeur des luttes, je pense par exemple aux mobilisations pour les retraites ou contre le CPE, pour un pôle public de l'énergie, et d'autres, où nous avons porté des propositions concrètes et fortes.
Les 13000 élus de l'association nationale des élus communistes et républicains, ont été à la pointe de l'action contre les projets de la droite. Ils se sont placés au service de nos concitoyens. Je pense à l'action de nos parlementaires loi après loi, et encore ces derniers jours contre le budget antisocial du gouvernement.
Je pense à l'interdiction des expulsions locatives ou des coupures d'électricité ; je pense aux référendums pour le droit de vote des résidents étrangers ; je pense à tous les projets culturels, ceux pour la jeunesse, qu'ils engagent, dans leurs collectivités, pour améliorer la vie et vivre ensemble.
Cette visée communiste, nous l'avons aussi fait vivre lors de la campagne contre le projet de constitution libérale de l'Europe. Et ce message a porté. Une immense majorité de celles et ceux dont le coeur bat à gauche a dit Non le 29 mai et nous avons gagné.
Ce jour-là, une gauche populaire, celle des ouvriers et des employés, des jeunes et des chômeurs, a préféré la soi-disante apocalypse qui nous était promis par les promoteurs du oui plutôt que de continuer dans la voie du libéralisme. Et si cette campagne s'est conclue par un magnifique happy end, c'est parce que notre peuple en a été le principal acteur.
Nous avons travaillé en lien avec la vie à l'élaboration d'un programme de transformation sociale. Partie prenante des collectifs du non, nous avons poursuivi cette démarche citoyenne avec les collectifs du 29 mai puis les collectifs unitaires.
Nous sommes le seul parti à s'être engagés en tant que tel dans les collectifs où nous avons toujours été nous mêmes, porteurs de nos idées et de nos initiatives militantes.
Loin de perdre notre identité ou notre autonomie, nous avons apporté aux luttes et aux collectifs antilibéraux. Nous avons été utiles et reconnus comme tels. Et sans cet engagement du parti, la chape de plomb serait retombée sur les idées de changement.
Bien sûr, nous sommes loin du compte, nous avons des manques, des faiblesses. Oui c'est vrai. Mais, camarades, nous sommes certainement la formation politique la plus autocritiques qui soit. C'est tout à notre honneur mais nous n'avons pas capitulé et sans notre engagement depuis 2002, le paysage à gauche serait résumé aujourd'hui au social-libéralisme ou à contestation stérile. Je crois quand même, que l'on peut dire que l'on a fait du beau travail. Des mois durant, on nous a présentés comme écartelés entre l'extrême-gauche et le Parti socialiste. Aujourd'hui, notre objectif devient lisible, crédible, nous voulons une nouvelle majorité à gauche et pour changer la vie, et pour cela nous nous adressons à toute la gauche.
Le parti loin de se diluer reprend des racines dans ce rassemblement.
Ce n'est pas un hasard si plus de 25000 personnes, parmi eux une majorité de jeunes, nous ont rejoint depuis 2002 !
Et permettez-moi une une parenthèse sur les partis.
J 'ai eu l'occasion de le dire, le parti c'est le moyen, c'est l'outil pour les hommes et les femmes qui sans cela ne pourraient s'organiser, travailller et élaborer une réflexion collective.
Ne rentrons pas dans ce jeu qui consiste à discréditer celui qui aurait une carte par rapport à celui qui n'en aurait pas, chacun a sa place dans le rassemblement.
Et quand même lorsque l'on regarde les sondages et que l'on voit le président de l'UMP est à ce niveau on se dit, quand même, qu'être président d'un parti n'est pas un obstacle. Alors je préfère combattre les idées de Sarkozy plutôt que de le pointer comme président de Parti.
Oui, nous voulons faire vivre l'idée de transformation sociale. Cela veut dire, aujourd'hui : ne pas laisser les clés de la République à la droite et aux puissances financières. Et sortir la gauche de la spirale des alternances sociales-libérales. C'est l'enjeu de ces prochaines élections. Car notre pays n'en peut plus. De régressions en déceptions, les plaies sont vives.
Comme vous je suis dans les quartiers, comme vous je rencontre des hommes et des femmes qui se privent au quotidien faute de pouvoir d'achat, des ouvriers malmenés par les licenciements boursiers, des jeunes interdits d'avenir par la précarité et les discriminations, des femmes blessées par les inégalités et le sexisme.
Il faut voir la souffrance qui est celle de notre peuple.
Il y eut la fermeture des mines, la disparition de l'industrie textile et la casse de la sidérurgie, qui continue avec Arcelor. Il y a aujourd'hui les restructurations dans l'aérospatiale, à Airbus où je suis dans quelques jours, et dans l'automobile. Il y a les délocalisations dans les services, comme dans les banques et assurances. Et cette crise durable de l'agriculture, particulièrement dure dans les régions viticoles.
J'entends parfois des journalistes dire qu'il faut prolonger l'âge de la retraite parce qu'il n'y aurait plus de stress et de pénibilité au travail. Ont-ils vu le monde du travail d'aujourd'hui ? Ont-il vu sa réalité, cette violence, cette dureté et cette dégradation permanente des conditions de travail.
Ce sont les cadences folles et les pressions de la hiérarchie, qui sont infligées tant aux caissières de supermarchés qu'aux cadres de grandes multinationales.
C'est ce développement continu de la précarité au travail, du jeune intérimaire viré de PSA au jeune chercheur dont l'avenir est suspendu aux promesses non tenues du gouvernement.
C'est ce pouvoir d'achat qui ne cesse de se dégrader. Ce sont ces salariés et ces fonctionnaires qui pour deux tiers d'entre eux gagnent moins de 1 500euros par mois. Ce sont ces retraités qui devraient, si rien n'est changé, perdre 10% de plus de leur pouvoir d'achat sur les dix prochaines années.
Cette situation, c'est le bilan de l'offensive libérale en France et dans le monde. C'est aussi le bilan de la droite au pouvoir. Depuis bientôt cinq ans, le gouvernement a promu cette précarité. C'est le CNE et la remise en cause des 35 heures. Ce sont les privatisations, et notamment celle de GDF. Depuis cinq ans, la droite ne cesse de réduire nos droits à la santé, à la retraite, à l'éducation, à la culture, au logement. Je le mesure chaque jour dans ma circonscription.
La crise du logement atteint des sommets inconnus depuis la Libération. A l'époque, les mobilisations avaient été nombreuses. L'abbé Pierre avait finalement été entendu. Aujourd'hui plus personne, dans les arcanes du pouvoir, n'est prêt à écouter.
Cette mise en concurrence des êtres humains, cette remise en cause des droits, fragilise toute la société.
Combien de familles populaires qui se sont battues pour que leurs enfants fassent de longues études, pour les protéger de la dureté de leurs propres conditions de travail, se sentent aujourd'hui trahies face au chômage des jeunes ? Combien d'enseignantes et d'enseignants souffrent dans l'exercice de leur métier ?
Le gouvernement Villepin a inventé le socle minimal culturel commun pour fournir des hommes et des femmes employables, corvéables par les multinationales ; on voulait que les enfants d'ouvriers aillent à l'université. il veut arrêter leurs cursus scolaires des enfants d'ouvriers à 14 ans. Comme c'était le cas pour leurs grands-parents. cette panne de l'ascenseur social, ces avenirs bouchés, minent toute notre société.
Combien de quartiers et de villes touchés en plein par la crise sociale et les discriminations sont aujourd'hui ravagées par la violence, le repli et la peur ? Peur de l'agression ; peur de l'expulsion, de son logement, de son pays d'adoption !
Ces quartiers populaires, ils sont aujourd'hui simplement abandonnés par les Sarkozy, Borloo, Villepin. Ils sont les oubliés des politiques publiques. Il y a un an, après les émeutes, je participais à une réunion des élus avec le Premier ministre en Seine-Saint-Denis. Beaucoup a été promis. Rien n'a été fait. Les collectivités locales n'ont plus un sou. La droite appelle cela la décentralisation. Les associations sont asphyxiées. La droite appelle cela le souci d'efficacité de la dépense publique. La police de proximité a été démantelée, les policiers sont soumis au rendement.
Et loin d'assumer son échec en matière de sécurité, le ministre de l'intérieur candidat poursuit sa politique irresponsable de provocations tension répressions. Il multiplie les déclarations liberticides, finit d'effacer tout ce que la Résistance avait donné d'ambition pour les jeunes avec l'ordonnance de 1945.
Dans quelques jours, il y aura un an que Bouna et Zyad sont morts à Clichy.
Permettez-moi de m'adresser à tous ces jeunes que cette société enferme dans leurs cités et la misère. Les tenants de l'ordre établi, qui vous font violence au quotidien n'ont pas peur des voitures brûlées. Ce qu'ils craignent, ce sont vos prises de parole, vos luttes. Ce qu'ils craignent, c'est votre engagement dans la vie de la cité et du pays. Ce qu'ils craignent, c'est ce que vous avez fait contre le CPE. C'est une émeute démocratique, qui par la mobilisation des jeunes, mobilise toutes les générations contre le monde qu'ils nous imposent.
Alors oui, à quelques jours de l'anniversaire de la mort de ces deux jeunes, j'appelle l'ensemble des jeunes à prendre la parole dans les cités et dire cela suffit. Et comme je l'entends souvent, dire la banlieue ne se plaint pas, elle porte plainte, elle attend des réponses aux problèmes de ces quartiers.
C'est peut être au nom de ces jeunes et moins jeunes brisés et stigmatisés que nous devons déclarer la guerre à la droite.
Il faut la battre.
Il faut lui faire payer la note de ces cinq années.
Le projet de la droite de Nicolas Sarkozy est clair : pousser à bout les logiques libérales pour que rien n'entrave en France l'épanouissement du capitalisme le plus sauvage. Avec un tel projet, c'est toute la République qu'on assassine !
Lui qui très jeune manifestait contre les étudiants grévistes veut pour ses amis patrons mettre tout notre peuple en ordre de marche. Ce qu'il veut, c'est "silence dans les rangs !"
Il se proclame défenseur des libertés. Il serre donc avec sourire la main du chef du monde libre, George Bush Junior, celui-là même qui vient de légaliser la torture. La France de Sarkozy, elle est atlantiste et belliciste.
Et je dois dire aujourd'hui que je condamne avec force les déclarations irresponsables du ministre des affaires étrangères Douste-Blazy qui vient de donner sa caution à la construction du mur de l'apartheid qui se dresse aujourd'hui en Palestine.
L'ami des grands patrons connaît l'impopularité de la politique de la droite depuis cinq ans. Alors il pose le masque. C'est là l'origine de sa démagogie.
Pensez que lui, le maire de Neuilly et ses 3 % de logements sociaux, pensez que lui le président du Conseil général des Hauts-de-Seine qui vient de vendre plus de 4000 logements sociaux après en avoir détruit autant, pensez que lui le ministre de ce gouvernement en guerre contre le logement social, a osé parler d'un droit opposable au logement ! Il va y avoir la queue au palais de justice de Nanterre.
Il aiguise donc les rancoeurs et les jalousies. Il oppose les différentes composantes de notre peuple les unes envers les autres pour mieux nous diviser. A Argenteuil, il défend les adultes qu'il oppose à leurs enfants, vous savez, "la racaille". Mais à Marseille, il s'adresse à la jeunesse en multiplant les invectives contre leurs parents, accusés de vivre comme des privilégiés et de manquer d'autorité.
Il oppose les familles de Cachan à celles qui attendent depuis des années un logement social. Il oppose les sans-papiers à ceux qui en ont. En matière de démagogie, il a vraiment droit à un diplôme d'honneur.
Cet homme qui se permet tout doit être stoppé. Cette droite qu'il représente doit être arrêtée.
Pour cela il faut que la gauche se donne un objectif clair, je l'ai rappelé. Il faut qu'elle se donne un programme audacieux. C'est ce programme que nous avons contribué à construire, avec les collectifs. C'est ce programme qui n'est pas achevé. Mais quoi qu'il en soit, il prouve qu'existe une dynamique de rassemblement majoritaire à gauche et qu'elle repose sur un programme qui donne à voir aux Françaises et aux Français la vie qu'ils ont la possibilité de se construire !
Dans ce cadre, je tiens à dire que la contribution du parti a été très positive pour et nous permet, aujourd'hui, de nous confronter avec les tenants de l'ordre établi.
A ceux qui disent que pour être compétitifs et faire face à la libre concurrence qu'ils ont eux-mêmes instauré, il faut des salariés précaires et pauvres, je réponds qu'une nouvelle croissance respectueuse du développement durable, porteuse de bien-être pour tous et toutes a besoin d'emplois stables, de bons salaires et de hautes qualifications.
Alors que les seules entreprises du CAC 40 ont réalisé plus de 50 milliards de profits en à peine six mois, je propose qu'une gauche populaire et citoyenne porte l'exigence d'une grande conférence nationale sur les salaires, d'une augmentation immédiate du SMIC à 1500 euros, d'une véritable égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, et au-delà milite pour une éradication du chômage et de la précarité.
Tous les salariés devront être assurés d'un vrai parcours de travail et de vie, d'une véritable sécurité dans l'emploi et la formation, et ce dès le premier emploi, avec la création d'une allocation d'autonomie pour la jeunesse.
A ceux qui estiment que les actionnaires doivent régir l'économie, je dis qu'ils ont montré leur incapacité à assumer le rôle social et citoyen de l'entreprise et que sa gestion appartient aussi aux salariés. Et je propose donc un droit d'ingérence pour les salariés et les élus territoriaux dans la gestion des grandes entreprises privées et publiques.
A ceux qui cherchent à culpabiliser nos concitoyens en les accusant de trop se soigner ou de trop peu travailler, je réponds que la sécurité sociale doit être universelle et que l'abaissement de l'âge de la retraite et du temps de travail doit rester une résultante naturelle des progrès de notre civilisation.
J'ajoute, au risque de choquer, que l'épanouissement des hommes et des femmes est impossibleune civilisation ne peut exister sans l'épanouissement des individus, et donc par une grande ambition pour l'école, par le soutien des pouvoirs publics à la création et à la recherche.
Les adeptes de l'Etat minimum et de la pensée unique vont me dire qu'il n'y a pas d'argent, mais le déficit public, le pacte de stabilité...
Je récuse cet argument. Abordons ce sujet pour mettre à jour l'existence de ces sommes considérables qui ne sont aujourd'hui soumises à aucun prélèvement. Réformons le financement de la protection sociale et mettons en oeuvre une grande réforme de la fiscalité. Pour résumer, prenons l'argent qui sert aujourd'hui à la spéculation, prenons l'argent qui est inutile pour le mettre au service de la société.
Mais le financement d'une nouvelle politique, cela passe avant tout par un nouveau type de développement, une nouvelle croissance basée sur la qualification et le développement des filières industrielles. Un développement basé sur des leviers économiques et sociaux : de grands services publics, une maîtrise et une diversification des ressources énergétiques et un grand pôle financier public capable de mobiliser le crédit !
Toutes ces propositions de réforme ne peuvent voir le jour que dans une nouvelle étape démocratique favorisant le partage des pouvoirs et des savoirs. Cette exigence démocratique, elle vaut pour la France, mais elle porte aussi au-delà de nos frontières.
Ce partage des pouvoirs, il passe par un engagement fort de tout mettre en oeuvre pour radicalement réorienter la construction européenne.
Ce partage des pouvoirs il passe aussi, de par le monde, par la coopération et le co-développement. Il passe aussi par la construction d'une véritable culture de paix mettant fin à toutes les dominations, organisant un véritable désarmement et respectant les souverainetés de tous les peuples.
Chers amis, chers camarades,
J'ai résumé, chers camarades, très schématiquement ces propositions pour une véritable politique alternative. Vous les connaissez aussi bien que moi.
Je voudrai insister sur deux idées.
D'abord leur cohérence et leur crédibilité, car c'est bien un programme de gouvernement que nous travaillons.
Ce programme est aussi la preuve qu'existe en France une gauche capable de répondre aux enjeux considérables qui sont ceux de notre époque et surtout de porter la plénitude des attentes populaires.
Ces propositions elles n'ont pas été pour l'instant invitées dans le débat présidentiel. Eh bien nous allons dans un immense effort militant et citoyen forcer la porte, pousser des coudes et faire en sorte qu'elles soient au centre du débat populaire.
Communistes, socialistes, écologistes, syndicalistes, militants associatifs, partout dans le pays, des hommes et des femmes peuent être acteurs de cet engagement militant.
C'est dans cet objectif que nous avons besoin, sur le territoire, dans chaque ville, dans chaque espace de vie, dans chaque entreprise, à la ville comme à la campagne, de créer des collectifs, de déployer leur activité et d'élargir leur assise populaire.
C'est pour nourrir la dynamique de la campagne que nous avons aussi besoin d'animer les batailles politiques du Parti. Je pense à notre pétition pour le pouvoir d'achat, je pense aux assises pour l'emploi ou au bus du logement. Je pense aux luttes qu'organisent les sections ou les cellules dans les villes ou les entreprises.
J'entends dire parfois que ces actions du parti seraient contradictoires avec les initiatives des collectifs.
Mais rappelez-vous pendant le référendum nous nous invitions mutuellement et peu importait à la fin dans les meetings qui avait pris l'initiative qui avait fait la première affiche. L'important était que nous étions ensemble.
Je vais faire quinze meetings dans ces prochaines semaines. Et je suis incapable de vous dire combien sont à l'initiative des collectifs unitaires, des comités régionaux ou des fédérations du parti. Peu importe la question est que dans tous ces meetings la diversité de notre rassemblement apparaisse et que dans tous ces meetings nous portions tous ensemble le programme que je viens de développer.
J'ai rappelé notre objectif à nous tous et toutes les militants du parti et du rassemblement. J'ai évoqué rapidement le contenu d'un programme alternatif.
Parfois on nous dit comme on nous avait dit pendant la campagne du référendum. Avec quelles forces allez-vous faire tout cela et comment comptez vous faire pour être majoritaire demain ?
On me dit le 29 mai ,vous vous êtes réunis pour le non à quelque chose mais vous êtes incapable de vous réunir pour quelque chose. Mais le 29 mai, les hommes et les femmes qui ont dit non, ces hommes et ces femmes ont dit non pour construire autre chose. Et aujourd'hui nous sommes en mesure de leur dire, eh bien oui, cette étape là, la construction du positif, nous l'avons acomplie !
Et donc je pense que ces hommes et ces femmes qui se sont mobilisés pour le non, nous pouvons les retrouver dans ce rassemblement et être majoritaires.
Oui nous pouvons être majoritaire car il y a un retour à la politique et une envie de confrontation d'idées, une envie de vérité dans le débat politique.
Oui nous pouvons être majoritaires parce que nous ne mettons pas de limites a priori aux contours du rassemblement. Nous ne sommes pas la gauche de la gauche. Nous ne sommes pas dans un discours sur les deux gauches.
Nous voulons et c'est quand même plus ambitieux changer toute la gauche pour être majoritaire !
Notre défi est un peu fou alors que l'on nous répète depuis trente ans qu'il faut être raisonnable. J'ai envie de dire justement que c'est peut-être la dimension de ce défi, faire dérailler le bipartisme, créer un espoir et une alternative à gauche, qui peut créer une dynamique forte et large.
Alors bien sûr il faudra comme nous l'avons fait ces deux dernières années construire une immense chaîne humaine pour porter ces propositions. Constuire une candidature collective avec des porte-paroles. Mais j'ai envie de dire il faudra que chacun et chacune d'entre-nous soient les candidats et les candidates dans ce défi.
C'est le sens de mon engagement.
Vous savez nous sommes peut-être capables de faire refaire surface à tous les espoirs enfouis des hommes et des femmes du monde du travail.
Camarades, nous respecterons bien sîr tous ensemble la souveraineté des communistes, à toutes les étapes, comme le projet de résolution le précise.
Mais avant toute chose, ayons une volonté, ayons de l'enthousiasme, jouons la gagne parce que c'est comme ça que nous pourrons y arriver !Source http://www.pcf.fr, le 30 octobre 2006