Texte intégral
Q- Vous êtes au téléphone depuis Saint-Denis de la Réunion. Et vous y êtes pour faire le point sur le chikungunya, 270 000 Réunionnais touchés l'an dernier, presque 40 % de la population. Et l'accueil n'est pas franchement chaleureux, à la Une du journal de l'île, ce matin, c'est tout simplement, je cite, "Le ministre se fout de nous". Avez-vous une réponse face aux inquiétudes des Réunionnais ?
R- Ce n'est pas du tout ce que disent les autres journaux de l'île, ce n'est pas non plus ce que disent les journaux télévisés et les radios, ce n'est pas non plus ce que m'a dit la population. On a un journal qui s'est un peu spécialisé dans les titres provocants, et d'ailleurs quand vous lisez l'intégralité de l'article, ce n'est pas du tout la même musique que ce qu'il y a en Une. Je crois que c'est bien aussi de remettre les choses au point. Non, ce qui est important, c'est de bien préciser aujourd'hui que l'heure est à la mobilisation et à la vigilance, et qu'aujourd'hui, au lendemain du week-end de mobilisation sociale, où toute la population s'est mobilisée pour mettre l'accent sur la prévention. Vous savez, il y a encore un an beaucoup de Réunionnais pensaient que le chikungunya n'était pas dû aux moustiques. Il y avait différentes croyances, différentes rumeurs pour expliquer le chikungunya. Aujourd'hui, chacun avec beaucoup de bon sens s'accorde à reconnaître que, si on bloque le moustique, on bloque le chikungunya, et que la prévention est la clé n° 1 pour réussir contre le chikungunya.
Q- Il faut préciser que l'été austral arrive à la Réunion, et donc les moustiques. Redoute-t-on vraiment une nouvelle explosion de l'épidémie cette année ?
R- C'est pour cela que je suis ici, à ce moment précis, fin octobre début novembre, parce que c'est l'an dernier, à cette même période, que nous avons connu la montée en puissance du chikungunya. Donc, ce qui est aujourd'hui significatif, c'est que nous avons moins de cas que l'an dernier - on a entre cinq -, et six fois moins de cas que l'an dernier à la même époque, mais c'est parce qu'il y a moins de cas que l'on peut dire aujourd'hui que le dossier du chikungunya est derrière nous et, encore une fois, il faut être prudents, il faut être surtout totalement mobilisés, et la population nous a montré pendant tout le week-end que c'était bien le cas.
Q- Qu'est-ce qui est fait concrètement aujourd'hui plus que l'an dernier pour essayer de limiter les risques au maximum ?
R- Tout d'abord, nous avons mis en place un service de prophylaxie, de prévention, l'Etat, avec les collectivités locales, qui devait être opérationnel au 1er janvier 2007, et qui est d'ores et déjà opérationnel. Il y a 147 personnes dans ce service de prévention qui restera un service permanent et qui va continuer à monter en puissance. En ce moment, dans la lutte anti-vectorielle, dans la lutte contre le moustique, il y a plus de 1 300 personnes qui sont sur le terrain entre les sapeurs-pompiers, les collectivités locales, les militaires.
Q- Justement, des militaires avaient été déployés pour des opérations de démoustication.
R- Tout à fait.
Q- Est-ce toujours d'actualité ?
R- Il y a toujours des militaires qui sont dans ces opérations de démoustication. Le deuxième aspect, c'est l'offre de soins, renforcer justement les structures hospitalières. Là, je suis avec vous, en direct, de l'hôpital de Saint-Denis de la Réunion parce qu'est en train de donner une vocation régionale à ce Centre hospitalier, on le renforce et on va aussi renforcer les effectifs médicaux de façon à pouvoir faire face, pas seulement à une crise de chikungunya, mais nous savons aussi que dans cette partie de l'Océan Indien on a besoin de renforcer, d'améliorer l'offre de soins. Et puis, l'autre aspect, c'est la recherche. Nous sommes mobilisés sur la recherche pour un médicament, pour un vaccin, pour mieux comprendre également le chikungunya, notamment les cas de transmission, les rechutes. Il y a encore beaucoup de questions qui se posent. Vous savez, l'Institut Pasteur nous a montré que, l'an dernier, on avait assisté à une mutation de ce virus ; c'est un virus qui touche durement en ce moment l'Inde, il y a plus de 1,2 million personnes qui sont officiellement recensées victimes du chikungunya, d'autres endroits de la planète sont concernés par le chikungunya, nous avons vraiment besoin d'améliorer encore la recherche.
Q- La question que se posent les Réunionnais, c'est le délai, c'est quand peut-on espérer la mise au point d'un médicament ou d'un traitement réellement efficace...
R- Disons les choses clairement, ce médicament, aujourd'hui, existe déjà ; depuis des années, les Réunionnais le connaissent : c'est la Chloroquine. Mais seulement, à l'origine, il n'a pas été prévu pour le chikungunya. Nous avons donc décidé de faire des essais pour savoir, un, s'il est vraiment efficace contre le chikungunya ; et deuxièmement, s'il n'y a pas non plus d'effets indésirables pour les patients. Pour mener, justement, ces essais jusqu'au bout, il faut prévoir 250 personnes pour être sûr qu'il n'y a pas d'effets indésirables et pour être sûr, encore une fois, qu'il est totalement efficace. Aujourd'hui, 75 personnes sont rentrées dans ces essais. Franchement, qui va regretter qu'il n'y ait pas plus de malades pour qu'on soit déjà à ces 250 cas ? Je crois que, là, il y a beaucoup de bon sens ; et la population qui connaît d'ores et déjà ce médicament sait bien qu'on n'a pas besoin de le fabriquer. Il est là, mais il faut être sûr qu'il est valable. Donc, nous avons décidé pour accélérer les choses de prendre contact avec les autorités indiennes, et puis cela ne pas se faire en quelques jours, parce que, comme là-bas il y a beaucoup de cas, si la souche du virus est exactement la même nous pourrions combiner nos efforts. Nous avons ce matin une réunion de tous les ministres de la Santé de l'Océan Indien, et nous allons voir aussi ensemble si on peut aller encore plus vite dans cet essai clinique. L'autre aspect, c'est le vaccin. Vous savez que depuis le mois de février 2006 nous sommes mobilisés avec les autorités américaines, je suis allé exprès à la mi-août aux Etats-Unis pour obtenir l'accord définitif des Américains pour développer un vaccin. Normalement, si on part de rien pour créer un vaccin, il faut dix ans, nous pensons pouvoir gagner cinq années. Mais encore une fois, il faut toujours être prudents en matière de recherche scientifique pour être sûrs que l'efficacité est là, mais que la sécurité pour les patients est là également. Mais une chose est certaine, qui ne dépend que de nous par contre : la prévention peut se mettre en oeuvre dès maintenant, c'est ce qui est fait maintenant à la Réunion. C'est la prévention qui est le fait des collectivités locales et de l'Etat, mais surtout des associations et des particuliers. Démoustiquer chez soi et autour de chez soi, cela, franchement, il n'y a rien de plus efficace.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 novembre 2006
R- Ce n'est pas du tout ce que disent les autres journaux de l'île, ce n'est pas non plus ce que disent les journaux télévisés et les radios, ce n'est pas non plus ce que m'a dit la population. On a un journal qui s'est un peu spécialisé dans les titres provocants, et d'ailleurs quand vous lisez l'intégralité de l'article, ce n'est pas du tout la même musique que ce qu'il y a en Une. Je crois que c'est bien aussi de remettre les choses au point. Non, ce qui est important, c'est de bien préciser aujourd'hui que l'heure est à la mobilisation et à la vigilance, et qu'aujourd'hui, au lendemain du week-end de mobilisation sociale, où toute la population s'est mobilisée pour mettre l'accent sur la prévention. Vous savez, il y a encore un an beaucoup de Réunionnais pensaient que le chikungunya n'était pas dû aux moustiques. Il y avait différentes croyances, différentes rumeurs pour expliquer le chikungunya. Aujourd'hui, chacun avec beaucoup de bon sens s'accorde à reconnaître que, si on bloque le moustique, on bloque le chikungunya, et que la prévention est la clé n° 1 pour réussir contre le chikungunya.
Q- Il faut préciser que l'été austral arrive à la Réunion, et donc les moustiques. Redoute-t-on vraiment une nouvelle explosion de l'épidémie cette année ?
R- C'est pour cela que je suis ici, à ce moment précis, fin octobre début novembre, parce que c'est l'an dernier, à cette même période, que nous avons connu la montée en puissance du chikungunya. Donc, ce qui est aujourd'hui significatif, c'est que nous avons moins de cas que l'an dernier - on a entre cinq -, et six fois moins de cas que l'an dernier à la même époque, mais c'est parce qu'il y a moins de cas que l'on peut dire aujourd'hui que le dossier du chikungunya est derrière nous et, encore une fois, il faut être prudents, il faut être surtout totalement mobilisés, et la population nous a montré pendant tout le week-end que c'était bien le cas.
Q- Qu'est-ce qui est fait concrètement aujourd'hui plus que l'an dernier pour essayer de limiter les risques au maximum ?
R- Tout d'abord, nous avons mis en place un service de prophylaxie, de prévention, l'Etat, avec les collectivités locales, qui devait être opérationnel au 1er janvier 2007, et qui est d'ores et déjà opérationnel. Il y a 147 personnes dans ce service de prévention qui restera un service permanent et qui va continuer à monter en puissance. En ce moment, dans la lutte anti-vectorielle, dans la lutte contre le moustique, il y a plus de 1 300 personnes qui sont sur le terrain entre les sapeurs-pompiers, les collectivités locales, les militaires.
Q- Justement, des militaires avaient été déployés pour des opérations de démoustication.
R- Tout à fait.
Q- Est-ce toujours d'actualité ?
R- Il y a toujours des militaires qui sont dans ces opérations de démoustication. Le deuxième aspect, c'est l'offre de soins, renforcer justement les structures hospitalières. Là, je suis avec vous, en direct, de l'hôpital de Saint-Denis de la Réunion parce qu'est en train de donner une vocation régionale à ce Centre hospitalier, on le renforce et on va aussi renforcer les effectifs médicaux de façon à pouvoir faire face, pas seulement à une crise de chikungunya, mais nous savons aussi que dans cette partie de l'Océan Indien on a besoin de renforcer, d'améliorer l'offre de soins. Et puis, l'autre aspect, c'est la recherche. Nous sommes mobilisés sur la recherche pour un médicament, pour un vaccin, pour mieux comprendre également le chikungunya, notamment les cas de transmission, les rechutes. Il y a encore beaucoup de questions qui se posent. Vous savez, l'Institut Pasteur nous a montré que, l'an dernier, on avait assisté à une mutation de ce virus ; c'est un virus qui touche durement en ce moment l'Inde, il y a plus de 1,2 million personnes qui sont officiellement recensées victimes du chikungunya, d'autres endroits de la planète sont concernés par le chikungunya, nous avons vraiment besoin d'améliorer encore la recherche.
Q- La question que se posent les Réunionnais, c'est le délai, c'est quand peut-on espérer la mise au point d'un médicament ou d'un traitement réellement efficace...
R- Disons les choses clairement, ce médicament, aujourd'hui, existe déjà ; depuis des années, les Réunionnais le connaissent : c'est la Chloroquine. Mais seulement, à l'origine, il n'a pas été prévu pour le chikungunya. Nous avons donc décidé de faire des essais pour savoir, un, s'il est vraiment efficace contre le chikungunya ; et deuxièmement, s'il n'y a pas non plus d'effets indésirables pour les patients. Pour mener, justement, ces essais jusqu'au bout, il faut prévoir 250 personnes pour être sûr qu'il n'y a pas d'effets indésirables et pour être sûr, encore une fois, qu'il est totalement efficace. Aujourd'hui, 75 personnes sont rentrées dans ces essais. Franchement, qui va regretter qu'il n'y ait pas plus de malades pour qu'on soit déjà à ces 250 cas ? Je crois que, là, il y a beaucoup de bon sens ; et la population qui connaît d'ores et déjà ce médicament sait bien qu'on n'a pas besoin de le fabriquer. Il est là, mais il faut être sûr qu'il est valable. Donc, nous avons décidé pour accélérer les choses de prendre contact avec les autorités indiennes, et puis cela ne pas se faire en quelques jours, parce que, comme là-bas il y a beaucoup de cas, si la souche du virus est exactement la même nous pourrions combiner nos efforts. Nous avons ce matin une réunion de tous les ministres de la Santé de l'Océan Indien, et nous allons voir aussi ensemble si on peut aller encore plus vite dans cet essai clinique. L'autre aspect, c'est le vaccin. Vous savez que depuis le mois de février 2006 nous sommes mobilisés avec les autorités américaines, je suis allé exprès à la mi-août aux Etats-Unis pour obtenir l'accord définitif des Américains pour développer un vaccin. Normalement, si on part de rien pour créer un vaccin, il faut dix ans, nous pensons pouvoir gagner cinq années. Mais encore une fois, il faut toujours être prudents en matière de recherche scientifique pour être sûrs que l'efficacité est là, mais que la sécurité pour les patients est là également. Mais une chose est certaine, qui ne dépend que de nous par contre : la prévention peut se mettre en oeuvre dès maintenant, c'est ce qui est fait maintenant à la Réunion. C'est la prévention qui est le fait des collectivités locales et de l'Etat, mais surtout des associations et des particuliers. Démoustiquer chez soi et autour de chez soi, cela, franchement, il n'y a rien de plus efficace.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 novembre 2006