interview de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, à Radio Shalom et l'AFP, sur la contribution française au budget communautaire et les fonds européens alloués aux régions, à Dijon le 10 novembre 2006.

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Circonstance : Déplacement en Bourgogne, le 10 novembre 2006

Média : Radio Shalom

Texte intégral


Q - Mme Colonna bonjour.
R - Bonjour.
Q - Vous pouvez un peu nous rappeler la part que donne l'Union européenne et ce qu'elle reçoit en échange ?
R - Comme pour chacun des pays membres de l'Union européenne la France contribue au budget commun de l'Union et reçoit également des financements européens. Notre pays fait partie des pays contributeurs, c'est-à-dire des pays qui ont la chance d'être plus riches que la moyenne - tant mieux - et qui, donc, contribue plus au budget européen qu'il ne reçoit. Ce que je souhaite, puisque l'on parle toujours de la contribution française dans les débats au parlement ou dans la presse, c'est que l'on parle de ce que l'on donne mais aussi de ce que l'on reçoit. Notre pays va recevoir 13 milliards d'euros - vous vous rendez compte ! - et chacune de nos régions va en bénéficier largement. C'est cela la solidarité européenne : donner et recevoir mais parlons des deux et pas seulement de l'un des deux !
Q - Alors justement parlons des deux : vous pouvez nous donner des chiffres de ce que l'on donne et de ce que l'on reçoit ?
R - Oui, pour le prochain budget que je viens de défendre devant l'Assemblée nationale, ce sera, pour 2007, 18 milliards d'euros de contributions et 13 milliards d'euros de retours. Nous bénéficions encore grandement de la politique agricole commune ce qui permet à la France d'être la première dans les industries agroalimentaires dans le monde. Nous bénéficions également de la politique régionale, c'est-à-dire des enveloppes qui sont réparties par le gouvernement dans les régions et que les préfets de région affectent à un certain nombre de projets en concertation avec les porteurs de projets et les élus locaux.
Q - Alors en Bourgogne, concrètement, cela se traduit par quoi ?
R - La Bourgogne fait partie des régions qui sont très bien dotées, soit 400 millions d'euros sur la période 2000-2006 - l'Europe a des budgets pluriannuels pour permettre une visibilité des investissements - et pratiquement la même somme pour la période 2007-2013. Qu'est-ce que cela permet ? Cela permet une multitude de choses : des pépinières d'entreprises, de l'emploi, de la formation, la défense de l'Epoisses - est-ce que vous saviez cela ? Non ! - Des activités culturelles, sportives, des actions dans le domaine de l'environnement.
Il faut en parler. Nous allons mettre sur les sites Internet des préfectures de région, à partir de l'année prochaine, une carte avec différents projets et, en passant sur la carte, il y aura, projet par projet, les sommes qui sont investies et des détails sur l'activité.
Q - Est-ce que vous pensez que les Français ont conscience de l'action de l'Europe au niveau local et au niveau national ?
R - Hélas pas assez depuis 50 ans ! Nous avons considéré que cela se faisait, que c'était normal et nous avons oublié d'en parler aux Français ! Donc, à partir du 1er janvier, nous allons changer de dispositif et changer les choses pour faire en sorte qu'à chaque fois qu'un projet sera aidé par l'Europe, quelle que soit sa nature - culture, environnement, etc. - ce soit indiqué par un panneau. Je pense que cela va beaucoup changer la perception de l'Europe dans notre vie.
Q - En Bourgogne, il y a des départements qui s'estiment un peu plus lésés que les autres, je pense à la Nièvre qui, il y a quelque temps, a manifesté son ras-le-bol pour se plaindre de la mauvaise politique d'aménagement du territoire. Que répondez-vous à cela ?
R - Que chacun doit jouer son rôle. Je joue le mien en tant que membre du gouvernement français en participant aux négociations européennes pour définir l'enveloppe globale dont notre pays va bénéficier et pour moi c'est déjà pas mal de travail et cela n'est pas toujours facile ! Il y a parfois des bagarres et des tensions. Ensuite, comme membre du gouvernement, je participe aux décisions sur la définition des enveloppes région par région. La troisième étape ne dépend plus de moi, elle ne dépend plus du gouvernement.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2006