Interview de Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au commerce extérieur, sur "RFI" le 12 novembre 2006, sur l'inauguration du premier forum France-Afrique du Sud et sur le développement des relations économiques entre les deux pays.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Madame Lagarde, vous êtes ici en Afrique du Sud pour inaugurer le premier forum France/Afrique du Sud. C'est une première en Afrique du Sud, il y a plusieurs dizaines d'hommes d'affaire qui sont ici. Pouvez-vous déjà nous dire pour vous, pour la France, pour le gouvernement français l'importance de ce forum entre les hommes d'affaires français et l'Afrique du Sud ?
R - C'est un forum très important d'abord parce qu'il regroupe des centaines d'hommes d'affaires, pas des dizaines, puisque plus deux cent cinquante sociétés sont inscrites et participent. Nous sommes obligés maintenant de refuser des inscriptions donc c'est un succès en soi. C'est important parce que c'est une aventure collective qui regroupe à la fois le MEDEF, la chambre de commerce et d'industrie, les conseillers du commerce extérieur de la France, les missions économiques ici, du côté français et des organisations équivalentes du côté sud-africain. Donc il y a véritablement un travail d'équipe qui a été réalisé de part et d'autre avec pour objectif commun de développer les relations, de nouer des relations d'affaires quand elles n'existent pas encore et d'approfondir des partenariats lorsqu'elles existent déjà, donc c'est extrêmement positif et c'est un bon moyen au niveau des hommes d'affaires et des femmes d'affaires d'entreprendre, de développer, de nouer des relations commerciales approfondies.
Q - On sait que la France perd du terrain en parts de marché sur le continent africain, pour l'Afrique du Sud c'est vrai que ça reste encore minoritaire si on juge en fonction des investissements directs étrangers, je crois que c'est de l'ordre de 8% en dehors de l'Afrique du Sud mais tout de même il y a une forte expansion de l'Afrique du Sud sur le reste du continent, y compris je dirais dans les zones francophones où traditionnellement les Français sont bien implantés. Dans quelle mesure il peut y avoir coopération entre les entreprises françaises là où il y a forcément concurrence ?
R - L'avenir tourne autour du partenariat, même pour des sociétés concurrentes et on le constate dans tous les domaines. Je crois que le partenariat réalisé par exemple par Alstom avec son partenaire sud-africain est un bon exemple d'un partenariat réussi. Je crois en outre que les entreprises françaises qui sont implantées ici et qui tiennent tout à fait compte de la politique du Black Economic Empowerment, qui intègrent donc la communauté sud africaine dans leur développement sont un exemple parfait de ce qu'on peut réussir et de ce qu'on peut réussir ensemble. Vous avez raison, l'Afrique du Sud a une vocation à être un petit peu le portail vers d'autres pays africains et dans la mesure où nous pouvons travailler ensemble, où on peut comparer nos expériences et tirer parti du meilleur de nous-mêmes du côté français et du côté sud-africain, c'est bon pour tout le monde, il faut que ce soit gagnant-gagnant.
Q - Justement, qu'est-ce que les Français peuvent apporter aux Sud-Africains ?
R - J'ai rencontré mon homologue cet après-midi et je crois que dans le domaine du savoir-faire, de l'expertise, de la formation, les Sud-africains attendent beaucoup de la part des Français et je pense que les sociétés françaises qui dans le domaine du transport de l'énergie, je pense à l'énergie nucléaire, je pense au transport ferroviaire, je pense au traitement des eaux, je pense à tout ce qui concerne l'infrastructure en plus évidemment de nos domaines traditionnels que sont le vin par exemple et les produits de luxe, il y a un apport d'expérience et de savoir-faire que les Français maîtrisent assez bien.
Q - Est-ce qu'il s'agit de contrer aussi un concurrent redoutable qui est la Chine aujourd'hui, et dont les méthodes sont souvent contestées à la fois par les Français mais peut être aussi par les sud-africains ?
R - La concurrence d'abord est très saine donc avoir des concurrents qui parfois vous talonnent un peu ça vous réveille si vous étiez un peu endormi, et par ailleurs je crois que l'expérience, l'héritage, la culture commune, la proximité géographique sont des facteurs concurrentiels très importants dont les Européens et les Français en particulier disposent et dont nous devons savoir jouer intelligemment dans le respect harmonieux des cultures et dans le respect des hommes. Je crois que les relations à long terme, les partenariats qu'on évoquait tout à l'heure au début de cet entretien ne sont fondés que sur la confiance et sur le développement respectueux des pays avec lesquels on travaille et des sociétés avec lesquelles on travaille. Je crois que chacun doit apprendre les règles.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2006