Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur la médecine sportive, Vincennes le 2 novembre 2006.

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Circonstance : Inauguration de l'Institut de recherches biomédicales et d'épidémiologie du sport à Vincennes le 2 novembre 2006

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, messieurs,
Les Etats généraux du sport ont souligné la nécessité de donner plus de visibilité et de mieux reconnaître l'importance de la médecine du sport.
La médecine du sport a en effet vocation à jouer un rôle essentiel dans l'organisation du sport en France, qu'il s'agisse soit de mesurer la contribution des activités physiques sur la santé, soit de préserver la santé des sportifs.
J'ai donc engagé une politique volontariste dans le domaine du sport et de la santé autour de 3 axes principaux : Le premier axe porte sur la préservation de la santé des sportifs. La rationalisation de la surveillance médicale des sportifs de haut niveau et des sportifs inscrits dans les filières d'accès au sport de haut niveau, dans le but de la rendre plus efficace et mieux adaptée à la protection des sportifs, constitue une première étape en la matière. La loi du 5 avril 2006 relative à la lutte contre le dopage et à la protection de la santé des sportifs contribue également à la préservation de la santé des sportifs et inscrit le dispositif de lutte contre le dopage en France, dans le système international, articulé autour de l'Agence mondiale antidopage et de ces deux outils majeurs que sont le code mondial antidopage et la convention internationale contre le dopage dans le sport ;
Le deuxième axe porte sur la promotion du sport et des activités physiques en tant que facteur positif pour la santé : je citerai en ce sens l'importante campagne de communication visant à sensibiliser certaines catégories de la population aux bienfaits de la pratique physique et sportive qui a été lancée il y a quelques semaines. Je tiens à ajouter que le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative s'est associé au Programme « Bien Vieillir » initié en 2003 par le Secrétariat d'Etat aux personnes âgées et au Programme National Nutrition Santé (PNNS) avec le Ministère de la Santé à destination des jeunes dans le cadre la lutte contre l'obésité. Le troisième axe de promotion du sport et de la santé porte sur la création des conditions favorables au développement d'une recherche exigeante en matière de médecine du sport.
En juillet 2004, J'ai demandé à Jean-François Dhainaut, président de l'Université Paris V-René Descartes, de faire un état des lieux et formuler des propositions dans le domaine de la médecine du sport. Ces dernières m'ont été présentées un an plus tard et j'ai décidé de les mettre en oeuvre.
L'inauguration de l'Institut de Recherche bioMédicale et d'Epidémiologie du Sport (IRMES), au sein d'un Réseau National de Recherche Médicale et d'Epidémiologie du Sport (RMES) marque ainsi une première étape.
Elle répond à l'un des constats qui souligne le retard dans le domaine de l'épidémiologie sportive et de la physiopathologie du sportif de haut niveau. En effet, actuellement, très peu de données fiables sur les pathologies des sportifs de haut niveau, peuvent être utilisées : de nombreux travaux ont été réalisés, mais peu sont exploitables en l'absence de standardisation, d'archivage ou de numérisation.
Le rapport souligne également le manque d'unité de lieu, concentrant les moyens de recherche médicale et épidémiologique, au coeur d'un grand domaine sportif et universitaire.
L'ambition du projet vise donc à articuler un institut de médecine et d'épidémiologie du sport avec un réseau régional et national qui permettra d'amplifier et d'accélérer notre recueil d'informations au niveau de l'ensemble du territoire national et ainsi, de rattraper notre retard dans ce domaine.
L'IRMES a vocation à répondre à ces besoins. Sa structuration et les missions qui lui incombent ont été définies dans cette perspective. Ainsi, L'IRMES est chargé :
- De constituer une banque nationale de données épidémiologiques du sport de haut niveau. L'ensemble des données seront collectées à partir des informations disponibles à l'INSEP et grâce au réseau national, en cours de structuration, et seront donc rassemblées ici à l'INSEP.
- D'encourager, conduire et développer, à son initiative ou à la demande des pouvoirs publics, des recherches dans le domaine du sport de haut niveau. Le comité scientifique, qui se réunit aujourd'hui pour la première fois, est chargé de proposer les axes de recherches de l'IRMES mais aussi d'évaluer des projets de recherches pour lesquels l'IRMES est associé.
- De mettre en place et d'animer un réseau national de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport de haut niveau. Je souligne ici l'engagement déterminé et déterminant de Pierre Rochcongar, président de la société française de médecine du sport (SFMS) pour mobiliser les acteurs nationaux, issus des services de médecine du sport des hôpitaux, issus des laboratoires de l'INSERM sensibilisés à la recherche en médecine du sport, issus de l'ensemble des pôles France et pôles espoirs dans lesquels on retrouve les sportifs de haut niveau. - De contribuer à la formation et l'information des cadres techniques sportifs, des médecins du sport et des personnes concernées par la santé des sportifs, dans le prolongement des résultats de ses recherches. A cet égard, j'ai d'ores et déjà pris des dispositions pour que l'INSEP puisse accueillir un étudiant en DESC, comme l'a fait auparavant le centre national de football de Clairefontaine.
La convention que j'ai signée avec l'Université Paris V-René Descartes, l'INSERM, l'INSEP, l'AP-HP et le CNDS précise les moyens, notamment en ressources humaines, nécessaires pour le bon fonctionnement de l'IRMES. Ceci est rendu possible grâce à l'effort partagé fourni par ces partenaires.
Jean-François Toussaint, maître de conférence à l'université René Descartes, a très largement oeuvré pour que ce projet aboutisse, et assure la direction de l'IRMES.
Il pourra s'appuyer sur les compétences d'un biostatisticien ainsi que d'un chercheur en épidémiologie, grâce au concours de l'INSERM et de son directeur, Christian Bréchot, qui s'est personnellement impliqué, avec Madame Postel-Vinay, en faveur de ce projet.
L'IRMES bénéficie d'ores et déjà de l'expérience et des moyens de l'équipe INSERM épidémiologie dirigé par Xavier Jouven, qui travaille actuellement sur une étude relative à la mort subite chez le sportif.
Parce que l'Insep, dans le cadre de son plan de rénovation, propose les conditions d'accueil nécessaires, j'ai souhaité que cet établissement accueille l'IRMES, afin de contribuer à renforcer l'excellence et le rayonnement de son action, au service des sportifs de haut-niveau. Dans cette perspective, des collaborations entre l'IRMES et la préparation olympique et paralympique sont en cours, notamment pour les JO de 2008 à Pekin.
En complément et en articulation avec l'IRMES, grâce à la mobilisation de l'AP-HP (dont le nouveau directeur, Benoît Leclerq vient d'être nommé et est aujourd'hui représenté par M. Alain Lepère), et du service médical de l'INSEP, le centre d'investigation en médecine du sport (CIMS), basé à l'hôpital de l'hôtel dieu, fonctionne depuis le mois de septembre.
Au sein de l'AP-HP, le CIMS a vocation à être le plateau médical de référence, en complémentarité avec la prise en charge du sportif au sein du département médical de l'INSEP.
Le CIMS sera également l'animateur du réseau régional en s'appuyant sur d'autres établissements de santé de l'AP-HP disposant de compétences particulières en matière de médecine du sport.
Mesdames, Messieurs, l'inauguration de l'IRMES marque le lancement de la recherche biomédicale et épidémiologique dans le domaine du sport qui n'existait pas jusqu'alors.
Je tiens à souligner tout le travail accompli en moins de deux années, par les membres du groupe de travail réuni autour de Jean François Dhainaut, et par l'ensemble des acteurs qui ont bien voulu participer à la réalisation de ce projet ambitieux.
Des projets de recherche doivent maintenant être définis. Le travail du comité scientifique sera en cela déterminant et l'organisation du 1er symposium de l'IRMES, le 29 novembre prochain sera également un temps fort. Je souhaite maintenant que de nouveaux partenaires, notamment issus du secteur économique, s'associent à l'IRMES pour contribuer et développer la recherche biomédicale et épidémiologique dans ce domaine de la performance sportive.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 novembre 2006