Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales, sur la lutte contre l'antisémitisme et les relations entre la France et Israël, à Lyon le 30 novembre 2006.

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Circonstance : Dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, CRIF Rhône-Alpes, à Lyon le 30 novembre 2006

Texte intégral

Monsieur l'ambassadeur d'ISRAËL,
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Préfets,
Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Mon premier discours de ministre des collectivités territoriales fut pour vous. En effet, le 2 juin 2005, j'entrais au gouvernement. A peine installé, j'effectuais, le 9 juin, mon premier déplacement ministériel à Strasbourg pour intervenir devant vos amis d'Alsace. Quasiment un an plus tard, j'ai eu le plaisir de rencontrer les membres du CRIF Sud-ouest Aquitaine.
La belle réception de ce soir, dans ce cadre prestigieux, est donc ma troisième visite ministérielle au CRIF, pour la première fois en présence de Monsieur l'Ambassadeur d'Israël en France ce qui ajoute encore à la solennité de la situation.
Dès la réception de votre invitation, j'ai donné un accord de principe à Monsieur le Président AMSALLEM. C'est donc avec la joie des retrouvailles que je rencontre aujourd'hui les membres du CRIF.
Je voudrais exprimer mes remerciements aux organisateurs de cette soirée, en particulier à Monsieur le Président AMSALLEM, tant pour votre invitation que pour la chaleur de votre accueil. A ces marques de gratitude aux organisateurs de cette soirée, s'ajoutent bien sûr des félicitations tant il s'agit d'une incontestable réussite.
Comme les orateurs qui m'ont précédé, permettez-moi maintenant de vous donner mon sentiment sur plusieurs points. J'aborderai successivement :
I. Les notions de quête d'identité et d'universalité de la lutte contre l'antisémitisme ;
II. Quelques aspects de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme et de ces résultats, notamment dans la région Rhône-Alpes ;
III. L'action du gouvernement et les relations franco-israéliennes.
I. En consultant votre brochure, je me suis aperçu avec une grande joie que vous avez fait du dialogue intercommunautaire le centre de votre action. Il semble que cette tendance se soit encore accentuée depuis un an.
Cet infléchissement coïncide avec votre actuel mandat, Monsieur le Président AMSALLEM. Je n'en tire aucune conclusion, vous connaissez mon goût pour la non-ingérence! Reste que je me réjouis de rencontrer une communauté qui oeuvre de manière aussi vaillante à la concorde entre les hommes. C'est pour cette raison que j'ai voulu commencer, en forme d'hommage, par la notion d'identité, comme prélude à la tolérance. Votre action qui mêle si harmonieusement conscience de soi et ouverture aux autres me permettra d'illustrer le caractère universel de la lutte contre l'antisémitisme.
1.1/ Connaître l'autre dans son identité, c'est bien sûr faire reculer les préjugés, mais c'est aussi l'aider lui-même à découvrir sa propre identité. Combien de haines naissent dans le terreau de l'ignorance!
Le dialogue est l'antidote de la haine. Aucune identité n'a besoin d'être conquérante, si elle ne traduit que la conscience de soi. Certes devant l'agression, il faut se défendre pour continuer à vivre! Mais nous vivons tous, au moins dans notre modèle laïc et républicain, avec l'espoir que la tolérance mutuelle soit la loi commune et que les hommes vivent dans un climat général de respect. La laïcité de la République française est trop souvent dépeinte comme le reflet d'un certain anticléricalisme. C'est une erreur, la laïcité permet - ou plutôt - devrait permettre de restaurer dans l'intimité de la conscience individuelle la conviction religieuse et philosophique. Le débat contradictoire est d'autant plus riche qu'il y a un climat général de respect mutuel et de tolérance.
Ce principe de laïcité étant rappelé, j'ai plaisir à réaffirmer que la communauté juive participe de l'identité française. L'émancipation générale des juifs n'a été décrétée que le 2 septembre 1791 par l'Assemblée nationale. C'est donc une conquête républicaine et j'ai plaisir à vous répéter que vous participez de l'identité de la République. Vous faites aussi partie intégrante de l'identité régionale de Rhône-Alpes.
Dans cette région, le sang et les larmes de la Shoah ont laissé leur empreinte, avec le désespérant souvenir des enfants d'Izieu et de leurs éducateurs, victimes de Klaus BARBIE. Sont aussi dans les mémoires les atrocités commises par la milice de Vichy. C'est le cas, bien sûr, des sept martyrs de Rillieux-la-Pape, citoyens français fusillés par d'autres Français parce qu'ils étaient juifs! Entretenir la mémoire est un devoir sacré pour nous tous, pour ne pas condamner nos enfants à revivre un jour de telles horreurs.
L'identité se nourrit d'histoire. On confond trop souvent le pardon et l'oubli comme on mélange le culte de la vérité historique et la posture de culpabilité.
Votre communauté a su jouer et continue de jouer un rôle actif et exemplaire dans les échanges intercommunautaires, interreligieux et interculturels de la région. La présence de vos nombreux invités de ce soir en est le témoignage.
Je vois dans la richesse de ces échanges l'une des raisons qui expliquent que les juifs de Rhône-Alpes y compris les bourguignons du sud, autrement dit les ressortissants de la Saône et Loire qui je crois sont rattachés au CRIF Rhône-Alpes, sont, et c'est heureux, relativement préservés des actes antisémites. Mais en la matière, vous le savez tous, rien n'est jamais acquis.
1.2. / La lutte contre l'antisémitisme est un combat de tous les jours et je sais que les juifs de France sont inquiets. C'est un combat permanent mais aussi un combat universel.
Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons connu une illustration de l'universalité de ce combat. Monsieur le président Roger CUKIERMAN s'est d'ailleurs élevé contre cette « violence banalisée ». Vous avez sans doute tous souvenir des faits : à l'issue du match de football qui a opposé le Paris Saint-Germain au Hapoël Tel-Aviv, quatre supporters du club israélien ont été pris à partie par un groupe de supporters du PSG aux cris de « sales juifs ». Poursuivis, les quatre jeunes sont parvenus à se disperser.
L'un d'entre eux, le jeune Yanniv HAZOUT, est toutefois rejoint sous les insultes par une foule grandissante, comptant jusqu'à une centaine de personnes. C'est alors qu'un policier d'origine antillaise s'interpose pour protéger le supporter israélien.
Immédiatement, les cris redoublent. Les « sale nègre » et « LE PEN président » s'ajoutent, à ceux de « sale juif »!...Vous connaissez la suite, hélas ! Le courageux policier frappé à terre a fait usage de son arme pour sauver la vie de son protégé et la sienne. Le racisme, le sectarisme et l'antisémitisme font, comme toujours, cause commune.
L'antisémitisme nous concerne tous, car comme le dit Nicolas SARKOZY : « Quand on menace un juif, on menace la République. L'antisémitisme ne s'explique pas, il se combat ».
II. Les différents aspects de cette lutte contre l'antisémitisme et leurs résultats
Il me semble important de rappeler quelques faits saillants et d'analyser leur impact, puis de rappeler l'action des forces de l'ordre et du gouvernement dans le domaine de la lutte contre l'antisémitisme.
2.1 / Quelques faits saillants méritent d'être analysés
Parmi ces faits, vous avez cité la mort par balle de Chaïb ZERAF, personne de confession musulmane dont le meurtre à caractère raciste a suscité l'émoi. Comme a causé crainte et émotion cette affaire lyonnaise de supporters interpelés pour avoir commis des violences à caractère raciste sur deux frères d'origine maghrébine.
Je cite ces faits pour souligner, comme vous l'avez fait vous-même, que la barbarie a partout le même visage et que ni votre indignation - je le sais - ni celle du gouvernement - je l'affirme - ne sont sélectives. Lorsqu'on menace de mort un professeur sur ses propos ou lorsqu'on jette l'anathème sur un pays à partir d'une caricature, on affirme aux yeux de tous le totalitarisme, et certainement pas sa foi.
L'année écoulée n'a pas refermé le traumatisme collectif engendré par l'assassinat particulièrement odieux du jeune Ilan HALIMI (pour lequel je m'étais rendu à la manifestation le 26 février dernier) et les agressions commises peu de temps après contre de jeunes citoyens juifs à Sarcelles. A la suite de ces agressions, les mesures les plus fermes et les plus énergiques ont été prises pour que leurs auteurs et leurs complices soient au plus vite interpellés et condamnés.
A ce propos, je souhaite rappeler la détermination des autorités françaises à lutter contre le racisme et l'antisémitisme. Les chiffres, établis par la direction générale de la police nationale en liaison avec les instances de la communauté juive, ont montré une diminution très significative de la violence antisémite. Entre 2002 et 2005, le nombre d'actes antisémites est passé de 936 à 703, soit une baisse de 24%.
2.2. / Après ses propos d'inquiétude et d'indignation, je me dois aussi de souligner des progrès et de saluer l'action des pouvoirs publics dans votre belle région.
L'évolution du racisme et de l'antisémitisme dans la région RHÔNE-ALPES repose sur des données chiffrées qui permettent de dégager trois tendances :
a/ En chiffres bruts, les dix premiers mois de l'année 2006 sont marqués par une baisse relative du nombre d'infractions constatées, puisque 92 faits ont été comptabilisés au plan régional contre 98 pour la même période en 2005, soit une baisse de 6,12 %.
b/ On assiste à un lent rééquilibrage entre actes racistes et antisémites, même si la proportion des infractions antisémites sur les dix premiers mois de l'année 2006 reste majoritaire à 65,3 %, contre 69,01 l'année passée.
c/ On constate une augmentation de la gravité des actes commis. Certes, une grande part des infractions s'inscrit dans la catégorie des graffitis, tags et tracts, propos, injures ou gestes menaçants.
Néanmoins, 28,57 % sont des infractions plus graves, telles que les violences sur les personnes ou les dégradations de lieux de cultes ou les cimetières, contre 11,26 % sur la totalité de l'année 2005.
En résumé, même s'il convient d'être vigilant et réactif, il n'y a pas « d'antisémitisme de masse » qui affecterait la région RHÔNE-ALPES, ni d'ailleurs l'ensemble de notre pays.
III. Les mesures concrètes du Gouvernement et les relations franco israéliennes
3.1. / Les autorités françaises restent mobilisées : l'engagement du Ministère de l'Intérieur dans la lutte contre l'antisémitisme s'est notamment traduit par l'aggravation des peines punissant les infractions à caractère raciste, antisémite ou xénophobe (la loi dite « Lellouche » de 2003 est une des lois les plus répressives du monde dans ce domaine).
La décision d'interdire le groupuscule « Tribu Ka » a été un exemple fort de la détermination des autorités françaises à ne tolérer aucune manifestation de racisme et d'antisémitisme.
Une approche de long terme dans les écoles a été mise en oeuvre pour la promotion de la tolérance: un guide intitulé L'Idée Républicaine aujourd'hui a été diffusé à 250.000 exemplaires dans toutes les écoles en septembre 2004. Le devoir de mémoire est inculqué aux enfants : l'enseignement de la Shoah est obligatoire en France depuis de nombreuses années ; des visites d'écoliers et de lycéens sont organisées dans les mémoriaux de la Shoah.
Sachez que nous ne baissons pas la garde. Pour 2006, l'action de lutte contre la violence antisémite au Ministère est guidée par quatre priorités :
1- Reconduire l'effort financier de l'Etat pour mieux sécuriser les locaux de la communauté juive, dans le cadre de la convention qui lie l'Etat et le Fonds social juif unifié. Un budget de 3,6 millions de dollars y est consacré cette année ;
2- Maintenir une présence physique de policiers aux abords des lieux les plus sensibles. Une surveillance continue à être assurée, en journée et pour certains bâtiments 24 heures / 24, par des policiers en tenue ;
3- Faciliter le développement de la vidéosurveillance aux abords des lieux de culte et des autres locaux de la communauté.
La loi sur l'antiterrorisme, qui a été promulguée, nous donne de nouveaux instruments ;
4- Poursuivre la lutte la plus ferme contre la propagande antisémite. Les services de police sont désormais plus vigilants à l'égard des messages antisémites diffusés sur internet. Un « point de signalement » au sein de la direction centrale de la police judiciaire permet de centraliser toutes les informations sur les contenus antisémites et racistes transitant par l'internet, afin de les transmettre à l'autorité judiciaire.
Le combat, multiforme, contre les « prêcheurs de haine » est un travail de longue haleine, qui mobilise les services de renseignement. Il porte ses fruits. En 2005, nous avons expulsé 23 activistes islamistes.
Et cette année, l'effort s'est poursuivi en direction de personnes qui s'étaient signalées par la virulence de leurs discours, associant l'hostilité à l'encontre de l'Occident et la haine des juifs.
Les violences antisémites d'origine arabo-musulmane représentent 42% des actions et 24% des menaces. Les facteurs de radicalisation islamiste en France sont bien connus et suivis :
- l'éducation dans les structures privées musulmanes ;
- les conversions des jeunes en quête de sentiment d'appartenance ;
- la déstabilisation des mosquées et la violence de certains prêches ;
- le prosélytisme en milieu carcéral ;
- le fort impact médiatique de la terreur islamiste et l'utilisation d'Internet.
Fort heureusement, l'édification et l'arrivée à maturité d'un véritable Islam de France, grâce notamment à l'influence que doit conserver le Conseil Français du Culte Musulman, est une condition pour l'avenir du dialogue entre communautés, dans le respect des valeurs de la République.
Nous devons aussi lutter contre l'utilisation de chaînes de télévision extra-européennes comme vecteurs de propagande antisémite. Nous avions connu, en 2004, quelques difficultés à faire cesser la diffusion en France d'une chaîne de télévision antisémite, Al-Manar. La procédure avait pris plusieurs mois.
Nicolas SARKOZY a donc fait voter par le Parlement, en plein accord avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel, dans la loi sur l'antiterrorisme, une disposition qui nous donnera les moyens de mieux contrôler les chaînes de télévision extra-européennes. Elles seront désormais dépourvues de "conventionnement" avec le CSA et seront dès lors soumises plus directement à des contrôles pouvant aller jusqu'à l'interdiction de diffusion, prononcée par le Conseil d'Etat. Au plan européen, nous souhaitons une modification de la « directive Télévision sans frontières » pour que chaque pays européen ait les moyens d'interdire la diffusion de chaînes dont les programmes véhiculent une propagande antisémite ou raciste.
Nous devons combattre cette violence dans tous les milieux, y compris lorsqu'elle s'exprime dans les stades.
Il est inacceptable que des supporters dévoyés y profèrent des injures racistes et xénophobes comme cela a pu être le cas lors du match PSG - Hapoël Tel-Aviv. Les insultes, slogans, saluts et chants néonazis, et autres agressions physiques doivent être bannis des stades. Nicolas SARKOZY s'est exprimé la semaine dernière à ce sujet.
3.2. / La France lutte également contre l'antisémitisme au plan international.
Les contacts entre le gouvernement français et les organisations de la communauté juive américaine se sont développés et intensifiés. Ce dialogue régulier a conduit à une amélioration du climat des relations entre la France et les organisations de la communauté juive américaine.
Il est très important que les dirigeants des organisations juives américaines fassent connaître à la communauté juive américaine elle-même l'existence de ce dialogue suivi et le caractère positif de ces échanges. A ce titre, j'ai rencontré, le 25 octobre dernier, David. A. HARRIS, le directeur exécutif de l'American Jewish Committee, qui avait déjà été reçu deux fois par le ministre d'Etat.
La France mène un combat très actif contre le racisme et l'antisémitisme sur la scène internationale. Elle a pris une part importante dans les conférences de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) sur l'antisémitisme et, notamment, lors des deux dernières réunions (Berlin 2004 et Cordoue 2005).
Avec ses partenaires de l'Union Européenne, la France a apporté son soutien et a contribué significativement à la désignation, dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies, du 27 janvier comme Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Elle a soutenu l'inclusion sans équivoque de l'antisémitisme dans les résolutions de l'Assemblée Générale portant sur l'intolérance religieuse.
3.3 / Le dernier point que je voulais évoquer devant vous est celui des relations entre la France et Israël et, au-delà, des relations euro-israéliennes.
Au-delà de la relation d'Etat à Etat, comme ministre des collectivités territoriales, je suis soucieux d'approfondir les liens entre les collectivités israéliennes et françaises.
Dans ce contexte, je ne peux que saluer les liens de coopération décentralisée qui existent entre des collectivités locales françaises et israéliennes. Ce qui à mon sens, rend cette coopération particulièrement moderne, c'est que ce sont des intercommunalités qui ont noué des liens avec Israël. 67 actions de coopération décentralisée unissent la France et Israël. Certaines concernent les départements, par exemples les Bouches du Rhône qui sont liées à la ville d'Haïfa. D'autres concernent des communautés urbaines comme la communauté urbaine de Dunkerque "Grand Littoral" avec Ramat Hasharom. Mais aussi, plus traditionnellement, des villes comme le jumelage de Toulouse avec Tel Aviv.
Je suis un ami d'Israël. Je me félicite de l'amélioration de la confiance entre nos deux pays au cours de ces quatre dernières années.
Nos relations ont trop souvent été l'otage de la situation au Proche-Orient, il y a encore du travail mais les choses vont dans le bon sens. Au-delà du respect mutuel qui doit fonder toute relation bilatérale, je souhaite que les relations franco-israéliennes soient exemplaires et privilégiées à tous les niveaux.
Pour moi, le développement des relations économiques entre Israël et la France est également une priorité. Plus de cinquante entreprises françaises ont fait le choix stratégique de s'implanter en Israël ces dernières années. Je citerai, entre autres, le secteur industriel (Veolia, Danone, Schneider, L'Oréal, Aventis, Alcatel, Dassault système, France Télécom, Celio...), mais aussi le secteur bancaire (BNP-Paribas, CIC, Dexia, Compagnie Edmond de Rothschild, Calyon...).
Je sais aussi que la France est également perçue par les investisseurs israéliens comme un bon endroit pour faire des affaires en Europe.
Il m'est agréable de féliciter Israël pour ses brillantes performances économiques. Ce succès tient largement à la politique rigoureuse mise en oeuvre avec courage par le gouvernement israélien au cours des dernières années.
Entre Israël et la France, il y a eu beaucoup de malentendus qui ont pu conduire à des incompréhensions. Israël s'inquiète de la vague d'actes antisémitismes qu'a connue la France ces dernières années.
S'agissant de la diplomatie, je veux être clair : la France n'a jamais transigé et ne transigera jamais avec la sécurité d'Israël.
A mes yeux, il n'y a pas plusieurs formes de terrorisme dont certaines seraient plus acceptables que d'autres : toutes sont abjectes. Rien n'excuse et rien n'explique un attentat. Le droit à la sécurité pour Israël ne se négocie pas. Israël doit se défendre, a le droit de se défendre contre les agressions intolérables menées contre son territoire et contre sa population par des groupes armés.
La communauté juive française est la 1ère d'Europe et la 3ème dans le monde par le nombre, après les États-Unis et Israël. Il y a 80 000 français et 500 000 francophones en Israël et 600 000 français de culture ou de confession juive en France. C'est un atout important dont nous devons nous servir. Grâce vous, grâce aux francophones d'Israël les liens d'Israël et de la francophonie sont renforcés.
Par ailleurs, il va de soi que la dimension européenne est désormais une donnée. Israël et l'Europe sont des partenaires majeurs. Ainsi, je constate avec plaisir que l'UE est aujourd'hui le premier partenaire commercial d'Israël, tant au niveau des exportations que des importations. Elle absorbe plus du tiers des exportations israéliennes et elle assure 40% de ses importations.
Tel est, en quelques mots, le message que je voulais vous délivrer en tant que membre du gouvernement de la République et, plus humblement, en tant que citoyen convaincu que notre société est forte de ses richesses, dès lors que le respect mutuel, l'ouverture à l'autre, l'intelligence du coeur animent en permanence chacun de ceux qui la font vivre.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 1er décembre 2006