Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Conseiller spécial du Ministre de l'Agriculture,
Monsieur le Directeur Général du CNASEA,
Mesdames et Messieurs les président et directeurs,
Mesdames, Messieurs,
J'ai accepté avec grand plaisir de participer aujourd'hui à la clôture de vos journées de travail car l'avenir des ADASEA m'est particulièrement cher. Et il l'est tout particulièrement pour nombre de syndicalistes jeunes qui président ces structures.
Il y a à peine un an, le président de Jeunes agriculteurs, en la personne de Bernard, venait vous redire combien le syndicalisme jeune était attaché au réseau des ADASEA et souhaitait que les missions des ADASEA soient clarifiées pour assurer leur pérennité.
Les mois passent et l'avenir des ADASEA est toujours discuté, tant d'un point de vue financier que stratégique.
Alors, s'il est une chose dont le syndicalisme est sur, c'est d'avoir besoin d'ADASEA fortes, indépendantes financièrement et renouvelées dans leurs missions, mais en toute cohérence avec l'ensemble du paysage institutionnel agricole.
Vous avez souhaité structurer vos forces en créant officiellement le GIE des ADASEA de France. C'est la première pierre de l'édifice afin que vous soyez mieux reconnus tant par vos partenaires que les Pouvoirs Publics. Mais il ne faut pas en rester là.
Votre réseau est puissant parce qu'il est issu du syndicalisme agricole. Votre réseau est puissant parce qu'il est composé d'élus qui donnent de la voix.
Alors, la prochaine étape de votre développement devra officialiser ce que vous vivez au quotidien dans vos ADASEA, c'est-à-dire l'échange constructif et le dialogue avec vos élus.
Nous vous proposons de mettre en place rapidement une association nationale représentative de vos régions et de vos élus. La structuration nationale de vos structures est la clé de réussite incontournable de la clarification et de la légitimité de votre projet.
Et puisqu'il en est question, je ne peux que me féliciter du projet stratégique que vous avez élaboré autour de quatre axes. Vous vous doutez bien qu'il y a un axe qui m'interpelle plus précisément et sur lequel je souhaiterais vous donner l'avis de Jeunes agriculteurs.
Bien évidemment, l'installation et la transmission sont au coeur du métier des ADASEA. Leur rôle est de mettre en oeuvre techniquement ces mesures de renouvellement des générations sur la base d'orientations politiques définies par le syndicalisme agricole et notamment les Jeunes agriculteurs.
En matière d'installation, vous n'avez plus à démontrer votre savoir faire en matière d'accueil des futurs candidats à l'installation et de repérage. Le répertoire départemental à l'installation que gèrent les ADASEA est un outil majeur qui a fait ses preuves.
Concernant l'accompagnement que vous proposez en matière de transmission des exploitations, votre rôle doit être mieux valorisé en matière de repérage des cédants, d'anticipation des cessations d'activité. Et puis, les cédants doivent pouvoir également envisager leur projet de nouvelle vie après la cessation de leur activité comme les jeunes candidats à l'installation sont en droit de le faire en démarrant la leur.
Alors oui, le rôle des ADASEA est bien de mettre en cohérence toutes les actions d'accompagnement technique à l'installation et à la transmission, quittent, à s'appuyer sur les compétences des uns ou les habitudes départementales des autres héritées de l'histoire agricole.
Il nous reste à définir ensemble comment décliner cette mission de cohésion technique que vous pourriez assumer avec toujours, le souci de rendre le meilleur service aux futurs agriculteurs ou à ceux en fin d'activité.
Pour ce qui concerne notre partenariat plus quotidien, nous avons finalement obtenu du CAS DAR de mener à bien conjointement le chantier de l'observatoire national à l'installation et à la transmission. Cela n'a pas été sans mal car il nous a fallu convaincre du bien fondé et de l'utilité de notre projet commun.
Mais comment vouloir mieux accompagner la politique à l'installation et à la transmission sans affiner nos connaissances sur les dynamiques territoriales agricoles ? Nous pensons chez Jeunes agriculteurs que ce projet est innovant et ambitieux car ce travail était inexistant jusqu'à aujourd'hui.
Concernant vos trois autres pistes d'actions, nous nous sommes déjà exprimés fortement sur ces sujets l'an passé.
Nous sommes d'une part favorables à ce que les ADASEA se voient confiées l'instruction et le suivi des aides du second pilier, en lien avec les missions confiées au CNASEA concernant le paiement de ces aides. C'est dans cette optique que vos missions de services publiques doivent être étendues. Vos deux réseaux sont complémentaires.
Mais cela pose bien évidemment la question du financement de ces missions de services publics. Aujourd'hui, les financements de l'Etat concernant ces missions existantes sont sous-dotés. On entend dire constamment, dans des milieux bien éclairés, qu'il vaut mieux financer des actions que du fonctionnement.
Nous y sommes favorables mais ne nous voilons pas la face : les actions relatives aux missions de services publics méritent un financement pérenne et relativement stable. Et si réduction il doit y avoir, cela doit se faire en toute progressivité et en discussion avec les acteurs concernés.
C'est d'une discussion posée et concertée sur l'avenir et la pérennité des ADASEA dont nous avons besoin. Nullement de couperets financiers et politiques car les ADASEA méritent mieux que cela. Nous n'avons pas besoin d'un énième rapport d'évaluation pour nous éclairer.
Dans le même temps, vous vous devez de réfléchir précisément aux économies de moyens et à la mutualisation de certaines compétences dont vous pourriez tirer profit au niveau départemental. Les temps sont durs pour tout le monde et nous sommes tous obligés réfléchir autrement à l'avenir de nos structures.
Concernant le troisième axe que vous développez,
Votre savoir faire n'est plus à démontrer en matière d'animation des territoires ruraux. Sur ce sujet très précis, nous devons être particulièrement vigilants. Car la question foncière déterminera demain la présence d'agriculteurs nombreux sur l'ensemble des territoires. Votre responsabilité sur le sujet est immense.
Nous sommes favorables à ce que les ADASEA continuent de mettre au service des collectivités leur expertise sur ces sujets. Elles ont un rôle à jouer dans le développement durable de territoires. Mais il n'y aura de développement durable que s'il s'appuie sur les activités économiques qui composent les zones rurales et périurbaines. Nul besoin de rappeler que l'activité agricole est vitale dans ce domaine.
Cette troisième mission devra se faire dans l'intérêt général de l'agriculture.
Dernier sujet de votre projet, les services particuliers à l'agriculteur, en matière d'aide au respect des obligations administratives et réglementaires.
Les sollicitations sont nombreuses vis-à-vis de nous, paysans, de la part de nombre de structures pour nous aider à mieux remplir nos obligations en termes de justifications publiques.
Mais nous sommes souvent perdus dans les services rendus ou les tarifs pratiqués. Ce qui nous importe nous Jeunes agriculteurs, ce sont deux principes majeurs qui se résument à : simplification administrative et moralité dans les conseils ou services rendus.
Nous avons tous et tout à gagner à simplifier nos politiques publiques et les justificatifs qui en découlent. Il serait inopportun que, sous le prétexte du service rendu à l'agriculteur, les services que vous proposez ou que d'autres proposent n'aient pour conséquence que de maintenir des systèmes de gestions des obligations ou d'aides compliquées.
L'intérêt de l'agriculteur doit rester au coeur du débat qui nous occupe. Le financement de nos structures ne doit servir que son intérêt.
Par ailleurs, nous syndicalisme, veillons à ce que le conseil aux agriculteurs soit emprunt de beaucoup de moralité et soit inscrit dans une vision collective et d'avenir de long terme. Le renouvellement du métier d'agriculteur et la valeur ajoutée de la ferme France ont tout à y gagner.
Car je voudrais vous redire combien notre métier d'agriculteur est un métier d'avenir et les chiffres commencent à récompenser tout le travail que nous avons mené ensemble, OPA, Pouvoirs Publics et Jeunes agriculteurs sur le renouvellement des générations.
Nous attendons la fin de l'année pour connaître précisément les chiffres clé de l'installation mais dès juillet 2006, les installations aidées étaient en progression de 1% en comparaison de l'année dernière.
Tout cela n'est pas le fruit du hasard car nous avons su, ensemble, promouvoir l'accès et la formation à ce métier grâce à un accompagnement efficace.
Nous ne devons pas en rester là : notre prochaine étape est de personnaliser au mieux l'entrée dans ce métier en tenant compte des expériences passées du candidat, de son profil et de son projet d'installation. Car il est une chose dont nous sommes certains : c'est que les projets d'installation sont de plus en plus diversifiés et inventifs.
C'est dans cet état d'esprit que nous avons proposé à l'occasion de notre dernier rapport le concept de validation de compétences, concept que je tiens à vous repréciser tant il suscite nombre d'interprétations.
Nous voulons qu'un maximum de jeunes puisse s'installer demain grâce à un projet économique viable. Le critère du revenu est vital pour pérenniser les exploitations de demain.
Mais il est aujourd'hui incompréhensible qu'un jeune ne puisse pas s'installer faute de surface suffisante alors que son projet économique tient parfaitement la route.
Nous proposons donc que la capacité du jeune à devenir agriculteur ne soit plus fondée sur ses hectares mais sur ses compétences à réaliser un projet économique sérieux. Ce qui nous amène à faire le bilan de ses compétences pour mieux les valoriser et les intégrer dans son projet d'installation.
C'est d'un métier encore plus ouvert dont nous avons besoin, pas de barrières financières et spéculatives autour du foncier agricole.
Vous l'avez compris, nous sommes plus que jamais engagés sur le dossier du renouvellement des générations car nous croyons en un métier revalorisé et attractif.
Car, nous nourrissons les hommes, nous aménageons l'espace, nous produisons de l'emploi et fournissons de nouveaux débouchés.
C'est pour répondre à la diversité de ces missions que nous avons besoin d'organisations professionnelles structurées qui nous accompagnent nous, agriculteurs et qui soient force de propositions et de compétences. Vous avez votre carte à jouer !
Au niveau de vos structures et de vos départements, vous pouvez y contribuer.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.cnja.com, le 4 décembre 2006