Texte intégral
Q - 2007 sera-t-elle une année charnière pour l'Europe, avec la question des institutions ?
R - Il y a la question des institutions, mais pas seulement. Il faut que 2007 soit une année européenne. 2005 a été une année difficile, 2006 une année de consolidation du projet européen, année au cours de laquelle a été bouclé le budget et où des orientations importantes ont été prises en matière de recherche et de développement et de migrations - tout cela prouve que l'Europe a une capacité à réagir -, 2007 doit donc être l'année de la relance. Et c'est possible. Pour ce qui est des institutions, la Présidence allemande sera la première qui aura la tâche de trouver, pas à pas, des solutions. Il va falloir partir d'une démarche pragmatique, à partir de laquelle nous allons chercher, tous ensemble, le consensus européen à vingt-sept. Ensuite viendront les présidences portugaise, slovène et française.
Un rendez-vous important de 2007 sera le 25 mars, c'est-à-dire la célébration du 50ème anniversaire du Traité de Rome. C'est un moment qui pourra être très utile. Les chefs d'état ou de gouvernement se réuniront et feront une déclaration politique qui, au-delà de l'évocation du succès de 50 années de construction européenne, doit nous permettre de regarder vers l'avenir et vers les grandes directions que nous devons prendre. Il y a aujourd'hui un consensus pour que cette déclaration du 25 mars soit courte, politique et puisse donner le "la" de la relance en Europe.
Mais il n'y a pas que les institutions, il y a aussi les politiques et, depuis quelques mois, le gouvernement français leur a donné la priorité, de manière efficace, pour répondre aux préoccupations concrètes : je peux par exemple citer le problème de l'énergie ou de la sécurité, dans toutes ses dimensions. On peut continuer à marquer des points en 2007 avec de nouvelles politiques comme l'immigration, et l'énergie : les Européens ont décidé de faire avancer les choses dans ce domaine avec notamment un rendez-vous qui doit être réussi en mars pour adopter un plan d'action en matière énergétique.
Q - Quelle votre opinion sur ce rendez-vous que se sont donnés les pays qui ont dit ''oui'' à la Constitution ?
R - Il faut avoir l'esprit ouvert et pragmatique. Nous trouverons des solutions ensemble ou on ne les trouvera pas. C'est d'ailleurs un point que j'ai évoqué souvent avec mon homologue espagnol, Alberto Navarro, qui est aussi un ami.
Si cette réunion permet de faire une évaluation qui débouche sur des débuts de solution, alors nous sommes très ouverts. Ensuite, il faudra voir comment la présidence en charge, à ce moment là, pourra conduire les travaux des Vingt-sept. L'objectif des Européens est d'avoir un traité en vigueur pour les élections européennes en 2009 mais je vous rappelle qu'il faudra l'avoir ratifié avant.
Q - Qu'en est-il de l'Europe de l'énergie notamment en vue des accords bilatéraux qui peuvent se mettre en place ici et là ?
R - Toute la question aujourd'hui est de passer de relations aujourd'hui bilatérales à une politique européenne qui serait plus intégrée. Nous essaierons de négocier cette politique à vingt-sept, en tant qu'ensemble européen. La France est en initiative et le Premier ministre, Dominique de Villepin, a proposé que l'on réfléchisse à un instrument pour cela, avec un représentant spécial qui travaillerait en coordination avec Javier Solana.
Q - Quelle est la situation en matière de politique étrangère ?
R - La France est en faveur d'une politique étrangère et de défense en Europe. Elle a fait une proposition pour améliorer les choses indépendamment du Traité constitutionnel. Nous avons ainsi identifié cinq sujets dont la PESC et la défense. On souhaite, par exemple, la mise en place d'un ministre des Affaires étrangères européen. On peut et on doit progresser dans ces domaines.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 décembre 2006