Texte intégral
Q- Le froid s'est installé sur la France ; hier, trois départements étaient classés au niveau 2 du Plan Grand froid. Est-ce qu'avec l'abaissement des températures, il va y avoir d'autres départements classés en niveau
2 ?
R- Oui, tout à fait. D'ailleurs, j'ai demandé à ce que toute l'Ile-de-France soit classée en niveau 2, à partir d'aujourd'hui. Aujourd'hui, on en est à une vingtaine de départements ; une vingtaine de département en niveau 2, cela veut dire une vingtaine de départements dans lesquels on a ouvert plus de places d'hébergement et dans lesquels on a ce que l'on appelle des "maraudes", c'est-à-dire du suivi dans les rues auprès des personnes qui sont sans abri, pour les accompagner, pour discuter avec elles et pour les convaincre de se mettre à l'abri.
Q- Aujourd'hui, combien de places de cet ordre-là sont-elles ouvertes en France ?
R- Aujourd'hui, on a, en France, au total, 100.000 places qui sont ouvertes et avec l'ouverture du plan niveau 2 sur une vingtaine de départements et l'Ile-de-France, cela fait 10.000 places supplémentaires qui fonctionnent.
Q- Cela dit, il y a une polémique et beaucoup d'associations accusent le Gouvernement de ne rien faire, de laisser les gens coucher dehors.
R- Je crois déjà, qu'il faut bien dire que ce n'est pas beaucoup d'associations. Une initiative avait été tentée il y a maintenant quinze jours, l'initiative Don Quichotte, qui a mis en place des tentes dans Paris.
Q- On va voir des images... ce sont des tentes qui ont été installées le long du Canal Saint-Martin pour attirer l'attention du public sur le sort des SDF. Comment réagissez-vous ?
R- Je voudrais d'abord dénoncer cette initiative. La dénoncer, parce que, aujourd'hui, le Gouvernement travaille avec des associations, qu'il s'agisse du Coeur des Halles, qu'il s'agisse d'Emmaüs, qu'il s'agisse du Samu social, des associations qui sont professionnelles de l'urgence, qui, toute l'année, se mobilisent pour apporter des solutions et c'est avec eux que l'on apporte des réponses qui sont des réponses très concrètes. Toutes les nuits, en France, le Gouvernement consacre trois millions d'euros pour financer l'hébergement d'urgence.
Q- Ce que vous nous dites, c'est que l'opération Don Quichotte, ce n'est pas sérieux ?
R- Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, cette opération n'apporte pas de solution durable parce que ce qu'il faut bien expliquer, c'est que quelqu'un qui est à la rue, c'est quelqu'un qui a besoin que l'on regarde sa situation, que l'on fasse un bilan social, un bilan médical et qu'on le tire de la situation d'exclusion dans laquelle il est.
Q- Mais est-ce que ce n'est pas utile d'attirer l'attention du public, de créer un élan de solidarité autour du problème des sans abri ?
R- Aujourd'hui, l'élan de solidarité, il n'a de prolongement que si nous sommes capables d'apporter des solutions durables. C'est ce que j'ai fait en créant, avec les associations qui s'occupent du sujet, ce que l'on appelle l'hébergement de stabilisation. Qu'est-ce que c'est ? C'est des endroits dans lesquels on accueille quelqu'un 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Et cette personne, on lui fait signer un contrat qui est un contrat par lequel elle s'engage, dans un programme de réinsertion, c'est-à-dire qu'on l'aide à sortir des addictions qui sont les siennes, on l'aide à se soigner, on l'aide à chercher une formation, éventuellement un emploi pour remonter, pour sortir de la situation d'exclusion. C'est cela une solution pérenne.
Q- L'autre soir, N. Sarkozy a pris un engagement. Il a dit que s'il était élu, plus personne ne sera obligé de dormir dehors. Est-ce que cela ne veut pas dire que justement, aujourd'hui, il y a un vrai problème ?
R- Cela veut dire qu'on va continuer et aller encore plus loin. L'hébergement de stabilisation dont je vous parlais, c'est un concept nouveau, il y a 800 places qui fonctionnent aujourd'hui ; on en aura 11.000 à la fin de l'hiver. Pour l'instant, c'est exclusivement en Ile-de-France ; que demain, on le fasse sur l'ensemble de la France, c'est indispensable. D'autre part, l'autre réponse, c'est qu'on ira plus loin en matière de logement social. Finalement, le problème, quand aujourd'hui vous avez des travailleurs pauvres qui n'arrivent pas à se loger, c'est dû à quoi ? C'est dû à une crise du logement social. On construisait en 2000 39.000 logements sociaux, il en faut 85.000 par an pour répondre aux besoins. On est aujourd'hui à une tendance de 100.000 par an, mais cela, il faut poursuivre l'effort pendant plusieurs années pour apporter de vraies réponses.
Q- Cela dit, vous êtes au pouvoir depuis cinq ans, est-ce que ce n'est pas un effort qu'il fallait engager plus tôt ?
R- Vous savez, en matière d'urgence, quand on regarde ce que l'on a fait, on a créé 30.000 places dans les cinq ans qui viennent de s'écouler, c'est dire qu'on a non seulement répondu en termes quantitatifs sur le nombre de places mais on a également répondu en termes qualitatifs, c'est-à-dire qu'on ne s'est pas contenté d'un nombre de places, on a surtout travaillé sur la sortie de l'urgence, sur l'accompagnement pour sortir de l'exclusion.
Q- Vous dites qu'il y a des places qui existent, mais que beaucoup d'entre elles ne sont pas occupées. Comment l'expliquez-vous ?
R- Je vais vous raconter une histoire très précise : j'ai ouvert en hébergement de stabilisation, à Paris, boulevard Ney, 50 places le 9 novembre. Au moment où je vous parle, il y a 20 places qui sont disponibles.
Q- Pourquoi les SDF n'y vont pas ?
R- Parce que certains refusent de s'engager. Le cas du boulevard Ney est très clair, certains disent : "moi, je ne veux pas m'engager dans un programme de réinsertion". Et pourtant, c'est comme ça qu'ils vont s'en sortir. Autre exemple : j'ai, en banlieue parisienne, 50 places de résidence sociale disponibles ; au moment où je vous parle, sept seulement sont occupées, parce qu'on nous explique que 30 minutes de RER de Paris, c'est trop loin ! Moi, je pense à tous les Franciliens qui tous les jours font une heure et demi de transport matin et soir ; eux, ils le font.
Q- Les sans-abri disent aussi qu'il y a un problème de sécurité dans certains de ces centres.
R- On a beaucoup travaillé sur la qualité de la sécurité et dans les hébergements dont je vous parle, c'est-à-dire ces nouveaux hébergements de stabilisation, il n'y a pas de problème de sécurité, on est sur des petites unités, chacun a son espace avec son lit, son armoire, la possibilité de laisser ses affaires de manière sécurisée. Donc, je crois qu'aujourd'hui, ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est un travail très long parce que nous sommes dans l'humain, et que, quelque part, il faut convaincre.
Q- Alors comment faites-vous pour convaincre ? Que faut-il entreprendre ?
R- Nous travaillons avec des associations qui, pendant plusieurs mois, suivent certaines personnes. Et c'est pour l'équipe une victoire à chaque fois que quelqu'un accepte d'aller dans un centre d'hébergement, de commencer un parcours d'insertion. C'est comme cela qu'on fera avancer...
Q- Est-ce qu'il n'y pas des règlements qui sont trop stricts pour les sans abri, dans ces centres d'accueil ?
R- Des règlements... Quand on dit, par exemple, que l'on ne peut pas apporter d'alcool, que les chiens ne sont pas forcément acceptés, cela nécessite un minimum de règles qui sont les règles de vie en commun. Je crois que sortir de l'exclusion, c'est aussi réfléchir aux règles minimums de la vie en commun dans une société.
Q- Je reviens sur l'opération Don Quichotte dont on parlait tout à l'heure : pour vous, c'est une opération médiatique ?
R- Pour moi, c'est une opération politico-médiatique, probablement, à la base, avec un peu de générosité que je ne conteste pas. Par contre, toutes les associations professionnelles le disent : la difficulté c'est qu'on ne règle rien, et c'est en cela que c'est un leurre : on donne une impression de solution qui a aucune solution. On les laisse au bord de l'eau, sans accompagnement. Si on veut qu'ils s'en sortent, il faut avoir des accompagnements massifs.
Q- Sur un sujet qui est proche, les loyers, D. de Villepin s'est engagé à une modération des loyers l'année prochaine. Concrètement, qu'est-ce qui va se passer ?
R- On va signer, pas plus tard qu'en fin de matinée, un accord avec l'Union de la propriété. Le but, c'est effectivement de maîtriser les loyers. En parallèle, le Gouvernement augmente l'APL de 2,8 % au 1er janvier, avec en plus un autre élément qui concerne 120.000 familles en France, le seuil de non versement de l'aide au logement qui était à 24 euros est baissé à 15. Autant de familles qui, tous les mois, recevront une aide, parce que c'est aussi cela l'accompagnement pour le logement, c'est que chacun puisse aller vers un
toit.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 décembre 2006
2 ?
R- Oui, tout à fait. D'ailleurs, j'ai demandé à ce que toute l'Ile-de-France soit classée en niveau 2, à partir d'aujourd'hui. Aujourd'hui, on en est à une vingtaine de départements ; une vingtaine de département en niveau 2, cela veut dire une vingtaine de départements dans lesquels on a ouvert plus de places d'hébergement et dans lesquels on a ce que l'on appelle des "maraudes", c'est-à-dire du suivi dans les rues auprès des personnes qui sont sans abri, pour les accompagner, pour discuter avec elles et pour les convaincre de se mettre à l'abri.
Q- Aujourd'hui, combien de places de cet ordre-là sont-elles ouvertes en France ?
R- Aujourd'hui, on a, en France, au total, 100.000 places qui sont ouvertes et avec l'ouverture du plan niveau 2 sur une vingtaine de départements et l'Ile-de-France, cela fait 10.000 places supplémentaires qui fonctionnent.
Q- Cela dit, il y a une polémique et beaucoup d'associations accusent le Gouvernement de ne rien faire, de laisser les gens coucher dehors.
R- Je crois déjà, qu'il faut bien dire que ce n'est pas beaucoup d'associations. Une initiative avait été tentée il y a maintenant quinze jours, l'initiative Don Quichotte, qui a mis en place des tentes dans Paris.
Q- On va voir des images... ce sont des tentes qui ont été installées le long du Canal Saint-Martin pour attirer l'attention du public sur le sort des SDF. Comment réagissez-vous ?
R- Je voudrais d'abord dénoncer cette initiative. La dénoncer, parce que, aujourd'hui, le Gouvernement travaille avec des associations, qu'il s'agisse du Coeur des Halles, qu'il s'agisse d'Emmaüs, qu'il s'agisse du Samu social, des associations qui sont professionnelles de l'urgence, qui, toute l'année, se mobilisent pour apporter des solutions et c'est avec eux que l'on apporte des réponses qui sont des réponses très concrètes. Toutes les nuits, en France, le Gouvernement consacre trois millions d'euros pour financer l'hébergement d'urgence.
Q- Ce que vous nous dites, c'est que l'opération Don Quichotte, ce n'est pas sérieux ?
R- Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, cette opération n'apporte pas de solution durable parce que ce qu'il faut bien expliquer, c'est que quelqu'un qui est à la rue, c'est quelqu'un qui a besoin que l'on regarde sa situation, que l'on fasse un bilan social, un bilan médical et qu'on le tire de la situation d'exclusion dans laquelle il est.
Q- Mais est-ce que ce n'est pas utile d'attirer l'attention du public, de créer un élan de solidarité autour du problème des sans abri ?
R- Aujourd'hui, l'élan de solidarité, il n'a de prolongement que si nous sommes capables d'apporter des solutions durables. C'est ce que j'ai fait en créant, avec les associations qui s'occupent du sujet, ce que l'on appelle l'hébergement de stabilisation. Qu'est-ce que c'est ? C'est des endroits dans lesquels on accueille quelqu'un 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Et cette personne, on lui fait signer un contrat qui est un contrat par lequel elle s'engage, dans un programme de réinsertion, c'est-à-dire qu'on l'aide à sortir des addictions qui sont les siennes, on l'aide à se soigner, on l'aide à chercher une formation, éventuellement un emploi pour remonter, pour sortir de la situation d'exclusion. C'est cela une solution pérenne.
Q- L'autre soir, N. Sarkozy a pris un engagement. Il a dit que s'il était élu, plus personne ne sera obligé de dormir dehors. Est-ce que cela ne veut pas dire que justement, aujourd'hui, il y a un vrai problème ?
R- Cela veut dire qu'on va continuer et aller encore plus loin. L'hébergement de stabilisation dont je vous parlais, c'est un concept nouveau, il y a 800 places qui fonctionnent aujourd'hui ; on en aura 11.000 à la fin de l'hiver. Pour l'instant, c'est exclusivement en Ile-de-France ; que demain, on le fasse sur l'ensemble de la France, c'est indispensable. D'autre part, l'autre réponse, c'est qu'on ira plus loin en matière de logement social. Finalement, le problème, quand aujourd'hui vous avez des travailleurs pauvres qui n'arrivent pas à se loger, c'est dû à quoi ? C'est dû à une crise du logement social. On construisait en 2000 39.000 logements sociaux, il en faut 85.000 par an pour répondre aux besoins. On est aujourd'hui à une tendance de 100.000 par an, mais cela, il faut poursuivre l'effort pendant plusieurs années pour apporter de vraies réponses.
Q- Cela dit, vous êtes au pouvoir depuis cinq ans, est-ce que ce n'est pas un effort qu'il fallait engager plus tôt ?
R- Vous savez, en matière d'urgence, quand on regarde ce que l'on a fait, on a créé 30.000 places dans les cinq ans qui viennent de s'écouler, c'est dire qu'on a non seulement répondu en termes quantitatifs sur le nombre de places mais on a également répondu en termes qualitatifs, c'est-à-dire qu'on ne s'est pas contenté d'un nombre de places, on a surtout travaillé sur la sortie de l'urgence, sur l'accompagnement pour sortir de l'exclusion.
Q- Vous dites qu'il y a des places qui existent, mais que beaucoup d'entre elles ne sont pas occupées. Comment l'expliquez-vous ?
R- Je vais vous raconter une histoire très précise : j'ai ouvert en hébergement de stabilisation, à Paris, boulevard Ney, 50 places le 9 novembre. Au moment où je vous parle, il y a 20 places qui sont disponibles.
Q- Pourquoi les SDF n'y vont pas ?
R- Parce que certains refusent de s'engager. Le cas du boulevard Ney est très clair, certains disent : "moi, je ne veux pas m'engager dans un programme de réinsertion". Et pourtant, c'est comme ça qu'ils vont s'en sortir. Autre exemple : j'ai, en banlieue parisienne, 50 places de résidence sociale disponibles ; au moment où je vous parle, sept seulement sont occupées, parce qu'on nous explique que 30 minutes de RER de Paris, c'est trop loin ! Moi, je pense à tous les Franciliens qui tous les jours font une heure et demi de transport matin et soir ; eux, ils le font.
Q- Les sans-abri disent aussi qu'il y a un problème de sécurité dans certains de ces centres.
R- On a beaucoup travaillé sur la qualité de la sécurité et dans les hébergements dont je vous parle, c'est-à-dire ces nouveaux hébergements de stabilisation, il n'y a pas de problème de sécurité, on est sur des petites unités, chacun a son espace avec son lit, son armoire, la possibilité de laisser ses affaires de manière sécurisée. Donc, je crois qu'aujourd'hui, ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est un travail très long parce que nous sommes dans l'humain, et que, quelque part, il faut convaincre.
Q- Alors comment faites-vous pour convaincre ? Que faut-il entreprendre ?
R- Nous travaillons avec des associations qui, pendant plusieurs mois, suivent certaines personnes. Et c'est pour l'équipe une victoire à chaque fois que quelqu'un accepte d'aller dans un centre d'hébergement, de commencer un parcours d'insertion. C'est comme cela qu'on fera avancer...
Q- Est-ce qu'il n'y pas des règlements qui sont trop stricts pour les sans abri, dans ces centres d'accueil ?
R- Des règlements... Quand on dit, par exemple, que l'on ne peut pas apporter d'alcool, que les chiens ne sont pas forcément acceptés, cela nécessite un minimum de règles qui sont les règles de vie en commun. Je crois que sortir de l'exclusion, c'est aussi réfléchir aux règles minimums de la vie en commun dans une société.
Q- Je reviens sur l'opération Don Quichotte dont on parlait tout à l'heure : pour vous, c'est une opération médiatique ?
R- Pour moi, c'est une opération politico-médiatique, probablement, à la base, avec un peu de générosité que je ne conteste pas. Par contre, toutes les associations professionnelles le disent : la difficulté c'est qu'on ne règle rien, et c'est en cela que c'est un leurre : on donne une impression de solution qui a aucune solution. On les laisse au bord de l'eau, sans accompagnement. Si on veut qu'ils s'en sortent, il faut avoir des accompagnements massifs.
Q- Sur un sujet qui est proche, les loyers, D. de Villepin s'est engagé à une modération des loyers l'année prochaine. Concrètement, qu'est-ce qui va se passer ?
R- On va signer, pas plus tard qu'en fin de matinée, un accord avec l'Union de la propriété. Le but, c'est effectivement de maîtriser les loyers. En parallèle, le Gouvernement augmente l'APL de 2,8 % au 1er janvier, avec en plus un autre élément qui concerne 120.000 familles en France, le seuil de non versement de l'aide au logement qui était à 24 euros est baissé à 15. Autant de familles qui, tous les mois, recevront une aide, parce que c'est aussi cela l'accompagnement pour le logement, c'est que chacun puisse aller vers un
toit.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 20 décembre 2006