Texte intégral
SPÉCIALE 2007- Après de nombreuses relances, le candidat et président de l'UDF a enfin accepté de nous recevoir au siège parisien de son parti. Visiblement fâché par la persévérance dont nous avons fait preuve pour le rencontrer (qu'il a qualifiée de "harcèlement"), M. Bayrou s'est montré peu cordial voire expéditif au début de l'entretien, puis s'est détendu au fur et à mesure.
Actuchomage : Vous avez été ministre. Vous êtes député et Président d'une importante formation politique. Pourtant, à vous entendre, vous semblez découvrir les dérives d'un système comme si vous veniez d'y entrer. Les choses se sont-elles dégradées à ce point ces dernières années ?
François Bayrou : Est-ce que je peux savoir d'abord qui vous êtes ? (Nous nous présentons... Puis il reprend - ndlr). Pour répondre à la question : heureusement qu'on a de l'expérience ! Si on n'a pas d'expérience, on est sans éléments et sans moyens de comprendre ce qu'il se passe. Je pense que les institutions et la démocratie françaises ne fonctionnent pas comme elles devraient fonctionner. Je pense qu'elles sont bloquées, et que ces dérives se sont aggravées ces dernières années par la concentration entre les mains de deux partis, principaux et dominants, de tous les pouvoirs en France avec un parlement qui est méprisé par l'exécutif, qui ne représente pas vraiment les Français. Il me semble que cela mérite d'être changé.
Actuchomage : Vous êtes en croisade contre les grands médias - on vous a vu notamment ruer dans les brancards face à Claire Chazal sur TF1 -, en tant que citoyens nous avons tout de même le sentiment de vous voir et de vous entendre assez souvent...
François Bayrou : Heureusement qu'on m'entend, puisqu'il faut bien qu'il y ait en France des gens qui aient la capacité de défendre des principes républicains. Ce que j'ai dit à l'égard des médias est simple et se résume en deux chapitres : 1) Leur présentation des choses s'appuie uniquement sur le bipartisme UMP-PS et quand ils traitent d'un sujet, ils considèrent qu'il n'y a que deux lectures, UMP et PS, tous les deux étant coresponsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et tous les deux satisfaits de la manière dont les choses se passent puisqu'ils ont le pouvoir forcément une fois sur deux. 2) Je suis contre le fait que des groupes médiatiques puissent avoir des liens avec des groupes industriels qui dépendent des commandes de l'État. Je trouve que ce mélange des genres n'est pas sain et qu'il faut donc le clarifier pour avoir une démocratie dans laquelle personne ne peut faire pression sur l'État.
Actuchomage : Pourtant, il nous semble que Mme Laguiller et M. Le Pen, par exemple, sont bien moins présents que vous dans les médias...
François Bayrou : Oui mais nous, nous avons des groupes parlementaires dans toutes les assemblées (nationale, Sénat, parlement européen), nous avons fait 12% aux dernières élections régionales et européennes, et pour le principe nous n'acceptons pas que l'on présente la situation politique française comme s'il n'y avait que deux propositions politiques. Donc nous sommes défenseurs du pluralisme, pas seulement pour nous mais pour les autres aussi.
Actuchomage : Justement, l'UMP dispose d'une majorité absolue à Assemblée nationale et peut voter des lois sans le soutien politique de l'UDF. Il s'avère que si l'on fait le compte des abstentionnistes et des partis non représentés à l'Assemblée nationale, plus de 50%, voire 60% des inscrits n'y sont pas représentés. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
François Bayrou : C'est la raison pour laquelle j'ai longuement mis en cause cette anomalie dans un livre qui s'appelle Au nom du tiers état, sorti il y a deux mois, et c'est la raison pour laquelle je suis pour un changement de la loi électorale, qui fasse que tous les courants qui dépassent 5% soient représentés à l'Assemblée nationale.
Actuchomage : Nous nous sommes rendus plusieurs fois à des réunions de la C6R (Convention pour une VIe République créée par Arnaud Montebourg) où nous avons parfois croisé des adhérents de l'UDF...
François Bayrou : Moi, je suis pour une VIe République. Si je suis élu, je proposerai de changer la Constitution sur quatre points principaux :
1- le Président de la République doit assumer la responsabilité de définir et conduire la politique de la Nation,
2- le Parlement ne doit plus avoir le droit de passer en force : je suis pour la suppression de l'article 49.3 et des ordonnances,
3- je suis pour le changement de la loi électorale,
4- et je suis pour que les corps de contrôle soient désignés non plus par le Président de la République mais par un vote des assemblées obligeant à une entente entre tous les grands courants politiques du pays.
Actuchomage : Concrètement, on observe qu'à peine 13% des députés sont des femmes, qu'aucun n'est originaire de l'immigration récente, et que 2,6% d'entre eux ont moins de quarante ans...
François Bayrou : Seule la proportionnelle peut corriger cela. Je suis pour un scrutin de type allemand, dans lequel 50% des sièges sont réservés à la représentation du territoire comme aujourd'hui, et 50% à la proportionnelle.
Actuchomage : Vous annoncez que, si vous êtes élu à l'élection présidentielle de 2007, vous serez un "homme de rassemblement" et que vous pourriez solliciter des compétences à votre gauche et à votre droite. Qui seraient ces "compétences" ?
François Bayrou : C'est juste. Le 6 mai, quand je serai élu, vous le verrez. Je ne peux pas donner des noms de membres du gouvernement avant d'être Président de la République, c'est complètement ridicule... (Nous insistons - ndlr)
Vous avez vu cette semaine que M. Peyrelevade, par exemple, qui est un homme très important du monde économique, issu de la gauche et qui a redressé le Crédit Lyonnais, a décidé de me rejoindre. Mais on n'est pas isolé quand on a 70 parlementaires, beaucoup de gens de très grande expérience politique, et les Français avec soi. Je chercherai à représenter au gouvernement des gens compétents, d'accord sur l'essentiel, et qui viendront en effet de camps différents. Parce que la France est dans un tel état de dégradation et de décomposition aujourd'hui qu'il y a absolument besoin d'une démarche politique nouvelle. Si on reste dans "un coup au PS, un coup à l'UMP" on aura le résultat qu'on a aujourd'hui, c'est-à-dire qu'aucuns dossiers, aucuns drames du pays ne trouveront de réponse.
Actuchomage : Les Guignols de l'Info vous représentent comme un homme en quête de reconnaissance qui manque de charisme...
François Bayrou : Il paraît que ça change. Vous regarderez.
Actuchomage : Quels sont les thèmes majeurs de votre campagne à venir, ceux qui vont vous différencier de vos rivaux ?
François Bayrou : La différence principale, c'est l'approche politique. Car vous observerez que tous les autres candidats emploient les mêmes mots sur tous les sujets : on a l'impression d'avoir entendu cent fois les mêmes choses... (Son téléphone portable sonne : M. Bayrou répond puis s'éclipse de son bureau, nous laissant seuls plusieurs longues minutes. La question passe à la trappe quand il revient... - ndlr)
Actuchomage : Le gouvernement a fait de l'emploi sa grande "bataille" et annonce fièrement que le chômage pourrait être ramené à 8% en juin 2007. Pensez-vous que cette baisse est réelle ?
François Bayrou : La baisse du chômage est principalement due à la démographie, au fait que des classes plus nombreuses partent à la retraite. C'est une baisse du chômage statistique car, comme vous le savez, nous avions 2,360 millions de chômeurs en 2002 et nous en avons 2,4 millions aujourd'hui, mais les RMIstes sont passés de 1 à 1,3 million et ils ne sont pas tous comptés dans les statistiques du chômage (Nous lui confirmons que seulement 37% d'entre eux pointent à l'ANPE- ndlr). Ceci est une faiblesse. Je considère qu'il y a à peu près 4 millions de personnes sur le bord de la route, en incluant les minima sociaux divers et variés (Nous lui rappelons également que 411.000 "seniors" sont dispensés de recherche d'emploi et ne sont pas comptabilisés dans les chiffres - ndlr). Cette situation n'a pas changé pour ainsi dire depuis 2002, malgré les cycles de la croissance qui est soit molle soit en panne. Donc, pour moi, il n'y a pas de véritable baisse du chômage.
Actuchomage : Quelles sont vos propositions pour faire baisser le chômage : revenir sur les 35 heures, baisser les charges ? Divergent-elles de celles du gouvernement ou abondent-elles dans le sens de la Cour des comptes ?
François Bayrou : À chacun son analyse. La question des charges est très importante : faire peser la totalité des charges sociales sur l'emploi - 80% d'entre elles reposent uniquement dessus - pour financer la solidarité et la santé est une manière de faire fuir le travail, c'est une vérité d'évidence. Ce qui ne va pas dans la baisse des charges sociales, c'est qu'elles sont saupoudrées et concentrées sur les bas salaires. Cela fait des trappes à Smic, et le nombre de smicards dans la société française augmente. Ma vision est différente. Je pense que sur le long terme il faut une réflexion sur les charges sociales, mais cela prendra des années.
Je veux faire un geste significatif pour qu'on vérifie si oui ou non, comme je le crois, il y a des centaines de milliers - peut-être faut-il parler de millions - d'emplois gelés dont les entreprises auraient besoin et qui ne peuvent pas être créés. C'est pourquoi je propose que chaque entreprise créée deux emplois nouveaux, sans charges (enfin pas complètement, car il faut garder un minimum de 10% pour les retraites et les accidents du travail), quelle que soit l'entreprise et quel que soit le poste. Ces emplois devront être nouveaux, en CDI, et auront une durée de 5 ans, sans autre exigence. Car si l'on concentre les exonérations de charges uniquement sur les postes à basse qualification, on ne libère pas cette puissance de capacité d'emploi. C'est pourquoi cette mesure s'appliquera quel que soit le type d'emploi (spécialiste en marketing, ingénieur conseil, diplômé fortement qualifié...) et quel que soit le type d'entreprise (pour celles du CAC40, ce n'est pas grand-chose mais pour le petit artisan, c'est beaucoup). Cette mesure est explicable en trente secondes à la télévision avec une seule phrase : "Vous avez le droit de créer 2 emplois nouveaux sans charges pour 5 ans".
Actuchomage : Comment les financerez-vous, puisqu'il y aura encore un manque à gagner de cotisations sociales ?
François Bayrou : Ces emplois, qui seront en plus, ne génèreront peut-être pas de cotisations sociales supplémentaires mais allègeront le coût actuel du chômage pour le pays : on n'a pas besoin de les financer car on y gagne.
Actuchomage : Alors, pourquoi personne n'a encore mis en place une mesure aussi séduisante ?
François Bayrou : Parce que les idées simples sont difficiles à avoir : la bureaucratie et la technocratie produisent essentiellement des idées compliquées. Cette mesure compréhensible par tous est un des fers de lance de ma politique. Elle est un ballon d'oxygène pour l'emploi, et une espérance immédiate pour des tas de gens qui, depuis des années, souvent parce qu'ils sont "seniors" (un mot horrible), s'entendent dire qu'ils sont trop âgés et que s'ils entrent dans l'emploi ils vont coûter trop cher. C'est donc une mesure réaliste et concrète qui, je le pense, peut créer un million d'emplois, mais je ne m'avance pas plus...
Actuchomage : Et vous en avez d'autres, des mesures de cet acabit, pour enrayer la pauvreté galopante et sortir les gens de la précarité ?
François Bayrou : J'ai une politique de lutte contre l'exclusion. Je pense que le RMI doit être accompagné d'une proposition d'activité indemnisée pour améliorer les fins de mois et pour que ces personnes sortent de la honte, de l'enfermement et du décrochage par rapport au travail. Je veux qu'ils retrouvent un sentiment, une certitude d'utilité sociale. Je souhaite que toutes les associations et collectivités locales puissent proposer des activités à des RMIstes avec des enveloppes d'indemnisation qui leur permettront de vivre mieux.
Actuchomage : ... C'est le principe des contrats d'avenir ou du RMA, non ? Ça rejoint un peu les propositions de Martin Hirsch (le président d'Emmaüs) sur le cumul des minima sociaux avec un salaire...
François Bayrou : Vous savez, il paraît qu'il y a moins de RMA qui ont été signés que de parlementaires qui l'ont voté... Même si la proposition de M. Hirsch m'intéresse, elle se heurte à une difficulté : des experts disent qu'elle est extrêmement chère et vu l'état des finances du pays, je la comprends, je l'examine, mais je ne m'avance pas pour l'instant. C'est en cours d'expertise. Moi, je ne parle pas d'emplois mais d'activités dans les associations ou dans les collectivités locales, car il ne faut pas confondre avec l'emploi marchand où l'on obtient un effet d'aubaine aussi important que dangereux.
Actuchomage : Et que comptez-vous faire pour redonner aux chômeurs la formation dont ils ont envie pour exercer le travail de leur choix, et pas seulement la formation dont ils auraient besoin pour réconcilier l'offre et la demande ?
François Bayrou : Aujourd'hui, quand vous êtes licencié, vous perdez votre droit à la formation. Quand on est licencié, il faut garder son droit à la formation capitalisé durant les périodes de travail. Ce droit doit être un acquis utilisable aussi bien lorsqu'on travaille que quand on est au chômage.
Actuchomage : Est-ce que vous croyez au retour du plein emploi ?
François Bayrou : Oui. Je pense qu'on peut y revenir. Mais la question qui se posera assez vite, c'est le nombre des emplois en France. Car avec l'augmentation de la durée de la vie, l'amélioration des traitements médicaux et leur coût croissant, l'augmentation du nombre des retraités, tout cela fait peser sur les épaules des Français qui travaillent des charges de plus en plus lourdes. Cette question de l'équilibre entre ceux qui travaillent et ceux qui sont à la charge du travail est une question de long terme dans la société française. Je crois au retour du plein emploi, et je pense qu'il faut réfléchir à cet équilibre entre qui supporte les charges et qui ne travaille pas.
Actuchomage : Et la TVA sociale, où en est-elle ?
François Bayrou : C'est une idée qui envisage que les charges sociales ne reposent plus uniquement sur l'emploi, et que les produits importés prennent part à la protection sociale française. Beaucoup travaillent sur cette piste, notamment Jean Arthuis, ancien ministre des finances, qui est notre président de la Commission des finances du Sénat. Mais il y a une question qui n'est pas tranchée, à savoir quelle proportion de charges du travail on transfère sur la TVA, car celle-ci n'est pas extensible : on ne peut pas la monter à 40%. Pour ses défenseurs, il ne faut pas qu'elle augmente le prix des produits fabriqués en France : le but est même de les faire baisser, et qu'elle augmente celui des produits qui viennent d'ailleurs. C'est donc une mesure extrêmement compliquée à concevoir et à mettre en oeuvre.
Si j'ai un pari à faire pour l'avenir, bien sûr on va aller vers une nouvelle répartition des charges entre le travail et d'autres éléments de l'économie (la consommation, les revenus financiers...). J'ai proposé une taxe Tobin sociale, et j'étais tout seul à le faire. J'ai proposé qu'il y ait un prélèvement extrêmement léger, mais sur chaque mouvement financier dans notre pays : je dois à la vérité de dire que ce serait une idée plus intéressante si elle était européenne, car les mesures uniquement nationales n'évitent pas les évasions, non seulement fiscales comme on l'a vu ces jours-ci (petite référence à Johnny Hallyday - ndlr) mais également d'activités économiques. En tout cas, la réflexion sur quels éléments on prélève les dépenses de la solidarité est très importante pour moi.
Actuchomage : Etes-vous d'accord avec la proposition d'un contrat de travail unique ?
François Bayrou : Je pense que 27 contrats de travail, c'est trop, et que le CDI devrait être la norme. Et je pense que dans ce CDI il faudrait qu'il y ait une certaine progressivité, car ce n'est pas la même chose d'avoir un CDI depuis 3 ou 6 mois que d'être en CDI depuis 5 ans. Ça devrait ouvrir des droits différents, ce qui est le cas dans la réalité de la jurisprudence. Il faudrait se mettre d'accord pour fixer les droits que ça ouvre.
Je fais deux observations tout de même : je ne suis pas pour que toutes les chaussures aient la même pointure. Le fait d'avoir une pointure unique pour tous les pieds n'est pas une bonne chose. C'est pourquoi, pour moi, les grandes lignes du contrat de travail doivent être fixées par la Loi mais seulement les grandes lignes; ensuite, ça doit relever des branches. Par exemple pour l'élevage, ce n'est pas comme pour la plasturgie : les vaches mangent tous les jours et par tous les temps, alors que dans la plasturgie on peut arrêter les machines. Des grandes lignes, et ensuite une réflexion par branche. Deuxième point, et j'en parlais l'autre jour avec de grands responsables syndicaux qui le font valoir, et ils n'ont pas tort : il ne faut pas non plus que ça concentre la précarité sur les gens qui viennent d'entrer dans le contrat unique. Donc il y a une réflexion à conduire sur ce sujet. Mais autrement, pour simplifier, il devrait y avoir deux types de contrats : le contrat à durée déterminée quand on sait qu'on a besoin d'un collaborateur pour un temps donné, et le contrat à durée indéterminée duquel on devrait pouvoir sortir, à droits progressifs, mais qui devrait être le contrat normal du travail en France.
Actuchomage : Quelle est votre approche du problème de l'immigration clandestine, qui englobe le travail au noir, le chômage, et sera au coeur de la campagne électorale, notamment avec Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ?
François Bayrou : Si, bien entendu, il faut des contrôles et une régulation qui soit, d'ailleurs, appliquée à échelle européenne, le fond de l'affaire, c'est que tant qu'on aura à quelques centaines de kilomètres de distance les vingt pays les plus pauvres de la planète à proximité des dix pays les plus riches, il y aura toujours ces mouvements de populations. Il n'y a donc qu'une seule solution : garantir aux Africains, puisque c'est de l'Afrique qu'il s'agit essentiellement, qu'ils pourront se développer, vivre et travailler, nourrir et équiper leur propre pays. De la même façon qu'après la guerre nous avons eu le Plan Marshall et le Marché commun, on a mis des protections pour que les Européens équipent et nourrissent l'Europe avec une politique agricole commune. Vous comprenez, on assassine l'Afrique : on leur envoie des produits qui sont tellement en dessous des prix de revient de l'agriculture africaine qu'on les arrache à leurs villages, on les envoie dans des bidonvilles, ils perdent tout repère culturel et partent de chez eux pour ne pas mourir. C'est une catastrophe humaine absolument effroyable. Je suis pour que le marché africain soit protégé et réservé en priorité aux produits agricoles et industriels conçus et fabriqués en Afrique. Ce n'est pas un voeu pieux, c'est une ligne politique. Et au sujet de la régularisation des sans-papiers, je suis pour l'examen au cas par cas avec certains critères, en particulier la possession de la langue, mais j'estime qu'on ne peut pas faire de régularisations massives car elles créent un appel d'air.
Actuchomage : Vous pensez être au second tour ?
François Bayrou : Oui.Source http://www.udf.org, le 19 décembre 2006
Actuchomage : Vous avez été ministre. Vous êtes député et Président d'une importante formation politique. Pourtant, à vous entendre, vous semblez découvrir les dérives d'un système comme si vous veniez d'y entrer. Les choses se sont-elles dégradées à ce point ces dernières années ?
François Bayrou : Est-ce que je peux savoir d'abord qui vous êtes ? (Nous nous présentons... Puis il reprend - ndlr). Pour répondre à la question : heureusement qu'on a de l'expérience ! Si on n'a pas d'expérience, on est sans éléments et sans moyens de comprendre ce qu'il se passe. Je pense que les institutions et la démocratie françaises ne fonctionnent pas comme elles devraient fonctionner. Je pense qu'elles sont bloquées, et que ces dérives se sont aggravées ces dernières années par la concentration entre les mains de deux partis, principaux et dominants, de tous les pouvoirs en France avec un parlement qui est méprisé par l'exécutif, qui ne représente pas vraiment les Français. Il me semble que cela mérite d'être changé.
Actuchomage : Vous êtes en croisade contre les grands médias - on vous a vu notamment ruer dans les brancards face à Claire Chazal sur TF1 -, en tant que citoyens nous avons tout de même le sentiment de vous voir et de vous entendre assez souvent...
François Bayrou : Heureusement qu'on m'entend, puisqu'il faut bien qu'il y ait en France des gens qui aient la capacité de défendre des principes républicains. Ce que j'ai dit à l'égard des médias est simple et se résume en deux chapitres : 1) Leur présentation des choses s'appuie uniquement sur le bipartisme UMP-PS et quand ils traitent d'un sujet, ils considèrent qu'il n'y a que deux lectures, UMP et PS, tous les deux étant coresponsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et tous les deux satisfaits de la manière dont les choses se passent puisqu'ils ont le pouvoir forcément une fois sur deux. 2) Je suis contre le fait que des groupes médiatiques puissent avoir des liens avec des groupes industriels qui dépendent des commandes de l'État. Je trouve que ce mélange des genres n'est pas sain et qu'il faut donc le clarifier pour avoir une démocratie dans laquelle personne ne peut faire pression sur l'État.
Actuchomage : Pourtant, il nous semble que Mme Laguiller et M. Le Pen, par exemple, sont bien moins présents que vous dans les médias...
François Bayrou : Oui mais nous, nous avons des groupes parlementaires dans toutes les assemblées (nationale, Sénat, parlement européen), nous avons fait 12% aux dernières élections régionales et européennes, et pour le principe nous n'acceptons pas que l'on présente la situation politique française comme s'il n'y avait que deux propositions politiques. Donc nous sommes défenseurs du pluralisme, pas seulement pour nous mais pour les autres aussi.
Actuchomage : Justement, l'UMP dispose d'une majorité absolue à Assemblée nationale et peut voter des lois sans le soutien politique de l'UDF. Il s'avère que si l'on fait le compte des abstentionnistes et des partis non représentés à l'Assemblée nationale, plus de 50%, voire 60% des inscrits n'y sont pas représentés. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
François Bayrou : C'est la raison pour laquelle j'ai longuement mis en cause cette anomalie dans un livre qui s'appelle Au nom du tiers état, sorti il y a deux mois, et c'est la raison pour laquelle je suis pour un changement de la loi électorale, qui fasse que tous les courants qui dépassent 5% soient représentés à l'Assemblée nationale.
Actuchomage : Nous nous sommes rendus plusieurs fois à des réunions de la C6R (Convention pour une VIe République créée par Arnaud Montebourg) où nous avons parfois croisé des adhérents de l'UDF...
François Bayrou : Moi, je suis pour une VIe République. Si je suis élu, je proposerai de changer la Constitution sur quatre points principaux :
1- le Président de la République doit assumer la responsabilité de définir et conduire la politique de la Nation,
2- le Parlement ne doit plus avoir le droit de passer en force : je suis pour la suppression de l'article 49.3 et des ordonnances,
3- je suis pour le changement de la loi électorale,
4- et je suis pour que les corps de contrôle soient désignés non plus par le Président de la République mais par un vote des assemblées obligeant à une entente entre tous les grands courants politiques du pays.
Actuchomage : Concrètement, on observe qu'à peine 13% des députés sont des femmes, qu'aucun n'est originaire de l'immigration récente, et que 2,6% d'entre eux ont moins de quarante ans...
François Bayrou : Seule la proportionnelle peut corriger cela. Je suis pour un scrutin de type allemand, dans lequel 50% des sièges sont réservés à la représentation du territoire comme aujourd'hui, et 50% à la proportionnelle.
Actuchomage : Vous annoncez que, si vous êtes élu à l'élection présidentielle de 2007, vous serez un "homme de rassemblement" et que vous pourriez solliciter des compétences à votre gauche et à votre droite. Qui seraient ces "compétences" ?
François Bayrou : C'est juste. Le 6 mai, quand je serai élu, vous le verrez. Je ne peux pas donner des noms de membres du gouvernement avant d'être Président de la République, c'est complètement ridicule... (Nous insistons - ndlr)
Vous avez vu cette semaine que M. Peyrelevade, par exemple, qui est un homme très important du monde économique, issu de la gauche et qui a redressé le Crédit Lyonnais, a décidé de me rejoindre. Mais on n'est pas isolé quand on a 70 parlementaires, beaucoup de gens de très grande expérience politique, et les Français avec soi. Je chercherai à représenter au gouvernement des gens compétents, d'accord sur l'essentiel, et qui viendront en effet de camps différents. Parce que la France est dans un tel état de dégradation et de décomposition aujourd'hui qu'il y a absolument besoin d'une démarche politique nouvelle. Si on reste dans "un coup au PS, un coup à l'UMP" on aura le résultat qu'on a aujourd'hui, c'est-à-dire qu'aucuns dossiers, aucuns drames du pays ne trouveront de réponse.
Actuchomage : Les Guignols de l'Info vous représentent comme un homme en quête de reconnaissance qui manque de charisme...
François Bayrou : Il paraît que ça change. Vous regarderez.
Actuchomage : Quels sont les thèmes majeurs de votre campagne à venir, ceux qui vont vous différencier de vos rivaux ?
François Bayrou : La différence principale, c'est l'approche politique. Car vous observerez que tous les autres candidats emploient les mêmes mots sur tous les sujets : on a l'impression d'avoir entendu cent fois les mêmes choses... (Son téléphone portable sonne : M. Bayrou répond puis s'éclipse de son bureau, nous laissant seuls plusieurs longues minutes. La question passe à la trappe quand il revient... - ndlr)
Actuchomage : Le gouvernement a fait de l'emploi sa grande "bataille" et annonce fièrement que le chômage pourrait être ramené à 8% en juin 2007. Pensez-vous que cette baisse est réelle ?
François Bayrou : La baisse du chômage est principalement due à la démographie, au fait que des classes plus nombreuses partent à la retraite. C'est une baisse du chômage statistique car, comme vous le savez, nous avions 2,360 millions de chômeurs en 2002 et nous en avons 2,4 millions aujourd'hui, mais les RMIstes sont passés de 1 à 1,3 million et ils ne sont pas tous comptés dans les statistiques du chômage (Nous lui confirmons que seulement 37% d'entre eux pointent à l'ANPE- ndlr). Ceci est une faiblesse. Je considère qu'il y a à peu près 4 millions de personnes sur le bord de la route, en incluant les minima sociaux divers et variés (Nous lui rappelons également que 411.000 "seniors" sont dispensés de recherche d'emploi et ne sont pas comptabilisés dans les chiffres - ndlr). Cette situation n'a pas changé pour ainsi dire depuis 2002, malgré les cycles de la croissance qui est soit molle soit en panne. Donc, pour moi, il n'y a pas de véritable baisse du chômage.
Actuchomage : Quelles sont vos propositions pour faire baisser le chômage : revenir sur les 35 heures, baisser les charges ? Divergent-elles de celles du gouvernement ou abondent-elles dans le sens de la Cour des comptes ?
François Bayrou : À chacun son analyse. La question des charges est très importante : faire peser la totalité des charges sociales sur l'emploi - 80% d'entre elles reposent uniquement dessus - pour financer la solidarité et la santé est une manière de faire fuir le travail, c'est une vérité d'évidence. Ce qui ne va pas dans la baisse des charges sociales, c'est qu'elles sont saupoudrées et concentrées sur les bas salaires. Cela fait des trappes à Smic, et le nombre de smicards dans la société française augmente. Ma vision est différente. Je pense que sur le long terme il faut une réflexion sur les charges sociales, mais cela prendra des années.
Je veux faire un geste significatif pour qu'on vérifie si oui ou non, comme je le crois, il y a des centaines de milliers - peut-être faut-il parler de millions - d'emplois gelés dont les entreprises auraient besoin et qui ne peuvent pas être créés. C'est pourquoi je propose que chaque entreprise créée deux emplois nouveaux, sans charges (enfin pas complètement, car il faut garder un minimum de 10% pour les retraites et les accidents du travail), quelle que soit l'entreprise et quel que soit le poste. Ces emplois devront être nouveaux, en CDI, et auront une durée de 5 ans, sans autre exigence. Car si l'on concentre les exonérations de charges uniquement sur les postes à basse qualification, on ne libère pas cette puissance de capacité d'emploi. C'est pourquoi cette mesure s'appliquera quel que soit le type d'emploi (spécialiste en marketing, ingénieur conseil, diplômé fortement qualifié...) et quel que soit le type d'entreprise (pour celles du CAC40, ce n'est pas grand-chose mais pour le petit artisan, c'est beaucoup). Cette mesure est explicable en trente secondes à la télévision avec une seule phrase : "Vous avez le droit de créer 2 emplois nouveaux sans charges pour 5 ans".
Actuchomage : Comment les financerez-vous, puisqu'il y aura encore un manque à gagner de cotisations sociales ?
François Bayrou : Ces emplois, qui seront en plus, ne génèreront peut-être pas de cotisations sociales supplémentaires mais allègeront le coût actuel du chômage pour le pays : on n'a pas besoin de les financer car on y gagne.
Actuchomage : Alors, pourquoi personne n'a encore mis en place une mesure aussi séduisante ?
François Bayrou : Parce que les idées simples sont difficiles à avoir : la bureaucratie et la technocratie produisent essentiellement des idées compliquées. Cette mesure compréhensible par tous est un des fers de lance de ma politique. Elle est un ballon d'oxygène pour l'emploi, et une espérance immédiate pour des tas de gens qui, depuis des années, souvent parce qu'ils sont "seniors" (un mot horrible), s'entendent dire qu'ils sont trop âgés et que s'ils entrent dans l'emploi ils vont coûter trop cher. C'est donc une mesure réaliste et concrète qui, je le pense, peut créer un million d'emplois, mais je ne m'avance pas plus...
Actuchomage : Et vous en avez d'autres, des mesures de cet acabit, pour enrayer la pauvreté galopante et sortir les gens de la précarité ?
François Bayrou : J'ai une politique de lutte contre l'exclusion. Je pense que le RMI doit être accompagné d'une proposition d'activité indemnisée pour améliorer les fins de mois et pour que ces personnes sortent de la honte, de l'enfermement et du décrochage par rapport au travail. Je veux qu'ils retrouvent un sentiment, une certitude d'utilité sociale. Je souhaite que toutes les associations et collectivités locales puissent proposer des activités à des RMIstes avec des enveloppes d'indemnisation qui leur permettront de vivre mieux.
Actuchomage : ... C'est le principe des contrats d'avenir ou du RMA, non ? Ça rejoint un peu les propositions de Martin Hirsch (le président d'Emmaüs) sur le cumul des minima sociaux avec un salaire...
François Bayrou : Vous savez, il paraît qu'il y a moins de RMA qui ont été signés que de parlementaires qui l'ont voté... Même si la proposition de M. Hirsch m'intéresse, elle se heurte à une difficulté : des experts disent qu'elle est extrêmement chère et vu l'état des finances du pays, je la comprends, je l'examine, mais je ne m'avance pas pour l'instant. C'est en cours d'expertise. Moi, je ne parle pas d'emplois mais d'activités dans les associations ou dans les collectivités locales, car il ne faut pas confondre avec l'emploi marchand où l'on obtient un effet d'aubaine aussi important que dangereux.
Actuchomage : Et que comptez-vous faire pour redonner aux chômeurs la formation dont ils ont envie pour exercer le travail de leur choix, et pas seulement la formation dont ils auraient besoin pour réconcilier l'offre et la demande ?
François Bayrou : Aujourd'hui, quand vous êtes licencié, vous perdez votre droit à la formation. Quand on est licencié, il faut garder son droit à la formation capitalisé durant les périodes de travail. Ce droit doit être un acquis utilisable aussi bien lorsqu'on travaille que quand on est au chômage.
Actuchomage : Est-ce que vous croyez au retour du plein emploi ?
François Bayrou : Oui. Je pense qu'on peut y revenir. Mais la question qui se posera assez vite, c'est le nombre des emplois en France. Car avec l'augmentation de la durée de la vie, l'amélioration des traitements médicaux et leur coût croissant, l'augmentation du nombre des retraités, tout cela fait peser sur les épaules des Français qui travaillent des charges de plus en plus lourdes. Cette question de l'équilibre entre ceux qui travaillent et ceux qui sont à la charge du travail est une question de long terme dans la société française. Je crois au retour du plein emploi, et je pense qu'il faut réfléchir à cet équilibre entre qui supporte les charges et qui ne travaille pas.
Actuchomage : Et la TVA sociale, où en est-elle ?
François Bayrou : C'est une idée qui envisage que les charges sociales ne reposent plus uniquement sur l'emploi, et que les produits importés prennent part à la protection sociale française. Beaucoup travaillent sur cette piste, notamment Jean Arthuis, ancien ministre des finances, qui est notre président de la Commission des finances du Sénat. Mais il y a une question qui n'est pas tranchée, à savoir quelle proportion de charges du travail on transfère sur la TVA, car celle-ci n'est pas extensible : on ne peut pas la monter à 40%. Pour ses défenseurs, il ne faut pas qu'elle augmente le prix des produits fabriqués en France : le but est même de les faire baisser, et qu'elle augmente celui des produits qui viennent d'ailleurs. C'est donc une mesure extrêmement compliquée à concevoir et à mettre en oeuvre.
Si j'ai un pari à faire pour l'avenir, bien sûr on va aller vers une nouvelle répartition des charges entre le travail et d'autres éléments de l'économie (la consommation, les revenus financiers...). J'ai proposé une taxe Tobin sociale, et j'étais tout seul à le faire. J'ai proposé qu'il y ait un prélèvement extrêmement léger, mais sur chaque mouvement financier dans notre pays : je dois à la vérité de dire que ce serait une idée plus intéressante si elle était européenne, car les mesures uniquement nationales n'évitent pas les évasions, non seulement fiscales comme on l'a vu ces jours-ci (petite référence à Johnny Hallyday - ndlr) mais également d'activités économiques. En tout cas, la réflexion sur quels éléments on prélève les dépenses de la solidarité est très importante pour moi.
Actuchomage : Etes-vous d'accord avec la proposition d'un contrat de travail unique ?
François Bayrou : Je pense que 27 contrats de travail, c'est trop, et que le CDI devrait être la norme. Et je pense que dans ce CDI il faudrait qu'il y ait une certaine progressivité, car ce n'est pas la même chose d'avoir un CDI depuis 3 ou 6 mois que d'être en CDI depuis 5 ans. Ça devrait ouvrir des droits différents, ce qui est le cas dans la réalité de la jurisprudence. Il faudrait se mettre d'accord pour fixer les droits que ça ouvre.
Je fais deux observations tout de même : je ne suis pas pour que toutes les chaussures aient la même pointure. Le fait d'avoir une pointure unique pour tous les pieds n'est pas une bonne chose. C'est pourquoi, pour moi, les grandes lignes du contrat de travail doivent être fixées par la Loi mais seulement les grandes lignes; ensuite, ça doit relever des branches. Par exemple pour l'élevage, ce n'est pas comme pour la plasturgie : les vaches mangent tous les jours et par tous les temps, alors que dans la plasturgie on peut arrêter les machines. Des grandes lignes, et ensuite une réflexion par branche. Deuxième point, et j'en parlais l'autre jour avec de grands responsables syndicaux qui le font valoir, et ils n'ont pas tort : il ne faut pas non plus que ça concentre la précarité sur les gens qui viennent d'entrer dans le contrat unique. Donc il y a une réflexion à conduire sur ce sujet. Mais autrement, pour simplifier, il devrait y avoir deux types de contrats : le contrat à durée déterminée quand on sait qu'on a besoin d'un collaborateur pour un temps donné, et le contrat à durée indéterminée duquel on devrait pouvoir sortir, à droits progressifs, mais qui devrait être le contrat normal du travail en France.
Actuchomage : Quelle est votre approche du problème de l'immigration clandestine, qui englobe le travail au noir, le chômage, et sera au coeur de la campagne électorale, notamment avec Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ?
François Bayrou : Si, bien entendu, il faut des contrôles et une régulation qui soit, d'ailleurs, appliquée à échelle européenne, le fond de l'affaire, c'est que tant qu'on aura à quelques centaines de kilomètres de distance les vingt pays les plus pauvres de la planète à proximité des dix pays les plus riches, il y aura toujours ces mouvements de populations. Il n'y a donc qu'une seule solution : garantir aux Africains, puisque c'est de l'Afrique qu'il s'agit essentiellement, qu'ils pourront se développer, vivre et travailler, nourrir et équiper leur propre pays. De la même façon qu'après la guerre nous avons eu le Plan Marshall et le Marché commun, on a mis des protections pour que les Européens équipent et nourrissent l'Europe avec une politique agricole commune. Vous comprenez, on assassine l'Afrique : on leur envoie des produits qui sont tellement en dessous des prix de revient de l'agriculture africaine qu'on les arrache à leurs villages, on les envoie dans des bidonvilles, ils perdent tout repère culturel et partent de chez eux pour ne pas mourir. C'est une catastrophe humaine absolument effroyable. Je suis pour que le marché africain soit protégé et réservé en priorité aux produits agricoles et industriels conçus et fabriqués en Afrique. Ce n'est pas un voeu pieux, c'est une ligne politique. Et au sujet de la régularisation des sans-papiers, je suis pour l'examen au cas par cas avec certains critères, en particulier la possession de la langue, mais j'estime qu'on ne peut pas faire de régularisations massives car elles créent un appel d'air.
Actuchomage : Vous pensez être au second tour ?
François Bayrou : Oui.Source http://www.udf.org, le 19 décembre 2006