Texte intégral
Messieurs les Présidents, [M. Rajendra PACHAURI et M. Dahe QIN]
Madame la Présidente, [Mme Susan SOLOMON]
Monsieur le Secrétaire Général, [M. Michel JARRAUD]
Messieurs les Directeurs, [M. Patricio BERNAL, M. Alexandre ALUSA]
Monsieur le Secrétaire exécutif [Halldor THORGEISSON]
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi d'ouvrir la dernière journée de la 10ème session du Groupe Intergouvernemental d'Etude du Climat, le GIEC.
Un séminaire gouvernemental réunissant l'ensemble du Gouvernement ne m'a pas permis d'être à vos côtés lundi. Néanmoins, j'accorde une importance primordiale tout comme l'ensemble du Gouvernement, à la réunion du GIEC. C'est la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui comme prévu.
En effet, nous savons tous l'importance de votre travail scientifique, combien il a compté pour instaurer, au plan international, un constat partagé sur la réalité du changement climatique, et ses causes anthropiques.
Aujourd'hui, avec la publication de votre 4ème rapport, vous, les scientifiques nous apportez les nouveaux éléments observés ces dernières années.
Tout ce que les citoyens de la planète peuvent constater de leurs propres yeux, dans leur vie quotidienne, vous allez nous en donner les explications rationnelles et les clés de compréhension.
Vous allez aussi nous dire comment agir.
Cet enjeu du changement climatique est pour moi une priorité écologique fondamentale.
Son impact sur la planète, les risques qu'il fait encourir à l'humanité sont immenses.
Nous, les décideurs, nous ne pourrons pas dire à nos enfants que nous ne savions pas.
Le changement climatique a déjà commencé. Déjà, les scientifiques ont pu mesurer une élévation sensible de la température du globe dans le courant du 20ème siècle.
Si nous ne faisons rien, les experts scientifiques réunis aujourd'hui nous l'ont démontré, la Terre se réchauffera entre 2°C et 6°C dans le prochain siècle.
Les conséquences multiples, sont plus ou moins importantes qu'il s'agisse d'une élévation de 2 ou 6 degrés, mais quoiqu'il arrive elles seraient dramatiques.
La catastrophe de la Nouvelle-Orléans chez nos amis Américains, la fonte des glaciers du Groenland, les cyclones qui se multiplient, sans parler des hivers de plus en plus doux qui impactent déjà la faune et la flore de nos contrées, sont les signes avant-coureurs de ce qui se passera fréquemment dans les prochaines décennies.
J'étais au mois d'août 2005 au Groenland où nous nous sommes réunis avec mes homologues pour constater les dégâts de ce réchauffement.
Nous avons pu nous rendre compte, de nos propres yeux, de la diminution des glaciers et de tout ce que cela entraîne pour les populations locales, mais aussi pour la faune et la flore, les ours en particulier, et je crois que ce sont des images qui doivent entrer dans tous les esprits.
Il nous faudra aussi travailler sur les aides à l'adaptation au changement climatique, car nous voyons déjà les dégâts causés sur le terrain pour les régions littorales concernées par la levée des eaux.
Mais il nous faut également anticiper pour éviter de créer des millions de « réfugiés climatiques ».
Le changement climatique est une question de solidarité internationale.
En effet, nous le savons : une étude publiée par les Nations Unies prévoit que 50 millions de personnes pourraient devenir des « réfugiés climatiques » d'ici 2010. L'ONU a plaidé pour leur reconnaissance juridique, beaucoup d'acteurs du monde associatif réclament une « justice climatique ».
Et je ne peux qu'y souscrire.
La France s'est toujours voulue leader dans la lutte contre le changement climatique.
Le Rendez-vous annuel Climat qui s'est tenu début janvier a été pour nous l'occasion de faire le point et de débattre des éléments essentiels de l'année 2006 et des perspectives à venir concernant la politique climat de la France.
Les émissions 2005 de gaz à effet de serre telles qu'elles ressortent de l'inventaire national et qui ont été communiquées par le CITEPA, montrent que la France est sur la trajectoire du respect de Kyoto.
Elles sont en 2005 à un niveau de 1,8% en dessous des émissions de 1990, et, c'est important de le noter, les émissions du transport routier ont commencé à baisser.
Il s'agit d'une inflexion majeure pour notre pays.
Nous avons enfin un premier signe tangible que notre politique climat commence à porter ses fruits, et que grâce à la volonté et la détermination du Gouvernement et aux efforts de l'ensemble des acteurs, nous avons réussi à découpler la croissance économique de la croissance des émissions.
L'année 2006 a été l'année de l'entrée en application de nombreuses mesures du Plan Climat 2004.
Leur application est essentielle. Sans celles-ci le dépassement de l'objectif Kyoto représenterait plus de 33 millions de tonnes équivalent CO², soit 6%.
Et nous irons plus loin :
- grâce à une fiscalité environnementale résolument incitative ;
- grâce aux crédits d'impôts instaurés par notre
Gouvernement en faveur du développement durable ;
- grâce aussi au CODEVI transformé en « livret de développement durable » et qui permettra de mobiliser 10 milliards d'euros de prêts écologiques ;
nous pouvons désormais faire baisser nos émissions de manière significative.
Un domaine me tient plus particulièrement à coeur : celui de l'efficacité énergétique dans le logement.
J'ai obtenu, après plusieurs mois de discussions, que la Caisse des Dépôts et Consignations finance, par des prêts, les surcoûts de la Haute Performance Energétique dans les logements sociaux.
C'est à mes yeux une avancée à la fois sociale et écologique.
Nous avons également été exemplaires sur les quotas de CO2² qui sont résolument à la baisse afin de montrer un signe environnemental fort.
Je le dis, la France se veut exemplaire.
Mais cet effort, nous devons évidemment le porter au niveau international, avec tous nos amis et partenaires.
C'est au niveau international que les Etats doivent prendre des engagements environnementaux pour résoudre les problèmes. Je crois à l'intelligence de l'homme et à la capacité de la communauté internationale à se mobiliser pour surmonter les problèmes qui menacent notre humanité.
Le problème de la réduction de la couche d'ozone, qui effrayait les scientifiques il y a une dizaine d'années, commence lentement à se résorber grâce à l'engagement pris au niveau international dans le cadre du protocole de Montréal éliminant certains gaz fluorés.
Le problème du changement climatique est encore plus grave, car il remet en cause nos modes de vie et le fonctionnement de nos économies.
Il doit être traité de la même manière, par un engagement international fort, pour que nous fassions ensemble le choix d'une société de modération et d'éco-technologies.
Le protocole de Kyoto est une première étape, destinée à stabiliser les émissions des pays industrialisés d'ici 2012.
Il a également permis une mobilisation du monde de la finance afin d'investir dans les mécanismes de développement propre.
Un "Kyoto 2" se profile à l'horizon en 2008, sous présidence française de l'Union européenne.
Nous n'en sommes donc qu'aux prémisses d'une véritable gouvernance qui résoudra le problème mondial du changement climatique.
Je considère néanmoins qu'il nous faut des institutions renforcées pour parvenir à prendre cet enjeu à bras-le-corps.
Dès demain, à l'initiative du Président de la République Jacques Chirac, de nombreux représentants se réuniront autour des différents enjeux environnementaux : l'eau, la biodiversité, le changement climatique.
Cette conférence de Paris posera les bases d'une future
Organisation des Nations Unies pour l'environnement.
Ce que vous aurez réussi à apporter aujourd'hui en tant que connaissances scientifiques du problème est fondamental pour préparer cette évolution de notre gouvernance internationale.
Vous l'avez compris : je suis une femme résolument optimiste, même si je sais que certains combats sont difficiles à gagner, je suis convaincue que nous pouvons gagner ce combat tous ensemble.
J'en suis convaincue car je vois émerger une véritable prise de conscience des populations tant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. Et cela est fondamental, car si des Gouvernements sont réticents à engager une politique volontariste et déterminée, leurs populations les y pousseront.
Citoyens du monde, mobilisez-vous.
Aidez ceux qui comme moi veulent aller encore plus loin. Il n'est pas trop tard, mais nous devons agir maintenant.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 1er février 2007
Madame la Présidente, [Mme Susan SOLOMON]
Monsieur le Secrétaire Général, [M. Michel JARRAUD]
Messieurs les Directeurs, [M. Patricio BERNAL, M. Alexandre ALUSA]
Monsieur le Secrétaire exécutif [Halldor THORGEISSON]
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi d'ouvrir la dernière journée de la 10ème session du Groupe Intergouvernemental d'Etude du Climat, le GIEC.
Un séminaire gouvernemental réunissant l'ensemble du Gouvernement ne m'a pas permis d'être à vos côtés lundi. Néanmoins, j'accorde une importance primordiale tout comme l'ensemble du Gouvernement, à la réunion du GIEC. C'est la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui comme prévu.
En effet, nous savons tous l'importance de votre travail scientifique, combien il a compté pour instaurer, au plan international, un constat partagé sur la réalité du changement climatique, et ses causes anthropiques.
Aujourd'hui, avec la publication de votre 4ème rapport, vous, les scientifiques nous apportez les nouveaux éléments observés ces dernières années.
Tout ce que les citoyens de la planète peuvent constater de leurs propres yeux, dans leur vie quotidienne, vous allez nous en donner les explications rationnelles et les clés de compréhension.
Vous allez aussi nous dire comment agir.
Cet enjeu du changement climatique est pour moi une priorité écologique fondamentale.
Son impact sur la planète, les risques qu'il fait encourir à l'humanité sont immenses.
Nous, les décideurs, nous ne pourrons pas dire à nos enfants que nous ne savions pas.
Le changement climatique a déjà commencé. Déjà, les scientifiques ont pu mesurer une élévation sensible de la température du globe dans le courant du 20ème siècle.
Si nous ne faisons rien, les experts scientifiques réunis aujourd'hui nous l'ont démontré, la Terre se réchauffera entre 2°C et 6°C dans le prochain siècle.
Les conséquences multiples, sont plus ou moins importantes qu'il s'agisse d'une élévation de 2 ou 6 degrés, mais quoiqu'il arrive elles seraient dramatiques.
La catastrophe de la Nouvelle-Orléans chez nos amis Américains, la fonte des glaciers du Groenland, les cyclones qui se multiplient, sans parler des hivers de plus en plus doux qui impactent déjà la faune et la flore de nos contrées, sont les signes avant-coureurs de ce qui se passera fréquemment dans les prochaines décennies.
J'étais au mois d'août 2005 au Groenland où nous nous sommes réunis avec mes homologues pour constater les dégâts de ce réchauffement.
Nous avons pu nous rendre compte, de nos propres yeux, de la diminution des glaciers et de tout ce que cela entraîne pour les populations locales, mais aussi pour la faune et la flore, les ours en particulier, et je crois que ce sont des images qui doivent entrer dans tous les esprits.
Il nous faudra aussi travailler sur les aides à l'adaptation au changement climatique, car nous voyons déjà les dégâts causés sur le terrain pour les régions littorales concernées par la levée des eaux.
Mais il nous faut également anticiper pour éviter de créer des millions de « réfugiés climatiques ».
Le changement climatique est une question de solidarité internationale.
En effet, nous le savons : une étude publiée par les Nations Unies prévoit que 50 millions de personnes pourraient devenir des « réfugiés climatiques » d'ici 2010. L'ONU a plaidé pour leur reconnaissance juridique, beaucoup d'acteurs du monde associatif réclament une « justice climatique ».
Et je ne peux qu'y souscrire.
La France s'est toujours voulue leader dans la lutte contre le changement climatique.
Le Rendez-vous annuel Climat qui s'est tenu début janvier a été pour nous l'occasion de faire le point et de débattre des éléments essentiels de l'année 2006 et des perspectives à venir concernant la politique climat de la France.
Les émissions 2005 de gaz à effet de serre telles qu'elles ressortent de l'inventaire national et qui ont été communiquées par le CITEPA, montrent que la France est sur la trajectoire du respect de Kyoto.
Elles sont en 2005 à un niveau de 1,8% en dessous des émissions de 1990, et, c'est important de le noter, les émissions du transport routier ont commencé à baisser.
Il s'agit d'une inflexion majeure pour notre pays.
Nous avons enfin un premier signe tangible que notre politique climat commence à porter ses fruits, et que grâce à la volonté et la détermination du Gouvernement et aux efforts de l'ensemble des acteurs, nous avons réussi à découpler la croissance économique de la croissance des émissions.
L'année 2006 a été l'année de l'entrée en application de nombreuses mesures du Plan Climat 2004.
Leur application est essentielle. Sans celles-ci le dépassement de l'objectif Kyoto représenterait plus de 33 millions de tonnes équivalent CO², soit 6%.
Et nous irons plus loin :
- grâce à une fiscalité environnementale résolument incitative ;
- grâce aux crédits d'impôts instaurés par notre
Gouvernement en faveur du développement durable ;
- grâce aussi au CODEVI transformé en « livret de développement durable » et qui permettra de mobiliser 10 milliards d'euros de prêts écologiques ;
nous pouvons désormais faire baisser nos émissions de manière significative.
Un domaine me tient plus particulièrement à coeur : celui de l'efficacité énergétique dans le logement.
J'ai obtenu, après plusieurs mois de discussions, que la Caisse des Dépôts et Consignations finance, par des prêts, les surcoûts de la Haute Performance Energétique dans les logements sociaux.
C'est à mes yeux une avancée à la fois sociale et écologique.
Nous avons également été exemplaires sur les quotas de CO2² qui sont résolument à la baisse afin de montrer un signe environnemental fort.
Je le dis, la France se veut exemplaire.
Mais cet effort, nous devons évidemment le porter au niveau international, avec tous nos amis et partenaires.
C'est au niveau international que les Etats doivent prendre des engagements environnementaux pour résoudre les problèmes. Je crois à l'intelligence de l'homme et à la capacité de la communauté internationale à se mobiliser pour surmonter les problèmes qui menacent notre humanité.
Le problème de la réduction de la couche d'ozone, qui effrayait les scientifiques il y a une dizaine d'années, commence lentement à se résorber grâce à l'engagement pris au niveau international dans le cadre du protocole de Montréal éliminant certains gaz fluorés.
Le problème du changement climatique est encore plus grave, car il remet en cause nos modes de vie et le fonctionnement de nos économies.
Il doit être traité de la même manière, par un engagement international fort, pour que nous fassions ensemble le choix d'une société de modération et d'éco-technologies.
Le protocole de Kyoto est une première étape, destinée à stabiliser les émissions des pays industrialisés d'ici 2012.
Il a également permis une mobilisation du monde de la finance afin d'investir dans les mécanismes de développement propre.
Un "Kyoto 2" se profile à l'horizon en 2008, sous présidence française de l'Union européenne.
Nous n'en sommes donc qu'aux prémisses d'une véritable gouvernance qui résoudra le problème mondial du changement climatique.
Je considère néanmoins qu'il nous faut des institutions renforcées pour parvenir à prendre cet enjeu à bras-le-corps.
Dès demain, à l'initiative du Président de la République Jacques Chirac, de nombreux représentants se réuniront autour des différents enjeux environnementaux : l'eau, la biodiversité, le changement climatique.
Cette conférence de Paris posera les bases d'une future
Organisation des Nations Unies pour l'environnement.
Ce que vous aurez réussi à apporter aujourd'hui en tant que connaissances scientifiques du problème est fondamental pour préparer cette évolution de notre gouvernance internationale.
Vous l'avez compris : je suis une femme résolument optimiste, même si je sais que certains combats sont difficiles à gagner, je suis convaincue que nous pouvons gagner ce combat tous ensemble.
J'en suis convaincue car je vois émerger une véritable prise de conscience des populations tant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. Et cela est fondamental, car si des Gouvernements sont réticents à engager une politique volontariste et déterminée, leurs populations les y pousseront.
Citoyens du monde, mobilisez-vous.
Aidez ceux qui comme moi veulent aller encore plus loin. Il n'est pas trop tard, mais nous devons agir maintenant.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 1er février 2007