Déclaration de M. Philippe Bas, ministre délégué à la sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille, sur l'expérimentation de la consultation gratuite de prévention à 70 ans, Paris le 30 janvier 2007.

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Circonstance : Lancement de l'expérimentation de la consultation de prévention à 70 ans à Paris le 30 janvier 2007

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de lancer aujourd'hui l'expérimentation de la consultation gratuite de prévention à 70 ans, préalable à sa généralisation au second semestre 2007.
Nous vivons une révolution démographique : celle de la longévité. Chaque année, l'espérance de vie s'accroît d'un trimestre. Elle dépasse aujourd'hui 80 ans. La plupart des personnes âgées vont vieillir dans de bonnes conditions de santé. On estime cependant que la perte d'autonomie affecte 6 à 7% des personnes de plus de 60 ans. Alors que les personnes âgées souhaitent rester chez elles, la dépendance les en empêche et pèse sur leurs proches.
Pourtant, la dépendance n'est pas une fatalité. De plus en plus de personnes peuvent vivre âgées sans la connaître.
Il faut pour cela que les affections liées au grand âge puissent être détectées rapidement et traitées à temps. C'est dans cet esprit que le Plan Solidarité Grand - Âge prévoit de proposer une consultation gratuite de prévention aux personnes âgées de 70 ans.
Parce que lorsque l'on parie sur la prévention, on est toujours gagnant. L'histoire récente de notre système de soins le montre. Grâce à la prévention, la mortalité prématurée liée aux maladies cardiaques a été réduite de plus de 40% en Europe dans les trente dernières années. Celle qui était due aux accidents vasculaires cérébraux, de près de 60%.
J'ai donc privilégié une logique de prévention et de dépistage précoce pour lutter efficacement contre la perte d'autonomie. J'ai voulu faire de la prévention des facteurs de dépendance un objectif majeur de santé publique.
J'ai dû faire preuve de beaucoup de détermination ; de nombreux interlocuteurs m'ont dit que les personnes de plus de 70 ans consultaient leur médecin très fréquemment et n'avaient donc pas besoin de cette consultation. Je n'ai pas partagé cette conviction : ce n'est pas parce que vous voyez souvent votre médecin traitant ou parce que vous êtes en affection de longue durée qu'une visite de prévention, qui permet de faire un bilan général, n'a pas son utilité. Bien au contraire ! A 70 ans, on est toujours assez jeune pour modifier sa vie quotidienne ou son environnement, pour bien vieillir et échapper à la malédiction que sont les maladies du grand âge et de la dépendance.
Aujourd'hui, nous tenons donc cet engagement du Plan Solidarité Grand - Âge en lançant l'expérimentation de la consultation gratuite de prévention à 70 ans.
- La consultation de prévention est un outil essentiel pour prévenir les facteurs qui conduisent à la dépendance.
· Elle va permettre de les détecter et donc de les traiter.
- Je pense aux troubles de l'équilibre, aux troubles de la mémoire.
- Je pense à l'ostéoporose, à la dénutrition ou l'incontinence.
- Je pense enfin à l'isolement ou aux symptômes dépressifs qui sont également des facteurs de dépendance.
· Cette consultation va aussi faciliter la compensation des handicaps existants.
- Par exemple, en compensant le plus tôt possible des troubles de la vision ou de l'audition, on limite le processus. La personne âgée a donc plus de chance de rester autonome plus longtemps. Elle pourra également rester chez elle plus longtemps.
- Cette consultation va favoriser le maintien de l'activité, qui est un atout clé pour rester autonome.
· En un mot, grâce à cette consultation, après avoir ajouté des années à la vie, nous allons pouvoir ajouter de la vie aux années.
Concrètement, comment cette consultation va-t-elle se dérouler ?
- C'est très simple. Les assurés concernés recevront une lettre - type de leur Caisse d'assurance maladie leur indiquant qu'ils peuvent bénéficier de cette consultation, prise en charge à 100% par l'assurance maladie.
- Cette lettre d'information incitera les patients à se procurer un questionnaire, qu'ils pourront soit recevoir gratuitement à leur domicile en revoyant une carte-T à leur Caisse, soit retirer directement chez leur médecin traitant.
- Les assurés rempliront ensuite ce questionnaire à domicile avant de prendre rendez-vous chez leur médecin traitant qui procédera à la consultation. Ce questionnaire permettra de préparer la consultation. Il comprend :
- une batterie de questions simples permettent de cerner l'état de santé de la personne âgée, son rythme de vie, son environnement social.
- par exemple : vous arrive-t-il d'avoir des vertiges ? Avez-vous des troubles de la mémoire ? des troubles du sommeil ? Autant de questions qui guideront le médecin, dans un second temps, lors de la consultation avec le patient.
- La consultation proprement dite durera environ trois quarts d'heure.
- A l'aide des réponses données aux questions, le médecin a la possibilité d'aborder avec le patient ses habitudes de vie, ses comportements alimentaires, ses problèmes de santé. C'est l'occasion de faire un bilan complet.
- Le médecin disposera aussi d'un guide, qui permet de pousser plus loin l'investigation sur les problèmes détectés grâce à l'auto-questionnaire.
- Avant de l'étendre à tout le territoire, il faut expérimenter cette consultation, pour l'améliorer encore.
- L'objectif de cette expérimentation est de perfectionner notre dispositif. D'améliorer le contenu de la consultation avec les médecins qui vont la pratiquer. De mesurer l'écho que rencontre cette consultation chez les personnes de plus de 70 ans. Bref, d'améliorer les modalités de sa mise en oeuvre.
- La semaine prochaine, commence la première phase de l'expérimentation qui va durer un mois et demi. Cette phase va permettre de valider les outils élaborés que sont l'auto-questionnaire et le dossier de consultation du médecin en situation réelle. Des spécialistes de l'Institut Multidisciplinaire rattaché à la Université de Bordeaux II - généralistes, cliniciens, statisticiens, épidémiologistes - vont tester ces outils.
- Puis, dans un second temps, une autre étape de l'expérimentation va commencer dans trois départements qui se sont portés volontaires : le Finistère, le Val-de-Marne et le Bas-Rhin. Il s'agira d'analyser la mise en oeuvre au niveau local, pour optimiser sa généralisation sur l'ensemble du territoire.
- Pour mener à bien cette phase de test, les quelque 43 000 personnes âgées de 70 à 71 ans, habitant dans ces trois départements, vont recevoir un courrier d'information. Ils pourront retirer leur questionnaire et prendre rendez-vous ensuite chez leur médecin traitant.
- Pour bien les informer, des dépliants seront aussi à leur disposition chez les pharmaciens. Des affiches d'information seront distribuées pour être apposées dans les officines, les lieux publics et les salles d'attente des généralistes, s'ils en sont d'accord.
- Les médecins, quant à eux, vont être informés par courrier de cette nouvelle consultation. Cette lettre d'information leur proposera une formation, qui sera assurée par les Professeurs PIETTE et JEANDEL, d'une demi-journée ou d'une soirée. Cette lettre leur proposera aussi de stocker des auto-questionnaires qu'ils pourront distribués à leurs patients concernés.
- Je veux saluer ici les Unions régionales de médecins libéraux de Bretagne, d'Alsace et d'Ile-de-France qui se sont associées à cette expérimentation. Elles sont les mieux à même de relayer auprès des généralistes l'information à propos de l'expérimentation que nous lançons. Je les remercie de leur engagement à nos côtés.
- La seconde phase de l'expérimentation va durer quatre mois. Elle fera l'objet d'une évaluation qui permettra de répondre, au terme de ces quatre mois, à plusieurs questions :
- Combien de personnes sur les 43 000 concernées ont-elles pris rendez-vous avec leur généraliste pour une consultation de prévention ? Quels moyens de sensibilisation ont été les plus efficaces pour répandre l'information auprès des personnes concernées ?
- Les patients, les médecins sont-ils satisfaits par cette consultation, avec les outils
qu'elle met en oeuvre ?
· Une fois les résultats de cette évaluation connus, la consultation devra être généralisée à l'ensemble du territoire dans le courant du second semestre 2007.
Mesdames, Messieurs,
A partir d'aujourd'hui commence l'expérimentation de cette consultation que vous allez devoir mettre en oeuvre dans votre département. Je sais pouvoir compter sur vous pour que le plus grand nombre de personnes possibles en bénéficient. Je sais aussi que vous prêterez votre concours à cette expérimentation pour faire remonter les résultats au plan national et rendre possible une évaluation globale du dispositif.
Je laisse maintenant la parole à la Direction générale de la Santé qui va vous présenter le schéma général de l'expérimentation.
Je vous remercie.Source http://www.personnes-agees.gouv.fr, le 2 février 2007